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MICHEL BÜHLER

Un si beau printemps

Roman
2023. 240 pages. Prix: CHF 18.00

Le texte original a été publié en un volume, Orbe: Bernard Campiche Éditeur, 2009,
«Un si beau printemps»


Œuvres complètes de Michel Bühler; VII
ISBN 978-2-88241-527-1



Biographie

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Michel Bühler revient sur quatre décennies d’une belle carrière musicale


Michel Bühler est un chanteur engagé. Depuis quarante ans, sa plume et sa guitare, qui penchent à gauche, il les met au service de gens simples dont la vie ne l’est pas toujours. En relatant les troubles sociopolitiques. Alors, quand il se souvient que c’est en 1969 qu’il a débarqué à Paris, on a presque envie de lui dire que, en bon Vaudois, il était quelques mois en retard sur Mai 68 et l’Histoire. Le poète de L’Auberson ne l’entend pas tout à fait de cette oreille. Parce que, au tournant des années 1970, la Ville Lumière était toujours en pleine effervescence. «On était sûrs qu’on allait changer le monde. Si on m’avait dit à ce moment-là où on en serait aujourd’hui, j’aurais ri. Ou plutôt pleuré… Maintenant, je cherche les pistes pour comprendre.» Son dernier livre, Un si beau printemps, s’en fait l’écho.

Merci, Vigneault

Michel Bühler affiche donc quarante ans de carrière au compteur. Quelque deux cents chansons, souvent têtues, et l’homme tourne toujours. La verve du gaillard n’est d’ailleurs en rien altérée par le temps. Ceux qui ont vu ses passages à L’Échandole d’Yverdon et à Ivry-sur-Seine en attestent.
Cette longévité fait de «Bubu» un cas à part dans le monde de la chanson romande. Alors quand il parle de lui, avec pudeur mais conviction, on a envie d’écouter. «Je suis parti à Paris après avoir fait la connaissance de Gilles Vigneault.» Le Québécois croit en lui et le recrute dans sa maison de disques, L’Escargot. Mieux, il lui offre les planches de ses premières parties dans des lieux mythiques, Bobino ou l’Olympia.
À cette époque, le rideau tombe doucement sur les cabarets de la Rive gauche. Michel Bühler en fréquente un ou deux, mais c’est un autre circuit qui le fait sillonner la France pendant une douzaine d’années. Des années rythmées par l’enregistrement de trente-trois tours qui atterrissent dans les bacs des disquaires avec la régularité d’un métronome. «À l’époque, les artistes avaient l’opportunité de chanter dans les Maisons des jeunes et de la culture.»
Sur la route, le Sainte-Crix de L’Auberson côtoie une foultitude d’artistes. «François Béranger, des Algériens, des Bretons. On avait le sentiment de faire de la chanson qui raconte la vie des gens. Et parfois un peu de politique…» En lâchant plusieurs chansons helvétiquement siennes, Michel Bühler se fait remarquer. «Pour les Français, les Suisses étaient soit banquiers, soit horlogers. Le côté exotique ne m’a pas plus servi que desservi!» Il lui a même attiré certaines sympathies: «L’autre jour à Ivry, j’étais très étonné d’entendre des gens me dire qu’ils me suivaient depuis toutes ces années…»

Difficiles années 1980

De fait, les quinze années passées en France résonnent comme le temps des copains et de l’aventure… «On a rigolé comme des fous. On n’était pas seulement comme des collègues, on était des amis. Et si L’Escargot a fait faillite, c’est parce qu’on a bu et qu’on a mangé», sourit-il sans renier une seule seconde le passé. Au début d’années 1980 qui s’annoncent difficiles, cette faillite vient tout bouleverser. Bizarrement, elle intervient au moment où la gauche prend le pouvoir. « On n’avait sans doute plus besoin de nous…», rigole-t-il.
La cassure est aggravée encore par le décès d’un père dont il était très proche. De retour à Sainte-Croix, il vit donc de l’intérieur la fermeture des anciennes usines Paillard et les mouvements ouvriers qui s’ensuivent. «J’ai eu envie qu’il y ait des traces, sous forme romancée, de certaines actions qui ont rendu à des ouvriers un peu de dignité.» Alors, après avoir été auteur de spectacle – le succès fou du Retour du major Davel, à son retour de Paris, lui remet le pied à l’étrier–, Bühler devient écrivain et signe donc La Parole volée. Depuis, il mène de front ces trois carrières.
Actuellement, c’est la chanson. Le spectacle qu’il présentera à Vidy retrace sa longue carrière. Et celui de Beausobre, à Morges, sera particulier. «J’ai invité des amis à me rejoindre sur scène. Malheureusement, j’ai dû faire des choix: certains bons copains ne seront pas là. J’espère qu’ils comprendront…» Les planches de Beausobre verront donc défiler Anne Sylvestre, Gilbert Laffaille, Bel Hubert ou encore Thierry Romanens. «Il y aura aussi Nono Müller et Léon Francioli, qui ont été mes musiciens. J’aurais aimé accueillir Graeme Allwright et Gilles Vigneault. »
Une fête à la mesure de celle de la chanson romande, organisée il y a trente ans en hommage à Jean Villard-Gilles? «Quel souvenir magnifique! Trois mille à cinq mille personnes rassemblées sous un chapiteau à Vidy. C’était l’âge d’or de la chanson romande. Le public avait réservé une ovation à Gilles. Rien que d’y penser, j’en ai les larmes aux yeux.»

FRÉDÉRIC RAVUSSIN,
24 Heures

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