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Après le succès de Shrapnels (En marge de Bagdad), le Journal (Bagdad, octobre 2003 – mai 2006) d’Elisabeth Horem.
Ce texte est le journal que j’ai tenu pendant mon séjour à Bagdad. Il
reflète aussi sincèrement que possible mes impressions d’alors,
consignées au jour le jour, et la perception que j’ai eue des
événements. Comme tel, il contient immanquablement des inexactitudes et
les opinions qui y sont exprimées n’engagent que moi. Ce n’est pas le
livre d’un historien, ni d’un journaliste, ni d’un spécialiste de
l’histoire contemporaine de l’Irak, mais un témoignage personnel et
subjectif.
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À propos de Shrapnels (en marge de Bagdad):
Comment
vit-on à Bagdad aujourd’hui? Peut-on faire de la littérature avec une
année de vie à Bagdad? À ces deux questions la romancière Elisabeth
Horem, femme de diplomate en poste en Irak, répond par l’affirmative en
publiant ce roman-journal, des «impressions de la vie un peu étrange»
qu’elle mène là-bas. Nous sommes loin des reportages et des thèses.
Une année d’observation, de vie malgré tout, malgré la violence, malgré
la peur. Une année d’écrivain, avec le travail d’écriture cloîtrée,
fenêtres fermées, des aventures minuscules, des découragements et des
bonheurs gagnés sur la peur. Une année, c’est aussi le rythme des
saisons, avec quelques sorties, du poisson grillé et Babylone, si loin
si proche, qu’on ne reverra plus.
La vie qu’elle décrit, avec ses gardes du corps omniprésents, la chute
des grenades, la voiture blindée, c’est un cercle qui se rétrécit.
L’enfermement progressif avec la haine derrière la porte. Il y a quand
même une soirée de poésie. Puis des morts inconnus… puis des morts
qu’on pourrait connaître. Le jardinier, lui, continue de faire pousser
des plantes, la gourmandise, un chat et Mozart font parfois oublier la
violence. Pas longtemps. Le texte d’Elisabeth Horem est à lire
absolument comme un témoignage littéraire de haut vol, une aventure de
mots serrée et forte, sans concession au sensationnel.
DIDIER POURQUERY, Métro
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…À Bagdad, où les enlèvements
pullulent, il lui faut renoncer à avoir un sac à main, à décrocher le
combiné du téléphone, à ouvrir une porte toute seule, mais apprendre en
revanche comment se comporter en cas d’attaque à la grenade ou essayer
«du moins d’avoir une idée de la chose». Elisabeth Horem voudrait bien
envoyer des lettres, mais il n’y a plus de timbres, et pas encore
internet. «Elle est en Irak, mais elle n’en voit rien, n’en verra rien
ou peu s’en faut», hormis à la télévision… Shrapnels, du nom
de ces projectiles de métal qui s’échappent des engins explosifs et qui
font tant de ravages, est un livre saisissant et important. Faites
passer.
ALEXANDRE FILLON, Madame Figaro
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Vivre à Bagdad
Romancière
romande, férue de pays orientaux, Élisabeth Horem a vécu près de trois
ans à Bagdad au milieu d’un peuple déchiré par la guerre civile.
— En presque trois ans en Irak, avez-vous constaté une normalisation de
la situation, comme l’affirment les Américains, ou une dégradation?
— Une nette dégradation, qui n’a fait que s’accentuer. En même temps, j’en garde un souvenir poignant.
— Risque-t-on vraiment sa vie à tous les coins de rue, en allant travailler ou faire ses courses?
— Oui,
on risque sa vie à Bagdad, quotidiennement. Je parle des Irakiens qui
n’ont pas, comme nous, le privilège d’être protégé et de se déplacer en
voiture blindée. La peur de voir leurs enfants enlevés était leur
principale crainte. Ils ne les laissaient jamais sortir seuls et
limitaient les sorties au strict minimum.
— Et les jeunes, comment supportent-ils ce cauchemar?
— Ils
restent confinés à la maison, surtout les filles, et doivent souvent se
contenter du téléphone pour rester en contact avec leurs copains. Les
jeunes adultes sortent davantage, mais c’est à chaque fois risquer
d’être enlevé ou assassiné. Certains de nos amis avaient reçu des
menaces et devaient brouiller les pistes, balles perdues ou non – ils
ne peuvent que s’en remettre à Dieu.
— Le voyage est-il un ingrédient important de votre vie?
— C’est
certain. À vingt ans, le choix d’aller faire des études d’arabe en
Syrie n’avait d’autre motif que de donner une chance au voyage. Plus
tard, la nécessité de concilier mes vieux rêves de bourlingue avec la
famille m’a fait choisir une vie d’expatriée où le voyage garde une
place privilégiée.
— Vous avez habité
Moscou, Le Caire, Prague, Bagdad, et à présent Tripoli en Libye. À
l’aune de ces expériences, quel regard portez-vous sur la Suisse?
—
La Suisse est le pays où je reviens régulièrement pour voir la famille,
faire des achats, aller chez le dentiste! J’ai plaisir à retrouver le
marché de Berne, la verdure, un certain confort qui me repose des
trottoirs défoncés.
— Mais l’appel du lointain vous rattrape…
— Après
un certain temps, je ne vois plus le confort et me remémore avec
attendrissement certaines rues moches et poussiéreuses, le vent chaud,
mes habitudes d’ailleurs, la gentillesse des gens «là-bas». Et je suis
contente de rentrer «chez moi», à Bagdad, à Tripoli… Pour moi «ici» et
«là-bas» se complètent et doivent alterner dans ma vie.
JACQUES-OLIVIER PIDOUX, TCS Magazine
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Aimer Bagdad sans mourir
«Comme une Irakienne en partance pour l’exil, la femme du diplomate suisse pleure en quittant Bagdad sans retour»
Collision
entre les lignes. Celle des infos, par exemple, hier: «13 personnes
tuées et 25 autres blessées mercredi dans un attentat à la voiture
piégée à Bagdad.» «Des frappes américaines à Bagdad ont tué quatorze
civils dans la nuit et détruit plusieurs habitations.» D’un autre
côté, les jours tranquilles à Bagdad d’une femme de diplomate. Par
exemple, 3 mars 2004: «Drôle de journée que celle d’hier, à la fois
sanglante dans le pays et si tranquille, ici, dans notre jardin. Il
faisait déjà trop chaud pour faire un barbecue ou rester sous le
parasol. On commence à chercher l’ombre… Les chats jouent comme des
fous. (Ralph m’a dit que le chat blessé était réapparu, en vie donc.)»
Pendant son séjour en Irak (octobre 2003-mai 2006), Elisabeth Horem a
tenu son journal. Eh oui: dans la maison sous haute surveillance, elle
fait des photos, écrit, s’occupe pour lutter contre la claustrophobie.
Se soucie du chat blessé, en notant que pendant ce temps, des enfants
meurent à deux pas. Violence de la juxtaposition avec la tragédie
insoutenable d’une vie quotidienne dont les aléas minuscules sont sans
commune mesure avec les événements extérieurs.
Il faut lire Un jardin à Bagdad, regard lucide et autocritique sur une
drôle de vie, en marge de la guerre mais déterminée par elle. Pendant
brut et non littéraire de Shrapnels
(paru en 2005), ce journal candide met en évidence autant l’absurdité
de la guerre que son caractère inéluctable. Personne ne sait plus
comment freiner cet engrenage fou qui broie tout. Le quotidien est
schizophrène. Pas seulement pour les expatriés qui osent de ci, de là,
une excursion, une expo, un restau, une réception à domicile.
Schizophrène pour les Irakiens, obligés de vaquer aux occupations d’une
vie «normale», élever les enfants, travailler, faire les achats dans
une ville où à chaque instant la mort frappe au hasard. Schizophrène
aussi, le sentiment national: au soulagement dû à la fin de la cruelle
dictature de Saddam s’oppose la douleur d’une occupation étrangère
brutale, d’une guerre civile sans fronts, qui provoque assassinats et
crapulerie pure – brigandage, enlèvements contre rançon. Gâchis
immense, perte de repères, désarroi total. Et la peur de mourir
s’ajoutant au deuil: tout le monde a perdu un proche, tout le monde a
peur pour sa famille et pour soi, sans aucun moyen de se protéger,
sinon par l’exil.
En sortant du Jardin à Bagdad,
on lit encore mieux les images du journal télévisé. Et, surtout, on
remercie Élisabeth Horem d’avoir partagé. Elle qui n’est pas du genre à
s’épancher communique des émotions profondes – dans ce chaudron de la
mort, la fraternité existe, des liens se tissent. La relation avec les
employés irakiens et avec les gardes du corps sud-africains se révèle,
riche et profonde, malgré la retenue de chacun. Les derniers jours
sont poignants. Nostalgie de ces mois de quasi-captivité, de cette vie
éprouvante? De cette ville à feu et à sang? Oui. Sentiment
d’arrachement et de perte: comme une Irakienne en partance pour l’exil,
la femme du diplomate suisse pleure en quittant Bagdad sans retour.
JACQUES POGET, 24 Heures
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Dans les heures de Bagdad
Elle est femme de diplomate et elle a vécu à Bagdad entre 2003 et 2006. Elisabeth Horem, la romancière de Shrapnels. En marge de Bagdad, qui disait sa première année dans la ville, donne aujourd’hui un fort journal de cette traversée dans Un jardin à Bagdad.
Un livre d’émotions lucidement partagées, au quotidien, entre le
désarroi sanglant et la vie qui s’obstine, intense, et dont elle dit le
cours.
JEAN-DOMINIQUE HUMBERT, Coopération
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En 2005 paraissait Shrapnels,
un livre très fort, au statut incertain. Ni récit, ni journal:
Elisabeth Horem y livrait des instantanés de sa vie de femme
d’ambassadeur en Irak. Elle disait l’eau délicieuse de la piscine, le
regard des gardes, le bruit des obus, la claustration dont seule
l’écriture et les conversations avec son mari lui permettaient de
sortir. Avec le talent qui éclatait déjà dans ses romans, elle
réussissait à faire ressentir la guerre alentour. Aux mots s’ajoutaient
les images développées dans le petit laboratoire de fortune. Un Jardin à Bagdad
reprend les mêmes éléments (sans les photos) mais à l’état brut et sur
la longueur. Le sous-titre le dit bien: il s’agit d’un journal tenu
entre octobre 2003 et mai 2006. Rien de très intime, sinon les couleurs
changeantes de l’humeur. La tonalité s’assombrit: le poids des
violences extérieures se fait plus pesant. Pourtant, au moment de
partir, dominent la tristesse et le sentiment de trahir ceux qui
restent. Dans ce Jardin à Bagdad, c’est le témoignage qui prime: un document précieux où glaner des images révélatrices
ISABELLE RÜF, Le Temps
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Cible émouvante
Saisissant et troublant, ce journal est un concentré d’émotions, à la
pudeur et à la force remarquables. Épouse de diplomate suisse,
Elisabeth Horem décrit un quotidien d’expatriée empreint d’une violence
vertigineuse. Confinée dans sa maison et entourée d’une protection
rapprochée, elle témoigne. Bagdad à feu et à sang nourrit chacune de
ses pages, mêlant faits et sentiments personnels pour offrir un regard
sur une actualité unique en son genre. Édifiant.
ZORAH KARMASS, Édelweiss
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La vie au cœur des horreurs
Il y a deux ans, Elisabeth Horem livrait un roman précieux, Shrapnels,
tiré de son expérience à Bagdad, en pleine guerre. Elle a en effet
suivi son mari, diplomate qui dirigeait le bureau de liaison de la
Suisse dans la capitale irakienne. Le couple y a séjourné d’octobre
2003 à mai 2006 et Elisabeth Horem a tenu un journal que publie Bernard
Campiche. Dans la succession des jours et des saisons prend forme un
livre d’une puissance extraordinaire. Elisabeth Horem l’écrit à
plusieurs reprises: elle ne fait pas ici de littérature. Mais ce ton
sec, cette façon de s’en tenir aux faits tels qu’elle les vit ajoute
encore à l’intensité. Un jardin à Bagdad
se présente comme le témoignage essentiel d’une femme recluse dans une
ville qui s’enflamme, où l’on finit par ne même plus s’étonner des
explosions. On suit le rythme des jours, de baignades dans la piscine
de la maison en réceptions avec d’autres délégués internationaux. De
«rumeurs délirantes» en bilans des attentats et des enlèvements. Avec
la sensation que ces drames, vus de l’intérieur, ont une autre tonalité
que les images télévisées. Au milieu du chaos, la vie se fraie un
chemin, malgré la peur et l’enfermement. Les gardes de la maison
s’émeuvent d’un chat blessé, l’amitié, la musique et les arts
deviennent des bouffées d’air. Tout comme l’écriture et la
photographie. Au-delà de l’expérience personnelle, Un jardin à Bagdad
brille ainsi d’une énergie peu commune. Parce que vie et mort, dans
cette ville en folie, se côtoient sans cesse: «Un jour nous présentons
nos condoléances pour une femme tuée dans un attentat, le lendemain nos
félicitations pour une naissance.»
ÉRIC BULLIARD, La Gruyère
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Une piscine à Bagdad
C’est un récit où il ne se passe rien et tout à la fois. Un récit
captivant, déroutant et effrayant, à l’image de la ville où il se
déroule: Bagdad. Elisabeth Horem y a vécu d’octobre 2003 à mai 2006
avec son mari diplomate, chef du bureau de liaison de la Suisse. Dans
le journal qu’elle en tire, les bains délicieux dans la piscine sont
régulièrement troublés par des coups de feu, les soirées sur la
terrasse sont interrompues par des explosions, les rares sorties sont
des défis pour la logistique sécuritaire. Protégée par les quatre murs
de sa résidence-bunker et par des gardes bien armés, l’écrivain ne
capte que les ondes de choc des violences alentour. Mais en tenant un
scrupuleux décompte des explosions, Elisabeth Horem écrit à sa façon
l’histoire, celle que les médias ont abandonnée par lassitude. Dix
morts après l’explosion d’une voiture piégée. Qui s’en émeut encore si
ce n’est l’écrivain qui, de sa prison volontaire, lutte pour qu’on ne
s’y fasse pas. Vivre à Bagdad et écrire. Tourner en rond dans le jardin
sans penser à ces ailleurs dans le monde, où on peut marcher
normalement dans la rue. Écouter les employés de la maison décrire
l’horreur au quotidien et relayer cette douleur. À Bagdad, Elisabeth
Horem a fait tout ce qu’elle pouvait.
MAGALIE GOUMAZ, La Liberté
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Un jardin à Bagdad
Elisabeth Horem a publié déjà une demi-douzaine de livres et a reçu le
Prix Georges-Nicole, le Prix de la Commission de littérature française
du Canton de Berne et le Prix Michel-Dentan pour son ouvrage Le Ring,
édité en 1994. Son mari, diplomate, a travaillé de 2003 à 2006 à
Bagdad, au cœur d’un conflit brutal aux répercussions mondiales et sur
lequel converge aujourd’hui encore l’attention de tous les médias.
Étant presque la seule épouse autorisée à vivre sur place, l’auteure
nous dépeint la vie quotidienne d’une femme expatriée qui dispose de
temps pour écrire, pour développer des photographies, pour participer à
des événements culturels et mondains que l’on a peine à s’imaginer dans
cette capitale ravagée par les explosions et les tirs.
Son horizon est étroitement limité par les consignes de sécurité et par
les gardes armés qui protègent sa résidence et ses déplacements, tout
en bénéficiant des privilèges de la vie en ambassade. Les souffrances
de la guerre ne filtrent jusqu’à elle qu’au travers de ses contacts
avec les employés de maison ou avec quelques connaissances et amis
irakiens.
Elisabeth Horem nous propose donc un regard tout à fait déroutant sur
la guerre en Irak: le point de vue d’un témoin qui se trouve dans l’œil
du cyclone.
JOHN GRINLING, La Vie protestante
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Elisabeth Horem: Snapshots of Iraq
Accounts of life inside Iraq from a non-military, non-journalistic
perspective are rare these days; all the more reason then to take note
of Elisabeth Horem’s Shrapnels. En marge de Bagdad (Orbe: Campiche, 2005). [1] The
Franco-Swiss writer (born 1955), who herself for many years worked for
the Red Cross, lived with her diplomat husband in Baghdad between 2003
and 2006 and provides here an account of her experiences during the
first year of her stay in a country at war both with itself and its
occupiers/liberators. Horem, who has lived in several European and
Middle Eastern countries, continues the long tradition of Swiss
travellers such as Blaise Cendrars (1887-1961), Ella Maillart
(1903-1997), Nicolas Bouvier (1929-1998), and Laurence Deonna (born
1937), but her situation provides a striking contrast with the
wide-open spaces and freedom evoked by such writers. Written in the
third person in a series of short chapters, some of a few pages, some
barely half a page in length, Horem’s account gives us a series of
flashes or impressions of the country in which she is living but with
which she necessarily has very little contact.
Une ville [...] qu’elle ne connaîtra pas vraiment, elle le sait dès le
début, parce qu’elle ne pourra sortir que très peu, jamais seule et
jamais librement, condamnée à rester pour toujours en marge de cette
ville. p. 13.
Whereas travel literature habitually evokes notions of discovery,
openness, movement, meetings and communication, the prevailing feeling
here is of imprisonment, claustrophobia and lack of freedom. As she
knew would be the case, the writer gets mere glimpses of Iraq from her
protected compound or through the windows of her armoured car (‘des
vitres qu’on ne baisse jamais et qui ont presque cinq centimètres
d’épaisseur’, p. 20) and the only Iraqis she ever meets (apart from
those who frequent ‘international’ social circles) are her bodyguards,
gardeners and domestic workers.
Relations between travellers and inhabitants of a country are often a
little unnatural, a combination of interest and self-interest, and here
of course the contrast between the writer and her Iraqi acquaintances
is stark: although her husband has not chosen to be there, she has
chosen to join him and during her time in Iraq will benefit from high
levels of protection not available to ordinary Iraqis. During the
posting it will of course be possible to escape to neighbouring
countries for a holiday (p. 107), something many Iraqis can only dream
of, and at the end of their stay she and her husband will leave Iraq
and its ongoing problems behind. The restrictions under which Horem
lives also make this an untypical piece of travel writing since casual
conversation with a person on a bus, information gleaned at the market,
slightly risky but not life-threatening adventures are impossible. Here
every trip out from her protected bubble is potentially dangerous and
has to be carefully planned, even a shopping trip becomes a military
operation, for, given the danger, she comments on one occasion that
‘ils n’entreront que dans cette boutique-là. Il faudra bien qu’ils y
trouvent ce qu’ils cherchent’ (p. 152). Thinking about the journey to
Persia undertaken by Ella Maillart and Annemarie Schwarzenbach
(1908-42) in the late 1930s, Horem even begins to wonder if ‘real’
travelling is still actually possible in the twenty-first century:
[...] peut-on encore voyager dans cette époque enlaidie? Elle est en
Irak mais elle n’en voit rien, n’en verra rien ou peu s’en faut. Une
expérience, certes, mais le Voyage, dans tout cela? p. 70.
Horem gives us a good sense of how it feels to live in fear and under
restrictions, showing great sensitivity about the difficult lives of
the Iraqis she encounters or hears about (p. 90 for example, where she
expresses concern about having made her driver late home). Her comments
remain however restrained, there is no political standpoint and no
sentimentalisation; she is a fine observer of what she sees around her
and in spite of the limitations, the reader gets a good feel for the
prevailing mood and the worsening situation. She is a particularly good
observer of small details, aspects of daily life which one fails to
notice but which become evident when they disappear; thus she remarks
on no longer needing money since she doesn’t go anywhere to spend it
(p. 29), being able to walk freely (p. 34), receiving a letter (p. 38),
calling such things ‘ces choses dont on se déshabitue’ (p. 131). Her
role as ‘observer’ is extended to photography, another activity very
common amongst travellers, but which in the case of Horem has to be
restricted to the boundaries of her home (p. 48). She also provides an
interesting reflection on ‘truth’ and ‘reality’, aware that her vision
of Iraq is so limited that it is impossible for her to really know what
is going on and whether the stories she hears are true, exaggerated or
invented. Thus she has heard about kidnaps but isn’t sure if all she
hears is accurate; she rehearses what to do should a grenade land in
the vicinity (p. 58) but it feels like play-acting and she knows that
ultimately she is isolated from real experience by her protected and
comfortable lifestyle. On another occasion she is reduced to commenting
that ‘elle l’a vu à la télévision’ but cannot say any more since ‘elle
reste parfois deux, trois semaines ou même plus sans franchir le
portail de la maison’ (p. 148). As her account progresses, we certainly
get the feeling of a gradual worsening of the situation; thus as the
months pass she comments that ‘personne n’invite plus personne’ (p.
125), ‘le cercle de leurs relations se restreint toujours plus’ (p.
142), ‘elle sort de moins en moins’ (p. 148).
Whilst thus being a valuable ‘témoignage’ on recent events in Iraq, Shrapnels is
a lot more than a simple ‘récit de voyage’, for it transcends both
travel literature and politics and possesses genuine literary value.
Horem’s sensitive picture of the sufferings of the Iraqi people does
not require a political stance in order to be effective and her limited
viewpoint in fact neatly underlines the impossibility of ever really
getting ‘the full picture’ and knowing ‘the truth’. Importantly, she is
not averse to questioning her own protected, comfortable life and, as
many Swiss writers have done in times of wars in which Switzerland was
not involved, admits that her ‘observer’ status makes her
uncomfortable, confessing that her days are ‘scandaleusement
tranquilles’, her experience leaving her ‘partagée entre le bonheur et
la honte’ (p. 147). Life in Baghdad will test her in many ways, not
least in terms of forcing her to revisit long-held views (such as on
the death penalty) which she has never previously questioned. As a
contribution on several levels – insight into Iraq, travel literature
but also importantly literature – this account thus has a lot to
commend it and deserves to be more widely read.
JOY SHARNLEY, French Studies Bulletin
1. Republished in the Campoche Collection (2006). Other novels by Horem include Le Ring (1994), Congo-Océan (1996), Le Fil espagnol (1998) and Le Chant du Bosco (2002). She has also written a collection of short stories entitled Mauvaises rencontres (2006). For more details on Horem see Histoire de la littérature en Suisse romande,
edited by Roger Francillon, 4 vols (Lausanne: Payot, 1999), IV, pp.
185, 443-4. For journalistic accounts see for example the websites
guardian.co.uk/iraq and Lemonde.fr. In France important work on Iraq
has been done by the Franco-Iraqi anthropologist Hosham Dawod (CNRS);
see his many articles in Le Monde as well as works such as La société irakienne. Communautés, pouvoirs et violences (Paris: Karthala, 2003) and Tribus et pouvoirs en terre d’Islam (Paris: Armand Colin, 2004).
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Un jardin dans les décombres
«Rien n’est éphémère comme l’actualité», lisait-on dans Le Ring (Bernard Campiche, 1994), premier roman de l’écrivain franco-suisse Elisabeth Horem. Avec Un jardin à Bagdad,
journal de ses trois années passées dans la capitale irakienne, Horem
semble à la fois s’appuyer sur cette phrase et la contredire. En notant
ses impressions sur la guerre – cette guerre en Irak qui, depuis
quelques années, n’a pratiquement jamais quitté les pages des
quotidiens –, elle raconte l’actualité, mais par cet acte même lui
enlève son côté éphémère, la rend littéraire, et la charge ainsi d’une
signification qui appelle la durée. Mariée à un diplomate, et avant
cela déjà passionnée par le voyage, Elisabeth Horem a l’habitude de
voir du pays. Pourtant, lorsqu’en octobre 2003 elle arrive à Bagdad,
quelque chose va changer. Elle passera presque trois ans dans cette
ville, et n’en verra pour ainsi dire rien, cloîtrée dans sa maison
surveillée en permanence. Dès le début s’installe une ambivalence qui
contamine tout. Il y a dedans, la maison, le jardin, les oiseaux, les
petits chats, la fraîcheur de la piscine, et il y a dehors, Bagdad, les
attentats, les enlèvements, la peur et la mort, la violence tous les
jours. Il y a l’écriture, la lecture, la photographie, qui rythment les
jours de l’auteur, et il y a les menaces, les explosions, les
enlèvements, le perpétuel état d’alerte, qui rythment les jours de la
ville et du pays. «Il était insolite et réconfortant d’écouter de la
musique de chambre alors que nous vivions dans une ville truffée
d’explosifs.» Le temps passe, et malgré la guerre qui se glisse partout
(«Belle soirée tous ensemble, M. officiant à la raclette – et dans le
coin, près de l’appareil à raclette, une kalachnikov contre le mur…»),
on s’enlise, une monotonie s’installe: «Une vie quotidienne qui
s’aménage à côté du maniement des armes lui aussi quotidien, ou comment
on s’accomode de la violence.»
Une situation particulière qui, au-delà de sa réalité terrible, a
quelque chose de très romanesque – et ce n’est certainement pas pour
rien qu’Elisabeth Horem publiait, il y a deux ans, un texte étonnant et
magnifique, au genre définissable uniquement par des négations: ni un
roman, ni un journal, ni un reportage… Shrapnels. En marge de Bagdad
(Campiche, 2005) relatait, sous forme de fragments, une année de la vie
d’une femme venue rejoindre à Bagdad son mari diplomate. Dans mon
article sur ce livre (Le Passe-Muraille d’août 2005), je me demandais s’il fallait vivre pour écrire ou écrire pour vivre. On retrouve ici, entre Shrapnels et Un jardin à Bagdad,
le même rapport qu’entre littérature et vie: l’une ne va, pour ainsi
dire, pas sans l’autre, ou alors va, mais en boitant. On assiste entre
ces deux textes (tous deux basés sur la même réalité perçue par la même
personne) à un enrichissement mutuel, comme une sublimation: la somme
des deux vaut plus que la somme de chacun d’eux pris séparément. Il
y a d’une part, donc, un traitement littéraire de cette réalité, avec
un découpage en chapitres numérotés, en «scènes» choisies et
transcrites dans une langue travaillée. Le recours à la troisième
personne (Horem ne nomme que par le pronom «elle» celle qui, dans Shrapnels,
est son personnage) ajoute encore une distance de plus entre la réalité
vécue à la première personne et la littérature. D’autre part, un
journal, une écriture plus spontanée, peu (ou pas?) retravaillée, un
texte à la structure imposée par les jours, les mois, les ans – un
journal qui, son auteur le note elle-même, «devient de moins en moins
littéraire», peut-être parce que la réalité trop intrusive de Bagdad
prend le pas sur le texte, le forçant à une immédiateté sans
concessions. La lecture parallèle de ces deux textes met également
en évidence le travail de l’écrivain, qui, à partir d’une réalité brute
une première fois retranscrite sous forme de journal, dépasse ce stade
et s’attaque au travail de la langue, aux questions structurelles,
formelles. Les phrases reprises intégralement dans ces deux livres
tissent des liens entre eux et surprennent à chaque fois, comme si,
lisant un roman, on y voyait s’ouvrir tout à coup une fenêtre sur la
réalité – ou le contraire.
Un jardin à Bagdad
se laisse donc lire à plusieurs niveaux. C’est un livre qui fourmille,
qui étonne, interroge, servi par la langue très sobre et concise
d’Elisabeth Horem, qui écrit les choses comme elle les pense, sans
tourner au sensationnel ni au sentimental, et souvent avec humour. Un
texte important: indispensable.
BRUNO PELLEGRINO, Le Passe-Muraille No 74
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Résumé :
Ce
texte est le journal que j’ai tenu pendant mon séjour à Bagdad. Il
reflète aussi sincèrement que possible mes impressions d’alors,
consignées au jour le jour, et la perception que j’ai eue des
événements. Comme tel, il contient immanquablement des inexactitudes et
les opinions qui y sont exprimées n’engagent que moi. Ce n’est pas le
livre d’un historien, ni d’un journaliste, ni d’un spécialiste de
l’histoire contemporaine de l’Irak, mais un témoignage personnel et
subjectif.
Présentation de l'auteur :
Romancière
romande, férue de pays orientaux, Élisabeth Horem a vécu près de trois
ans à Bagdad au milieu d’un peuple déchiré par la guerre civile.
Notre avis :
Bernard
Campiche nous propose ici un livre muni d'une histoire puissante,
prenante et passionnante. Cet ouvrage est une perle de littérature dont
vous n'hésiterez pas à dévorer les 500 pages de pur plaisir.
Actua Libria
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Il y a deux ans, Elisabeth Horem livrait un roman précieux, Shrapnels,
tiré de son expérience à Bagdad, en pleine guerre. Elle a en effet
suivi son mari, diplomate qui dirigeait le bureau de liaison de la
Suisse dans la capitale irakienne. Le couple y a séjourné d’octobre
2003 à mai 2006 et Elisabeth Horem a tenu un journal, que publie
Bernard Campiche. Dans la succession des jours et des saisons prend
forme un livre d’une puissance extraordinaire. Elisabeth Horem
l’écrit à plusieurs reprises: elle ne fait pas ici de littérature. Mais
ce ton sec, cette façon de s’en tenir aux faits tels qu’elle les vit
ajoute encore à l’intensité. Un jardin à Bagdad se
présente comme le témoignage essentiel d’une femme recluse dans une
ville qui s’enflamme, où l’on finit par ne même plus s’étonner des
explosions. On suit le rythme des jours, de baignades dans la piscine
de la maison en réceptions avec d’autres délégués internationaux. De
«rumeurs délirantes» en bilans des attentats et des enlèvements. Avec
la sensation que ces drames, vus de l’intérieur, ont une autre tonalité
que les images télévisées. Au milieu du chaos, la vie se fraie un
chemin, malgré la peur et l’enfermement. Les gardes de la maison
s’émeuvent d’un chat blessé, l’amitié, la musique et les arts
deviennent des bouffées d’air. Tout comme l’écriture et la
photographie. Au-delà de l’expérience personnelle, Un jardin à Bagdad
brille ainsi d’une énergie peu commune. Parce que vie et mort, dans
cette ville en folie, se côtoient sans cesse: «Un jour nous présentons
nos condoléances pour une femme tuée dans un attentat, le lendemain nos
félicitations pour une naissance.»
ÉRIC BULLIARD, La Gruyère
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L’auteure, écrivaine, est l’épouse d’un diplomate suisse, en poste à
Bagdad. Ils y ont vécu d’octobre 2003 à mai 2006. L’auteur tient son
journal avec une grande égalité d’âme dans sa simplicité. Car la vie
quotidienne se déroule, ponctuée sans cesse par les attentats de
voitures piégées, les explosions, les enlèvements, les avions et les
hélicoptères de surveillance, au trafic obsédant. Ils ont des gardes du
corps sud-africains, toujours là, très proches. Parfois la narratrice
ne sort pas de chez elle pendant trois semaines, avec le réconfort du
jardin, de la piscine et d’un travail de photographe. Elle est
apparemment la seule femme de diplomate présente. Elle invite des
résidents, des amis, qui souvent ne peuvent sortir au dernier moment.
Le couple partage alors son repas avec ses gardes du corps. Il y a tous
les morts, les victimes désignées, les victimes du hasard, les
enlèvements, tant de disparitions... tant d’Irakiens qui essaient de
trouver un refuge à l’étranger... et il y a les étudiants qui vont à
l’université, et la vie quotidienne qui continue, sous le feu des
informations du monde entier, ou suivant les opportunités dans
l’indifférence générale.
Un livre vrai, sans sensiblerie, un livre qui vit les drames humains et
la quotidienneté, un livre et une personnalité impressionnants.
MARIE-JEANNE LAFORE, Études
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Elisabeth Horem a publié déjà une demi-douzaine de livres et a reçu le
Prix Georges-Nicole, le Prix de la Commission de littérature du Canton
de Berne et le Prix Michel Dentan pour son ouvrage Le Ring,
édité en 1994. Son mari, diplomate, a travaillé de 2003 à 2006 à
Bagdad, au cœur d’un conflit brutal aux répercussions mondiales et sur
lequel converge aujourd’hui encore l’attention de tous les médias.
Étant presque la seule épouse autorisée à vivre sur place, l’auteure
nous dépeint la vie quotidienne d’une femme expatriée qui dispose de
temps pour écrire, pour développer des photographies, pour participer à
des événements culturels et mondains que l’on a peine à s’imaginer dans
cette capitale ravagée par les explosions et les tirs.
Son horizon est étroitement limité par les consignes de sécurité et par
les gardes armés qui protègent sa résidence et ses déplacements, tout
en bénéficiant des privilèges de la vie en ambassade. Les souffrances
de la guerre ne filtrent jusqu’à elle qu’au travers de ses contacts
avec les employés de maison ou avec quelques connaissances et amis
irakiens.
Elisabeth Horem nous propose donc un regard tout à fait déroutant sur
la guerre en Irak: le point de vue d’un témoin qui se trouve dans l’œil
du cyclone.
JOHN GRINLING
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Cible émouvante
Saisissant et troublant, ce journal est un concentré d’émotions, à la
pudeur et à la force remarquables. Épouse d’un diplomate suisse,
Elisabeth Horem décrit un quotidien d’expatriée empreint d’une violence
vertigineuse. Confinée dans sa maison et entourée d’une protection
rapprochée, elle témoigne. Bagdad à feu et à sang nourrit chacune de
ses pages mêlant faits et sentiments personnels pour offrir un regard
sur une actualité unique en son genre. Édifiant.
ZOHRA KARMASS, Edelweiss
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Un jardin à Bagdad
Depuis Le Chant du Bosco,
on sait l’auteur voyageuse, passionnée du Moyen-Orient, de la rencontre
et de la vie avec ces peuples. Elle restitue ici trois années de vie à
Bagdad, inscrites dans un journal de bord, tenu au jour le jour. D’une
villa confortable, son jardin à Bagdad, d’une existence en marge de la
vie courante et douloureuse des Bagdadi, elle relate, elle écrivain et
pas chroniqueuse, ce qu’elle perçoit, ce à quoi elle est confrontée,
malgré les gardes, les interdictions, les limites. Au fil des années,
la pression grandit, les explosions se rapprochent, les risques se
multiplient, les mots, les horreurs, les luttes, les amours et le reste
arrivent, traversent toutes les barrières et peu à peu… le voile se
déchire, sur des femmes, des enfants, des hommes qui, comme ils le
peuvent, disent et vivent en guerre. Étonnante écoute et passionnant
regard sur ce pays et ces peuples diabolisés.
La Première Page
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