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Après Le Trajet d’une rivière, Objets de Splendeur
et Le maître de Garamond,
le nouveau grand roman d’Anne Cuneo
À ma naissance, mes quatre grand-parents étaient morts depuis pas mal
de temps, et de leur génération je n’ai connu que la demi-soeur de mon
grand-père, qui était de vingt ans son aînée.
Elle m’a appris à danser la valse, confié la recette (qualifiée par
elle d’originale) du tirami su, du pesto et d’une ou deux autres
spécialités italiennes. Elle parlait anglais parce que, m’avait
expliqué un parent, sa mère était anglaise; elle était née d’un premier
mariage de son père (mon arrière-grand-père). Je n’ai aucun moyen
aujourd’hui de vérifier ces affirmations, mais je les ai toujours
tenues pour exactes; finalement, cela n’a pas d’importance. C’est en
tout cas elle qui m’a donné une image telle de l’Angleterre que mon
rêve d’enfant était de m’y rendre le plus vite possible. Mon père
m’avait raconté que pendant la Première guerre mondiale elle avait
travaillé dans un hôpital du front, et il avait précisé, l’admiration
dans la voix, qu’elle avait soigné les blessés avec la vigueur d’une
jeune femme alors qu’elle avait déjà soixante ans bien sonnés.
Quelqu’un dans la famille (je ne sais plus qui) m’a aussi dit qu’elle
avait perdu dans cette guerre tous ses enfants. J’ignore dans quelles
circonstances. J’étais trop jeune pour qu’elle songe à me raconter sa
vie… et que je songe de m’y intéresser.
Lorsqu’elle m’apprenait la valse, faisait rire les uns et frémir les
autres avec des blagues osées, des chansons coquines, et des vérités
qu’elle assenait sans pitié pour son interlocuteur, ma grand-tante
avait donc dans les cent ans. Elle est morte alors que j’étais déjà en
Suisse, et la seule chose que j’ai gardée d’elle, mis à part un
souvenir lumineux, quelques recettes de cuisine et la ferme intention
d’aller en Angleterre et d’apprendre l’anglais, c’est une petite bague
qu’elle m’a donnée la dernière fois où nous nous sommes vues. Elle me
l’a glissée dans la main, pour ainsi dire en catimini, alors que
j’étais sur le point de m’en aller.
«Garde-la bien, elle te portera bonheur», avait-elle murmuré. Elle
avait dû penser que nous ne nous reverrions pas. Je l’ai gardée
(miraculeusement, je l’ai toujours), et cela m’a aidée à ne pas
l’oublier. Cela fait longtemps que j’ai envie d’en faire un personnage
de roman, de lui imaginer une vie autour des quelques faits incertains
que je connais d’elle, et de ce que j’ai pu deviner ou pressentir de
son caractère. Le jour où je m’y suis mise, je me suis rendu compte que
l’histoire était là, prête à sortir, sans doute depuis longtemps.
ANNE CUNEO
Un extrait du roman:
Je reviens à mon premier cours de médecine.
Je ne voulais pas me faire remarquer, aussi me suis-je habillée de
noir, avec juste un petit col blanc. J’ai constaté en arrivant que
j’avais eu raison, les autres femmes étaient toutes vêtues comme moi.
Ma plus grande crainte, c’étaient les leçons d’anatomie, les heures de
dissection. Et il s’est trouvé quelqu’un pour dire à mi-voix, mais très
distinctement, en excellent français, la première fois que mes
collègues femmes et moi sommes entrées dans l’amphithéâtre:
«Les corbeaux sont toujours noirs.»
Cependant, une fois que nous avons commencé à travailler, tout s’est
très bien passé. J’avais eu peur de mal supporter l’exercice, mais
l’intérêt pour les mécanismes du corps humain a pris le dessus.
Je m’étais procuré une trousse de dissection chez un des fournisseurs
de l’hôpital, qui m’avait priée deux ou trois fois de lui envoyer mon
mari: il préférait vendre les instruments directement au «Herr Doktor».
Je ne sais pas s’il a fini par comprendre que le «Herr Doktor», c’était
moi.
Lorsque je rentrais après des journées passées parfois tout entières à
disséquer une main, ou à étudier un tibia, je racontais tout cela à
Basil, qui écoutait avec passion, posait des questions.
«Grâce à tes descriptions», a-t-il dit un jour, «je vois de l’intérieur les parties du corps que je peins.»
Parfois, je disséquais les lapins et les poules que Joséphine
rapportait du marché, juste avant qu’elle les passe à la casserole.
Elle suivait l’opération avec attention, a fini par se risquer à manier
le scalpel – à la cuisine uniquement, s’entend – et m’est devenue très
utile au moment de mes révisions d’examen.
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Anne Cuneo raconte le siècle de «Zaïda
La romancière suisse traverse au grand galop cent ans d’histoire.
Attention uperproduction! Zaïda comprend
plusieurs centaines de personnages. L’action se passe sur cinq
générations. Elle un pied en Angleterre, un en Suisse et le troisième
en Italie. On n’a pas trop de trois pieds quand il s’agit de raconter
un siècle au féminin singulier. Zaïda, alias Zadie, sera en effet jeune
fille du monde et médecin avant de devenir psychanalyste, puis arrière-
grand-mère gâteau.
Pour son trentième livre
publié depuis 1967, Anne Cuneo a mis les bouchées doubles. Elle sort un
énorme roman populaire, avec plein de grands sentiments et de
coïncidences incroyables. On aime, on compatit, on soigne et on meurt.
Tout apparaît finalement positif, même si l’Histoire reste fatalement
ce qu’elle est. Zaïda est un feuilleton hollywoodien, certes, mais sans méchants. Ou alors ils reviennent vite à la raison.
Un immense flash-back
Le
livre débute aujourd’hui, avec la découverte des mémoires de cette
Scarlett O’Hara en blouse blanche. Son arrière-petite- fille a évoqué
la centenaire dans une feinte préface. Le flash-back peut commencer.
Zadie est une rousse de dix-huit ans, vierge et de bonne extraction.
Vierge, elle ne le restera pas longtemps. A la page 33, elle a
rencontré le premier homme de sa vie. L’acte est consommé dès la page
41. Quelques jours plus tard, Zadie aura épousé Basil, cadet d’une
noble famille britannique, qui veut devenir dramaturge et peintre.
Il faut s’y faire. Si Anne Cuneo donnait à ses débuts dans le
contemporain et le prolétaire, elle nous fait ici fréquenter le beau
monde victorien. Dire qu’elle y semble à l’aise serait exagéré. La
Suissesse convainc mieux à partir des pages consacrées aux émeutes
sociales milanaises de 1898. Zadie est alors devenue Zaïda. Deux fois
veuve, elle en arrive à son troisième mari. Un époux toujours aussi
riche, mais avec la même pensée sociale. Les grandes fortunes de Zaïda servent à créer des dispensaires pour les quartiers déshérités.
Tout va très vite dans ce bouquin de 500 pages, où le lecteur glisse
comme sur un toboggan. Les bambins se retrouvent quadragénaires et
moustachus trois chapitres plus loin. Les situations se font et se
défont. Les événements politiques, de la montée du fascisme au nazisme,
défilent comme une toile peinte chez le photographe. La narratrice ne
calme jamais son emballement. Zaïda a tant à raconter…
Avec ses coups de foudre et ses coups du sort, l’ouvrage peut sembler
superficiel. Sans part d’ombre, ses personnages restent des
marionnettes. Mais c’est ce qui fait le charme tourbillonnant d’un
récit tout en temps forts. Quel public, dans le fond, n’aime pas se
voir ballotté d’un bal à Vienne à une vieille maison anglaise, d’une
clinique milanaise à un appartement zurichois? On ignore si c’était le
but. Mais l’ouvrage, discrètement féministe, se lit bien comme un roman.
Notons qu’il s’agit là de la deux centième publication des éditions de
Bernard Campiche. Un choix logique. Anne Cuneo ne constitue-t-elle pas
la star de la maison d’Orbe, depuis l’énorme succès public du Maître de Garamond en 2002?
ÉTIENNE DUMONT, Tribune de Genève
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Le roman vrai d’une merveilleuse centenaire Zaïda
a existé: la romancière l’a rencontrée. Vie et batailles d’une
doctoresse à l’époque où les femmes n’étudiaient pas la médecine. Anne
Cuneo dépeint un siècle d’existence en 500 pages.
Il
fallait bien un pavé pour dire un siècle de grands bonheurs, de
malheurs extrêmes; et surtout de luttes. Zaïda conquiert sa liberté
dans une société rigide; le privilège d’étudier la médecine quand les
femmes sont tenues à l’écart de la Faculté; et, nouveautés inouïes, le
droit de pratiquer de façon indépendante et même l’accès à la
psychanalyse. Anne Cuneo, on le sait, n’invente rien d’essentiel:
dans ses romans, tout ce qui importe est authentique. «Zaïda», décédée
à Zurich à 104 ans, était une psychiatre venue de l’Est,
rencontrée le jour de ses 100 ans pour un reportage. Anne Cuneo,
devenue son intime, avait recueilli les souvenirs de sa vie à peine
croyable. Mais la fille, 81 ans, et le petit-fils, 60 ans,
firent promettre le secret sur son identité.
Anne Cuneo a donc créé un personnage, né de rencontres avec «des dames
et messieurs de 90 à 107 ans». La destinée de son aristocrate
anglo-italienne, qui perd tragiquement ses maris peintre et médecin
anglais, puis traverse le reste de son âge avec un autre médecin,
vénéto-triestin celui-là, l’emmène à Milan et à Zurich, à travers les
deux guerres mondiales.
Un siècle en cinq cents pages... vaste fresque! Mais aussi miniatures:
l’histoire, la grande, en train de se faire, est retracée avec vivacité
et couleurs au travers de la vie quotidienne de Zaïda et des siens.
Rédigeant ses mémoires pour son arrière-petite-fille, elle note une
abondance de traits révélateurs; cette chronique d’une tribu
attachante, avec ses satellites, domestiques et compagnons de route,
éclaire l’histoire des mentalités et des sensibilités politiques, en
évitant l’écueil du didactisme. Les deux guerres mondiales vécues en
Italie, avec des flashs sur l’Angleterre, l’émergence et le triomphe du
fascisme, la Suisse pendant la guerre, avec ses certitudes, ses doutes
et ses compromis, l’immigration italienne... De ce roman vrai ne
s’exhale pas tout à fait le parfum magique du Trajet d’une rivière:
nous sommes trop près dans le temps. Mais surprises et découvertes y
abondent, l’intérêt ne se relâche pas. Et, en le refermant, on se dit
que notre société est mal inspirée, qui jette des «vieux» encore jeunes
et se prive de tant de sagesse et de connaissances. Des êtres comme le
cinéaste portugais Manoel De Oliveira, 98 ans, ne sont pas si
rares qu’on le croit...
JACQUES POGET, 24 Heures
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À
travers les Mémoires de Zaïda, nous découvrons l’incroyable parcours
d’une femme née à la fin des années 1850. Avec ambition et
persévérance, elle obtient son diplôme de médecin (une femme médecin à
l’époque, c’est impensable!) avant de se spécialiser en gynécologie et
de devenir psychanalyste. Malgré la Grande Guerre, la montée du
fascisme puis la Seconde Guerre mondiale qui frappent de plein fouet
son entourage, elle ne cessera d’aller de l’avant. Ce petit bout de
femme est un véritable hymne à la vie!
NOÉMIE ROCHAT, Payot Yverdon-les-Bains, In: «Sélection les meilleurs romans de la rentrée», L’Hebdo
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La folle saga de Zaïda
En 500 pages, Anne Cuneo nous raconte cent ans de la vie d’une femme en
Angleterre, en France, en Italie, en Suisse. Et d’allier la petite
histoire à la grande pour composer une fresque romanesque à souhait
Elle
a du souffle, Anne Cuneo, et un talent de narratrice indéniable.
Écrivain, journaliste, chroniqueuse, essayiste, l’auteure de Station Victoria, Le Trajet d’une rivière ou du Maître de Garamond
témoigne d’un bel appétit pour l’écriture. Ce qui lui a valu nombre de
prix. Depuis la fin des années 1960, la jeune septuagénaire au visage
mangé par d’énormes lunettes, alterne récits de vie, romans, polars,
portraits, sans oublier le théâtre, la mise en scène et le journalisme
au TJ.
Ces jours, elle nous donne à dévorer son trentième livre, Zaïda.
Un sacré morceau d’histoire que ces «Mémoires de Zadie de Vico Tatley
Barber Giocondo» dont la vie, dit-elle, commence par un jour de fin
avril, l’année de ses 18 ans, en 1877, pour se terminer à... 100 ans et
des poussières. De l’ère victorienne à nos jours, la jeune Anglaise de
bonne famille - un papa nobliau italien devenu lord et une maman lady -
va traverser le temps comme une vraie héroïne de roman-feuilleton. Une
héroïne belle et fière, tendre et généreuse, passionnée et décidée.
Elle est destinée à un mari titré et fortuné, mais les voies du destin
amoureux étant impénétrables, Zadie, alias Zaïda (la chanceuse ou la
bien-aimée), a le coup de foudre pour le jeune Basil et l’épouse en
deux temps trois mouvements. Au grand dam de sa mère figée dans ses
préjugés, avec l’assentiment attendri d’un père dont elle sera toujours
proche. Et qui l’aidera, comme Basil d’ailleurs, à réaliser son rêve:
devenir médecin. Rarissime à l’époque.
Un roman à la vitesse grand V
Mariages, veuvages, naissances, heurs, malheurs entre Paris, Zurich,
Milan, la Cornouaille... La saga de la tribu de Zaïda caracole à la
vitesse grand V sur fond de guerres et de paix, de montée du fascisme,
de bouleversement sociaux. On ne s’ennuie pas une minute en compagnie
des personnages d’Anne Cuneo, même si certains manquent un peu de
consistance. Reste Zaïda, bien sûr, qui habite les pages du roman avec
grâce et élégance. Une aristocrate responsable, une héroïne idéale,
faisant de ses domestiques des amis, ouvrant des dispensaires pour les
plus démunis. «En fait, dit-elle, je n’ai été qu’une bourgeoise qui a
vécu une vie de bourgeoise et qui, en dépit des chagrins et des pertes,
n’a jamais manqué de rien. J’ai essayé de partager ce que mes
privilèges ont mis à ma disposition: argent et connaissance.»
Zaïda a bel et bien existé. Et plutôt deux fois qu’une
Née à Paris en 1936, Anne Cuneo passe une partie de son enfance en
Italie, puis, à la mort de son père en 1945, dans des internats
religieux dans la Péninsule et à Lausanne. Plus tard, elle découvre
l’Angleterre et la culture anglo-saxonne. De retour dans la capitale
vaudoise, elle étudie les lettres, enseigne la littérature, devient
journaliste et auteure à succès. Sa vie a été source d’inspiration pour
plusieurs de ses livres. Zaïda
n’y échappe pas. Anne Cuneo a emprunté ce prénom à sa grand-tante,
disparue centenaire lorsqu’elle était adolescente. Elle a aussi trouvé
matière à narration grâce au parcours de vie du Dr Marguerite S. Une
psychiatre de Zurich, «rencontrée le jour de son centième anniversaire.
Elle a été pour moi une amie chaleureuse aux récits passionnants
jusqu’à sa mort, à l’âge de cent neuf ans.»
PATRICIA GNASSO, Le Matin
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Zaïda,
la sœur du grand-père de l’auteure est une femme exceptionnelle. Par sa
longévité d’abord, puisque née dans la deuxième moitié du XIXe, elle va
traverser le XXe dans sa quasi totalité. Par son caractère bien trempé
ensuite puisqu’elle sera l’une des premières femmes médecins dans un
milieu où seuls les hommes étaient admis. Ce roman, écrit avec beaucoup
d’intensité et d’émotions nous entraîne sur ses pas à travers ce siècle
tumultueux. Un très bon moment de lecture…
FRÉDÉRIC PÉRON, Fnac Suisse, In: «Sélection Fnac Livre: rentrée littéraire»
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Anne Cuneo Le grand roman
Le livre qui cartonne et dont on s’arrache l’aventure, c’est Zaïda.
Où la romancière Anne Cuneo fait revivre le siècle de la destinée d’une
femme, Zadie, Zaïda (la chanceuse, la bien-aimée), née au mitan du XIXe
siècle et qui fut médecin, gynécologue, psychanalyste… Une sacrée saga.
JEAN-DOMINIQUE HUMBERT, Coopération
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La folle cavalcade de Zaïda
Déjà
en tête des ventes, le dernier roman d’Anne Cuneo invite à suivre la
vie passionnée de son héroïne, grand médecin et grande amoureuse.
Zaïda.
L’héroïne qui donne son titre au dernier roman d’Anne Cuneo - déjà en
tête des ventes en Suisse romande - porte un nom d’opéra. C’est aussi,
nous dit la postface intitulée «Reconnaissances», le prénom d’une
grand-tante de l’auteur qui, tout comme le personnage principal, mourut
centenaire. Tout un programme donc dans ce prénom romantique, car cette
nouvelle saga aux teintes historiques est placée sous le double signe
de la famille - de la tribu même! - et du mélo. Duos amoureux,
fuite à travers la campagne, rébellion féminine, accouchements
difficiles, amitiés et héroïsme sur fond de mouvements de foule,
batailles, épidémies et deuils dévastateurs, tous les ingrédients d’une
grande fresque mélodramatique sont là. Anne Cuneo reste fidèle à ses
lieux d’élection, les scènes se passent en Angleterre, en France, en
Italie, en Suisse, sans oublier une petite échappée romantique vers
Vienne.
Zaïda est une jeune demoiselle de la noblesse britannique, mais dotée
d’un père italien qui lui transmet, comme il se doit, un tempérament de
feu. La jeune femme n’est par conséquent guère disposée à se laisser
dicter sa vie par sa mère - une lady désespérante de correction - et,
suivant son penchant pour l’amour, s’évade illico de son monde guindé
et anglo-saxon.
Après un petit intermède un peu bohème, la jeune femme va très
rapidement se montrer entreprenante et pionnière. A une époque où c’est
l’exception pour les femmes, elle fait des études de médecine à Zurich
bravant la réprobation de ses contemporains avec le soutien affectueux
- et financier - de sa tribu. Non contente d’exercer ensuite son art
avec un courage et un dévouement jamais pris en défaut, Zaïda connaît
une vie personnelle palpitante, enchaînant les grands amours, les
deuils terribles et les mariages heureux. Bref, elle vit passionnément
- malgré les bouleversements historiques - et fait beaucoup d’enfants.
«Nous n’étions plus simplement heureux, dit-elle de son premier
mariage, nous délirions de bonheur, tous les deux.»
On le voit Zaïda, est cette personne formidable que tout lecteur
rêverait d’avoir lui aussi pour ancêtre: applaudie par ses patients,
admirée et aimée par ses hommes, intelligemment engagée, apprenant à
conduire dès l’apparition de l’automobile et portant avec grâce - même
dans son grand âge - tailleurs Chanel et talons hauts. Il a fallu du
souffle à Anne Cuneo pour narrer la vie de cette Zaïda lancée dans une
course endiablée sur près de 500 pages. La distance à tenir - pas
toujours évident! -, l’écriture efficace et les épisodes qui
s’enchaînent avec méthode donnent au livre un ton de roman-feuilleton
façon XIXe. Anne Cuneo se fait plaisir et partage avec des lecteurs
décidés eux aussi à se faire plaisir.
ÉLÉONORE SULZER, Le Temps
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La leçon d’Anne Cuneo
«Mon arrière-grand-mère s’appelait Zaïda.» Un prénom qui évoque un
opéra de Rossini, la chance et une parenté qui dit la traversée d’un
siècle, le XXe, tout un monde. C’est «une image lumineuse de bonne
fée», une exploration de la potentielle puissance des femmes. Le
savoir, le voyage, la compréhension de son inspirante aïeule: sur ce
canevas, Anne Cuneo livre sa nouvelle saga, Zaïda. Après Le Trajet d’une rivière ou Le maître de Garamond,
elle aborde cette fois le siècle précédent avec la même volonté de
raconter le flux d’un destin, les innombrables croisements et
circonstances qui précèdent plus ou moins l’existence d’un individu.
Donc, métaphoriquement, l’étonnant cours du monde. Livre
ouvertement féministe dans sa défense de l’égalité de l’intelligence,
ce roman a pour lui une langue nette et claire. Pour évoquer l’histoire
de l’Europe, le «je» de la narration s’avère justifié. Sans cesse, le
récit oscille entre le politique et l’intime sans en trancher la
suprématie. L’amour durant le fascisme? Les aléas collectifs gouvernent
le destin individuel, mais l’individu peut parfois sublimer le diktat
collectif. Une leçon de vie, façon Anne Cuneo.
JACQUES STERCHI, La Liberté
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Le livre du jour: Zaïda
Depuis ma tendre enfance, je reçois au moins un livre à Noël, et j’adore ça!
Cette année, ce fut un gros pavé de 500 pages, Zaïda,
Anne Cuneo, roman, chez Bernard Campiche Editeur. Avec un livre, on
voyage, et celui-ci nous emmène en Angleterre, Suisse, Italie, Zurich,
Milan. Le fil rouge est l’histoire de Zaïda, femme médecin qui fut une
des premières à exercer ce métier jusque là masculin. On la suit à
travers ses drames personnels et ceux de son époque: les deux guerres
mondiales, les épidémies, la grippe espagnole qui fit tant de ravages,
les destructions, les déportations, les victimes du syndrome
post-traumatique, qui ne portait pas encore ce nom en ces temps-là mais
qui était une réalité pour ceux qui échappaient à la mort mais qui ne
revenaient pas indemne. Anne Cuneo dit avoir écrit un roman, pas
une biographie, ni même une “romance” comme elle l’explique aujourd’hui
dans un article sur cuk.ch:
«J’ai bien commencé de manière classique: le coup de foudre entre les
deux protagonistes. […] Et soudain mon héroïne, Zaïda, a pris le
pouvoir. C’est la chance la plus fantastique, pour un auteur, de se
retrouver dans la position de devoir écrire ce que le héros lui dicte.
Comme c’est un processus difficile sinon impossible à expliquer, je ne
tenterai même pas d’aller au-delà de la constatation.
Je me suis dit que Zaïda pourrait étudier la médecine, et j’étais
presque sûre que pour faire cela, il faudrait que je la fasse aller à
Paris ou à Vienne. Et puis j’ai découvert qu’en 1880, la seule
université au monde où les femmes fussent admises de plein droit était
celle de Zurich – une ville que je connais bien, dont au fil de
dizaines de reportages j’ai étudié le passé. Et dès que je me suis mise
à chercher du côté du quotidien des étudiantes en médecine, je suis
tombée sur la biographie de la première femme médecin suisse, le Dr
Maria Heim-Vögtlin, qui décrit ce temps-là.»
Ce livre, je l’ai lu d’une traite, un week-end maussade. Je vous en
conseille la lecture, si comme moi vous aimez les voyages et les
histoires “vraies” même celles qui sont inventées.
www.cmic.ch
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Un roman – une trajectoire, une vie: Zaïda
Depuis que Zaïda,
mon dernier roman, a paru, des dizaines de personnes m’ont félicité
d’avoir traité tel ou tel aspect des choses. Or, la plupart du temps,
je n’avais pas eu les intentions que l’on me prête.
Lorsque
cela m’est arrivé un certain nombre de fois, j’ai exprimé ma perplexité
devant François. Qui a fini par me dire que si mes raisons n’étaient
pas celles qu’on me supposait, je n’avais qu’à expliquer le pourquoi et
le comment. Sur Cuk de préférence. J’ai fini par me laisser convaincre.
[NDLR: ah ben tout de même… On a fini par y arriver. Qui peut mieux que
toi parler de ce livre que je me réjouis de lire, premier qu’il est sur
ma liste d’attente (sans jeu de mot, comprenne qui peut)? Personne.
Merci donc de ce qui suit, ce d’autant plus que ça me donne encore plus
envie de le lire]
C’est simple. J’avais voulu voir si j’étais capable d’écrire ce qu’on
appelle en anglais une “romance”, terme qu’on pourrait traduire (mal),
par roman rose, bien que “roman rose” ne corresponde pas vraiment à
“romance”.
Un de mes amis, un éditeur anglais, m’avait confié la tâche de faire
une analyse de la “romance” en général, qui est un mélange entre le
roman d’amour et le roman d’aventures. Ce genre est mal connu en
français parce que les traductions qui sont faites de certains titres
sont généralement tronquées, mal (et vite) faites, et concentrées sur
ce qui n’est, dans l’original anglais, qu’un des éléments de
l’histoire: la sexualité explicite des héros.
C’est d’ailleurs la raison qui avait donné l’idée à mon éditeur anglais
de me demander d’analyser le genre: il voulait un œil extérieur.
Je n’avais jamais lu de “romance”. J’ai découvert un genre, avec ses
hauts et ses bas. Il y a des auteurs véritablement talentueux, et il y
a beaucoup d’écrivaillons. Pour la plupart, ces auteurs sont des
femmes, en tout cas la signature est toujours féminine, même si, une
fois qu’on s’est familiarisé avec le genre, on commence à se demander
si telle ou telle plume qui ne correspond jamais à aucune photo n’est
pas masculine: certains éléments du style et du récit le donnent à
penser.
J’ai fini par comprendre que ces écrivains recevaient sans doute un
cahier des charges, et même des listes de mots à utiliser dans
certaines descriptions. La plupart d’entre elles/eux produisent par
ailleurs deux livres par année. Résultat: si le talent n’est pas au
rendez-vous, et s’il n’arrive pas à transcender le cahier des charges,
on lit des romans qui se ressemblent d’un auteur à l’autre. Même chez
l’auteur que je considère le plus talentueux de ceux que j’ai lus,
Amanda Quick; à force de romans écrits à la chaîne, se passant dans la
même période historique, dans le même milieu londonien, les
personnages, qui sont mieux décrits que par d’autres, et les aventures,
qui sont plus intéressantes que celles de la plupart des autres, n’en
sont pas moins vite interchangeables.
Comme je n’avais jamais lu de roman de cette nature jusque-là, pour
faire une analyse littéraire digne de ce nom, j’en ai lu beaucoup (une
cinquantaine) – et je dois avouer que même lorsque je voyais poindre la
recette appliquée avec zèle, et que je voyais venir la suite de
l’histoire à cent pas, je ne me suis jamais ennuyée. Ces romancières et
ces quelques romanciers sont tous des pros, qui ont appris à écrire une
histoire (aux États-Unis, cela est même enseigné dans les Universités),
et qui savent, de rebondissement en rebondissement, retenir l’attention
(même si le lecteur parcourt le livre, comme moi, d’un œil sceptique,
crayon en main).
Bien entendu, le moment est venu où je me suis demandé: et moi? Saurais-je écrire une “romance”?
J’ai fait une liste des règles les plus évidentes que j’avais repérées,
celles qui créent le genre: cela se passe souvent au XIXe siècle, entre
gens de petite noblesse (nous sommes en Angleterre, généralement) ou
parfois entre bourgeois riches – en tout cas entre gens de bonne
famille. Il y a des pauvres, mais ils sont le plus souvent marginaux.
Quelle que soit la superficialité du récit, la recherche historique est
rigoureuse, et précise jusque dans les détails: les livres lus, les
références, l’habillement, les us et coutumes, tout cela est
parfaitement exact – les romans sont généralement datés au mois près.
Je me suis lancée.
Je
réponds tout de go à la question que je m’étais posée: non, je ne suis
pas capable d’écrire une “romance”. J’ai pourtant essayé. Mais le cadre
du genre est étriqué, je n’ai pas réussi à m’y contraindre. J’ai
bien commencé de manière classique: le coup de foudre entre les deux
protagonistes. Mais dans une “romance”, toutes sortes de difficultés
interviennent ensuite – parfois les amoureux n’arrivent pas à se
marier, parfois on les marie de force avant qu’ils ne soient sûrs de
s’aimer, mais en tout cas ça ne se passe pas “bien” tout de suite. Ça
finit bien, ça oui. Que cela soit parce qu’ils se marient, sont heureux
et ont beaucoup d’enfants ou parce que, s’étant mariés à la va-vite en
cours de route, ils finissent par réaliser que oui, ils s’aiment. Mais
quoi qu’il en soit, cela se termine à la naissance du premier enfant,
une naissance qui est rarement difficile – et jamais fatale. On parle
certes de femmes et de bébés morts à la naissance (comme c’est situé au
XIXe siècle, cela est plus fréquent qu’aujourd’hui), mais cela s’est
toujours passé en dehors du roman.
Personnellement, au bout de vingt pages, j’avais déjà quitté le cahier
des charges: j’avais simplement décidé que pour une fois la première
naissance se passerait mal, et que mon roman se terminerait plutôt à la
naissance du deuxième bébé.
Au départ, cela semblait un changement infime. Mais cela a fait
dérailler le projet. Et soudain mon héroïne, Zaïda, a pris le pouvoir.
C’est la chance la plus fantastique, pour un auteur, de se retrouver
dans la position de devoir écrire ce que le héros lui dicte. Comme
c’est un processus difficile sinon impossible à expliquer, je ne
tenterai même pas d’aller au-delà de la constatation.
Une de mes grand-tantes, sœur aînée de mon grand-père Cuneo, se nommait
Zaïda. Elle était née d’un premier mariage de mon arrière-grand-père et
sa mère était anglaise. Lorsque je l’ai connue, elle avait autour des
cent ans. Elle était fragile, certes, mais vive d’esprit: elle m’a
appris à danser la valse, m’a confié la recette du tiramisu authentique
d’avant la mode culinaire de ce dessert, m’a donné le goût de
l’Angleterre, où elle avait dû vivre pendant des années. Je me souviens
qu’elle faisait rire mon père, qui l’aimait beaucoup. Comme dans la
famille personne ne s’intéressait particulièrement à elle sauf mon père
– qui est mort avant elle – et moi, personne ne sait plus rien d’elle
aujourd’hui. En plus de mes souvenirs, il ne me reste que quelques
bribes, glanées ici ou là: elle était veuve, elle avait soigné les
blessés de la guerre 1914-18 pendant laquelle tous ses enfants étaient
morts. À partir de ces quelques minuscules fragments, je lui ai inventé
une vie.
Les choix que j’ai faits se sont imposés à moi, je n’ai jamais vraiment
réfléchi: cela collait, tout simplement. Je ne prends qu’un exemple. Je
me suis dit que Zaïda pourrait étudier la médecine, et j’étais presque
sûre que pour faire cela, il faudrait que je la fasse aller à Paris ou
à Vienne. Et puis j’ai découvert qu’en 1880, la seule université au
monde où les femmes fussent admises de plein droit était celle de
Zurich – une ville que je connais bien, dont au fil de dizaines de
reportages j’ai étudié le passé. Et dès que je me suis mise à chercher
du côté du quotidien des étudiantes en médecine, je suis tombée sur la
biographie de la première femme médecin suisse, le Dr Maria
Heim-Vögtlin, qui décrit ce temps-là. Tout collait, il a suffi de
travailler.
La photo de couverture représente Milan en 1906; c’est une rue toute
proche de celle où vit Zaïda. Lorsque je l’ai vue, j’ai tout de suite
su qu’elle symboliserait parfaitement mon personnage. Elle est l’œuvre
de Giuseppe Pessina, photographe célèbre. Lorsqu’il l’a prise, il avait
13 ans.
Je n’avais presque aucune des intentions que les lecteurs ont prêtées
au texte par la suite. Ma seule intention avouée est venue en cours de
route. À un moment donné, il a fallu décider: Zaïda serait-elle pauvre
ou ne manquerait-elle de rien? J’ai fini par décider qu’elle serait à
son aise, et même riche, mais qu’elle mettrait en œuvre un principe qui
a été celui d’un certain nombre de gens riches par le passé: l’argent
et les avantages dont elle disposait créaient des devoirs. Et
puisqu’elle était riche, qu’elle avait acquis des connaissances, Zaïda
avait le devoir de se mettre au service de l’humanité, y compris la
moins privilégiée.
Je suis horrifiée de voir que dans le capitalisme sauvage les gens
accumulent pour accumuler, et que pour ce faire, ils en oublient la
planète, les gens, ils produisent des millions de chômeurs d’un clic de
souris, ils ne s’occupent que de pouvoir et de fric au nom d’un
“progrès” qui a bon dos. Je voulais créer un personnage qui ferait ce
qu’ont fait des Friedrich Engels (riche industriel, qui dépensait sans
compter pour aider Karl Marx, dont il pensait qu’il pourrait aider à
améliorer la condition ouvrière, en commençant par ses ouvriers à lui),
ou des Eugène Meyer (financier américain qui s’est retrouvé
multimillionnaire à quarante ans a décrété qu’il avait dorénavant le
devoir d’être utile à ses concitoyens: il a mis fin à son travail en
bourse, a racheté le Washington Post, quotidien qui a paru à perte
pendant des décennies, mais qu’Eugene Meyer a continué à soutenir,
persuadé qu’il était que la capitale américaine avait besoin d’un
journal d’opposition indépendant). Et caetera. Il y a eu de
capitalistes comme eux, sans doute en minorité, mais sur le plan
symbolique, je les trouve intéressants.
Curieusement, rares sont ceux qui ont déchiffré ce qui était ma seule
intention consciente en écrivant ce roman. Certains lecteurs
(lectrices) y voient un brûlot féministe, d’autres soulignent
l’internationalisme de l’héroïne, d’autres y voient une contribution à
l’histoire de l’éducation médicale, d’autres encore sont sensibles aux
faits historiques souvent inconnus (fidèle à la règle de fer des
“romances”, je me suis documentée à fond), tels les “Cinq journées à
l’envers” de Milan en 1897, ou la vie des émigrés antifascistes en
Suisse pendant la 2e guerre mondiale.
J’ai fait pas mal de découvertes en cours de route: l’écrivain italien
Paolo Valera, par exemple (pas traduit, je regrette, et difficile à
trouver dans les librairies et les bibliothèques italiennes, mais dont
beaucoup d’œuvres sont en ligne), ou le photographe Giuseppe Pessina,
dont les photos m’ont donné une bonne idée de la Milan 1900. Il a
promené son appareil de photos tant dans les beaux quartiers que dans
les ghettos périphériques.
Pour conclure, je dirai qu’en fait, j’ai laissé Zaïda me conduire là où
elle voulait aller; je me suis contentée de la suivre tout au long
d’une vie intéressante, mais difficile, traversée par deux guerres
mondiales, des épidémies, la perte d’êtres chers, des malheurs et des
bonheurs personnels. Et, contrairement aux “romances”, une fois que
Zaïda a été mariée et qu’elle a eu des enfants, mon roman ne s’est pas
arrêté. En fait, il est écrit sous la forme d’une autobiographie
rédigée par Zaïda pendant l’été de ses cent ans. Il faut croire que les
lecteurs ont trouvé l’itinéraire à leur goût: plusieurs milliers
d’entre eux l’ont lu et continuent à le lire.
Quant à vous, amis de Cuk, vous avez eu les motivations sans le livre.
L’idée d’expliquer ici mes raisons est de François, je me suis donc
exécutée. Vous pouvez jeter un coup d’œil au début du texte à
www.campiche.ch.
ANNE CUNEO, cuk.ch
P.-S.
Je parle plus haut de Amanda Quick, que je trouvais être la meilleure
dans le genre “romance”. Tout à fait par hasard, j’ai lu dimanche un
roman social que j’ai beaucoup aimé (All Night Long) écrit par
un écrivain américain inconnu de moi: Jayne Ann Krentz. Et je découvre
après avoir fini ce livre haletant que Amanda Quick et Jayne Ann Krentz
sont en fait la même personne: j’avais raison de penser qu’elle avait
un talent fou, qui transpire même dans le corset de la “romance”. Ayant
fait cette découverte avant que l’humeur ne soit en ligne, j’ai pensé
que je vous la devais.
Anne
Cuneo est incontestablement une merveilleuse conteuse et, une fois de
plus, je me suis laissé fasciner par le destin des personnages de ce
roman historique bien documenté. Ce récit touchant, plein d’émotions
fortes, se déroule sur une centaine d’années en Angleterre, France,
Suisse et Italie. Le roman commence par la découverte, par son
arrière-petite-fille, de mémoires rédigées par cette aïeule, Zaïda, à
son intention. Pour ce portrait de femme, Anne Cuneo s’est inspirée de
la vie de deux femmes qui l’ont marquée, son arrière-grand-tante et une
psychiatre russe. Elle crée un personnage à la vie mouvementée, truffée
de joies mais aussi de grands drames sur fond de fin de XIXe siècle, de
Première Guerre mondiale, de montée du fascisme et du
national-socialisme, et de Deuxième Guerre mondiale.
Zaïda est une jeune fille issue de la noblesse italo-anglaise, née en
1859 et élevée par une mère froide et rigide dans la plus pure
tradition britannique. Mais elle suit instinctivement une autre voie
que celle tracée par sa mère. Toute jeune, elle tombe amoureuse d’un
cadet de famille, artiste peintre, qu’elle épouse au grand dam de sa
mère qui rompra définitivement avec elle. Elle part avec son mari en
France, rêve de devenir médecin, ce qui à cette époque est à peine
possible pour une femme. Une seule université lui ouvre la porte de sa
faculté: celle de Zurich. Le jeune couple part pour cette ville où
Zaïda pourra entreprendre ses études, les achever et devenir médecin.
Elle vivra plus de cent ans, aura trois maris, trois fils, sera
féministe avant l’âge, aura vécu l’émigration obligatoire mais
reconnaîtra à plusieurs reprises être une grande privilégiée de la vie
puisque, d’une part, elle a joui d’une excellente santé lui permettant
de travailler jusqu’à 95 ans et que, d’autre part, elle a été à l’abri
de vrais soucis matériels toute sa vie, grâce à la richesse de ses
parents.
Un roman-fleuve qui vous emporte, facile à lire, une excellente lecture de vacances.
FRANÇOISE SUMMERMATTER WUNN , À tire d’elles
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Zaïda l’affranchie
Évitant les nombreux pièges parsemant le parcours d’une femme née à la fin du XIXe
siècle, Zaïda traverse les égarements de son époque en cueillant au
passage les perles que l’Europe a su produire dans la tourmente. Aïeule
imaginaire et réelle d’Anne Cuneo, Zaïda est une affranchie. Ses désirs
puissants, son envie d’apprendre, d’aimer, d’aider et de comprendre lui
servent de sauf-conduit dans une Europe empêtrée de convenances,
éclatée en conflits sanguinaires et endoctrinée dans d’obscures
idéologies. Femme et médecin, elle fait figure d’électron libre. Entre
Pontoise, Zurich, Milan et l’Angleterre, elle vit ses amours, soigne,
protège, noue des liens, s’initie à la psychanalyse et s’enivre de
culture. Malgré les deuils innombrables qui la touchent, elle poursuit
jusqu’au bout de sa très longue vie l’élan qui préfigure cette Europe à
construire, terre d’ouverture, de culture et d’idées en mouvement. Un
beau roman qui se perd parfois dans les méandres des très nombreux
destins décrits.
FABIENNE PROBST , La Vie protestante
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