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À propos de L'Escale du Rhône:
L’intérêt de ce récit tient à la loyauté de l’écriture et du
témoignage. Une manière nette, un peu froide de dire les choses (Michel
Campiche est historien, auteur d’une Réforme en Pays de Vaud,
en 1986) mais aussi sensible, délicate, émue devant la beauté des
paysages et la qualité des êtres. Le Valais, qu’il découvre pendant les
années de guerre où la Suisse est séparée du monde, par un singulier
privilège. Il a vu l’Allemagne pendant un court séjour en 1939, avec
ses parents. Il pressent le danger terrible qui pèse sur ce pays: «Le
matin du départ, à cause de la catastrophe qu’ils sentent fondre sur
eux, il me semble que nous les abandonnons.»
L’Escale du Rhône,
période de libération pour le jeune homme, est avant tout un témoignage
d’admiration pour ses maîtres d’alors, ces chanoines tout abandonnés à
leur vocation d’enseignant. Tous ne sont pas admirables, bien sûr.
Campiche a souvent la dent très dure. Mais il sait parler de ceux qu’il
aime et il a le don du portrait. Par exemple, le chanoine Norbert
Viatte, qui enseignait la littérature française: «Sa voix prenait les
inflexions les plus délicates, elle exprimait jusqu’au dernier
mouvement de l’âme.» Le Valais, Lausanne, le culte darbyste, la
mentalité étroite d’une époque et d’un milieu. Il faut lire ce livre,
qui est un bel exemple de sociologie humaine.
GEORGES ANEX, Journal de Genève
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Moments d’une vie
Mémoires. Michel Campiche avait publié L’Enfant triste en 1979, puis L’Escale du Rhône en 1991. Ces deux récits autobiographiques sont réunis dans Moments d’une vie et complétés par un troisième, Journal de mémoire,
qui, lui, est inédit. Dans un style d’une grande pureté, l’auteur y
évoque ses années d’université à Lausanne et à Fribourg. Il raconte
comment il s’est arraché à la double emprise de son père, aux yeux
duquel il n’a jamais été qu’un «échec vivant», et du darbysme familial
dont il s’est éloigné pour entrer dans la foi catholique.
MICHEL AUDÉTAT, L’Hebdo
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Les Moments d’une vie du Vaudois Michel Campiche
L’auteur
vit encore. Il vient même d’écrire la troisième partie de ce qui
constitue désormais une trilogie. La Romandie évoquée par Michel
Campiche dans Moments d’une vie n’en apparaît pas moins aussi
lointaine que l’Helvétie romaine. Les années 70 ont emporté ces
préceptes moraux que nos grands-parents érigeaient comme des remparts
afin de mieux protéger leurs consciences. Ce beau livre tient par
conséquent également du document historique sur les années 1936 à 1950.
Le milieu darbyste
Né à Lausanne en 1922, Michel Campiche a d’abord commencé par être L’Enfant triste.
Il y avait de quoi! D’abord ses parents appartenaient à l’étroite
communauté darbyste. Venue des pays anglo-saxons, cette dissidence du
protestantisme s’écarte de toute Église, afin de mieux se soumettre au
jugement des siens. Prière de rester entre soi. Les époux Campiche n’en
restaient pas moins mal assortis. Marchand de chaussures, le père s’est
mis à boire. Cet homme, qui parvenait à donner le change à l’extérieur,
devenait violent avec les siens. Le petit Michel allait donc se replier
sur lui-même, bientôt incapable de suivre une école. À ce premier
livre, sorti en 1979, avait suivi L’Escale du Rhône en 1991.
Rejeté par le système scolaire vaudois, Michel s’était retrouvé au
Collège de Saint-Maurice. Ce fut la découverte, fascinée et craintive,
du monde catholique. L’adolescent tentait de se construire une
personnalité dans un monde où sa famille demeurait trop présente. Le
père intervenait sans cesse auprès de ses professeurs à une époque où
un tel homme avait forcément raison. D’où une nouvelle impression
d’écrasement.
Planche de salut
Manquait une suite. La voici avec Journal de mémoire.
Le jeune homme lutte pour trouver sa place dans la société. Il ne peut
compter que sur lui-même. Sa difficile conversion ne lui apporte qu’une
planche de salut. Gagner sa vie reste autre chose. La mort du père clôt
des centaines de pages de souvenirs amers. On peut imaginer des
prolongements. Campiche a fini par enseigner et publier. De l’Histoire
d’abord. De la fiction ensuite. Mais d’une manière parcimonieuse.
L’auteur n’est pas devenu un homme de la facilité. On ne se coupe
jamais de ses racines!
ÉTIENNE DUMONT, Tribune de Genève
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La rentrée
La rentrée scolaire est ce rituel de la fin d’été où chaque année
toutes les énergies, celles des directions, celles des professeurs et
celles des élèves, tendent vers un même but. C’est l’instant miraculeux
où on respire le renouveau et la bonne résolution. J’ai profité de
cette période surchargée pour lire trois œuvres de Michel Campiche. Je
connaissais les deux premières: L’Enfant triste et L’Escale du Rhône. J’ai découvert la dernière, Journal de mémoire (Bernard Campiche Éditeur, 2009. En un seul livre de poche).
C’était la rentrée de septembre 1964. Je débarquais alors au collège de
Saint-Maurice, et je me souviens de ce professeur d’histoire, svelte,
une mèche noire sur le front, un peu austère pour des élèves de douze
ans, et qui dans son costume gris se tenait appuyé contre le pupitre en
nous parlant de… je ne me le rappelle pas au juste, ce dont je me
souviens, c’est de cette silhouette qui devra rester à jamais pour moi
la silhouette de l’histoire. Michel Campiche était debout devant nous.
Ses mains mobiles soulignaient par moments des propos sibyllins. Il
parlait… et près d’un demi-siècle plus tard je ne suis pas certain
d’avoir compris ce qu’il nous disait.
Longtemps après, j’ai retrouvé Michel Campiche: il écrivait. En 1979, j’avais aimé L’Enfant triste dont le titre m’avait d’emblée alerté, et surtout en 1991 son Escale du Rhône.
Il s’agit d’un fort récit en forme de tresse. Trois fils
s'entre-tissent: la relation au père (darbyste), la Seconde Guerre
mondiale et la vie à Saint-Maurice. C’est en tant qu’élève dans ce
collège, entre rochers et Rhône, le temps d’une escale de trois ans,
que le jeune Michel va se libérer de ce père et d’une éducation
étroite. Il y découvre la chaleur humaine ainsi qu’une facette du
catholicisme pour lequel on lui avait pourtant conseillé la méfiance.
Car deux figures dominent l’enseignement, deux chanoines, Norbert
Viatte et Paul Saudan, dont la lumière finira par pénétrer le cœur du
jeune homme. On n’éduque pas avec des mots, mais avec de la
lumière, je revois cette rentrée de 1964. Le ciel est couvert, un petit
vent lessive la cour de l’internat, et une odeur de crayon fraîchement
taillé flotte dans la salle de classe. Je revois le professeur
d’histoire. C’est un autre monde, qui n’a plus rien de commun avec nos
rentrées d’aujourd’hui, où des coachs rétribués parrainent des élèves
stressés et tendus!
JEAN ROMAIN, Nouvelliste et Feuille d’Avis du Valais
Moments d’une vie
La difficulté de communiquer et l’invraisemblable gâchis auquel elle
aboutit sont un des thèmes principaux de ce livre. Michel, enfant
fragile, souffre de la mésentente de ses parents, qui ne lui font
grâce d’aucun détail de leurs dissensions. Épuisé, il se referme sur
lui-même et s’effondre sous le poids de ses problèmes scolaires et
familiaux. Même ses professeurs ne lui sont d’aucun secours, le père
intervenant à tout instant pour imposer son point de vue. L’enfant,
conscient d’être «l’échec vivant» de son père, souffre et se tait.
Il ne reste qu’une solution, que la famille, darbystes fervents,
accepte, avec quelque inquiétude: l’inscrire à l’abbaye de
Saint-Maurice, chez les catholiques. Il y découvre des maîtres
entièrement voués à leur vocation d’enseignants et, si tous ne sont pas
admirables, il en gardera toute sa vie un souvenir réconfortant.
De retour à Lausanne, il lui faudra, à bout de forces, couper les liens avec sa famille pour essayer de se reconstruire.
Ce livre est de ceux qu’on ne quitte plus dès qu’on l’a commencé. C’est
un tableau sans concession de la mentalité étroite d’une certaine
société de l’époque. C’est aussi l’histoire de ce petit pays qui
survit, entouré de toutes parts par la guerre.
Le style est net, contenu et particulièrement efficace. On y sent tout
l’amour d’un coin de terre, ce pays de Vaud, et une profonde sensibilité
pour les êtres et les paysages. Qu’on y retrouve avec délice une
atmosphère qu’on a connue ou que, venant de l’extérieur, on y découvre
l’ambiance d’un pays et d’une époque, c’est un livre qu’il faut lire.
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