Il y a
en Suisse, quelque part dans le canton de Vaud, des montagnes, des
rivières, des poissons vigoureux et l'écrivain Jacques-Étienne Bovard
qui nous donne à lire un livre intimiste qui interroge ce que
nous sommes.
«...enfin elle consent à la replonger dans l'eau face au courant, et à desserrer les doigts jusqu'à ce que sa proie lui échappe
comme une petite torpille éclaboussante»,
Jacques-Étienne Bovard, La Pêche à rôder.
L'auteur, arrivé à l'âge d'homme, se promenant avec sa petite fille à
la main au bord d'une rivière — la Venoge — se remémore
patiemment toute l'histoire de ce qu'il était jadis. La pêche l'a sauvé
et les souvenirs reviennent par vagues, et l'écrivain qu'il est devenu
ne peut s'empêcher de l'écrire en toute vérité. Et l'auteur de
s'interroger, est-ce vraiment sérieux de parler de pêche quand on est
un écrivain raisonnable, établi, reconnu? C'est en cela que son livre
est passionnant car Jacques-Étienne Bovard le fait honnêtement. La
pêche fut sa thérapie et maintenant son étendard, et peu lui en chaud
que cela fasse sourire. Le temps des vieilles caricatures de Daumier,
des moqueries rances et hautaines d'un Maupassant sont désuètes, on
aimerait nous aussi qu'elles soient définitivement éteintes, réduites
en poussières, transformées en matériaux pour historiens du prochain
millénaire. Jacques-Étienne Bovard est bien plus du côté d'un
Hemingway, de Jim Harrison et de Charles Ritz, de la grande littérature
de pêche et des grands pêcheurs. En ce sens, il fait se joindre la
pratique halieutique et la littérature, cicatrise ainsi la césure entre
ces deux pratiques, ce que les Américains n'ont jamais connu, les
bienheureux!
La rivière amène aux retrouvailles de l'enfance, à ses premières
sensations de liberté immense, d'aventure joyeuse et de ruse espiègle.
L'auteur le souligne dans les premiers chapitres où la pêche fut son
refuge et même son école. À l'école, celle du tableau noir, il est un
cancre, gentil certes, avec «peut mieux faire» ou «poursuivez vos
efforts sans vous décourager» inscrits sur son bulletin. Un cancre
désemparé devant la discipline scolaire et l'attente des parents
socialement bien installés. Mais, comme André Dhôtel dans le Club des
cancres (merveilleux écrivain), on peut penser qu'«Il y a un dieu pour
les cancres». Une divinité bienveillante, marchand de sable, pour aider
à trouver le sommeil après les affres de la journée d'école, bonne fée
pour essuyer les sermons paternels et ravaler les larmes qui laissent
des traces de sel sur les joues des enfants. Ce dieu des cancres c'est
la rivière. André Dhôtel, dans ce même livre, fait s'endormir son petit
héros perdu dans sa route sur les bords d'une rivière — la Valserine —
et dans son sommeil confus, martelé de cauchemars, le visage d'une
jeune fille se posant sur lui pour le réconforter. Au réveil, il
retrouve ses amis et sa route.
L'école buissonnière de Dhôtel, c'est la pêche à rôder de
Jacques-Étienne Bovard, des retrouvailles avec lui-même par la grâce de
la rivière.
«Oui, je te le déclare, c'est la vérité: personne ne peut entrer dans
le Royaume de Dieu s'il ne naît pas d'eau et de l'Esprit. »,
Évangile de Jean 3, 5.
Retrouvailles et révélations, forces vives de la rivière. L'enfant
perdu y trouve la force et la connaissance. Une connaissance révélée
qui coule de source si elle n'est de nature divine. On l'a déjà vu dans
ce blog avec Bosco et Genevoix. La rivière est pérégrination,
pèlerinage souvent, et conduit à l'initiation, c'est-à-dire à la
construction de soi.
Chez André Dhôtel encore, dans Le Robinson de la rivière, un jeune
garçon se voit emporté par une crue « à la croisée de deux
courants » sur un radeau et trouve un court repos dans le creux
d'une hanse, il adresse alors une prière, à moins que ce soit une ode
aux poissons: «Chers poissons, vous êtes beaux comme des fleurs et vos
écailles brillent mieux que les perles de l'Orient. Apprenez que je
suis un poète et que grâce à moi tout le monde se souviendra que vous
étiez là aujourd'hui, plus limpides que les éclairs dans l'eau du
printemps», et de retrouver ensuite, comme par miracle, la berge de
pied ferme. Une illumination que Jacques-Étienne Bovard connaît lui
aussi: «J'ai dix ans, j'ai pris tout seul un beau poisson et je vais en
prendre d'autres, je ne suis plus ce que j'étais...» Le cancre,
l'enfant, s'en trouve changé, métamorphosé, grandi. Il construit
son identité par la pratique de la rivière et de la pêche.
Le plus beau cadeau que Jacques-Étienne Bovard trouve au pied du sapin,
c'est sa carte de pêche dont il admire les armoiries du canton de Vaud
posées sur son nom et sa photographie et le tampon de la Préfecture, il
a treize ans. Le voilà enfin pêcheur, révélé comme pêcheur.
«Rien n'était plus facile que de passer ainsi de l'autre côté du
miroir. Il suffisait de regarder le lac, il suffisait de penser à lui
...»,
Jacques-Étienne Bovard, La Pêche à rôder.
Ce roman est bouleversant car il parle de l'enfance, de celle que nous
avons, pour beaucoup d'entre nous, partagée, cette enfance passée au
bord de l'eau pour de bonnes raisons (y en a-t-il vraiment de mauvaises
quand on va à la pêche?) et qui forme une matrice dans laquelle se
bercera le reste de la vie.
Dans ce roman, pêche et littérature sont intimement enlacées. Il est
plus qu'un roman initiatique dans lequel il faut apprendre à rattraper
ses rêves d'enfance, ses rêves de rivières et de poissons scintillants
qui étaient là comme des amis fidèles et facétieux pour aider à
traverser les temps difficiles. Peut-être avons-nous un roman
d'apprentissage dans lequel l'innocence originelle de l'enfant que l'on
mesure à la norme des adultes trouve dans l'aventure des eaux vives son
accomplissement. Un roman autobiographique alors ? Parce que
l'auteur, à travers l'écriture, fait trace de son parcours singulier et
de son moi conscient. Peut-être... Mais est-ce si important?
La pêche à rôder, c'est se glisser d'une rive à l'autre, du passé au
présent, de l'obscur des eaux profondes à la lumière des écailles
étincelantes, de l'innocence de l'enfant pantelant devant l'inconnu à
la conscience de soi de l'écrivain dans la maîtrise de son art
halieutique et littéraire.
C'est raccommoder son être par le fil de la pêche, au fil de l'eau.
C'est exister par les rivières et son petit peuple, confondre le
biotope et le biographe. Rôder au bord de l'eau, mémoires d'outre-ondes!
ÉRIC MORELL, Chamane51
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La pêche, un art de l’impatience?
Pour la plupart, la pêche rime avec patience, passivité, ennui. C’est
l’éternelle caricature du pêcheur en papi affalé devant sa canne, les
yeux rivés à son flotteur qui ne coule jamais.
Or, à lire les récits ou regarder les photos de Jacques-Etienne Bovard,
qui rôde depuis son enfance le long des rivières et des lacs, on verra
que la pêche peut se décliner en inventaire émotionnel
extraordinairement contrasté et intense: le temps devient affût
passionné, au seuil d’un autre monde, où se confondent la mémoire et le
rêve. La rivière se livre, ou ne se livre pas, telle une femme
irrésistible et insaisissable. Quel ennui? Quelle patience? Le pêcheur
rôde, ruse, rêve, délire, jubile, explose – de joie, de fureur. Et
c’est toujours un morceau de lui-même qu’il finit par ferrer, dans les
clairs-obscurs où le regard se perd.
Pour plus d’informations sur les photographies de ce livre:
http://www.summilux.net/forums/viewtopic.php?t=11012
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Misères et grandeur de l’homme qui pêche
Maupassant avait tort de n’y trouver qu’«un idéal de boutiquier». Avec La Pêche à rôder,
l’écrivain vaudois publie un magnifique éloge de cette activité
méconnue et inaugure une nouvelle collection de beaux livres chez
l’éditeur Bernard Campiche.
Pauvres pêcheurs, ensevelis sous les idées reçues. Le XIXe
siècle nous a légué son mépris de la pêche qui, aujourd’hui encore,
passe pour un loisir médiocre, guère plus reluisant que l’avachissement
du téléspectateur devant son poste. Les Américains ne partagent pas ces
préjugés. Là-bas, la pêche a su inspirer de grands textes comme Le Vieil Homme et la mer d’Ernest Hemingway, les chroniques de Jim Harrison ou celles de Thomas MacGuane. En publiant La Pêche à rôder,
Jacques-Étienne Bovard comble donc un vide littéraire, et il le fait
avec talent: c’est un bonheur de constater qu’un écrivain vaudois peut
s’inscrire dignement dans cette lignée d’outre-Atlantique. Il y est
question de l’impatience du pêcheur à l’heure de l’ouverture, des
traques bien ou mal récompensées, du temps qui se métamorphose au fil
de l’eau, de la psychologie propre à l’homme qui cherche la «touche».
Mais aussi de l’auteur qui est depuis son plus jeune âge une espèce de
rôdeur impénitent et qui publie ici, par le détour de la pêche, son
texte le plus personnel. Ce dernier s’accompagne de photographies dont
Jacques-Étienne Bovard est également l’auteur et l’ensemble donne lieu
à une vraie réussite par laquelle l’éditeur Bernard Campiche inaugure
une nouvelle collection de beaux livres.
– Votre nouveau livre s’intitule La Pêche à rôder: qu’est-ce que c’est?
–
Il faut distinguer deux types de pêche. Il y a la pêche où on attend le
poisson assis, immobile, et qui s’appelle la pêche au coup. La pêche à
rôder, au contraire, implique que le pêcheur se déplace constamment
pour aller à la rencontre du poisson. On sonde ainsi la rivière. On
essaie toutes sortes de techniques pour rencontrer généralement un
carnassier, truite, brochet, perche ou autre, qui est lui-même à
l’affût. Cela suppose une façon de lire la rivière, de l’interroger
avec sa canne ou avec ses leurres pour provoquer la touche, et c’est
une attitude qui dépasse de loin l’activité strictement halieutique.
Elle correspond aussi à une manière de se déplacer dans l’existence, de
lire les paysages ou les visages, de saisir des expressions fluides et
mouvantes comme la rivière.
– Cette attitude est liée à l’écriture?
–
Oui, on écrit aussi en sondant la phrase, le dictionnaire ou les
émotions pour avoir tout à coup la «touche» du mot. Comme à la pêche,
il arrive que tout m’échappe, sans que je sache pourquoi. Ou alors je
connais l’état de grâce, je fais ce que je veux, l’écriture coule de
source si je puis dire. Il y a de tout cela dans le verbe «rôder». Dans
mon livre, j’admets une sorte de cheminement parallèle entre la passion
de la pêche et celle de l’écriture. Je voulais suivre au fil du courant
ces deux pentes que j’ai en moi.
– Il existe toute une littérature américaine inspirée par la pêche. Pourquoi ne possédons-nous pas l’équivalent?
– À partir du XIXe
siècle, la pêche a été caricaturée comme une activité de petit
bourgeois et a été associée à toutes sortes d’infortunes comme la
médiocrité ou le cocuage. On la représente le plus souvent sous les
traits du pêcheur au coup, assis devant un flotteur rouge, figé dans
l’attente. Ce cliché apparaît chez Daumier, chez Musset, ou encore chez
Maupassant qui évoque «l’espérance de prendre du goujon, cet idéal du
boutiquier». Dans leurs œuvres, le pêcheur est invariablement un raté,
un pauvre type qui passe à côté de la vraie vie.
– Il reste quelque chose de ce mépris aujourd’hui?
–
Il me semble moins présent, mais il en reste quelque chose. Pour la
plupart des gens, la pêche connote toujours la niaiserie. Spontanément,
ils ne sentent pas sa grandeur. Sauf quand ils vont voir Et au milieu coule une rivière,
le film de Robert Redford avec Brad Pitt. Là, tout à coup, le public
découvre que la pêche peut être grandiose, que le geste du pêcheur à la
mouche est vraiment un beau geste, mais c’est encore une fois les
États-Unis: pour les Américains, il est aussi naturel d’aller à la
pêche que de monter à cheval.
– Vous êtes plutôt un écrivain qui pêche ou un pêcheur qui écrit?
–
Il m’est arrivé de dire que je pêchais parce que j’avais envie d’écrire
un livre là-dessus. De manière générale, je me sens de plus en plus
comme un écrivain dans tout ce que je fais. Il m’a fallu au moins cinq
livres pour m’avouer que ce n’était pas simplement un intérêt ou un
goût, mais que c’était viscéralement attaché à moi-même. Il n’y a pas
de jour sans que je lise, sans que j’entende, sans que je fasse quelque
chose dont je me dis que ça pourrait servir plus tard. Je récupère
tout. J’entasse tout dans ma mémoire. Je suis une espèce de ruclonneur permanent.
– À vous lire, on se dit que la pêche réveille quelque chose de très archaïque.
–
En effet, au fil des heures, ou parfois très vite, je me retrouve en
traque, complètement concentré sur l’approche, la ruse, le piège, la
capture. Au moment où j’attrape le poisson, je vis une émotion intense,
qui est d’ailleurs inversement proportionnelle lorsque la prise est
ratée. Parfois, pour un poisson ridicule, j’ai vu des gens se mettre
dans des états de fureur démente. Moi-même, j’ai plusieurs fois démoli
mon matériel et je me suis presque cassé le pied en tapant dans un
arbre. Mais, quand la prise est réussie, il y a cette sensation
physique d’avoir entre les mains quelque chose de pesant, de vivant, de
pris à la nature. C’est tout à coup la nature qui vous accueille et
vous répond.
– On pourrait donc dire qu’on touche et qu’on est touché?
–
L’histoire est en gros toujours la même. C’est celle d’un homme
étranger au monde qui essaie d’entrer en relation avec lui. D’heure en
heure, de lancer en lancer, il espère une réponse. Il attend que
quelque chose luis dise: «Oui, je suis là, je t’entends…» Et quand il
ne touche pas, quand il est bredouille, ou dans l’épreuve de la mayaule
comme on dit en vaudois, la réponse est alors: «Va te faire cuire un
œuf, il n’y a rien pour toi, tu peux continuer mais je m’en fous, tu
n’existes pas…»
– Précisément, comment définir cette espèce de guigne que les pêcheurs vaudois nomment la mayaule?
–
C’est l’expérience concentrée de l’échec et de l’étrangeté au monde.
Plus les heures passent et plus cela devient insupportable. D’autant
plus que le pêcheur n’est pas dénué d’esprit critique: il se voit
lui-même en train de s’acharner et il se trouve de plus en plus
grotesque tout en continuant à le faire. La mayaule est vécue
comme le fiasco sur le plan de la séduction, quand vous voulez
absolument séduire une femme et qu’elle vous rétorque «cause toujours!».
– Paradoxalement, elle contribue aussi au plaisir de la pêche…
– S’il n’y avait pas la mayaule,
ce serait comme s’il n’y avait pas la mort: rien ne nous intéresserait.
Comme l’a écrit Ramuz: «C’est parce que tout doit finir que tout peut
être si beau.» Et c’est parce que le risque de la mayaule
existe que le poisson prend tout à coup une valeur faramineuse. Il faut
éprouver cette angoisse du néant ou de la solitude totale pour que la
réponse positive soit bouleversante.
– Pour
la première fois, vous publiez non seulement un texte, mais aussi vos
propres photographies. Qu’est-ce qui vous a conduit à le faire?
– Quand j’ai écrit La Venoge,
vers 1986, j’ai eu l’occasion d’observer les photographes Marcel Imsand
et Denis Roulet qui travaillaient à ce livre. Ça m’a passionné. J’avais
moi-même acheté un appareil et pris de nombreuses photos de la Venoge
dans un souci de documentation. J’ai donc continué à le faire. Surtout
en noir et blanc. Et quand j’ai écrit Le Pays de Carole, un
roman dont le personnage est un photographe, ça m’a repris de plus
belle. J’ai alors décidé de faire un livre où je me jetterais aussi à
l’eau comme photographe. Ce qui m’a intéressé, c’était de tenir à la
fois le texte et l’image. Quand j’écrivais telle phrase, je savais que
je pourrais utiliser telle photo et je n’avais donc pas besoin de
donner trop d’explications. Inversement, il m’est arrivé qu’ayant fait
un photo je me dise qu’elle devait rester et j’ai donc modifié mon
texte en fonction d’elle. Je me suis en quelque sorte autocommenté et
auto-illustré. Artistiquement, si j’ose dire, c’est vraiment un travail
passionnant que j’aimerais bien refaire.
Propos recueillis par MICHEL AUDÉTAT, «Sélection les plus beaux livres illustrés», L’Hebdo
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Le tendre cri du pêcheur-écrivain
Jacques-Étienne Bovard raconte sa passion, ses rivières, ses poissons pris et parfois relâchés.
Dehors
il fait gris. Un temps à pêcher en rivière si la pêche en rivière
n’était pas fermée jusqu’en mars. Un temps à lire, alors. Des revues de
pêche, des histoires de pêche, quelque chose qui fasse un peu battre le
cœur du pêcheur privé par l’hiver de ses torrents et de ses rivières.
Un livre. Le livre de Jacques-Étienne Bovard, écrivain certes, mais
surtout pêcheur qui s’assume et avait envie de le dire, de le chanter,
de le proclamer. Il y a des moqueurs dans son entourage (ou les
imagine-t-il plus moqueurs qu’ils ne sont en réalité?). Menton levé,
mains blanches, ils regardent la pêche et le pêcheur en se gaussant,
voire en se bouchant le nez. C’est pour eux qu’il écrit ce livre. Pour
leur dire en quelque sorte, les pieds dans les cuissardes, la canne
dans une main, le saucisson en croûte dans le panier, qu’il les emmerde.
Clair comme du kirsch
Tout
est déjà clair comme du kirsch en page quinze, après la photographie
des gorges de l’Orbe et avant celle de la Broye et de la Mentue: «Où
est l’homme de quarante-trois ans, le père de famille, le prof de
lettres, l’écrivain? N’a-t-il rien de plus intelligent, de plus noble à
faire? Où en est le gros œuvre? A-t-il seulement relu tout Proust?
S’ils me voyaient sur ce caillou, enrobé de coton huilé kaki, nez
coulant, bonnet au ras des yeux. Pire, s’ils savaient l’énergie, le
temps que je peux consacrer à la pêche, s’ils se doutaient de son
importance, de son urgence parfois dans ma vie – à cette heure tout
Proust, tiens, les cinq volumes de la Pléiade donnés sans la moindre
hésitation pour ce «lancer léger» de bambou refendu si bien équilibré…»
Parler de pêche, c’est forcément ne parler que de soi, et Bovard ne
fait que cela: parler de lui. Il a raison. L’histoire de Bovard par
Bovard vaut la peine parce qu’elle commence, grandit, mûrit,
s’amplifie, se solidifie au bord des eaux du pays, là où il apprend
tout et comprend tout. On croise avec lui, en guettant la belle blanche
remontée du lac, ses amis qui ne sont plus là, ceux qui continuent et
la jeunesse qui sait goûter l’héritage de ce père et traquer avec lui
l’élégante fario aux points rouges. Les non-pêcheurs comprendront.
Les pêcheurs se reconnaîtront à coup sûr, car c’est lui, mais c’est
eux, cet homme qui entre dans un magasin de pêche pour acheter une
bobine et en repart avec quatre poissons-nageurs pour le brochet,
trente nouvelles mouches à truites, une canne. Et pas de fil. De la
pêche, du cœur, de l’humour, tout ce qu’il faut pour rendre l’hiver du
pêcheur plus court.
PHILIPPE DUBATH, 24 Heures
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La Pêche à rôder
C’est une magnifique surprise que nous fait Bernard Campiche en sortant campImages,
une nouvelle collection qui comme on peut le deviner fait la part belle
aux images. Ces livres au format «album» (25 x 30 cm), élégamment vêtus
d’une jaquette noir et blanc sont signés des meilleurs auteurs romands.
Jacques-Étienne Bovard, l’auteur des Nains de jardins et Ne pousse pas la rivière, inaugure la collection avec un magnifique ouvrage La Pêche à rôder comprenant une trentaine de photos témoins de ses errances le long des rivières et des lacs. Ici
le noir et blanc, à l’inverse de cette débauche de couleurs aujourd’hui
démocratisée, met en valeur ce que l’image ne délivre qu’avec pudeur.
Les clichés de J.-E. Bovard sont superbes, émouvantes, poétiques.
Superbe, cette tête de brochet en gros plan, émouvante la douceur du
geste du père qui guide la main de son fils, poétique, ô combien, cet
homme qui semble braver une tempête à la barre de son bateau. À lire
les récits qui les accompagnent on découvre que la pêche est bien autre
chose qu’un loisir paisible ou un sport: Le pêcheur rôde,
ruse, rêve, délire, jubile, explose – de joie, de fureur. Et c’est
toujours un morceau de lui-même qu’il finit par ferrer, dans les
clairs-obscurs où le regard se perd.
MICHELLE TALANDIER, Journal de Cossonay
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La blanche de sa vie
C’est
toujours un bonheur que de voir un écrivain gagner en liberté dans le
développement de ses thèmes et de son expression, comme il en va des
quatre récits de La Pêche à rôder de Jacques-Étienne Bovard, après les
avancées déjà très remarquables du Pays de Carole et de Ne pousse pas
la rivière, ses deux derniers romans. D’aucunes et d’aucuns, sans même
y aller voir de plus près, auront fait cette petite moue des gens
sérieux pour qui la Littérature ne saurait se complaire dans
l’anecdote, en avisant cet album assorti de photographies «maison»,
genre cadeau de fin d’année, où l’on voit la fille de l’auteur, un ami à
lui pêchant de dos, son matériel exposé, un long poisson dans la
rivière, que sais-je encore de plus inspirant pour les belles âmes de
la paroisse littéraire romande? Quant à moi, déjà ferré par
l’enthousiasme véhément de notre compère l’éditeur, mais demandant
pourtant à y voir, j’ai bel et bien culbuté dans ce livre à l’unisson
de l’auteur, puisque c’est par une chute dans la nuit matinale, suivie
d’un empêtrement ponctué de jurons, que Bovard marque son ouverture, au
double sens du terme tant il est vrai que la première des quatre
séquences du livre, intitulée La Grande Blanche, coïncide avec le
premier jour légal de la pêche, non loi de l’embouchure de la Venoge.
Or tout de suite on y est: on y est physiquement, comme aux petites
aubes les conquérants de l’inutile sortant de la cabane d’altitude,
tout de suite on flaire la rivière après en avoir perçu la rumeur entre
les feuilles, tout de suite on est comme happé par cette Attente dans
laquelle va se dérouler tout un combat compliqué dont l’enjeu est une
fuyante merveille, mi chair-mi fantasme, vivant défi qui ne peut qu’être
dans l’absolu du pêcheur, aujourd’hui où c’est la mort, la «blanche de
sa vie»…
La quête de l’absolu, chez Jacques-Étienne Bovard, ne va pas sans
patauger, s’embrouiller le fil et le matos, surtout risquer de faire
mayaule, l’expression vaudoise signifiant tout louper et rentrer
bredouille. A cette sainte salope de poisse, l’écrivain consacre de
formidables pages, dignes d’un grand écrivain. Deux passages, déjà, de
Ne pousse pas la rivière avaient atteint cette intensité de fusion
d’une perception très physique et d’une aspiration quasi métaphysique à
vivre sa passion jusqu’aux confins de l’extase et de la mort, dont
l’inatteignable blanche était déjà le symbole. Dans La Pêche à rôder,
où il gagne encore en liberté narrative et en puissance d’évocation,
Bovard touche à toutes les gammes de sensations et de sentiments, de la
tendresse filiale (la belle initiation de Retrouvailles) à l’amitié
scellée par l’Aventure, en passant par la relation profonde avec la
nature ou à la reconnaissance manifestée à ceux qui l’ont initié, au
ressouvenir personnel d’épisodes familiaux révélateurs, enfin à tous ces
petits côtés et tous ces beaux moments constituant les facettes de son
Grand Jeu.
JEAN-LOUIS KUFFER, Le Passe-Muraille
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Mariage de textes et d’images
Quand
on connaît le soin que met l’éditeur Bernard Campiche à chacune de ses
publications, on ne s’étonne guère de la qualité de cette nouvelle
collection. Baptisée CampImages, elle est inaugurée par deux
magnifiques ouvrages signés de deux auteurs phares de la maison,
Jacques-Étienne Bovard et Anne Cuneo.
Dans La Pêche à rôder,
Jacques-Étienne Bovard pose son regard d’écrivain et son œil de
photographe pour dire le bonheur de la pêche, que ce soit l’impatience
avant l’ouverture ou la traque plus ou moins fertile, avec une rare
justesse. Des textes qui se marient parfaitement aux 30 photos de
l’auteur.
Anne Cuneo, elle, revient sur une aventure peu commune: une troupe de la Vallée de Joux a monté l’an dernier sa pièce, Naissance d’Hamlet, dans un théâtre élisabéthain construit pour l’occasion. L’auteure en a tiré un documentaire, Opération Shakespeare, qui en trouve en DVD dans le livre. Au côté du texte et de photos du spectacle.
ÉRIC BULLIARD, La Gruyère
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Jacques-Étienne
Bovard jette un pavé de poésie, dans la mare des a priori contre la
pêche. À la lecture de son livre on ne peut qu’envier cette liberté du
pêcheur qui capte les humeurs les plus secrètes de la nature et vibre
d’émotions si contrastées! C’est qu’il a le verbe accrocheur,
Jacques-Étienne Bovard, drôle, confidentiel, riche en images et en
sentiments. Illustré d’une sélection de photographies en noir et blanc,
La Pêche à rôder est une invitation à écouter ses passions, à
les vivre pleinement sans perdre de temps. A chacun pour ce faire de
trouver sa rivière.
MARJORIE SIEGRIST, Terre & Nature
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Au fil de l’eau
La pêche réclame un engagement total. «Vous étiez parti pour donner
trois coups de ligne sous le pont en passant, et à la nuit tombante
vous voilà six kilomètres en amont, incapable encore de sortir de la
rivière…» Attention sans faille, gestes dictés par le désir, patience,
humour font partie de ces rendez-vous amoureux entre un homme et un
poisson. Qui attend l’autre? Qui prend l’autre? Lequel des deux rend sa
liberté à l’autre? L’écrivain nous invite à fréquenter,
silencieusement, en sa compagnie quelques cours d’eau et rivières. Et
offre une belle parabole de la vie. De ses recherches infructueuses,
des retrouvailles inattendues et chaleureuses, des déceptions et des
joies. Et il ne faut pas craindre de se mouiller pour déceler toutes
les promesses. D’une telle passion et de la vie.
SERGE MOLLA, Bonne nouvelle
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Avec Bovard, la pêche est passionnée
On connaît le talent d’écrivain de Jacques-Étienne Bovard. Ce qu’on ignore peut-être, c’est que l’auteur de Ne pousse pas la rivière et Nains de jardin est un amoureux de la pêche. Son dernier livre La pêche à rôder,
juxtapose à ses récits une trentaine de ses magnifiques photos. «Le
pêcheur rôde, ruse, rêve, délire, jubile, explose – de joie, de fureur,
note l’éditeur. Et c’est toujours un morceau de lui-même qu’il finit
par ferrer, dans les clairs-obscurs où le regard se perd.» L’ouvrage
inaugure la collection de beaux livres CampImages de Bernard Campiche.
Jeudi 23 novembre, à la Bibliothèque cantonale et universitaire de
Lausanne, Jacques-Étienne Bovard en lira des extraits et discutera
ensuite avec le public. La rencontre s’inscrit dans la série de
manifestations en l’honneur du vingtième anniversaire des Éditions
Campiche.
Le Courrier
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La pêche avec Jacques-Étienne Bovard
Pérégrinations. Le romancier vaudois Jacques-Étienne Bovard est un féru
de pêche. Parce qu’il aime rôder le long des rivières et des lacs.
Attendre, ruser, jubiler, rêver, taquiner. Il s’en explique dans cet
album grand format, illustré par trente de ses propres photographies.
Un texte enlevé qui narre les pêches d’ici et d’ailleurs, l’amitié, les
rires et les coups de gueule, la majesté de certains poissons. La
beauté de certains instants.
JACQUES STERCHI, La Liberté
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La pêche pour Jacques-Étienne Bovard
La
Bibliothèque municipale de Morges organise, dans ses locaux vendredi 15
décembre à 18h30, une rencontre avec l’écrivain Jacques-Étienne Bovard
né en 1961 à Morges. Aujourd’hui licencié en lettres, il est maître de
français au Gymnase de la Cité à Lausanne.
Au cours de cette soirée, il y présentera son nouveau livre intitulé La pêche à rôder qu’on pourrait résumer comme suit:
«Pour la plupart, la pêche rime avec patience, passivité, ennui. Or, à
lire les récits ou à regarder les photos de Jacques-Étienne Bovard, qui
rôde depuis son enfance le long des rivières et des lacs, on verra que
la pêche peut se décliner en inventaire émotionnel extraordinairement
contrasté et intense. Quel ennui? Quelle patience? Le pêcheur rôde,
ruse, rêve, délire, jubile, explose… de joie ou de fureur. Et c’est
toujours un morceau de lui-même qu’il finit par ferrer, dans les
clairs-obscurs où le regard se perd.»
Quant à son éditeur Bernard Campiche, qui fête cette année les vingt
ans de sa maison d’édition, il inaugure avec ce titre une nouvelle
collection de livres illustrés.
Journal de Morges
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Passion de pêcheur
Amoureux des rivières depuis l’enfance, le romancier Jacques-Étienne
Bovard illustre sa passion de naturaliste pêcheur par des textes et des
photographies qui donnent envie d’aller taquiner le goujon tout en
relisant ses livres pleins d’humour et de respect pour la nature.
JEAN-BLAISE BESENÇON, L’Illustré
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Magnifique
album texte-photos de l’ex-Morgien Jacques-Étienne Bovard, écrivain et
professeur au Gymnase de la Cité, qui nous avait déjà laissés
entrevoir, dans Ne pousse pas la rivière, son dernier roman,
toute la passion qu’il porte à la pêche. Édité chez Bernard Campiche,
qui fête ses vingt ans d’édition, ce volume grand format, orné d’une
trentaine de très belles photos noir-blanc de l’auteur, est bien
construit sur deux axes, le pêcheur et le rôdeur. Du premier, on
apprendra la patience et l’entêtement, les échecs (la fameuse
«mayaule») et les glorieuses réussites, avec même quelques pages sur
l’histoire de la pratique halieutique. Du second, on suivra les
errances, aussi bien tout au long des rivières que dans les méandres du
souvenir. Et pour un lecteur morgien, voilà qui est tout
particulièrement attrayant, qui le mènera des classes du Bluard à
celles de Couvaloup, avec quelques piquants portraits d’enseignant(e)s,
puis au bord du lac, à la rencontre de pêcheurs professionnels, auprès
desquels le jeune Jacques-Étienne s’est formé. Tout cela emballé dans
une langue savoureuse, au vocabulaire charnu et dense, piqué
d’expressions du terroir et d’allusions facétieuses, qui ouvrent mille
perspectives. On a pu particulièrement s’en rendre compte, vendredi 15
décembre dernier, lors d’une lecture que l’auteur a faite à la
Bibliothèque municipale, devant un auditoire rapidement sous le charme…
Journal de Morges
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Bovard au fil de l’eau
Magnifique et émouvant ouvrage regroupant textes et photos signés Jacques-Étienne Bovard. L’écrivain vaudois, chroniqueur à Migros Magazine,
retrouve les joies de la pêche en même temps que mémoire, rêve et
émotions se mélangent à la surface de nos rivières. Simple et beau.
PIERRE LÉDERREY, Migros-Magazine
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Deux premiers «beaux livres» pour inaugurer la collection CampImages
Anne Cuneo et Jacques-Étienne Bovard inaugurent une nouvelle collection des Éditions Campiche
«C’est royal, c’est génial!» Jacques-Étienne Bovard ne tarit pas d’éloges en découvrant son premier livre d’images, La Pêche à rôder.
L’ouvrage sent encore l’imprimerie; il vient juste d’arriver aux
Éditions Bernard Campiche. L’écrivain est là pour dédicacer les
premiers exemplaires destinés à la campagne de promotion du livre. Il
est admiratif devant la qualité du travail photographique. «Les
plus petits détails sont perceptibles, même sur les prises de vue à
contre-jour», constate Jacques-Étienne Bovard. Il a réalisé lui-même
les photos argentiques noir et blanc qui illustrent son livre. Cette
scène se déroulait hier en fin de matinée dans les bureaux de l’éditeur
urbigène.
Un travail énorme
Dans le même décor, quelques heures plus tard, c’est Anne Cuneo qui découvre son livre Opération Shakespeare, une aventure.
«Je suis très fière d’inaugurer une nouvelle collection de Bernard
Campiche. Jamais je n’aurais cru qu’un livre comme celui-là puisse
porter ma signature», confie l’écrivaine aux talents multiples. Dans ce
livre également les photos sont de toute beauté. Elles sont l’œuvre
d’Anne-Lise Vullioud. L’ouvrage est un livre d’images accompagné
d’un DVD. Anne Cuneo le décrit comme l’aboutissement d’un processus. Le
texte relate le travail de l’auteur sur Shakespeare et comprend la
pièce Naissance d’Hamlet
écrite pour la compagnie du Clédar. La troupe de comédiens amateurs de
la Vallée de Joux a joué l’œuvre dans le théâtre élisabéthain récemment
acheté par Yverdon. Le film fixé sur le DVD retrace l’aventure vécue à
la Vallée l’été dernier. Il est le fruit d’un énorme travail et met
remarquablement en valeur les activités «du Clédar», comme on dit dans
la région. Avec sa nouvelle collection de «beaux livres», Bernard
Campiche frappe fort. Il a osé investir. Le succès devrait être au
rendez-vous.
PIERRE BLANCHARD, 24 Heures
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Les nouveaux trésors de Campiche
Nouvelle collection
Pour fêter ses vingt ans d’édition, Bernard Campiche sort deux ouvrages magnifiques
D’un côté, Jacques-Étienne Bovard et La Pêche à rôder. De l’autre, Anne Cuneo et son Opération Shakespeare, une aventure.
Deux livres de qualité, accompagnés de superbes photographies en noir
et blanc, qui inaugurent la nouvelle collection des éditions Bernard
Campiche. Jacques-Étienne Bovard nous conte son histoire, son
enfance, ses souvenirs au fil des pages, au bord de l’eau, le long des
rivières et des lacs. Les photos de l’auteur soulignent toute la poésie
de ces moments de silence, de bien-être ou de doute à attendre que le
poisson morde à l’hameçon. De cette pêche miraculeuse, Jacques-Étienne
Bovard fait remonter à la surface des bribes de son passé: «Il s’agit
de son premier écrit autobiographique», souligne Bernard Campiche.
C’est drôle, pétillant, touchant, à l’image de ses Nains de jardin.
Changement de décor avec Anne Cuneo qui nous offre l’incroyable
aventure de l’opération Shakespeare à la Vallée de Joux, à travers des
textes, des illustrations et un DVD du film qu’elle a elle-même tourné.
Elle nous invite à redécouvrir l’incroyable périple du théâtre amateur
du Clédar. Et revient sur cette dynamique création collective qui a
mobilisé toute une région. «Pour moi, c’est un livre d’or dans lequel
Anne Cuneo recompose l’histoire de l’opération Shakespeare», commente
Bernard Campiche.
Des mots, des images, un DVD… Il ne manque que la chanson: «J’ai un
projet auquel je tiens particulièrement, confie l’éditeur vaudois, à
savoir publier toutes les partitions de Michel Bühler.» Belle musique
d’avenir!
ISABELLE BRATSCHI, Le Matin
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Il
y a de l’air vif dans ces pages, celles qui vont de belle impatience,
et bien avant le matin, vers la rivière. Cette impatience qui grouille
parce qu’elle est cette passion du pêcheur qui n’a d’yeux que pour
elle, proie fuyante, proie imaginée, à conquérir, cette proie qui lui
ressemble et avec qui il dialogue… Dans La Pêche à rôder, Jacques-Étienne Bovard remonte aux temps de ces eaux qui se découvrent jusqu’aux rives de l’enfance.
C’est là le premier livre de la collection campImages où figurent une trentaine de photographies (noir/blanc) de l’écrivain.
Le théâtre, et l’intense manière dont il lie des comédiens amateurs,
vit dans le deuxième volume de la collection, signé Anne Cuneo, Opération Shakespeare, une aventure, qui s’accompagne d’un DVD.
JEAN-DOMINIQUE HUMBERT, Coopération
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La Pêche à rôder
On le sait, l’art de la photographie se marie avec bonheur à celui de
l’écriture. Bovard en donne un exemple supplémentaire dans ce
magnifique ouvrage à la gloire de la pêche, art de l’impatience. Ce qui
prime, c’est l’appel de la rivière auquel le héros de l’histoire
répond. Drôle, vive, amusante, la narration adopte les méandres du
cours d’eau et ceux des émotions. Et les photos viennent, en
contrepoint, servir un texte ciselé. Aux diverses strates des eaux
colorées correspondent les étages de la mémoire de l’auteur, et ainsi
la joie de la narration le dispute à celle de la passion.
«La cuillère frôle les branches avant de retomber trop court, en plein
milieu du méandre. Ma main gauche peine à enrouler le fil sur le cadre,
avec le rythme à la fois fluide et saccadé qui imprime à la cuillère
l’allure idoine du poissonnet affaibli. Rien. Je relance, moins mal. Il
fait si sombre encore que je n’aperçois ma cuillère qu’à l’instant où
elle ressort de l’eau à la pointe de la canne. Rien. Troisième lancer,
le leurre enfin où je voulais, au ras des souches en tête de courant.
J’essaie de rigoler en écoutant mon pouls emballé à 150, n’y parviens
pas. C’est trop fort. Ça vient de trop loin.
Trente ans tout juste depuis la première fois, et toujours cette même espèce de joie panique...» (p. 25)
Blog de JEAN ROMAIN
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