Humour ravageur
Né en 1961 en France, Alex Capus passe les premières années de sa vie à
Paris, dans l’appartement de son grand-père, collaborateur scientifique
de la PJ. À l’âge de 6 ans, il se retrouve à Olten, patrie de sa mère.
Après des études d’histoire, de philosophie et d’anthropologie, il
devient journaliste. Une douzaine d’œuvres plus tard, il rédige Le Roi d’Olten,
l’histoire d’un chat noir et blanc, nommé Toulouse, qui règne sur la
vielle ville et fait peur aux automobilistes. Toulouse est un élément
parmi d’autres, que Capus décrit avec un humour totalement délirant.
Impossible de déguster trois lignes de ce recueil de nouvelles sans
pleurer de rire. Pourtant, l’auteur ne se réclame pas grand comique
devant l’éternel, ce qu’il est, de fait. Sa manière de raconter Olten,
la ville du brouillard, les digressions autour de Toulouse, un voyage
avorté à Copenhague, l’altruisme linguistique d’un restaurateur, sont
autant de moments de parfaite bonne humeur. C’est qu’Alex Capus manie
la simplicité du langage avec une bonhommie qui tient à la fois de
l’ironie mordante et de la gentillesse si naïve qu’elle en devient
satire littéraire. On ne peut que regretter que le deuxième volume du Roi d’Olten ne soit pas traduit.
CAMILLE SERVAL, Notre temps
Vous pouvez faire la connaissance d’Alex Capus en lisant Le Roi d’Olten,
ça ouvre l’appétit, et permet d’approcher un auteur formidable et une
ville dont la plupart d’entre nous ne savent rien. Dans une série de
vignettes, Alex Capus dépeint avec humour et tendresse (et sans
complaisance) le cadre dans lequel il vit: les policiers bourrus et
tatillons, l’ivrogne unijambiste, les industriels qui délocalisent (le
problème est décrit par petites touches à travers les odeurs qui
flottent dans l’air d’Olten), les baigneurs de la piscine municipale, et
surtout Toulouse, un chat noir et blanc auquel aucune porte ne
résiste. Et dans ce cadre, Alex Capus se dépeint lui-même. L’ensemble
donne à la fois un portrait inédit d’Olten, et un excellent
autoportrait d’Alex Capus. On voit se profiler l’écrivain, le
journaliste, le responsable politique (Capus est président de la
section d’Olten du parti socialiste), qui essaie, pas toujours avec
bonheur, de tout faire à la fois: écrire, militer, s’occuper de ses
enfants (il en a cinq), se préoccuper de la vie sociale d’Olten,
éviter de mettre les pieds dans le plat. Je vous conseille un exercice
(que j’ai fait) : lisez Le Roi d’Olten puis allez faire un tour à Olten
en suivant les itinéraires suggérés par Capus. Vous irez sans doute
comme moi de découverte en découverte. Et vous direz, comme l’auteur,
qu’il y a des Olten partout et que, tout compte fait, même une grande
ville est faite de cinquante Olten mis bout à bout.
Vous constaterez peut-être en fin de compte, vous aussi, que la magie
opère. En réalité, il y a à Olten plusieurs rois: Toulouse, Alex Capus
et, le temps d’une visite, vous-même.
ANNE CUNEO, 24 Heures
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