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L’histoire
de ce voyageur qui, pour s’être égaré près d’un invraisemblable
fort à la fois suisse et en bord de mer, doit être pendu, est tout
juste l’occasion de reprendre les thèmes principaux de l’auteur. Les
soirées qu’il passe avec chacun des huit occupants du fort lui
permettent, sous prétexte de raconter sa vie, d’évoquer, dans un
fouillis de langage quelquefois perturbant, la médecine, l’armée, la
drogue, l’homosexualité, le tout avec l’ironie grinçante et quelque peu
désespérée qui est habituelle à l’auteur.
Il s’agit là d’une œuvre posthume et elle ressemble fort à une sorte de bilan de vie.
JULIETTE DAVID, Suisse magazine
Roman posthume paru en 1993, Das Fort am Meer
parachève l’œuvre de Vogt en reprenant la plupart des thèmes évoqués
dans ses autres livres: écologie, homosexualité, critique de l’armée,
drogues, satire de la médecine etc., le tout traité avec son fameux
humour grinçant.
Les ultimes ballades du futur pendu
Touriste égaré dans la zone interdite d’un pays improbable, un homme va
être pendu. Ses geôliers, huit militaires de grades différents, se
relaient durant huit nuits pour écouter et réécouter son histoire.
C’est l’étrange mécanique des «mille et une nuits» que déploie le roman
posthume de Walter Vogt, Le Fort de mer.
Publié en allemand en 1993, cinq ans après la mort de l’auteur
alémanique, ce dernier avait été confié par celui-ci à sa lectrice
habituelle. Ce qui laisse à penser qu’il le considérait comme
publiable, ainsi que l’explique Charles Cornu dans une note éditoriale.
Le Fort de mer réalise
la synthèse des thèmes récurrents de l’œuvre de Vogt. Le questionnement
à la sexualité, notamment à l’homosexualité, la satire de la médecine
(Walter Vogt la pratiqua longtemps) et de l’armée, entre autres
thématiques.
Précisément, ces huit militaires perdus au cul du monde dans un fort
sans autre tâche que de pendre les intrus pourraient faire penser à un
texte satirique sur l’armée suisse notamment. Mais ce serait trop vite
passer sur l’étrangeté qui se dégage en permanence de ce roman. Car le
futur pendu va non pas raconter comment et pourquoi il est arrivé là.
Il va narrer sa vie, ses échecs, son rapport au monde, ses émois, ses
troubles. Toute une vie d’homme qui va se brouiller avec celles de ses
auditeurs. Et comme le souligne fort bien Charles Cornu dans sa note
éditoriale, «cela saute d’une tête à l’autre, va et vient du narrateur
à l’auditeur – et dorénavant au lecteur –, comme le veulent, justement,
flux et stagnation de la pensée». Le cours de la vie est transfiguré,
confus, tout comme les villes où le narrateur se souvient d’avoir
séjourné. Tout comme les sentiments, les attirances érotiques. Images
fortes – dont un sidérant strip-tease par le lieutenant du fort – qui
se meuvent peu à peu en flux de pensée d’une seule et même conscience.
Une forte expérience de lecture.
JACQUES STERCHI, La Liberté
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