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…José Fontana est né le 28 octobre 1840 au Tessin, il est mort à Lisbonne le 2 septembre 1876.
Une vie relativement brève, remplie à ras bords: après avoir quitté le
Tessin pour le Jura où il a appris le métier d’horloger, il est allé
vivre à Lisbonne, la ville de sa mère où il est vraisemblablement
arrivé après 1855. Selon un certain nombre d’historiens, on le retrouve
à Londres en 1864, où il est membre du comité central de la Première
Internationale de novembre 1864 à avril 1865; il y exerce les fonctions
de Premier secrétaire pour l’Italie. Revenu à Lisbonne en 1870,
désormais typographe et libraire, il est un des premiers organisateurs
du mouvement ouvrier portugais : membre de la section locale de
l’Internationale, il fonde plusieurs coopératives, est le cofondateur,
en 1872, puis le secrétaire, de l’Associação Fraternidade Operária; il
est le rédacteur de l’organe O Pensamento Social (1872-1873); il est également un des fondateurs, en 1875, du parti socialiste, et il collabore à la revue O Protesto (1876). Il meurt tuberculeux à 36 ans.
En partant de ces faits historiques, Alberto Nessi réussit à nous faire
revivre de l’intérieur l’itinéraire d’un petit Tessinois; de
constatation naïve en prise de conscience généreuse, le jeune
montagnard comprend peu à peu que la solidarité active est un des
facteurs du progrès humain, et s’engage corps et âme dans un combat
acharné et scrupuleusement non violent en faveur des humbles. Sa prise
de conscience interpelle Alberto Nessi, qui à son tour interpelle le
lecteur: sans jamais forcer le ton, il démontre que la solidarité
active est tout aussi nécessaire aujourd’hui qu’il y a un siècle et
demi.
L’auteur nous offre à la fois l’«autobiographie» d’une âme et une
fresque à la fois politique et poétique de l’éveil social européen du
XIXe siècle.
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La semaine prochaine, peut-être
Dans La semaine prochaine, peut-être (La prossima settimana, forse),
le poète et prosateur Alberto Nessi donne sa voix à une figure
émouvante de la lutte ouvrière: José Fontana, né en 1840 au Tessin et
mort précocement en 1876 à Lisbonne. Sa vie aura été aussi intense que
brève. Celui qui rêvait de changer le monde et de donner une chance à
tous les démunis fut membre de la Première Internationale, l’un des
organisateurs du mouvement ouvrier portugais, fondateur du mouvement
socialiste, rédacteur d’un journal engagé et libraire. Alberto Nessi
investit de sa subjectivité la figure de son compatriote pour livrer
une réflexion vibrante sur le désarroi de l’humanité et l’urgence de la
solidarité. Sauvant de l’oubli public un personnage emblématique qui a
beaucoup à nous dire en ces temps d’incertitudes sociales, Nessi livre
un magnifique roman à la prose empreinte de poésie. On ne peut que
saluer Bernard Campiche pour avoir très vite fait traduire ce livre
publié en 2009 chez Casagrande.
SANDRINE FABBRI, Le Phare
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La
figure tragique de José Fontana (1840-1876), ce Tessinois fondateur du
mouvement ouvrier portugais, ne pouvait qu’attirer son compatriote qui
a reconstitué avec empathie la courte vie du révolutionnaire.
José Fontana est mort à Lisbonne en 1876. Il s’est suicidé pour mettre
fin aux souffrances de la tuberculose. Il était né trente-six ans plus
tôt au fond d’une vallée tessinoise. Durant sa courte vie, il a été
apprenti horloger au Locle, il a passé par Paris et Londres avant de se
fixer à Lisbonne où il est devenu libraire. La Livraria Bertrand,
fondée en 1727, qui existe toujours, était, au XIXe siècle, un lieu de
débat intellectuel. Le romancier libre-penseur Eça de Queiroz, le poète
Antero de Quental la fréquentaient, Fontana est devenu leur ami. Il
s’est engagé dans la lutte sociale.
Paul Lafargue, le gendre de Marx, toujours en fuite, s’est arrêté à
Lisbonne le temps de persuader «le Suisse» et ses amis de l’urgence de
rejoindre l’Internationale. Fontana était doué de charisme et
d’éloquence, il savait convaincre les ouvriers. Il a fondé la
Fraternidade operaria. Avec Antero de Quental, «saint Antero», il a
organisé des grèves qui ont porté leurs fruits. Des lettres à Engels, à
Marx témoignent de sa foi dans le mouvement socialiste. Mais la
Révolution n’était pas pour «la semaine prochaine»: la maladie qui
avait déjà emporté sa mère et sa sœur n’a pas laissé de répit à José
Fontana. Figure fondatrice du mouvement social au Portugal, il a
aujourd’hui sa place à Lisbonne.
Cette destinée tragique ne pouvait que passionner Alberto Nessi. Dans
ses récits et sa poésie, il s’est toujours placé «du côté des
irréguliers», qu’il parle des cigarières de Chiasso, des
contrebandiers, des émigrants tessinois qui ont dû quitter la misère.
Ici, il a choisi de faire parler le révolutionnaire à la première
personne, dans un Journal, puis à travers le délire de la fin. Par
moments, Fontana s’adresse directement au «Poète» pour lui reprocher
gentiment de s’enfermer dans les livres et d’oublier que l’indignation
devant l’injustice est toujours de mise au XXIe siècle.
Les parents de José Fontana se sont connus à Lisbonne. Il était
négociant en livres, elle appartenait à la famille des libraires
Bertrand, d’origine française. Le couple est rentré au Tessin, dans la
rude vallée du père. Alberto Nessi décrit des conditions de vie
empreintes de religiosité superstitieuse, marquées par les clivages
sociaux et la précarité. Elles doivent lui rappeler celles de son
enfance, un siècle plus tard, dans les années 1940.
A la mort du père, la mère part avec ses deux enfants pour le Jura où
elle a de la famille. Le jeune Giuseppe/Joseph (qui ne deviendra José
qu’au Portugal) apprend à fabriquer des montres «pour donner l’heure
exacte aux classes laborieuses». Il rencontre le peintre Cherubino
Patà, un Tessinois lui aussi, ami de Courbet. A la mort de sa mère et
de sa sœur, le garçon part à l’aventure, à 17 ans, en quête de
«Tresinvaglia», comme on disait dans sa allée pour l’eldorado, une
Transylvanie irréelle.
C’est à Lisbonne qu’il se politise vraiment, lit Marx et Proudhon, ou
les articles du militant communard Benoît Malon, réfugié à Neuchâtel.
Il prend conscience de l’exploitation des ouvriers, du travail des
enfants, de l’arrogance de la noblesse et des patrons. Mais le Suisse
est un pacifiste: «La révolution ne doit pas être un mouvement violent
et désordonné. Parce que seule la paix donne vie aux choses qui
durent», confie-t-il à des «missionnaires» espagnols en fuite et à
Antero de Quental lors d’une réunion secrète sur le Tage. Une vision
que les internationalistes, chassés de partout, trouvent naïve. Par
ailleurs, Paul Lafargue le met en garde contre les excès de
l’anarchiste Bakounine qui prêche la révolte aux ouvriers de la
Fédération jurassienne. Fontana se radicalise: «Tant qu’il n’y aura
pas d’égalité économique, l’égalité politique est un mensonge»,
répète-t-il aux ouvriers. Cette vie ardente, vite consumée, Alberto
Nessi la ressuscite avec empathie et lyrisme.
ISABELLE RÜF, Le Temps
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Rêves et actions d’un internationaliste suisse
Alberto Nessi nous amène dans l’univers du révolutionnaire José Fontana.
Roman
tessinois et jurassien, suisse et portugais, internationaliste et
prolétaire. Récit de vie et de lutte. Histoire et mémoire d’une
personne mais aussi de l’humanité tout entière. Combat courageux contre
la maladie et soif de changer le monde. Questions sur notre existence
éphémère et sur la place inconsistante de Dieu. Danse de noms et de
lieux connus (Marx, Engels, Lafargue, Bakounine, Garibaldi, Lisbonne,
Le Locle, les vallées tessinoises…) avec comme décor, à la fois proche
et lointain, celui de la Commune parisienne. Toutes ces dimensions, et
bien d’autres, se trouvent dans ce beau petit livre que nous offre le
poète et écrivain Alberto Nessi. Homme engagé, sensible aux
questions sociales, l’auteur tessinois met en scène la vie, courte et
pleine, du révolutionnaire de la Première Internationale, José
(Giuseppe) Fontana. Enfance enracinée dans la pauvreté et les
superstitions, quand la lutte pour la survie et les créatures
imaginaires cohabitent et se combattent. Adolescence et apprentissage
d’horloger dans les montagnes neuchâteloises, quand on prend conscience
des inégalités sociales et de l’exploitation, quand la maladie et la
mort rôdent, quand les sentiments amoureux éclosent. Vie d’adulte, de
libraire et de militant, dans une Lisbonne des prolétaires solidaires
et des intellectuels engagés jusqu’à ce que la maladie fatale emporte
notre héros.
L’heure de la révolution
Alberto Nessi, via Fontana, attaque les grands débats du XIXe,
d’une actualité toujours brûlante: les difficultés matérielles et
immatérielles des travailleurs les empêchant de s’émanciper, les formes
que doivent prendre les luttes des dominés, le type d’organisation
politique efficace et humaine qu’il serait nécessaire de forger afin de
changer le monde, la société que l’on projette pour l’avenir… Nessi
accuse le capitalisme, «ce poison qui tue les hommes» et ses serviteurs
dont le «Dieu est le capital». Il propose aussi des pistes: chercher
«la vérité dans les choses interdites», faire en sorte que tous les
hommes soient autant égaux qu’illustres, fabriquer une montre à La
Chaux-de-Fonds «pour donner l’heure exacte aux classes laborieuses».
L’heure de la révolution? Peut-être pour la semaine prochaine. Une
révolution qui ne doit pas être violente, tout en visant la
transformation sociale complète: «Tant qu’il n’y aura pas d’égalité
économique, l’égalité politique sera un mensonge.»
THÉO SPARTAKAKIS, Gauchehebdo
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