WALTER VOGT

SCHIZOGORSK

Roman
traduit de l’allemand par François Conod
2020. 240 pages. Prix: CHF 33.00
ISBN 978-2-88241-454-0


Biographie

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Walter Vogt mêle l’inconscient à l’armée suisse

Publiées en allemand par Nagel & Kimche, les œuvres complètes de Walter Vogt (1927-1988) s’élèvent à onze volumes; ce psychiatre alémanique était aussi un graphomane. Bertil Galland avait été le premier à lui faire franchir la Sarine en publiant Le Congrès de Wiesbaden en 1977. Puis l’éditeur Bernard Campiche a pris le relais en confiant la traduction de plusieurs ouvrages à François Conod, décédé en 2017, dont voici le sixième et dernier: Schizogorsk. Un roman de Walter Vogt est un plaisir rare. On se jette dessus en oubliant tout le reste.
Le milieu médical étant omniprésent dans son œuvre, il n’est pas surprenant que le narrateur soit psychiatre. Sans doute hésiterait-on à confier ses névroses à ce type étrange, maniaque, qui commence par décrire minutieusement sa maison de banlieue, son jardinet et la pièce où il reçoit ses patients. On a vite l’impression que ce professionnel des secrets cache aussi des choses au lecteur. A-t-il joué un rôle dans la mort suspecte d’un de ses patients? Face au commissaire Wicky, le psychiatre pratique l’allusion, l’esquive, la dérobade. Il prétend aussi travailler à une «théologie du mal». Ce n’est pas rassurant.
D’autant que survient une autre mort. Puis celle du commissaire lui-même, terrassé par un verre de lait. Passé son enterrement, le récit prend subitement une direction inattendue en plongeant dans les entrailles de l’armée suisse (autre thème récurrent chez Walter Vogt). Des pages d’une drôlerie féroce décrivent l’institution militaire. Et le psychiatre se retrouve embarqué dans une opération secrète menée par un colonel d’état-major frustré d’une belle guerre qui le ferait briller. L’objectif est un village insurgé, à la frontière cantonale entre Fribourg et Berne, que les militaires ont rebaptisé «Schizogorsk». C’est un beau titre pour ce roman inquiétant, grinçant, déroutant, et d’une rigueur extrême jusque dans ses échappées les plus délirantes.

MICHEL AUDÉTAT, Le Matin Dimanche

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«On préférait que toute l’histoire passe pour une Affaire russe au lieu de ce en quoi elle consistait effectivement.»
Le roman de Walter Vogt se conclut par l’Opération S comme Schizogorsk. Mais, pour en arriver là, il se passe dans la vie du narrateur bien des événements tout aussi contradictoires que le titre.
Ce dernier, radiologue devenu psychiatre, a un cabinet de consultation au rez-de-chaussée de sa maison, qu’il décrit par le menu, car, pour lui, chaque détail compte, psychologiquement parlant.
Tout commence par une séance avec un de ses patients, l’homme du mardi à cinq heures. Si le narrateur fume, il ne boit pas, sauf avec ce patient qui fournit le liquide, une bouteille de Black and White.
Peu après, le patient meurt. Suicide, accident ou meurtre? C’est ce que le commissaire Zwicky tente d’éclaircir en rendant visite au narrateur. Qui se souvient d’un détail, insignifiant à ce moment-là.
Le narrateur a disposé les verres sur un plateau. Il s’est absenté pour répondre à un appel téléphonique sans suite. Quand il revient, au lieu de prendre le verre à sa droite, il prend celui à sa gauche.
Or le narrateur est droitier et le patient, chimiste de la Confédération, gaucher. Il est probable qu’il y ait eu inversion des verres et que ce soit le patient qui ait voulu se débarrasser de son praticien.
Quand Zwicky le revisite, le psychiatre boit du lait avec lui. Mais cet ulcéreux ne s’en remet pas et trépasse à son tour. N’est-ce pas ce qu’il lui a dit: il a reconnu la voix qui lui a téléphoné le jour fatal?
Les faits tragiques s’enchaînent, ce qui n’est pas pour déplaire au narrateur. En effet il les collectionne en prévision d’un livre qu’il n’écrira peut-être pas mais qui serait consacré à la théologie du mal:
«Nous vivons tous dans un zoo, nous avons tous des troubles du comportement. [...] Il s’agit d’un zoo plein de perfectionnements techniques, avec toutes sortes de chicanes sophistiquées, de miracles de communication, de drogues sataniques, etc. Personne ne s’en tire plus sans un petit pacte avec le diable.»


Blog de FRANCIS RICHARD

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Là où détente et littérature se rencontrent, on parle d’un coup de chance. Walter Vogt livre de tels malheurs…

Norddeutscher Rundfunk

(…) Vogt brille dans ce roman avec une ironie à la portée directe, une plaisanterie frappante, souvent avec des sarcasmes. Ses descriptions, par exemple, de la mentalité des fonctionnaires se lisent comme une analyse généralement agrémentée d’humour. Une autre qualité remarquable, attestée par les ouvrages antérieurs de Vogt, mais dont on constate ici un aspect particulier, est sa tactique du retardement, si l’interlocuteur ne veut pas faire des déclarations importantes. (…) un livre réussi, une histoire criminelle qui n’est pas seulement divertissante, mais qui est un fantasme du quotidien schizophrène.


BÉATRICE EICHMANN-LEUTENEGGER,
Die Ostschweiz


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