L’investigatrice lausannoise est de retour. De manège en galerie, elle fait la nique aux flics et sauve l’innocent. …Qu’on
se rassure, le roman vaut mieux qu’un simpliste polar à thèse et passe
à côté des écueils de la caricature comme du vérisme. (…) Qu’on se
rassure encore: le récit n’est pas glauque. Vif, allégé par l’humour et
l’ironie, il joue en décalage avec les figures imposées du genre; par
exemple, la rivalité entre le privé et le flic se décline ici de
manière originale. …Anne Cuneo utilise ainsi les codes du polar pour
poursuivre, sur un mode mineur très plaisant, son grand œuvre
d’appropriation du réel. …Entre deux projets au long cours, elle commet
les enquêtes de Marie Machiavelli, qui lui permettent de revenir à la
Suisse (et de jeter des passerelles entre Romandie et Alémanie, et
entre générations). Le Sourire de Lisa lui offre ainsi
l’occasion, en rouvrant un dossier judiciaire vieux de vingt ans,
d’explorer les mentalités et leurs changements en une génération. …Grâce
à un second degré maîtrisé, tout se passe sans didactisme, au fil d’une
intrigue habilement nouée, et somme toute suffisamment crédible pour
qu’elle se dénoue sans qu’on ait tout compris à mi-parcours. Comme de
surcroît le livre est confectionné avec soin sur un papier splendide,
le plaisir est constant.
JACQUES POGET, 24 Heures
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