Manifestations, rencontres et signatures Index des auteurs
Éric Masserey est né en Valais, où il séjourne souvent.
Après des études de médecine, il vit et travaille aujourd’hui dans le
canton de Vaud.
Éric Masserey a, notamment, obtenu le Prix des Auditeurs de la RTS 2011 pour son roman Le Retour aux Indes.
Ses livres parlent d’appartenances, d’histoires issues de généalogies
lointaines, de ces liens que l’on cherche quand les événements nous
isolent de tout, de corps qui vont comme ils peuvent et d’amours qui
sont peut-être en route, de routes qui vendent chèrement les libertés
espérées, de livres qui comblent l’oubli, et de ces esprits curieux qui
vont où ils veulent.
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Éric Masserey traque les virus et écrit des romans
Il
aurait tout aussi bien pu s’épanouir comme pédiatre au Bouthan, au nord
de l’Inde, dans un hôpital géré par Helvetas. «J’avais postulé mais la
clinique a fermé», se souvient Éric Masserey. À 48 ans, le médecin
cantonal ad interim – il reprend après-demain sa fonction de médecin
cantonal adjoint responsable des maladies transmissibles aux côtés du
nouveau titulaire, le Dr Karim Boubaker – ne regrette rien, tant le
pédiatre de formation se sent à sa place en œuvrant pour la santé
communautaire des Vaudois. «Quand on soigne les enfants, on doit
forcément s’intéresser à leur contexte de vie, à l’environnement dans
lequel ils se développent. C’est donc tout naturellement que je me suis
dirigé vers la santé publique.» Mais la personnalité qui l’a motivé à y
rester, son mentor qui l’a encouragé, en 1995, à accepter le mandat de
réorganiser la santé scolaire vaudoise, c’est l’ancien médecin cantonal
Jean Martin. «Son sens du service à la population m’a beaucoup inspiré.»
Ces derniers mois, Éric Masserey n’a pas chômé. L’épidémie de rougeole
et la grippe A (H1N1) l’ont propulsé à la une des journaux. Une
visibilité que cet homme plutôt retenu et discret ne recherche pas. «La
communication via les médias, par contre, est essentielle. Nous devons
rendre compte de notre travail et de nos choix à la population, qui
nous paie. Pouvoir informer directement et de manière transparente
constitue aussi une marque de confiance de la part du chef de
département.»
Dès 2005, alors que se développait la grippe aviaire, le Dr Masserey a
favorisé la collaboration avec les spécialistes du CHUV. Une task force
de haut niveau est désormais à l’œuvre pour suivre l’évolution de la
pandémie de grippe A. Faut-il avoir peur de ce virus? «Il est
apparemment plus contagieux que celui de la grippe saisonnière et
touche davantage de personnes jeunes», analyse le spécialiste.
Chez les Masserey, on en connaît un bout sur le sujet puisque Virginie,
médecin et épouse d’Éric – ils se sont rencontrés sur les bancs de
l’Université de Fribourg – dirige la section vaccination à l’Office
fédéral de la santé publique. Mais à Rances, où le couple et ses trois
enfants ont élu domicile, ils décrochent autant que possible. Là Éric
Masserey devient père au foyer – dès mercredi, il s’accorde à nouveau
un jour par semaine pour ce job essentiel – et écrivain.
Le scientifique à la fibre humaniste écrit. De la fiction. Il aime les
livres et les mots. «J’écrivais déjà à l’école primaire. Aurais-je pu
devenir écrivain?» Il a publié deux livres, son roman Le Retour aux Indes
sortira l’année prochaine. L’auteur part sur les traces du secrétaire
d’un médecin portugais du XVIe siècle dont la grande boucle se termine
à Salamanque. Voyageur gourmand, soucieux des faits et des lieux qui
alimentent son imagination, Éric Masserey s’est rendu sur tous les
sites du livre. Un vrai plaisir pour cet Européen convaincu, Valaisan
(il se ressource dans sa maison de Cordona, à côté de Montana) mais pas
trop! «J’ai eu un parcours jalonné de rencontres avec des
personnalités formidables». Un an en Nouvelle-Zélande dans une famille,
juste avant la maturité, lui a donné le goût du large. Plusieurs
stages, dont un dans un hôpital pour enfants en Algérie, celui de la
pédiatrie communautaire.
Éric Masserey aime le travail en équipe, voit son rôle comme médiateur
entre la population, les professionnels de la santé et les autorités
sanitaires. Une vision dans la tradition du poste de médecin cantonal,
qu’il a fait valoir en se portant candidat. «J’étais dans la dernière
sélection. J’avais proposé une alternative au projet de
l’administration.»
Le nouveau médecin cantonal sera désormais en effet davantage qu’avant
un gestionnaire au service de la direction de la santé publique.
Déception, regret? Pas du tout, affirme celui qui aime avant tout être
en prise directe avec les enjeux de société, les gens et les stratégies
à développer pour leur assurer un environnement sain. C’est donc la
tâche qu’il poursuit avec enthousiasme. Il le dit et on le sent
profondément sincère.
FRANCINE BRUNSCHWIG, 24 Heures
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