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À
un interlocuteur qui lui demandait où il trouvait les idées de ses
scénarios, souvent noirs, Claude Chabrol répondait lors d’un entretien
radiophonique récent (je cite de mémoire): «Dans les rapports humains,
et particulièrement dans les rapports de couple, l’imagination est
souvent en deçà de la réalité. Lorsque dans la vie réelle on voit la
haine pousser un couple à s’entre-détruire, on a la sensation de lire
un de ces romans noirs dont on est le spectateur incrédule.» Et il
assurait que, en dépit des apparences, il n’avait guère inventé. Ses
films étaient fondés sur des histoires vraies dont il avait pris
connaissance en lisant les faits divers des journaux. L’histoire
des « Jonain » est issue d’un tel fait divers : laissée à moi-même, je
n’aurais jamais imaginé que, au début du XXIe siècle, il se trouve des
gens pour résoudre leurs problèmes de couple d’une telle manière. Après
tout, nous vivons à une époque où au moins un mariage sur trois se
termine par un divorce, et où il n’est plus nécessaire, rationnellement
parlant, de s’entre-tuer pour se débarrasser de son partenaire. Le
«divorce à l’italienne» a fait son temps.
Pourtant, au moment où je termine ce récit, je constate que cette
affaire, qui avait attiré mon attention par sa bizarrerie et son
anachronisme, n’est pas isolée: je viens de lire l’histoire d’un mari
qui a tué non pas un, mais trois des collègues de son épouse. Il a
laissé près du premier cadavre des indices compromettants pour elle;
lorsque ces indices ont été négligés, il a tué un deuxième collègue,
puis un troisième: bien entendu, c’est lui qu’on a fini par arrêter. Ses
raisons? Il voulait que sa femme passe sa vie en prison, ce qui aurait
justifié qu’il demande le divorce, et lui aurait garanti la garde de ses
enfants. L’idée de demander le divorce, tout simplement, sans tuer
personne, ne lui était pas venue.
ANNE CUNEO
À consulter: article de François Cuneo, du 23 décembre 2006, sur cuk.ch
Et l’article d’Anne Cuneo, Sur les traces de la Montagne magique, du 15 février 2005, sur cuk.ch
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Portrait rêvé de l’écrivaine en détective
Marie Machiavelli enquête à Lausanne, à Davos. Décor familier, intrigue
déroutante – une réussite. Qu’est-ce qui fait le charme des enquêtes de
Marie Machiavelli? Plus encore que les gens et les lieux, familiers aux
Romands, et que les intrigues «véridiques», c’est l’univers affectif de
l’écrivaine, qui y projette son héroïne avec amour et tremblement.
Grâce à Lacunes de la mémoire,
cinquième apparition de la détective lausannoise au patronyme
florentin, l’étau se resserre. Sur les mobiles de... l’auteur! Comme
toujours, Marie répond à un appel au secours. Comme toujours, elle
active l’étonnant réseau de ses relations, des forains manouches à la
police vaudoise. Comme toujours, la chute prend le lecteur à
contre-pied, quelle que soit sa vigilance. On ne raconte pas les
polars. Qu’on sache donc que celui-ci se déroule dans le milieu de la
mode, que Marie opère entre Lausanne et Davos, avec des épisodes
bernois et parisien. Le lecteur sentimental sera rassuré d’apprendre
que l’idylle tient toujours avec Jan, le toubib spécialiste des drogues
hérité d’Hôtel des cœurs brisés. On ne raconte pas les polars.
Qu’on sache donc que les enquêtes de Marie Machiavelli ont avec les
romans historiques d’Anne Cuneo une parenté essentielle: l’exactitude
scientifique, la totale vraisemblance. Un fait divers réel a stimulé
l’imagination de la romancière. Du coup, l’écriture peut rester
sobrement démonstrative: le propos de l’auteur reste de dévoiler – au
terme d’un suspense habilement maîtrisé. Le charme réside donc en
partie ailleurs, dans cette partie rêvée qui renvoie à l’âme d’Anne
Cuneo, telle qu’on la devine en creux dans ses écrits plus
autobiographiques. Marie Machiavelli, jumelle idéale? Il y a de cela
dans ces aventures où sang-froid, analyse et courage s’appuient sur son
intuition et l’ascendant qu’elle exerce sur d’innombrables amis et
connaissances aux talents multiples, aux personnalités fascinantes – et
surtout à la loyauté indomptable: Marie Machiavelli les mérite, cette
loyauté et cette connivence. Elle-même l’éprouve à leur égard, et
n’oublie jamais ce qu’elle doit à son père défunt, dont elle dépasse
les attentes... Contre l’adversité et le mal, ces multiples complicités
dévouées, ce sens du partage et de l’amitié, l’aident à déjouer les
complots; mais surtout à vivre, tout simplement. Malgré ses airs de
dure à cuire, elle se nourrit d’affections et de reconnaissance. Tout
ceci pour dire qu’on prend, à suivre la nouvelle enquête de
l’avocate/agente d’affaires/expertecomptable, et femme attachante, un
plaisir multiple et très vif.
JACQUES POGET, 24 Heures
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Lacunes de la mémoire
Marie Machiavelli est de retour. Deux ans après avoir élucidé une sordide affaire de dopage dans le milieu du cyclisme (Hôtel des cœurs brisés), la
détective lausannoise se voit contrainte de voler au secours d’une amie
(ou presque) que tout semble accuser du meurtre d’un amant (ou
presque). L’occasion pour elle de retrouver ses vieux complices, de
prendre avec eux des pots dans ses bistrots favoris, d’arpenter au
galop, stress oblige, les rues de la capitale vaudoise et de jouer sans
le moindre scrupule les hors la loi en effectuant des «perquizes»
clandestines. Le tout pour la bonne cause. Anne Cuneo s’est ici
inspirée d’un fait-divers, à l’instar de «Claude Chabrol dont les films
sont fondés sur des histoires vraies dont il avait pris connaissance
dans les journaux»; comme lui, elle reconnaît que l’imagination est
souvent en deça de la réalité dès lors qu’il s’agit de rapports humains
et particulièrement de rapports de couple. Nous n’en dirons pas plus au
risque de faire capoter le suspens.
L’intrigue est bien ficelée et même si le coupable semble d’emblée tout
désigné, le lecteur a droit à sa surprise. L’héroïne au nom illustre
(et ô combien sujet à plaisanteries éculées) est sympathique, dynamique
et attachante. Pourquoi a-t-on l’impression de la connaître? Parce
qu’on l’a accompagnée depuis le début dans toutes ses enquêtes?
Non! mais parce qu’on l’a suit dans des lieux qui nous sont
familiers, parce qu’on la situe. On se prend presque à espérer la
croiser au Café romand (son Q.G). En comparaison, les limiers sexy de
Manhattan et les néo-Maigret fatigués nous paraissent peu crédibles,
voire exotiques.
Ce polar (étiquette qu’Anne Cuneo n’aime pas trop lui préférant comme
Chester Himes celle de «chronique domestique») n’est pas le meilleur de
la série des Enquêtes de Maria Machiavelli, mais succéder à l’excellent Hôtel des cœurs brisés qui
a demandé à son auteur des années d’interviews et d’investigations sur
le terrain, n’est pas évident. Cela dit il se lit d’un bout à l’autre
sans respirer, ce qui est déjà un gage de réussite.
MICHELLE TALANDIER, Journal de Cossonay
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Davos sans sommet
Si
les romans d’Anne Cuneo sont des succès de librairie, c’est sans doute
qu’elle a un talent certain de conteuse: ses romans historiques comme
ses intrigues policières se lisent avec plaisir. Simplicité du style,
dialogues nombreux: son écriture est dépourvue de grandes qualités
littéraires mais la recette est efficace. Ainsi de son dernier polar,
Lacunes de la mémoire, où l’on retrouve pour la cinquième fois
l’atypique Marie Machiavelli, redoutable réviseur de comptes et
enquêtrice à ses heures. L’intrigue, basée sur un fait divers réel,
manque d’originalité et de suspense – serait-ce parce que l’auteur
reste trop fidèle à cette réalité dont elle s’inspire? Mais le lecteur
se laisse facilement porter par la fluidité du récit, qui l’embarque de
Lausanne à Davos pour résoudre le meurtre d’un Don Juan nommé Denis
Joly. Tout démarre par un coup de fil en pleine nuit. Marie
Machiavelli est réveillée par son amie Aurore, styliste, qui l’informe
affolée qu’elle est accusée de meurtre: en pleine préparation d’un
défilé à Davos, elle a été retrouvée un pistolet à la main à côté du
corps de Joly. Tout l’accuse, mais elle ne se rappelle rien. Au fil de
l’enquête, Anne Cuneo brosse le portrait de personnages hauts en
couleurs. On voyage dans un Davos enneigé dont les merveilleux hôtels
disparaissent dans le brouillard, on traverse les rues en pente de
Lausanne et ses vieux quartiers menacés par le béton, on entre dans
l’ambiance enfumée du Café romand… Plaisant, donc, malgré un dénouement
prévisible.
ANNE PITTELOUD, Le Courrier
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Machiavelli mène l’enquête
Le
public ne s’y trompe pas, qui la suit fidèlement depuis des années:
Anne Cuneo maîtrise l’art de raconter des histoires, talent qui n’est
pas si répandu en terres romandes. Pas étonnant, dès lors, qu’elle se
soit lancée, aux côtés d’autres romans, dans une série d’intrigues
policières. Lacunes de la mémoire, cinquième enquête de Marie
Machiavelli, se déroule pour l’essentiel entre Davos et Lausanne. La
trame est née d’un fait divers réel. À la suite du meurtre d’un coureur
de jupons, Aurore Jonain, que tout semble accuser, appelle Marie à son
secours. Anne Cuneo a le mérite de rester fidèle à son style,
sobre, précis, sans chercher à singer les auteurs de polars à
l’américaine. Ici, pas de suspense forcé, pas de coups de théâtre
artificiels, ni de dialogues acérés et sans fin. Juste un agréable
roman, habilement tissé, avec des personnages attachants et des
situations vraisemblables, qui accentuent encore la sympathie que
dégage cette drôle de Marie Machiavelli.
ÉRIC BULLIARD, La Gruyère
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Anne
Cuneo est partie d’un fait divers pour écrire ce roman, une enquête de
sa détective privée lausannoise Marie Machiavelli. Cette enquête la
mènera par un hiver très neigeux jusqu’à Davos où elle se rend à la
demande d’Aurore Jonain, jeune styliste qu’elle connaît un peu.
Celle-ci a été retrouvée dans le hall de l’hôtel où elle logeait un
revolver à la main face à un ancien amant abattu de deux balles. De
toute évidence, cette jeune femme était droguée et ne se souvenait de
rien. L’enquête se poursuivra à Berne, puis à Lausanne, ce qui
permet à Anne Cuneo de nous mener dans les bistrots et dans les rues de
ces deux villes qu’elle connaît bien et en passant de pester contre
l’urbanisation de ces dernières années.
Un roman policier ne se raconte pas. Je me contenterai donc de dire
que, très vite, on comprend avec Marie qu’Aurore n’a pas tué Denis
Joly, qu’elle a été manipulée, et l’enquêteuse est rapidement persuadée
que le mari d’Aurore, malgré son alibi, n’est pas aussi innocent qu’il
y paraît. L’enquête consiste donc pour Marie à tisser sa toile en
faisant intervenir ses nombreux contacts pour amasser des preuves. De
doutes en certitudes, elle arrivera bien sûr à ses fins, non sans être
dans un dernier chapitre elle-même dépassée par ce qui s’est réellement
passé. La vie de couple peut cacher des recoins bien noirs.
FRANÇOISE SUMMERMATTER WUNN, à tire d’elles - L’Inédite
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Théâtre du crime: Davos
L’histoire
d’Aurore Jonain, assure Anne Cuneo, est puisée dans un fait divers
réel. Pas étonnant dès lors que tout ait l’air vrai dans cette nouvelle
enquête de Marie Machiavelli. Analyste financière, avocate, détective,
l’héroïne d’Anne Cuneo part un matin d’hiver à Davos, alertée par une
connaissance, presque une amie, accusée de meurtre. Sans apprêt
littéraire, juste avec beaucoup de faits, de réflexions,
d’investigations, Anne Cuneo progresse pas à pas. Un des charmes du
roman est d’être ancré dans une proximité très concrète: Lausanne,
Berne, Davos qui paraît presque exotique… Marie Machiavelli doit aussi
se colleter avec l’actualité criminelle puisque Aurore a tué un ancien
amant sous l’effet de ce qu’on appelle la drogue des violeurs. Elle dit
ne se souvenir de rien, elle n’est pas sûre d’être innocente… Marie
tique parce que le mari d’Aurore venant de la quitter n’avait peut-être
pas encore quitté Davos. Le réalisme de l’auteure tient aussi dans le
fait que son héroïne n’a pas que ça à faire. Parallèlement à son
enquête, elle assure les tâches ordinaires et vit sa vie. Elle finit,
aidée, par quelques espions et quelques indicateurs, par résoudre
l’affaire. Enfin, c’est ce qu’elle croit. Anne Cuneo a un dernier
chapitre dans son sac…
ELIANE WAEBER IMSTEPF, La Liberté
Les enquêtes précédentes de Marie Machiavelli:
Âme de bronze (1998); D’or et d’oublis (1999); Le Sourire de Lisa (2000); Hôtel des cœurs brisés (2004)
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