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Un extrait:
Que nous est-il arrivé ?
Je compare l’aujourd’hui avec ce que nous espérions – les gens de ma
génération, ou une partie d’entre eux. Si l’on nous avait dit, quand
nous avions votre âge: «Voilà ce que sera le monde, dans quarante ans»,
en décrivant ce début de millénaire tel qu’il est sous nos yeux, nous
aurions éclaté de rire, nous aurions crié au fou! Avec les promesses
que nous avions dans les mains, avec notre énergie, notre ardeur, nous
allions évidemment bâtir une Terre fraternelle, débarrassée de la
pauvreté et de la faim, une Terre d’hommes et de femmes égaux! Et nous
ne courions pas après une lointaine utopie, non: le meilleur était en
marche, il naissait sans heurts, sous nos pas. Il n’y avait qu’à
continuer dans la direction indiquée par les mouvements sociaux d’avant
et d’après guerre, il n’y avait qu’à approfondir le sillon que d’autres
avaient ébauché avant nous!
Au lieu de cela, le spectacle de maintenant.
Une révolution a eu lieu. Pas celle que nous espérions.
Nous avons échoué, nous nous sommes fait baiser, profond.
Par qui? Comment?
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Le Printemps révolutionnaire de Michel Bühler
C’est un livre à ne pas mettre entre toutes les mains en ce début d’hivernage, de refroidissement de la pensée.
Michel Bühler nous convie à un petit itinéraire personnel à travers le
regard de ces quelques enfants d’aujourd’hui, qui sont les nôtres.
Itinéraire sur ces quarante ans de luttes où nous avons échoué à
changer vite le monde comme on le rêvait.
Le capitalisme a provisoirement gagné une sacrée bonne première manche.
Nous allons vivre la suite avec délectation. Et c’est juste à ce
moment-là que Michel y va de son petit traité intitulé pour les intimes
“De la nécessité de la Révolution”.
Et il ose reparler de communisme, d’utopie, de biens communs à partager, de combats et surtout d’amitiés fidèles.
Cela me rappelle le Michel de Paris, puisque c’est là-bas que je l’ai
connu d’abord. Il venait chanter pour notre paroisse de la Mission
populaire évangélique, où j’étais pasteur à Belleville. Au cœur de ce
quartier populaire, il laissait échapper quelques notes de tendresse
qui redonnait de l’espoir à lutter. Ces concerts offerts valaient de
l’or à l’époque pour nos finances trouées.
Michel, tu as bien fait de l’écrire, ce bouquin. Car jamais nous ne
serons des convaincus, mais des êtres qui cherchent à le devenir jour
après jour.
Blog de JOSEF ZIZYADIS
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Après «Voisins» en octobre 2009 et «Les Trois Cloches» avec Sarcloret et Gaspard Glaus en juin 2008, Michel Bühler nous revient avec une série de concerts intitulés «Voyageur», créés en septembre 2009 au Théâtre de L’Échandole: il s’offre – il nous offre – un spectacle.
Un spectacle pour parcourir quarante ans d’un répertoire d’une
remarquable cohérence. On y retrouvera une trentaine de chansons
incontournables, des toutes premières aux plus récentes, ponctuées de
textes: souvenirs, réflexions sur l’actualité et regards vers l’avenir.
Michel Bühler demeure fidèle à ses engagements, à ses colères contre
l’insupportable injustice. Curieux du monde, l’idéaliste rebelle
continue à «rêver d’hommes frères» martelant sa confiance et son espoir
en l’homme.
Quarante ans de carrière, quel regard portez-vous sur le chemin parcouru?
Ces quarante ans se sont déroulés très vite. C’est toujours le même bonheur de monter sur scène. Mon plaisir est intact.
Quels sont les artistes qui vous ont influencé au début de votre carrière, et maintenant?
Au départ Brel, Brassens et Ferré. En 1969, la rencontre avec le
chanteur québécois Gilles Vigneault fut décisive, une forme de
«cousinage»… Toujours actuelle sous forme de concert et de rencontre.
Quel est votre processus d’écriture? Vous êtes l’auteur d’une œuvre prolifique.
J’ai plusieurs cordes à mon arc, j’écris des chansons (plus de 250,
dont 195 ont été enregistrées et figurent sur un livre édité par
Bernard Campiche), trois romans, un récit et de nombreuses pièces de
théâtre.
Lorsque je suis en train d’écrire, je tente de m’astreindre à le faire entre 9 heures et 17 heures.
L’inspiration… je suis parfois frappé par une idée, par une image, que
je mets en forme lorsque je commence à écrire. Par exemple, la chanson Un matin d’automne a été écrite après un passage à la boulangerie du village lors d’une promenade dans les environs de L’Auberson…
Quels sont vos ports d’attache en Suisse et en France?
Principalement
le village de L’Auberson. Je suis resté fidèle à la commune de
Sainte-Croix toute ma vie, hormis une période de dix ans (1970-1980).
Et, depuis longtemps, j’aime le quartier de Montparnasse, à Paris, où
j’ai un pied-à-terre. Je m’y rends toujours régulièrement avec ma
compagne.
Que vous reste-t-il de votre enfance?
Ce
fut une enfance merveilleuse à Sainte-Croix, j’étais le cadet d’une
famille composée de onze cousins: j’ai le souvenir de beaucoup de
chants et de tendresse partagée.
Est-il à
l’heure actuelle plus difficile d’organiser une tournée? Quelles sont
les salles qui programment encore de la chanson à texte en Suisse
romande?
Après la disparition des Faux Nez (1994), il
reste L’Échandole à Yverdon et L’Esprit Frappeur à Lutry, et de petits
lieux un peu partout. J’ai le sentiment que le fossé s’est creusé entre
les grands artistes reconnus et les plus modestes. Au début de ma
carrière il existait une catégorie médiane qui tend à disparaître:
cette communauté pouvait vivre de la musique alors qu’à l’heure
actuelle ce n’est plus possible.
Comment qualifier votre public? Est-ce le même depuis quarante ans?
Les
quatre concerts récents au Théâtre de L’Échandole m’ont permis
d’observer que les deux tiers des spectateurs sont les mêmes depuis
trente ans, mais la relève (leurs enfants et petits-enfants) semble
assurée. Un tiers du public était composé de jeunes, ce qui est de bon
augure!
Quels sont aujourd’hui vos thèmes de prédilection?
Mes
thèmes principaux sont l’amour, les chansons du pays et évidemment la
politique: en étant spectateur du monde, je suis très souvent indigné
par l’injustice qui y règne.
Avez-vous réussi à conserver votre aspect rebelle et engagé?
J’espère!
Par exemple ce matin, j’ai passé ma matinée à contacter des
réalisateurs (Fernand Melgar, Alain Tanner, Francis Reusser entre
autres) et différentes personnalités pour apporter un soutien à Roman
Polanski, sous la forme d’une pétition, adressée à Madame la
Conseillère fédérale Evelyne Widmer-Schlumpf. Nous nous y déclarons
indignés par l’incarcération de Roman Polanski, venu en Suisse pour y
être honoré, et consternés par l’image désastreuse que cette
arrestation donne de notre pays!
Quelle est votre vision de la Suisse et de son évolution actuelle?
La
Suisse est mon pays, je suis solidaire avec ses gens. Un des aspects
réjouissants fut l’éviction de Blocher et la perte de vitesse de l’UDC.
Par contre, ce que je déplore, c’est cette tendance au néolibéralisme,
les privatisations (celle de la Poste par exemple) que l’on poursuit
aveuglément, et qui ont pour conséquence que les riches sont toujours
plus riches et les pauvres plus pauvres.
Quelles seront vos prochaines actualités?
La sortie du livre Un si beau printemps à fin octobre 2009 chez Bernard Campiche Éditeur.
SARAH TURIN, Théâtre de Vidy-Lausanne, novembre-décembre 2009
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Michel Bühler: «En 69, on était sûr de changer le monde»
Michel Bühler revient sur quatre décennies d’une belle carrière musicale.
Michel
Bühler est un chanteur engagé. Depuis quarante ans, sa plume et sa
guitare, qui penchent à gauche, il les met au service de gens simples
dont la vie ne l’est pas toujours. En relatant les troubles
sociopolitiques.
Alors,
quand il se souvient que c’est en 1969 qu’il a débarqué à Paris, on a
presque envie de lui dire que, en bon Vaudois, il était quelques mois
en retard sur Mai 68 et l’Histoire. Le poète de L’Auberson ne l’entend
pas tout à fait de cette oreille. Parce que, au tournant des années
1970, la Ville Lumière était toujours en pleine effervescence. «On
était sûrs qu’on allait changer le monde. Si on m’avait dit à ce
moment-là où on en serait aujourd’hui, j’aurais ri. Ou plutôt pleuré…
Maintenant, je cherche les pistes pour comprendre.» Son dernier livre, Un si beau printemps, s’en fait l’écho.
Merci Vigneault
Michel
Bühler affiche donc quarante ans de carrière au compteur. Quelque deux
cents chansons, souvent têtues, et l’homme tourne toujours. La verve du
gaillard n’est d’ailleurs en rien altérée par le temps. Ceux qui ont vu
ses passages à l’Échandole d’Yverdon et à Ivry-sur-Seine en attestent.
Cette longévité fait de «Bubu» un cas à part dans le monde de la
chanson romande. Alors quand il parle de lui, avec pudeur mais
conviction, on a envie d’écouter. «Je suis parti à Paris après avoir
fait la connaissance de Gilles Vigneault.» Le Québécois croit en lui et
le recrute dans sa maison de disques, L’Escargot. Mieux, il lui offre
les planches de ses premières parties dans des lieux mythiques, Bobino
ou l’Olympia.
A cette époque, le rideau tombe doucement sur les cabarets de la Rive
gauche. Michel Bühler en fréquente un ou deux, mais c’est un autre
circuit qui le fait sillonner la France pendant une douzaine d’années.
Des années rythmées par l’enregistrement de trente-trois tours qui
atterrissent dans les bacs des disquaires avec la régularité d’un
métronome. «A l’époque, les artistes avaient l’opportunité de chanter
dans les Maisons des jeunes et de la culture.»
Sur la route, le Sainte-Crix de L’Auberson côtoie une foultitude
d’artistes. «François Béranger, des Algériens, des Bretons. On avait le
sentiment de faire de la chanson qui raconte la vie des gens. Et
parfois un peu de politique…» En lâchant plusieurs chansons
helvétiquement siennes, Michel Bühler se fait remarquer. «Pour les
Français, les Suisses étaient soit banquiers, soit horlogers. Le côté
exotique ne m’a pas plus servi que desservi!» Il lui a même attiré
certaines sympathies: «L’autre jour à Ivry, j’étais très étonné
d’entendre des gens me dire qu’ils me suivaient depuis toutes ces
années…»
Difficiles années 1980
De fait, les quinze ans passés en France résonnent comme le temps des
copains et de l’aventure… «On a rigolé comme des fous. On n’était pas
seulement comme des collègues, on était des amis. Et si L’Escargot a
fait faillite, c’est parce qu’on a bu et qu’on a mangé», sourit-il sans
renier une seule seconde le passé. Au début d’années 1980 qui
s’annoncent difficiles, cette faillite vient tout bouleverser.
Bizarrement, elle intervient au moment où la gauche prend le pouvoir.
«On n’avait sans doute plus besoin de nous…», rigole-t-il.
La cassure est aggravée encore par le décès d’un père dont il était
très proche. De retour à Sainte-Croix, il vit donc de l’intérieur la
fermeture des anciennes usines Paillard et les mouvements ouvriers qui
s’ensuivent. «J’ai eu envie qu’il y ait des traces, sous forme
romancée, de certaines actions qui ont rendu à des ouvriers un peu de
dignité.»
Alors, après avoir été auteur de spectacle – le succès fou du Retour du major Davel, à son retour de Paris, lui remet le pied à l’étrier –, Bühler devient écrivain et signe donc La Parole volée. Depuis, il mène de front ces trois carrières. Actuellement,
c’est la chanson. Le spectacle qu’il présentera à Vidy retrace sa
longue carrière. Et celui de Beausobre, à Morges, sera particulier.
«J’ai invité des amis à me rejoindre sur scène. Malheureusement, j’ai
dû faire des choix: certains bons copains ne seront pas là. J’espère
qu’ils comprendront…» Les planches de Beausobre verront donc défiler
Anne Sylvestre, Gilbert Laffaille, Bel Hubert ou encore Thierry
Romanens. «Il y aura aussi Nono Müller et Léon Francioli, qui ont été
mes musiciens. J’aurais aimé accueillir Graeme Allwright et Gilles
Vigneault.» Une fête à la mesure de celle de la chanson romande,
organisée il y a trente ans en hommage à Jean Villard-Gilles? «Quel
souvenir magnifique! Trois mille à cinq mille personnes rassemblées
sous un chapiteau à Vidy. C’était l’âge d’or de la chanson romande. Le
public avait réservé une ovation à Gilles. Rien que d’y penser, j’en ai
les larmes aux yeux.»
FREDERIC RAVUSSIN, 24 Heures
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Michel Bühler emballe Ivry
C’est entendu. La Venoge, malgré ses méandres, ne se jette pas dans la
Seine. Mais le fleuve parisien aime bien ce petit frisson au parfum de
sapin et de raisin que lui apporte l’accent vaudois. Jean
Villard-Gilles, puis Michel Bühler ont tous deux chanté la terre nôtre
et le vaste monde, la tendresse et la colère, l’humour et la révolte.
Sainte-Croix, Saint-Saphorin, New York, Jérusalem, rien de ce qui est
humain ne leur est étranger.
Et à Ivry-sur-Seine – dans la banlieue sud, à un jet de pavé de Paris –
l’humain a une épaisseur particulière, formée par la lutte des ouvriers
d’hier et le ressentiment des immigrés d’aujourd’hui. À l’avenue
Maurice-Thorez, à la cité Youri-Gagarine répondent maintenant les
pagodes et les boucheries hallal. C’est dans cette ville-témoin que
Bühler a conquis les cœurs, samedi dernier, lors de son récital au
Forum Léo-Ferré, lieu consacré aux anars et à la poésie chantée.
Ovations et rappels multiples ont salué le chanteur de L’Auberson, qui
a fait salle pleine. Alternant chansons anciennes et nouvelles, il a
aussi bien évoqué la pinte de chez nous que le café arabe de
Jérusalem-Est, le verre de blanc que le verre de thé. Et les épicéas du
Jura se sont fondus dans le décor rouge d’un village africain.
Depuis quarante ans, Bühler creuse son chemin sans mettre des plumes
d’autruche à ses textes. Assumant son sol natal, mais en évitant qu’il
ne colle à ses semelles. Voyageur et passant, fidèle et attentif.
JEAN-NOËL CUÉNOD, 24 Heures
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Michel
Bühler se considère comme un vieil ours. Il a gagné sa vie en chantant,
traversé le Sahara et beaucoup voyagé, à titre humanitaire,
journalistique ou privé: Chili, Nicaragua, bande de Gaza, Brésil,
Géorgie, Haïti, Moscou, Pologne, Syrie etc. Il lui arrive d’écrire des
livres. Dans Un si beau printemps, il nous dit combien il est
agréable de posséder un appartement à Paris, une ferme dans le Jura et
un chalet en Valais qu’il a retapé avec ses potes, combien il est
agréable de vivre aux côtés d’une femme qui l’aime et qu’il aime.
Bühler nous parle comme s’il était au coin d’un bon feu de cheminée. De
quoi parle-t-il? De la révolution, de la colère qui l’habite. Il a
lutté toute sa vie pour un monde meilleur, où chacun aurait accès aux
biens de première nécessité, aux soins hospitaliers, au savoir, à la
culture, au respect, à la considération. Le livre qu’il nous donne
aujourd’hui, il l’a écrit dans un moment de doute, de rancune et de
nostalgie. Au lieu de lire Nietzsche ou L’Homme du ressentiment,
il a relu les classiques du libéralisme (politique et économique), et
il s’offusque de voir les rangs des démunis, des misérables, des rebuts
de la société augmenter vertigineusement dans nos villes et nos
banlieues. Ce coup de gueule est tempéré par l’âge et la venue d’un si
beau printemps (temps de l’écriture). On s’oriente alors vers un hymne
à la vie. Car Bühler est un homme généreux. Il aime viscéralement la
vie, les copains, le partage, le vin blanc bien frais, le tartare et
les grillades, les discussions, la musique. Il aime la jovialité et la
couleur. Oui, la couleur. C’est pourquoi, écrivant ce livre aigre-doux,
il s’adresse à des sortes de neveux dont la mère suisse avait épousé un
Sénégalais. On entend alors la chanson de Diam’s: «Marine, pourquoi
t’es si pâle, viens faire un tour chez nous, c’est coloré, c’est
jovial». Ces neveux se nomment Baptiste (né en 1983), Younouss
(1985) et Alfaly. Ce sont des métis d’une sidérante beauté, d’un charme
inénarrable. C’est pour eux que le camarade Bühler a eu envie d’écrire
ce livre qui devrait les (nous) faire réfléchir.
ANTONIN MOERI, Blogres
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Le dernier livre de Michel Bühler
L’éditeur urbigène Bernard Campiche vient de sortir le dernier livre de Michel Bühler: Un si beau printemps, un texte qui fait en quelque sorte contrepoids avec le premier roman édité chez lui, La Parole volée, qui racontait les événements de 1985 à Sainte-Croix et avait connu un grand succès.
Dans ce dernier texte, l’artiste constate que les jeunes se montrent
relativement indifférents aux injustices de la société actuelle et
décide d’écrire pour leur expliquer l’évolution de la société et la
nécessité de la révolte.
Écoutons-le.
«Que nous est-il arrivé?
Je compare l’aujourd’hui avec ce que nous espérions – les gens de ma
génération, ou une partie d’entre eux. Si l’on nous avait dit, quand
nous avions votre âge: «Voilà ce que sera le monde, dans quarante ans»,
en décrivant ce début de millénaire tel qu’il est sous nos yeux, nous
aurions éclaté de rire, nous aurions crié au fou! Avec les promesses
que nous avions dans les mains, avec notre énergie, notre ardeur, nous
allions évidemment bâtir une Terre fraternelle, débarrassée de la
pauvreté et de la faim, une Terre d’hommes et de femmes égaux! Et nous
ne courions pas après une lointaine utopie, non: le meilleur était en
marche, il naissait sans heurts, sous nos pas. Il n’y avait qu’à
continuer dans la direction indiquée par les mouvements sociaux d’avant
et d’après-guerre, il n’y avait qu’à approfondir le sillon que d’autres
avaient ébauché avant nous !
Au lieu de cela, le spectacle de maintenant.
Une révolution a eu lieu. Pas celle que nous espérions.
Nous avons échoué, nous nous sommes fait baiser, profond.
Par qui? Comment?»
Michel Bühler entreprend alors de décrire les années soixante et
septante où tout semblait encore permis, encore possible, pour plonger
dans la société d’aujourd’hui marquée par la crise financière et son
cortège d’effets néfastes sur la majorité de la population. C’est que
les «golden boys», partisans d’un libéralisme absolu, sont passés par
là et ont imposé leur vision du monde, avec le consentement passif des
populations. Le résultat selon l’auteur? «On dirait que le système en
place n’a pour ambition que de briser les gens, et de les rendre
malheureux.»
Un constat que même la gauche n’a guère pu atténuer, et l’auteur n’est
pas tendre avec elle: «S’il a pu faire peur un moment, s’il tente
encore de rugir quelquefois, le socialisme n’est souvent plus qu’un vieux lion édenté dont les griffes sont tombées dans la poussière de la savane.»
En dépit de ce pessimisme, l’ouvrage, écrit dans un style clair et
limpide, très agréable, mérite la lecture, ne serait-ce que pour
prendre le recul nécessaire afin de juger de l’évolution récente de
notre société et de se situer par rapport à elle.
À noter aussi la qualité de la couverture, tirée d’une aquarelle de Pierre Bichet, qui représente L’Auberson en hiver.
JEAN-CLAUDE PIGUET, Journal de Sainte-Croix
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Pendant que Michel sort un disque, Bühler publie un livre. Entre idéalisme et lucidité, militance et poésie.
Vibrant plaidoyer pour changer la vie
«Une révolution a eu lieu. Pas celle que nous espérions.» Dans son dernier livre, Un si beau printemps,
Michel Bühler, l’un des chanteurs suisses les plus connus, raconte ses
espoirs, ses colères, ses souvenirs, sous la forme d’un message adressé
à ses neveux. Et à travers eux, aux jeunes en général: «Ils ont réussi
à vous convaincre que la politique n’est pas faite pour vous», écrit
Michel Bühler. À une manifestation contre les OGM, les organismes
génétiquement modifiés, «il y avait bien peu de jeunes gens de votre
âge, vous n’étiez pas là», note-t-il, interpellant ses neveux. Il
ajoute: «Il faut admettre que nos années de défilés, de pétitions,
n’ont pas réussi à nous mener vers un monde plus beau.» Pas gai, le
constat. Mais, au fil des pages, l’écrivain et chanteur engagé ne lâche
pas prise. Son récit demeure riche en anecdotes, en échos multiples de
sa vie, de ses rêves, de rencontres qui ont marqué son existence –
Gilles Vigneault, François Béranger, chanteurs respectivement québécois
et français, entre autres. Mais ce kaléidoscope de souvenirs ne se
sépare pas de l’activisme, de la militance politique, à partir de la
contre-culture des années 1960, en passant par les années 1970 et leur
fièvre utopique. Qu’on en juge en lisant ce que Bühler rapporte d’une
fête musicale qui a eu lieu au Québec le 13 août 1974; au-delà de
la chronique, c’est à une renaissance, à un songe d’une nuit d’été
devenu réel en direct que convie Michel Bühler. Et tout l’ouvrage est
ainsi parsemé de moments de vérité, drôles ou émouvants, lueurs de feux
d’artifice passés.
Cri d’alarme
Reste la fêlure dont parle l’artiste: «Nous avons échoué, nous nous
sommes fait b… profond. Par qui? Comment?» Et Bühler de rappeler ce que
les lecteurs du Courrier
connaissent bien. Reagan, l’emballement du néolibéralisme, la rivalité
de chacun et tous les uns contre les autres, la montée d’un sentiment
d’impuissance, bref, toute une flopée de symptômes d’un monde qui se
porte mal. Certaines informations d’Un si beau printemps ont
beau avoir été lues ailleurs, l’artiste sait les présenter de la façon
la plus crue, la plus à même de susciter l’effarement: démantèlements
en tout genre, foire d’empoigne, cela évoque une implosion, pas tout à
fait l’apocalypse, mais un ensauvagement béni par la secte néolibérale,
comme l’écrit Bühler. Un cri d’alarme qui s’insère bien dans le
prétexte d’une lettre aux neveux à l’origine même de ce livre. Il
s’agit pour leur oncle de les réveiller à l’aide d’une sonnerie
stridente. Quel sentier d’espoir demeure, alors? «Ils nous ont
décervelés», commente Bühler, mais «ce qui va rendre un changement
radical inévitable, ce sont les questions environnementales». Pour lui,
si on peut «confiner la famine dans les régions lointaines», nul ne
pourra éloigner des pays riches les effets du climat déréglé, «ce qui
nous forcera à changer de système». Accepter le capitalisme ou le
rejeter pour bâtir un autre monde, «la ligne de démarcation est là»,
estime Michel Bühler, qui conclut: «Ce bouquin est-il vraiment
nécessaire? N’êtes-vous pas déjà convaincus?»
Le Courrier
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Il est vraiment pourri le monde…
C’est un très beau livre agaçant que ce Un si beau printemps.
Car il ne lâche rien, Michel Bühler. Il râle, il vitupère. On l’imagine
la larme à l’œil. Puis le regard foudroyant les puissants qui
pourrissent le monde, son monde. L’histoire se répète. Méfaits de la
décolonisation, misère endémique en Haïti, cruauté au Chili, inhumanité
économique de Mme Thatcher, guerre absurde en Irak. Dans la tradition
pamphlétaire et lyrique de la rage rentrée, l’impavide chantre des
lendemains qui chanteront un jour, de l’humanisme sans frontière et de
la camaraderie s’aperçoit que tout est cuit. Le néolibéralisme, le
consumérisme et l’égoïsme ont gagné. La solidarité semble vaincue.
Encore que Michel Bühler n’en démord pas: même dans l’aigreur du
flagellant, il lui faut répéter, marteler la nécessité révolutionnaire.
C’est toute l’utopie qu’il déploie dans Un si beau printemps.
Le discours altermondialiste patine? La gauche est au centre? L’ordre
du monde ricane, drapé dans son manteau d’«économie de marché»?
Qu’importe. Michel Bühler prend la plume. Son style? De plus en plus
élégant dans son égotisme. Nostalgique, avec panache. Irradié par la
beauté du Jura – ses plus belles pages amoureuses. Moraliste en retard
de moults combats, Bühler conserve cette sensibilité au temps qui passe
en grinçant. Le temps! La belle affaire. Rien n’y change. Il y a de
l’immobilité et de la lourdeur dans l’air du temps. Michel Bühler écrit
contre la tromperie contemporaine convenue: tout s’accélérerait, irait
trop vite. Eh! bien non. Tout est figé, empêtré. Ce grand mensonge qui
soutient que «l’économie obéit à des lois aussi éternelles et immuables
que celles de la pesanteur, ou celles des mathématiques». Émouvant
récit du poète gesticulant devant la folie blindée des hommes.
JACQUES STERCHI, La Liberté
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Bühler rate sa cible. À moins que…
Et si Un si beau printemps touchait plus juste qu’un traité sur la manière de changer le monde?
Foi d’insatiable gueulard, le bouquin, un essai, devait s’appeler «De
la nécessité de (faire) la Révolution, expliquée à mes neveux». Non
transformé! Plus poétiquement titrée Un si beau printemps, la dernière livraison de Michel Bühler a manqué la cible.
L’auteur le reconnaît, d’ailleurs qui dit que sitôt promesse faite,
juré craché, il s’était bien vite senti dépassé par l’ampleur de la
tâche. «Élaborer un livre clair, irréfutable? Il faudrait pour cela
être historien, journaliste, philosophe… Trop technique, trop lourd
pour moi», écrit-il.
Faute avouée – et forcément à moitié pardonnée –, le voilà donc parti
sur le chemin de sa jeunesse, des années où, à Paris, du côté de la rue
des Canettes, lui, Vigneault, Béranger et quelques autres « ne
chantaient pas pour passer le temps », mais bel et bien pour
«réveiller le monde». Et tout aussi sûrement le faire meilleur, rendre
sa place, la première, à l’Humain. Quarante années et quelques rides
plus tard, Bühler confesse que « nous avons échoué ». Baisés
profond, ces rêveurs bien forcés, aujourd’hui, de reconnaître que le
capitalisme, rebaptisé « libéralisme économique » a remporté
la bataille. Victoire à la Pyrrhus certes, mais victoire quand même.
D’où cette nécessité, cette urgence d’une nouvelle Révolution, «sans
bain de sang», et – qui sait? – menée avec les armes de ce début de
millénaire, par les (jeunes) gens de ce temps. À ses neveux, Bühler n’a
d’autres conseils à donner que celui de «réfléchir, un peu, par
vous-mêmes, d’invente !».
Cela peut paraître bien peu. Et si c’était tout?
ROGER JAUNIN, Vigousse
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Un poète à l’écoute des cris du monde
Créer un monde plus solidaire: Michel Bühler y croit
encore. Après plus de quarante ans de carrière, le
chanteur de L’ Auberson (VD) continue d’exprimer ses
idéaux dans ses chansons et ses livres. Il a sorti un CD et
un récit.
Coopération. Michel Bühler, êtes-vous un homme heureux?
Michel Bühler.
Oui. J’ai eu beaucoup de chance dans la vie. Depuis plus de quarante
ans, je fais un métier que j’aime. Il y a tellement de gens qui vont
travailler à reculons tous les matins. Je considère que je suis un
privilégié, car j’ai rarement l’impression de travailler.
Vous
avez plus de quarante ans de carrière, écrit près de 200 chansons et un
âge où beaucoup aspirent à la retraite. Et vous, songez-vous à la
retraite?
Eh bien, je vais arriver à l’AVS début mai…
(Il accompagne ses propos d’un sourire farceur) Mais je continue
d’écrire des chansons. Je vais sortir en tout cas encore un CD, c’est
sûr. Cela dit, si je peux lever le pied, je le ferai. Je crois qu’il ne
faut pas chercher à s’accrocher à tout prix. D’autant plus que ce
métier est exigeant physiquement. Quand je verrai que je n’y arrive
plus, j’arrêterai. Mais ce n’est pas pour l’année prochaine. Aussi
longtemps que j’aurai du plaisir, je continuerai.
2009
a été une année prolifique: vous avez sorti un CD, «Voyageur», et un
livre, «Un si beau printemps», où vous appelez ni plus ni moins à la
révolution!
La question est de savoir si un artiste a
le droit ou pas de s’impliquer dans la vie quotidienne, la vraie vie.
Personnellement, je vis aujourd’hui et je veux dire comment je vois le
monde. Si l’on nous avait dit, quand nous avions vingt ou vingt-cinq
ans, comment serait le monde en 2010, nous aurions éclaté de rire.
Notre génération avait tout en main pour réaliser un monde meilleur. On
y croyait vraiment. Je n’ai pas le sentiment que le monde aille mieux
aujourd’hui qu’il y a quarante ans…
«Mes armes sont mes chansons et les bouquins que j’écris»
Que s’est-il passé?
Une
révolution a bel et bien eu lieu: celle de l’ultralibéralisme. C’est
l’époque du chacun pour soi. Le mot solidarité est devenu ringard, tout
le monde doit être en concurrence. Les tenants du libéralisme sont pour
le «moins d’État»; moi, je prône le «plus d’État». C’est l’État qui me
donne l’éducation, la santé, la sécurité, qui construit mes routes, pas
le privé!
Mais l’État subit aussi la crise.
Ça
fait des années qu’on nous parle de «crise». Une crise est quelque
chose d’aigu et de passager. Quand ça dure, ça devient une «maladie».
Ce système est malade et il faut le dire. Mais ne croyez pas que je
passe mes journées à bougonner et à faire la gueule. J’écris, je profite
de la vie, je vois des gens, je rigole…
Une révolution dans le monde d’aujourd’hui est-elle encore possible?
J’espère!
Mais il faut s’entendre sur les mots. Pour beaucoup de gens, révolution
est synonyme de massacres et de sang versé dans les rues. La révolution
dont je parle consiste en un changement de mentalité. Un changement
vers davantage de solidarité. Je suis d’un naturel optimiste et je
crois que nous pouvons encore agir et changer les choses.
Et comment agissez-vous?
Mes
armes, ce sont mes chansons et les bouquins que j’écris. Mais je crois
qu’il est important de s’impliquer aussi dans la vie politique. Je fais
partie, modestement, du Conseil communal de Sainte-Croix depuis environ
vingt ans.
La chanson engagée semble moribonde de nos jours.
Dans
la chanson francophone, il y a toujours des gens qui écrivent des
chansons signifiantes, comme Allain Leprest et Yves Jamait. Le problème,
c’est qu’on ne les entend jamais sur les ondes des principales radios.
Il faut dire aussi que les chansons engagées font réfléchir les gens, ce
qui peut être dangereux! Mieux vaut les laisser dormir. Et si les
petits crèvent, on nous dira que c’est les lois de l’économie!
La radio vous boude, vous?
Mes
chansons sont diffusées par Option Musique, que je tiens à remercier.
Sinon, d’une manière générale, les chanteurs engagés ont de moins en
moins de place. On nous bassine avec des chansons anglophones, sous
prétexte de diversité culturelle, d’ouverture, alors qu’on n’entend
jamais de chansons en arabe ou en chinois.
Revenons à votre livre: il résonne un peu comme l’expression d’une désillusion.
Par
rapport à ma vie privée, non. Si désillusion il y a, c’est par rapport
à notre rêve d’un monde meilleur. Je crois que nous ne sommes pas allés
jusqu’au bout de nos idées. Nous ne les avons pas réalisées.
La gauche ne porte-t-elle pas une part de responsabilité dans cet échec?
Certainement.
La gauche s’est laissé impressionner, embobiner par le discours
ultralibéral. Et puis, il y a des égoïstes aussi dans ses rangs.
Pour vous, que signifie «être de gauche» aujourd’hui?
Placer l’homme avant l’argent.
Dans votre livre, vous citez à plusieurs reprises votre père. On sent qu’il vous a profondément marqué…
Oui,
c’est le cas. Comme tous les adolescents, j’ai vécu une période de
rejet du père. Mais au fur et à mesure que je grandissais, je me
rapprochais de lui. Mon père était ébéniste. C’était un homme doux et
pacifique. Quand je lui ai annoncé que je voulais faire une carrière
dans la chanson, il a été ravi. Je crois que, quelque part, c’est aussi
la vie dont il avait rêvé. Ma mère était beaucoup plus réticente.
Est-ce votre père qui vous a transmis les valeurs que vous défendez?
Lui
et toute la famille. Nous étions très unis. Du côté de ma mère,
quasiment tous mes oncles et cousins étaient ouvriers dans les usines
de Sainte-Croix. Nous habitions dans une grande maison, au bas du
village et j’ai passé mon enfance à entendre mes oncles et mes cousins
«gueuler» contre les patrons et les contremaîtres. À Paris, dans
les années 1969-1970, j’ai appris qu’on appelait cela «la lutte des
classes». Comme Monsieur Jourdain faisait de la prose sans le savoir,
nous faisions, en famille, de la lutte des classes sans le savoir.
Quelques mots sur votre mère...
Elle
a survécu une vingtaine d’années à la mort de mon père. On est toujours
très pudique avec ses parents. Je ne leur ai jamais dit «je t’aime». À
la mort de mon père, je m’en suis voulu. Pour le dire à ma mère, j’ai
composé une chanson, La Vieille Dame. La dernière fois
que je l’ai chantée devant elle, au Théâtre de Vidy, ma mère était
assise au premier rang. Mais je n’ai pas pu aller jusqu’au bout,
j’avais les larmes aux yeux et des sanglots étranglaient ma voix. La
chanson passait de temps en temps à la radio. Ma mère en était très
fière, c’était «sa» chanson.
Anne, votre compagne, tient aussi une grande place dans votre vie. Que dit-elle de vos chansons?
Elle est très critique. C’est terrible! (Rires)
Encore quelques mots
«Ma famille m’a donné le goût de la chanson»
• Le bonheur...
«est chose légère» (Michel Bühler fait allusion à une chanson de Jean
Villard Gilles interprétée lors d’un spectacle créé avec Sarcloret et
Gaspard Glaus au piano, à l’Échandole d’Yverdon en 2007).
• La chanson. «C’est le «pppc», le plus petit produit culturel. On peut l’emporter partout dans sa tête, au-delà des frontières.»
• Jean Ferrat. «C’était comme un grand frère, quelqu’un dont on voudrait suivre le chemin. Pour moi, la plus belle chanson française est J’entends,j’entends, un poème d’Aragon chanté par Jean Ferrat.»
• La famille.
«Elle est très importante dans la vie d’un être humain. C’est là qu’il
se construit. C’est elle qui m’a donné le goût de la chanson. Chez
nous, on chantait beaucoup dans les réunions de famille.»
• Les amis. «Ils tiennent une grande place dans ma vie. J’essaie d’être fidèle.»
• Paris.
«C’est un peu ma ville. Elle l’est plus que Lausanne ou Genève. Avec
Anne, ma compagne, nous avons un petit deux-pièces dans le quartier de
Montparnasse, où je retrouve l’ambiance d’un village avec ses bistrots
et ses échoppes.»
• La Suisse. «À
l’étranger, je défends toujours mon pays. Son image repose souvent sur
des clichés – marchands de montres, banquiers et j’en passe. Je suis
heureux de me faire l’ambassadeur d’une autre Suisse. Le Conseil
fédéral devrait m’octroyer une rente pour services rendus à la patrie.»
(Rires)
JEAN PINESI, Coopération
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Un si beau printemps.
Une jolie couverture, avec une lithographie de Pierre Bichet, donne le
ton de ce livre où Michel Bühler écrit, pour les enfants de ses amis, à
la fois ses souvenirs et ses idées sur la société et la politique.
Il y raconte sa jeunesse à Paris où, entre bistros et balades, il
prévoyait, avec ses copains, de faire un monde où il n’y aurait plus de
pauvres ni de riches. Quarante ans ont passé et la société n’est pas ce
qu’ils avaient voulu. Avec un manichéisme percutant, il attaque l’école
de Chicago, le capitalisme et la consommation. «Nous sommes sur un
navire géant qui se dirigeait droit vers la banquise. Après une légère
avarie, les moteurs ayant été rafistolés, il a repris sa route. Et les
officiers, toute réflexion faite, n’ont aucunement l’intention de
modifier le cap.»
Entremêlées de réflexions désabusées, de belles descriptions des voyages en Afrique ou à Paris et de son Jura natal.
JULIETTE DAVID, Suisse Magazine
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