camPoche 92


MICHEL BÜHLER

Cabarete

Roman
2022. 208 pages. Prix: CHF 16.00

Le texte original a été publié en un volume, Yvonand: Bernard Campiche Éditeur, 1992,
«Cabarete»


Œuvres complètes de Michel Bühler; III
ISBN 978-2-88241-476-2



Biographie

En souvenir de mes frères d’âme

À l’errance touristique à Cabarete, succède le récit de l’errance intime du narrateur. Désœuvré, il plonge dans ses souvenirs et se remémore les disparus, en premier lieu Yvan Leyvraz, tué par les Contras, à l’origine du livre se trouve le désir de parler de cet ami. Mais ce premier disparu est vite rejoint par d’autres amis, d’autres pays et d’autres causes. Le rythme du récit est tout entier soumis au flux et reflux de la mémoire, qui bouleversent la chronologie et nous font parcourir la géographie intérieure de Bühler. Du livre émerge un sentiment de fraternité qui l’illumine, comme une lueur qui empêche de céder au désespoir.

A. P.,
Le Temps,
«Entre-Temps, culture livres & société», «Sélection, Quarante livres pour un été», samedi 23 juin 2022

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On est pris d’abord dans l’inertie d’un jour de vacances, de viduité lasse à Cabarete, petit Rimini au nord de la République dominicaine. Le narrateur (Bühler) ne sait que faire, va et vient de la plage à un bar, à une pizzeria, se laisse emmener ici ou là par son ami Doudou, fuit le Deutsches Strandbar, revient s’asseoir, boit et reboit. Source de ce vide, sans doute le souvenir, dans les limbes du réveil, de la mort d’un ami, Yvan Leyvraz, tué par les Contras en 1986. Et le vide alors se remplit jusqu’à la nuit de souvenirs en foule, dans le faux désordre de la rêverie et la mémoire, à quoi Bühler s’abandonne, comme un mouvement d’un kaléidoscope qui tourne avec les heures de la journée. Mais le mort ne revient pas seul : avec lui surgissent d’autres amis, d’autres pays en guerre, d’autres causes humanitaires pour qui le narrateur s’est engagé, avec ou sans lui. Ainsi ce jour se fait aussi le bilan d’une vie à sa moitié, après un long combat de solidarité au côté des opprimés. Nulle révolte criarde, nul jugement à l’emporte-pièce, pas même de vraie aigreur pour les « aventuriers des charters » ou les soixante-huitards repentis du Pianissimo. Diffus tout au long du livre, et d’autant plus fort, un sentiment de fraternité dans le désespoir, qui sauve peut-être du désespoir.

JACQUES-ÉTIENNE BOVARD, Le Nouveau Quotidien

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