Les Chats noirs de Gallipoli
Alors
que les vacances s'éloignent, ce roman fait renaitre des images gorgées
de soleil et de sel marin, de pierres dorées et de ruelles
pittoresques. Là, dans les Pouilles de l'entre-deux-guerres, les hommes
sont courageux mais pauvres, les femmes belles mais vouées au malheur…
Dans la lumière incandescente, un drame antique se rejoue alors, fait
d'amours, de sacrifices et de défis, sous une plume délicate mais
puissamment évocatrice qui brosse de beaux portraits de femmes et,
mieux encore, dessine leurs silences.
Marie-Claire Suisse
Les Chats noirs de Galilipoli
Gallipoli, c'est une petite ville de l'Italie du Sud aux ruelles
étroites, bordée par une longue plage et dominée par l'église Santa
Maria della Purita. Les vies de ses habitants sont intriquées, tout le
monde sait tout sur tous et les chats noirs sortent à la tombée du
jour. Dans ces pages à l'écriture originale et travaillée, Koutaïssoff
convoque plusieurs destinées qui se croisent et s’entrecroisent,
exigeant du lecteur une concentration sans faille pour bien les situer
les unes par rapport aux autres. Perdre son fils unique est un drame
sans nom pour ce professeur en histoire de l’art, rédacteur du journal
qui est un des fils rouges de cet ouvrage. Il en est de même pour
Francesca, cette femme abandonnée bébé sur les marches de l'église,
dont le fils est parti travailler à Bari. Telles sont les bases
de ce roman que Laurent Koutaïssoff brode avec des fils tantôt
rouges, tantôt noirs jusqu’à ce que le dessin final apparaisse. La clé
de cette épopée, qui se situe à deux époques différentes, se joue
peut-être dans les cartes que lit la vieille Tina, dépositaire de bien
des secrets, le plus mystérieux et le plus vrai étant celui qu’elle
propose; l'amour plus fort que la mort. Ce nouveau roman est bien écrit
et surtout rigoureusement construit grâce à l'intelligence et à la
profondeur de réflexion de son auteur. À lire avec passion et attention.
Plume au vent, No 465, octobre 2022
Les Chats noirs de Gallipoli, de Laurent Koutaïssoff
«Pour elle, c'était un signe: son acte s'inscrivait dans la durée, les
chats noirs allaient se multiplier et rendre son geste éternel dans la
mémoire de tous.»
Dans ce roman, deux histoires se déroulent parallèlement, mais n'en
font qu'une, finalement. L'une commence en 1926 à Gallipoli, dans les
Pouilles, province de Lecce, l'autre en 2018, à Lausanne, canton de
Vaud:
«La date n'a pas d'importance. Les pendules ne se sont pas arrêtées. C'est arrivé. C'est tout.»
Le point, et lieu, commun de ces deux histoires? Une église de
Gallipoli, Santa Maria della Puritâ. Comme deux cours d'eau, elles y
font leur jonction, et l'ésotérique y joue son rôle, sans que l'avenir
soit déterminé.
Renonçant à la médecine, il a consacré toute sa vie à l'histoire de
l'architecture. Ce 3 septembre 2018, alors qu'il examine une
diapositive de l'église de Gallipoli pour préparer son cours, deux
policiers l’interrompent.
Ils sont venus lui annoncer la terrible nouvelle et l'emmènent là où le
corps de son fils repose sous une bâche, après avoir été renversé par
un camion, afin qu'il le reconnaisse: ce jour-là, il franchit «les
portes de l’attente».
Ce 24 juillet 1926, Francesca Badolati suit Giuseppe Barba, dit Beppe,
dans le cortège, où il conduit, comme les autres, la statue de Santa
Cristina, patronne des pêcheurs, jusqu'à la jetée, où elle sera chargée
sur un bateau.
Pour Francesca, qui, dix-sept ans plus tôt, a été trouvée à l'aube,
emmaillotée devant Santa Maria della Puritâ, l'église de la grande
plage aux pieds des remparts, et pour Beppe, qui se sont vus, c'est le
début de l’amour.
Ce que ni l'un ni l'autre ne sait, c'est que ce sera un «amour fatal».
C'est le récit de cet amour et de son influence sur le professeur qui
est la trame de ce roman de Laurent Koutaïssoff, où la vie et la mort
sont les protagonistes.
À Tina, la diseuse d'avenir, pour ce qui concerne Francesca, Beppe, les
enfants qu'ils auront, deux cartes se sont imposées. L'une représente
la chance, l'autre la prudence, «une invitation à regarder le monde
différemment».
Peut-être faut-il donc voir dans ce roman un apologue. Certes personne
ne maîtrise complètement sa vie, mais, pour bien agir, il faut saisir
la chance qui se présente et ne pas être «esclave de la prudence [ni]
de la solitude».
Blog de FRANCIS RICHARD
Laurent Koutaïssoff, Les Chats noirs de Gallipoli
Quel livre! J’ai été littéralement engloutie, comme ensorcelée, il me
semble que je n’ai plus oser respirer, j’avais l’impression de galoper
et en même tant d’être tétanisée sans jamais vouloir manquer un mot,
captive de la suite qui m’étreignait de plus en plus jusqu’aux larmes.
Depuis si longtemps, je n’ai été emportée à ce point. Merci à vous
Monsieur Laurent Koutaïssoff!
ODE BILLARD, Bibliothèque du Cercle littéraire, Lausanne
Présence de la mort et hymne à la vie dans une ville des Pouilles
Après des études en Lettres à Lausanne, Laurent Koutaïssoff travaille
actuellement dans l’administration vaudoise. Il est l’auteur de
plusieurs livres et de créations théâtrales. Son dernier roman est bâti
sur deux destins, auxquels sont consacrés alternativement de courts
chapitres. Celui de Francesca, qui débute à Gallipoli en 1926. Et celui
de David, professeur d’histoire de l’art à l’Uni de Lausanne, qui
commence en 2018 par un drame: la mort de son jeune fils renversé par
un camion. Un moment très fort: le constat de reconnaissance du corps
que doit faire le père devant la police. Cette fin brutale va le mettre
dans un état de prostration et provoquer l’éloignement du couple.
Spécialiste de l’église Santa Maria delle Purità à Gallipoli, il décide
de se rendre dans cette cité des Pouilles pour s’y donner la mort.
Quant à Francesca, elle connaît un amour passionné avec son mari, le
pêcheur Beppe, qu’elle va perdre en mer, avant de connaître d’autres
deuils que le lecteur découvrira. Koutaïssoff peint un beau portrait de
cette femme courageuse, fière et noble, qui va affronter son destin.
Cela dans le cadre d’une petite ville du Sud de l’Italie très attachée
à son catholicisme, mais aussi à de nombreuses superstitions. La
vieille voyante Tina, qui lit l’avenir dans les cartes, joue d’ailleurs
un rôle important dans le livre. On notera que Gallipoli est d’origine
fin du roman. L’auteur dépeint avec talent l’atmosphère de cette cité,
connue pour ses pressoirs souterrains, celle de ses rues tortueuses, de
ses églises et processions, de son petit port de pêche. Par ailleurs,
l’Histoire n’est pas étrangère au roman. C’est le temps du fascisme,
avec ses ardents partisans du Duce dans la bourgeoisie locale. Puis
celui de la Seconde Guerre mondiale, avec le débarquement allié de 1943
et le bombardement des navires anglo-américains dans le port de Bari
par la Luftwaffe. Et peu à peu, David, au contact de Sabina, la fille
déjà âgée de Francesca, va renaître à la vie et accepter le décès de
son fils. Quant au sens du titre, on le découvrira vers la fin du
livre. Malgré quelques longueurs et un peu trop d’insistance sur les
états d’âme du Professore, le roman, bien écrit et aux personnages
crédibles, emporte l’adhésion du lecteur.
PIERRE JEANNERET, Le Courrier, jeudi 30 juin 2022
Une ville brûlante
En 1926, sur les pavés brûlants de Gallipoli, Francesca Badolati,
autrefois abandonnée et recueillie par le singulier Bartolomeo, croise
le regard de Giuseppe Barba, revenu au pays pour aider sa mère à la
mort de son père. Aussitôt, Giuseppe sait ce qui les attend. Mais il
ignore leur destin brutal, au-delà de la grossesse de Francesca, dite
la poverina, et de leur mariage. Des années plus tard, un professeur
d’histoire de l’art, confronté à une perte violente et douloureuse, se
rend à Gallipoli pour mettre fin à ses jours. Mais la présence de chats
noirs le met face à son passé et à son futur. Un texte ciselé, poétique
et sensuel autour de la douleur. Une façon brûlante de voyager dans les
Pouilles.
LAURENCE DE COULON, La Côte, mardi 28 juin 2022
«Les Chats noirs de Gallipoli»
Gallipoli, à l’extrémité du «talon» de la botte italienne, dresse face
au golfe de Tarente les murs mordorés de ses églises baroques et de ses
palais nostalgiques. Un décor de rêve pour un destin au bord du
gouffre, celui d’un homme qui porte l’art si haut qu’il a choisi ce
superbe écrin pour y mourir. Ou pas…
Renouant avec l’idée très latine d’un pouvoir sorcier des chats, les
noirs surtout, Laurent Koutaïssoff leur confie un rôle de
«Parques» à l’antique pour tirer les fils du présent et du passé. Car
dans cette cité brûlée de soleil, où tout se sait et se murmure, les
passions et les secrets sont adulés autant que maudits, donnant tout
leur sel à ce roman dépaysant, d’une âpreté élégante et poignante.
PAYOT LIBRAIRE
L’amour contre la douleur
Deux parcours de vie se rencontrent, alors qu’a priori rien n’était censé les rapprocher. Dans Les Chats noirs de Gallipoli,
Laurent Koutaïssoff explore les réactions et attitudes humaines face
aux drames de la vie, tant en 2018 que dans l’Italie de
l’entre-deux-guerres. Expert en histoire de l’art, un professeur
meurtri par le décès de son fils décide de se rendre à Gallipoli, ville
d’Italie du Sud qu’il connaît à travers ses travaux universitaires.
Huit décennies plus tôt, une histoire d’amour entre un jeune homme et
une enfant trouvée intrigue et passionne ses habitants.
Anéanti, l’historien d’art nourrit un funeste projet. C’est pour s’y
donner la mort qu’il fait ce voyage jusque dans les Pouilles. Mais le
hasard, ou le destin, vient rebattre en partie les cartes. Arrivé dans
cette petite ville du Salento, le professeur est amené à prendre
connaissance des tribulations des amoureux de l’entre-deux-guerres. Il
croise une fille de ce couple, laquelle, vieillie, n’a rien oublié de
ce que sa mère lui a raconté. Dès lors, l’universitaire jusque-là
englué dans un deuil problématique comprend qu’il est possible de tenir
bon. De ne pas céder à la tentation d’en finir. Jalonné de drames et
d’élans de solidarité, Les Chats noirs de Gallipoli
redonne vie à l’Italie d’autrefois sans laisser de côté le présent,
mettent l’accent à la fois sur la souffrance et sur l’importance de la
relation amoureuse.
MARC-OLIVIER PARLATANO, Le Courrier, vendredi 3 juin 2022
Mais pourquoi la passion de deux jeunes gens fascine-t-elle tant les
habitants de Gallipoli ? Les croyances et les superstitions côtoient
chaque jour la religion dans cette Italie du Sud de
l’entre-deux-guerres. Bien des années plus tard, la vie d’un professeur
d’histoire de l’art bascule, alors qu’il prépare un cours sur une
église de Gallipoli. Il se rendra dans cette petite ville des Pouilles
pour mettre fin à ses jours, mais des dizaines de chats noirs feront
rejaillir un passé résonnant comme autant d’oracles de sa propre
destinée.
Ce roman explore les souffrances et les réactions humaines face aux
drames de l’existence. C’est un double récit sur la relation amoureuse
et la douleur, qu’on affronte par l’instinct ou par la parole.
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