Quel plaisir de retrouver Marie
Machiavelli, sa finesse, son style d’un humour contenu et une histoire
qui, pour être inspirée de faits réels, n’en est pas moins pleine de
rebondissements jusqu’à une conclusion qui, petit à petit, s’impose
dans toute son horreur. C’est l’occasion, pour l’auteur, de nous
promener dans les bistrots de Bâle, de Lausanne ou de Soleure, chez les
forains et dans le milieu des marchands d’art ou du cyclisme.
Elle nous montre aussi comment, embourbés dans le qu’en-dira-t-on et la
bienséance, des gens «normaux» peuvent passer à côté d’un appel au
secours sans n’y rien comprendre. C’est bien vu, bien raconté et ça
mérite réflexion.
JULIETTE DAVID, Suisse Magazine
Anne
Cuneo utilise ainsi les codes du polar pour poursuivre, sur un mode
mineur très plaisant, son grand œuvre d’appropriation du réel. Partie
du récit autobiographique, virant dans le roman solidement ancré dans
notre époque, elle aboutit aux vastes fresques historiques autour des
personnages réels aux données incertaines (Shakespeare et ses
contemporains, le musicien Tregian). Entre deux projets au long
cours, elle commet les enquêtes de Marie Machiavelli, qui lui
permettent de revenir à la Suisse (et de jeter des passerelles entre
Romandie et Alémanie, et entre générations). Le Sourire de Lisa
lui offre ainsi l’occasion, en rouvrant un dossier judiciaire vieux de
vingt ans, d’explorer les mentalités et leurs changements en une
génération.
Question de départ: un garçon de neuf ans peut-il avoir abattu une
jeune fille et instantanément effacé ce drame de sa mémoire? Convaincue
que les choses se sont passées ainsi puisque police et justice l’ont
dit, la famille du garçon le condamne moralement. Devenu adulte, il
doit savoir, et Marie Machiavelli relève le défi. Elle refera cette
enquête impossible. Grâce à un second degré maîtrisé, tout se passe
sans didactisme, au fil d’une intrigue habilement nouée, et somme toute
suffisamment crédible pour qu’elle se dénoue sans qu’on ait tout compris
à mi-parcours. Comme de surcroît le livre est confectionné avec soin
sur un papier splendide, le plaisir est constant.
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