DANIEL ABIMI

LE DERNIER ÉCHANGEUR

Roman
2009. 320 pages. Prix: CHF 35.–
ISBN 978-2-88241-242-3

Numéro 8 des meilleures ventes de la Fnac-Lausanne, novembre 2009


Biographie

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Daniel Abimi: Le Dernier Échangeur. Lausanne blues

S’emparer d’une ville pour en décrire ses noirs secrets est une des thématiques majeurs du polar mais elle prend d’avantage d’intérêt lorsqu’il s’agit d’une cité propre et lissée comme Lausanne qui nous apparaît si calme et si tranquille.
Pourtant Daniel Abimi, natif de Lausanne et ayant travaillé des années durant comme journaliste pour un quotidien de la ville va bousculer les clichés de cette fameuse quiétude helvétique.
Avec Le Dernier Échangeur, nous partageons les pérégrinations de Michel Rod, journaliste porté sur la boisson, qui enquête sur la mort d’un médecin dont le cadavre sauvagement massacré est retrouvé au cœur d’un parc en périphérie de la cité. Avec l’aide de son ami l’inspecteur Mariani, Michel Rod va tenter de débrouiller l’écheveau complexe d’une vengeance qui tourne vite au jeu de massacre et c’est dans l’univers sordide d’une bande de bourgeois aux mœurs dissolues qu’il trouvera peut-être la réponse.
Même s’il joue parfois trop sur les expressions locales, il faut saluer la qualité d’écriture délicate de Daniel Abimi qui parvient à nous immerger dans les méandres d’une bourgeoisie qui tente de tromper son ennui au gré de partouzes sordides sans pour autant forcer le trait. Un peu à la manière de Claude Chabrol,  l’auteur nous décrit, sur un ton détaché et sardonique, ce petit monde lausannois où tout le monde se connaît et s’observe avec une morgue assassine. Il y a pourtant un certain déséquilibre dans ce récit où le nombre de meurtre (plus d’une dizaine), comme pour mieux relancer l’histoire, frise le grotesque et le guignolesque. Observation d’une société ou fresque burlesque, le lecteur peine à se situer dans ce récit oscillant parfois involontairement entre le premier et le second degré. C’est bien dommage.
Ce déséquilibre on le retrouve également dans le portrait des personnages qui jalonnent le roman. On appréciera l’humanité de Michel Rod et de son ami Émile qui au travers de leurs failles affectives donnent une tonalité encore plus sombre à cette ville peuplée d’âmes solitaires en quête d’amour. L’auteur ne cède d’ailleurs pas aux mirages de la rédemption ou d’une quelconque qualité qui pourrait nous donner l’envie d’apprécier le personnage principal. Pétri de défauts et de travers, Michel Rod promène sa grasse carcasse et son mal de vivre en enquêtant parfois de manière plus que maladroite sur la vie de son entourage sans pour autant s’en intéresser complètement. Détacher de tout, sans le moindre idéal, Michel Rod est l’anti-héro parfait. C’est le paradoxe de ces personnages fort bien élaborés qui mettent en exergue les autres protagonistes de ce récit qui virent à la caricature à l’instar de ce promotteur immobilier qui est pourtant l’une des pièces maitresses du roman, sans parler des truands qui semblent sortis d’un film de Tarantino.
Présentée comme un guide touristique, la ville de Lausanne peine à touver ses marques dans ce récit. Il ne suffit pas de décliner une succesion d’établissements ou de rues pour faire de la cité une espèce de personnage qui donnerait du relief au roman. À quelques exceptions, comme la description des différentes diasporas qui la constitute, la ville reste en marge d’une histoire qui peine à convaincre.
Parfois brouillon dans sa trame narrative, Le Dernier Échangeur souffre d’un manque de consistance de l’auteur qui peine à se prendre au sérieux. Entre Ken Bruan et James Ellroy il faut parfois choisir ou posséder suffisement de talent pour parvenir à concilier les deux.  Mais qu’à cela ne tienne, Le Dernier Échangeur servira d’introduction à l’excellent second roman de Daniel Abimi, intitulé, Le Cadeau de Noël qui fera l’objet d’une  prochaine chronique.

CÉDRIC SEGAPELLI, Tribune de Genève, blog

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Le Dernier Échangeur, un roman noir et suisse
À Lausanne, un journaliste enquête sur le meurtre d’un médecin. Il s’éprend de sa veuve, qui va l’entraîner dans un monde où tout s’échange. Mais autour d’elle, c’est l’hécatombe. Les vautours tombent comme des mouches.
Lausanne n’a pas vu le temps passer. De grosse bourgade provinciale au bord du lac Léman, voilà la capitale du canton de Vaud devenue petite ville avec plus de cent communautés étrangères. Du passé, elle a gardé un respect strict des classes sociales. Le mélange est détonant. Dans Le Dernier Échangeur, derrière les apparences, notables lausannois, caïds de la pègre locale et bourgeoises se croisent et en meurent.
L’auteur Daniel Abimi – père albanais et mère suisse alémanique – soulève un coin du drap qui cache la ville qu’il aime. Journaliste, il a aussi couru pendant une dizaine d’années les pistes africaines et les montagnes afghanes sous le drapeau du Comité international de la Croix-Rouge.
Le Dernier Échangeur est son premier roman.


Un extrait:

Il avala une gorgée de vin chaud, accompagnée d’une saucisse pas assez grillée et de frites trop grasses. Il reprenait des forces.
Depuis la nuit où le corps d’Attila Szabo avait été retrouvé, il n’avait pas levé le pied, ses nuits s’étaient raccourcies un peu plus encore, il avait passé son temps à courir derrière n’importe quel début de piste, à poser des questions indécentes et indigentes à Luisa Szabo et il buvait de plus en plus. Le pire était qu’il n’avait pas du tout envie de diminuer la dose. Il se sentait vidé de toute subs­tance. Le corps tout recroquevillé de Szabo, la tête de Dritan qui explose, il aurait aimé se soulager de ces images obsédantes qui l’empêchaient de dormir ; il était fatigué de ces réveils précoces qui lui pourrissaient ses nuits et hypothéquaient ses journées.
Une famille nombreuse s’installa à une table voisine. C’était le moment de partir s’il ne voulait pas que trois gamins pas élevés gâchent sa journée. Rod avait fini d’avaler sa saucisse. Après avoir resserré les boucles de ses souliers, il se lança sur les pistes, il voulait encore profiter de ce moment avant de rentrer sur Lausanne. Il aimait ce froid sec.

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Où Abimi nous sert un Lausanne sans pourboire…

Daniel Abimi vient de commettre son premier roman. Et c’est un rompol qui se dévore, on ne le lâche plus des mains.
Bien sûr, c’est à cause de Lausanne, me direz-vous… Pas seulement. C’est ciselé comme une classe sociale. Dans ce roman, on ne se mélange pas, sauf au plumard.
L’autre face de Lausanne, pas celle de Lausanne Jardins, de l’éco-quartier, des bobos, qui sentent bon le savon.
Curieusement, ici le «commissaire» Montalbano, ou Pepe Carvalho, n’est pas un flic, il est de fait remplacé par un journaliste dans un grand quotidien local. Il mange, il boit aussi, mais que dans des bistrots populaires avec du gros rouge qui tâche fort. Et les mets sont lourds comme l’athmosphère. Lausanne est une vraie ville, mais de province blafarde.
Allez, je ne vous en dit pas plus.
Si: ce roman s’appelle Le Dernier Échangeur, Daniel Abimi est son auteur et Bernard Campiche, son éditeur.
Daniel Abimi a failli être lauréat du Grand Prix Champignac de 1993 avec la phrase: «Directeur de la Sécurité sociale et de l’environnement depuis quatre ans, le socialiste Pierre Tillmanns a été confronté à une terrible hausse du nombre des chômeurs. Il a mis sur pied de nombreux chantiers d’occupation. Tout en favorisant le recyclage des déchets.» Il s’est rattrapé depuis. Son profil Facebook indique qu’il a visité la ville de Mekele en Ethiopie.

Blog de JOSEF ZIZYADIS

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Daniel Abimi explore l’envers du décor lausannois

Horreur et damnation, les cheveux des gardiens de la paroisse littéraire romande vont se dresser: notre confrère Daniel Abimi vient, avec son premier roman intitulé Le Dernier Échangeur, de commettre un double attentat au bon goût et à la bienséance stylistique.

Journaliste «de terrain» à 24 Heures, au fait des plus sombres affaires locales mais aussi internationales (il a passé dix ans au CICR), ce lecteur féru de romans noirs (Ellroy en tête) s’est mis en tête d’explorer l’envers d’un décor souvent trop rassurant.
Entre les hauts lausannois de Sauvabelin où se commet le premier d’une longue série de meurtres, divers mauvais lieux de notre bonne ville et des alentours vaudois, dont le dernier est un club échangiste de Roche où tout un monde encanaillé fait «la chenille» gluante, défile une frise de personnages typés, parfois un brin caricaturaux.
Le protagoniste Michel Rod, «localier» dans un journal de la place, séduit en revanche par son épaisseur humaine de chasseur de scoops à la fois cabossé par la vie et prêt à tout par curiosité. Lausannois de souche, il connaît un peu tout le monde, autant chez les policiers que chez les juges ou les dames de plus ou moins grande vertu. Or, son immersion dans une société de plus en plus métissée et dont la classe moyenne se «libère» à gogo, constitue l’essentiel de l’intérêt de ce polar.
Michel Rod, bon pote de son collègue Émile (autre personnage réussi) et proche également de l’inspecteur Mariani (très bien croqué lui aussi) promène ainsi son regard un peu désabusé (le regard en abîme d’Abimi) sur ce monde pas joli-joli.
Notables et autres arrivistes, accompagnés ou non de leurs (petites) bourgeoises, se mélangent au cours de parties fines dont l’auteur, congénère d’Houellebecq, rend bien le côté tristounet, voire grotesque. S’il ne fait pas dans la dentelle en matière d’écriture, émaillée d’un peu trop d’expressions locales (de «gouilles» en «batoilles»), Daniel Abimi excelle en revanche dans le dialogue, le montage du récit et son atmosphère. L’intrigue du Dernier Échangeur a aussi peu d’importance que celle d’un épisode de Derrick. Pourtant le ton est juste, pimenté d’un humour frisant le cynisme mais comme par défense, tant il est vrai que la vie est souvent plus affreuse, sale et méchante qu’en ces pages jouant enfin sur le burlesque et le débonnaire – restons vaudois…

JEAN-LOUIS KUFFER, 24 Heures

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Meurtres à Lausanne

Lausanne, que l’auteur connaît visiblement jusque dans ses zones les plus sombres – il est journaliste, chef de la rubrique locale –, est un véritable personnage de ce roman baladeur et policier. Du parc de l’Ermitage à l’hôpital de Cery, des fitness du centre-ville au stade de la Pontaise, traversant les différentes communautés et toutes les classes de la société, c’est un journaliste qui mène l’enquête. Précis et efficace.

L’Illustré

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Lausanne é(change)

Si on n’avait pas lu la semaine dernière une enquête de L’Hebdo sur l’engouement pour l’échangisme en ville de Lausanne, on aurait dit que Daniel Abimi exagérait. L’auteur du Dernier échangeur situe en effet l’intrigue de son premier polar – et premier roman – dans une zone qu’ignorent en règle générale les brochures touristiques, les cartes géographiques et les mémentos culturels. Le libertinage est au centre de cette intrigue. Mais est-il le motif du carnage qui met les enquêteurs dans leurs petits souliers? Daniel Abimi maintient le suspense en conviant à la fête un chirurgien plastique, quelques éminents représentants de la bonne société locale, un entrepreneur véreux, des Kosovars désœuvrés et des petites frappes sans espoir.
Le lecteur n’ayant pas le temps de s’identifier à l’un ou l’autre de ces acteurs avant qu’ils soient mis en terre au cimetière de Montelly, le salut viendra du narrateur, Rod, un journaliste local qui trouve l’inspiration dans ses gueules de bois successives. Les décrochages sur son travail au sein d’une rédaction mettent en lumière ce «bon vieux temps» où les meilleures histoires se dégotaient accoudés à un bar, à la cinquième tournée. Journaliste à 24 Heures, Daniel Abimi sait de quoi il parle.

MAGALIE GOUMAZ, La Liberté

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Un tonton flingueur en terre vaudoise

L’on a cru un peu vite qu’il n’y avait qu’à Genève où l’on était capable de broder autour de la mort d’Édouard Stern. Que nenni, il suffit de lire Le Dernier Échangeur, premier roman signé Daniel Abimi, pour se persuader du contraire! Un polar noir aux accents vaudois! Comme quoi, le glauque est universel et n’attend pas les rues sombres de Chicago pour tenir en haleine le lecteur. Écoutez plutôt: Michel Rod, journaliste dans un grand quotidien vaudois, a soudain l’œil attiré par une série de meurtres d’une teneur peu recommandable. Dans cette ville de Lausanne, où les choses ont décidément bien changé, la bourgeoisie du coin fricote avec la mafia locale. Résultat, un cocktail détonnant, genre Nestor Burma, accompagné d’un zeste de Michel Audiard. Daniel Abimi: le tonton flingueur d’une littérature romande qui s’est soudain découvert un petit génie de la gouaille…

DANIEL BUJARD, La Côte

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Romans noirs
Chute de cadavres à Lausanne


Journaliste, ancien délégué au CICR, Daniel Abimi débute sa vie d'auteur
avec «Le dernier Echangeur». Glauque et jouissif


Un médecin assassiné sur les hauts lausannois de Sauvabelin... «Les macchabées ont rarement bonne mine, mais celui-là semblait tout droit sorti d'une encyclopédie médicale, chapitre des grands brûlés.» C'est le premier cadavre du livre et surtout pas le dernier. Car dans Le Dernier Échangeur, bien noir, de Daniel Abimi, le sang coule à flot. L'alcool aussi, d'ailleurs, et le sexe n'est pas en reste. Parmi les personnages de cette intrigue à rebondissements figure un journaliste «de terrain», Michel Rod, qui, dans la vie, en voit des vertes et des pas mûres. Désabusé, imbibé, les poumons enfumés, il pratique nuit et jour l'art de faire «le plein de pastis et de commérages» avec les juges, les flics, les dames du monde et du trottoir. Sans être dépourvu pour autant d'humanité, si on se donne la peine de gratter la carapace.

Des dessous peu reluisants

Manipulés et manipulateurs - chacun étant l'un et l'autre à son tour - grouillent au fil des pages et ne se limitent pas à échanger des propos. Notables et canailles de concert ont du goût pour les parties de jambes en l'air.

Si Le Dernier Échangeur, baigne dans une atmosphère glauque – les dessous de Lausanne étant aussi peu reluisants que les protagonistes de l'histoire –, il est teinté d'humour cynique et de sens parodique. On apprécie aussi la galerie de portraits qui ne manquent pas de chair. Daniel Abimi, 44 ans, journaliste à 24 Heures – il a aussi travaillé pendant dix ans au CICR –, signe son premier bouquin. Friand de romans noirs, il s'est jeté à son tour dans l'écriture: «Cela ne correspond pas un besoin mais à une vieille envie. L'envie aussi de transposer un cadre familier comme Lausanne dans un canevas de roman noir qui permet de forcer le trait. Je me défends de toute forme de réalisme. Il n'y a pas non plus d'implication personnelle dans ce kaléidoscope de personnages.»

Un faible pour les antihéros

Interdit donc de chercher des ressemblances entre le localier de fictionMichel Rod et d'autres existant ou ayant existé... «Les rédacteurs que j'évoque appartiennent à la préhistoire du journalisme. De toute façon, rien ne m'énerve plus que les romans à clés où l'on joue à deviner qui est qui.» Ce qui séduit avant tout Daniel Abimi, qui a un faible pour les antihéros, c'est de créer des caractères, des dialogues, une atmosphère. Pas de message, pas d'affection ni de détestation particulières pour les créatures qui peuplent son bouquin et leurs faits et gestes. Juste une histoire. Dans laquelle la solitude et le vide existentiel tiennent une bonne place.


PATRICIA GNASSO, Le Matin

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Romand noir…

La classe moyenne de notre bon vieux monde s’est encanaillée ces dernières décennies, comme l’a bien montré un Houellebecq, et ce mouvement de «libération» n’a pas épargné notre bonne vieille Suisse. C’est du moins ce que le protagoniste «fouille-merde» du premier roman de Daniel Abimi documente au passage, après avoir été entraîné dans une suite de meurtres sordides affectant un groupe d’échangistes de nos régions dont le plus dénué de scrupules est un grand affairiste de l’immobilier régional, cocaïnomane et pervers polymorphe dont le lecteur se gardera de chercher le «modèle» puisque Le Dernier Échangeur n’est pas «à clef». Point d’intrigue sophistiquée non plus dans ce polar d’une écriture un peu jetée, mais remarquable en revanche par son climat de dèche et de mal-être, d’ennui vaseux et de médiocrité, sous un regard qui tire vers le burlesque ou vers la fraternité à la Deschiens…

PASCAL FERRET, Le Passe-Muraille

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De L.A. à Lausanne

Michel Rod est journaliste (tout comme Daniel Abimi). Il se met à enquêter sur une étrange affaire de meurtre, qui secoue la haute société lausannoise. Sans se douter qu’il approche ainsi le monde glauque de l’échangisme, ni que les cadavres vont se multiplier autour de lui. De plus en plus près, même.
Il y a un côté exercice de style sympathique dans ce Dernier échangeur. Comme si Daniel Abimi, pour ce premier roman, plaçait une atmosphère typique du polar américain dans sa bonne ville de Lausanne et qu’il regardait ce que ça pouvait bien donner. Avec meurtres en série, sexe, alcool… et une bonne dose d’humour, voire de parodie. Des qualités qui cachent pas tout à fait le côté répétitif de l’intrigue, mais donnent envie de suivre ce nouveau venu au ton original en Suisse romande.

ÉRIC BULLIARD, La Gruyère

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Un vrai polar. Toutes les règles du genre sont respectées.

Le héros est un journaliste à la dérive, alcoolique, qui traîne de café en pince-fesses et en bordels. Il vit avec sa mère, bientôt mourante. Les cadavres jonchent la ville sans que la police n'arrive à stopper l'assassin et à faire le lien entre les crimes. On pénètre dans toutes sortes de milieux, selon la coutume du roman policier qui est devenu un révélateur social.
L'originalité du Dernier Échangeur est que l'intrigue s'y passe à Lausanne. L'auteur, Daniel Abimi, né de père albanais et de mère suisse-alémanique, connaît la ville sur le bout des doigts et nous entraîne dans ses quartiers les plus divers. Né de père albanais: ce n'est pas un détail. Grâce à ça on pénètre notamment dans une boîte ethnique: patron Kosovar, orchestre albanais...
Ce n'est pas le seul lieu insolite. Abimi montre que dans une ville comme Lausanne, de nombreux milieux cohabitent, s'ignorent généralement, interfèrent parfois dans des circonstances exceptionnelles.
À côté des communautés étrangères, il y a la petite pègre, les gros bonnets, la bourgeoisie immuable dans son fonctionnement, sinon que, dans le roman de Abimi, cette bourgeoisie partouze beaucoup. Ce n'est d'ailleurs pas un des moindres charmes du livre que de voir ces notables, après une journée de ski et une raclette, s'adonner à l'amour collectif dans un chalet de Villars ou dans une boîte échangiste située dans la zone industrielle, juste après Villeneuve...

Blog d’ALAIN BAGNOUD

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Rouge moisson en pays vaudois.

Depuis quelque temps ça menaçait, eh bien c’est là! Oblong, insidieusement glacé, lisse comme la crosse nickelée d’un browning. Bref: prêt à l’emploi. Cela: le premier polar de Daniel Abimi, publié chez Bernard Campiche.
En quelque trois cent vingt pages et divers lieux de Lausanne ou des confins vaudois, vous aurez tout loisir de dérouler le sanglant panache d’une série de crimes qu’on ne vous racontera pas, bien sûr, et qui vous entraîneront dans les milieux du trafic de drogue, de l’échangisme bénévole ou prostitutionnel, de la promotion immobilière, ainsi qu’en compagnie de représentants des ordres judiciaire et policier.
Le polar m’est toujours apparu comme l’ultime refuge des neurasthéniques que rebute l’idée d’exorciser la malédiction de la vie en allant consulter chez les sondeurs d’âme. S’il est vrai, selon le terrible mot de Gauguin, que «la vie étant ce qu’elle est, on rêve de vengeance», en exposant les plus noirs aspects de la condition humaine, en vouant à la mort ou, sinon, à la déchéance, à la décrépitude, au désenchantement, l’auteur de romans policiers (et son lecteur avec lui) se donne une illusion de décréteur de destin, de manipulateur tout-puissant. Mais ni l’un ni l’autre ne sont dupes. Chacun sait qu’on ne guérit pas de l’existence par la magie de l’imprimé et qu’il ne suffit pas, pour se purger efficacement de l’amertume et du ressentiment d’être né, de s’instituer Dieu Soi-même à l’encontre de personnages que votre seul caprice appelle à l’équivoque don de l’être.
Chez Daniel Abimi, lecteur de Dashiell Hammett et Léo Malet, cette dimension désabusée d’humour noir persillée de cynisme n’est pas absente, quoiqu’elle se tempère parfois d’une tendresse affleurante envers certains de ses personnages. Dans ce roman qui, sans être à clés, recycle habilement plusieurs péripéties ayant défrayé la chronique et abreuvé notre soif inextinguible de sang et de scandales, l’auteur se nourrit de son expérience de fait-diversier qui a dû quelquefois, littéralement, fouiller la merde, de sa connaissance concomitante de certains milieux ethniques. Il y trace aussi une manière d’autoportrait, non à travers son héros, journaliste de terrain éraflé par la vie et investigateur tenace qui lui dissemble autant qu’il lui ressemble, mais plutôt par les rebonds de l’intrigue qui finissent par dresser un catalogue de ses possessions et dépossessions affectives. Comme dans le genre du film noir y domine la sauvagerie de la jungle urbaine. Campagne ou montagne n’y sont qu’une annexe poisseuse de la ville, cette Asphalt Jungle qui donna son titre à un maître film de John Huston. Il s’y dévoile également une phénoménologie de la sensation, souvent nauséeuse: corps en déclin, odeurs, dégoût de soi, les organes y sont rarement silencieux et leur rapport au monde n’est pas ordinairement celui de l’exultation.
Autre point commun entre polar et film noir, les scènes dialoguées n’y commentent pas seulement l’action, elles la rythment et l’infléchissent. La pratique habituelle de l’interview dans l’exercice de son métier nous vaut de la part de l’auteur des dialogues particulièrement réussis. Nous semblent par contre constituer les parties plus molles du roman les séquences de partouzes, espèces de machines à Tinguely poussives qu’on s’essaie laborieusement à visualiser.
Enfin, Daniel Abimi n’a pas résisté au plaisir de s’offrir un petit clin d’œil lausannois passéiste: en défi aux prescriptions hygiénistes de notre bel aujourd’hui, on toraille ferme dans ses salles de rédaction, ses protagonistes picolent méthodiquement pour rallumer la mèche et, loin des espaces funétiques désormais en vogue, des Pompes funèbres à l’abord suranné tiennent encore délicieusement boutique dans le défunt bâtiment administratif de la rue Beau-Séjour.

JEAN-JACQUES MARMIER, La Distinction

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Un crime à Lausanne

Un journaliste, amateur d’alcool sans modération, comme le réclame le genre policier, assiste à la conférence de presse d’un médecin vénal qui a découvert le remède contre l’insomnie. Le lendemain matin, son corps torturé est découvert au pied d’un arbre. Il n’en faut pas plus au gratte-papier lausannois pour décider de mener une enquête. Et voici tous les ingrédients d’un honorable polar réunis.

LAURENCE DE COULON, La Vie protestante

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Coup de cœur

Premier roman de Daniel Abimi, Le Dernier Échangeur est un livre sans concession qui nous entraîne dans un univers lausannois inattendu, sombre et cruel, où l’on croisera tour à tour industriels véreux, malfrats de la pègre locale, bourgeois en mal de sensations fortes, prostituées, journaliste fatigué, flics non infaillibles et juges corrompus. Michel Rod, journaliste, part sur les traces du meurtre sordide d’un médecin réputé. En suivant sa veuve, il va découvrir un monde où tout s’échange. Mais, peu à peu, les morts s’accumulent, les têtes tombent les unes après les autres. Une écriture crue et cynique, contrebalancée par des entêtes de chapitres sous forme de petits poèmes aux consonances naïves: «Où comment un journaliste s’escrime à tuer ses journées. Il s’ennuie, essuie des bitures, mais il finit toujours par rentrer à la maison…». Lui-même journaliste à Lausanne, Daniel Abimi signe un très bon roman, tout à fait digne des nombreux polars nordiques en vogue actuellement!

EMMA CHATELAIN, Librairie Payot-La Chaux-de-Fonds, site internet de Payot

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Le Dernier Échangeur est un roman noir. À Lausanne, un journaliste enquête sur le meurtre d’un médecin. Il s’éprend de sa veuve, qui va l’entraîner dans un monde où tout s’échange. Mais autour d’elle, c’est l’hécatombe. Lausanne n’a pas vu le temps passer. De grosse bourgade provinciale au bord du lac Léman, voilà la capitale du canton de Vaud devenue petite ville avec plus de cent communautés étrangères. Du passé, elle a gardé un respect strict des classes sociales. Le mélange est détonant. Dans Le Dernier Échangeur, derrière les apparences, notables lausannois, caïds de la pègre locale et bourgeoise se croisent et en meurent. Daniel Abimi soulève un coin du drap qui cache la ville qu’il aime. Journaliste, il a aussi couru pendant une dizaine d’années les pistes africaines et les montagnes afghanes sous le drapeau du Comité international de la Croix-Rouge.

Les Forums de Fnac Suisse – Juin 2010

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Daniel Abimi ou le gras et le fin


Dans une grande petite ville d’Europe de l’Ouest – Lausanne – la vie va à un train ordinaire avec le même mélange crapoteux de petites saloperies agrémentées de rares beaux gestes qu’ailleurs. Il n’y a qu’à regarder, c’est partout pareil. Reykjavík, Trondheim, Thessalonique…
Daniel Abimi garde depuis toujours un œil sagace sur la capitale vaudoise, sa ville qui est devenue le terreau de ses romans. En fait de terreau, c’est un marigot où évoluent crocodiles et reptiles et autres bestioles plus ou moins venimeuses mais toujours désespérées. La jungle humaine Daniel Abimi connaît puisqu’il a longtemps ménagé la chèvre et le chou au nom du CICR en Afrique francophone.
Daniel Abimi est un de ces beaux hybrides comme Lausanne sait les fabriquer. Alémanique par la mère, Kosovar par le père. Hybride encore par ses milieux. À la terrasse d’un café à prétentions culturelles (la petite grande ville s’est inventé une intelligentsia à sa taille), on peut le voir pérorer entre vieux potes – tous anciens universitaires, pour certains passés à l’Administration.
Le même jour mais à une heure plus tardive, le même Abimi, ayant échangé son costume pour un manteau de cuir noir, finira par convaincre un interlocuteur revêche en lui attrapant les deux oreilles pour lui secouer la tête sur le comptoir. Arguments massue. La scène eut lieu dans un bar de l’Ouest lausannois sous l’œil hagard du patron, roi du karaoké sentimental.
Michel Rod, journaliste lausannois et cheville ouvrière du premier roman de Daniel Abimi, a quelques points communs avec son paternel.
Encore plus jeune qu’aujourd’hui, Daniel Abimi a été intronisé dans le métier de «fouille merde» par Pijac, un mythique «fait diversier» de la presse romande. Un vrai Bérurier qui revenait par la fenêtre quand il se faisait virer par la porte. Si Pijac n’était pas un maître à penser, il a laissé au jeune Daniel une certitude: chez les gens soi-disant simples, il s’en passe toujours de drôles. Abimi n’a pas oublié l’apprentissage du terrain, du précepte il en a fait la devise de Rod. Autre valeur commune entre Abimi et son personnage: on mange gras. Le boucher Schaller du Maupas en sait quelque chose. Rod (Abimi?) peut démanteler un soir de vague à l’âme un rôti de porc pour six personnes après avoir tapé dans le boudin. Avec les doigts et en training. Vision sublime et sauvage qu’il accorde à ses vrais amis.
Mais que l’on ne s’y trompe pas. Manger gras avec les doigts n’interdit pas la finesse. Rod au regard peu amène sur lui-même fait souvent mouche d’un trait d’esprit fulgurant. Lausanne en sait quelque chose; une fois déchirés les rideaux de l’establishment valdo-vaudois, Rod fait le ménage là où on a par trop caché la merde au chat.

ALAIN WALTHER, Le Persil

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