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NICOLAS VERDAN

Le Patient du docteur Hirschfeld

Roman
2012. 310 pages. Prix: CHF 18.–
ISBN 978-2-88241-325-3
Prix du Public de la RTS 2012
Prix Schiller 2012
Lauréat du Roman des Romands 2012-2013


Dossier original


Biographie

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Manifestations, rencontres et signatures
Index des auteurs


Lutter contre l'homophobie, accepter les différences

À l’heure où le conseiller national Matthias Reynard (PS/VS) vient de déposer à Berne une initiative parlementaire qui veut ajouter à l’article 261bis du Code pénal la discrimination sur l’orientation sexuelle aux côtés de l’appartenance raciale, ethnique ou religieuse, le livre de Nicolas Verdan prend une actualité qui interpelle; il appelle à la vigilance pour lutter contre les discriminations et les exclusions, quelles qu’elles soient, et au respect de l’autre dans sa différence. Longtemps tue, la persécution des homosexuels par les nazis est contée dans ce livre qui tient du roman policier et du document historique et se déroule en un magistral contrepoint superposant trois périodes: l’avant-guerre (1932,33), la guerre, l’après-guerre (1958) et trois lieux: le Berlin  canaille des années 30, le jeune État d’Israël, moins Terre promise qu’il n’y paraît, l’Argentine, refuge d’anciens nazis. En jeu, la liste établie par le Dr Magnus Hirschfeld, lui-même juif et homosexuel, qui avait fondé un institut célèbre de sexologie et s’efforçait de convaincre ses patients de s’accepter tels qu’ils étaient. Cette liste était dangereusement compromettante, car elle contenait des noms de nazis qui avaient consulté le Dr Hirschfeld et voulaient s’en cacher, mais aussi parce qu’elle pouvait permettre au Mossad (services secrets israéliens) de retrouver des criminels de guerre. Plus que l’horreur de cette époque perpétrée avec un inconcevable cynisme, c’est le souci de rappeler l’humain dans tout homme, avec sa part de souffrance qui peut virer hélas à des abîmes de noirceur, qui fait l’importance de ce livre; il est une mise en garde non seulement contre l’oubli de ce qui s’est passé, mais surtout contre l’intolérance, le rejet, les a priori qui conduisent à classer les gens selon un besoin de normalisation discriminatoire.

MYRIAM TÉTAZ, Courrier de l’AVIVO

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Plaidoyer pour l’acceptation des différences, y compris sexuelles, roman historique et policier, le livre de Nicolas Verdan est d’abord un récit croisé de destins inscrits dans le temps comme dans l’Histoire. Son héros est un homosexuel qui ne demande qu’une chose: qu’on le laisse tranquille à propos de sa sexualité, que ce soit quand on lui montre de l’hostilité ou quand on veut qu’il lutte pour la reconnaissance des droits des homosexuels. Ce qu’il veut, c’est bénéficier du droit à l’indifférence.
Les autres personnages sont soit des officiers nazis, soit le directeur d’un institut de sexologie de Berlin, de surcroît juif, qui doit faire face aux exactions du pouvoir hitlérien nouvellement installé. Des agents du Mossad entrent aussi en scène quand le héros, Karl, qui fut au nombre des Juifs expulsés vers la Palestine par les nazis, accepte de les aider à retrouver en Argentine un ancien officier allemand tenu pour responsable de l’extermination de Juifs.
Le choix de l’auteur est de montrer des personnages à plusieurs facettes, et de ne pas céder à la facilité en montrant, par exemple, que la mission des agents du Mossad est conclue par erreur de cible.
Facile à lire, prenant par son côté de roman historique et d’aventure, Le Patient du docteur Hirschfeld se distingue par le choix du thème central: celui de l’homosexualité. Il illustre la thèse selon laquelle la cruauté vis-à-vis des autres est la manifestation de la peur que ceux-ci inspirent, et plus encore des effets de la peur sur soi-même.

Après-demain

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Coup de projecteur sur l’homophobie nazie

Un roman de Nicolas Verdan nous entraîne dans le milieu homosexuel sous Weimar et le IIIe Reich.

Nicolas Verdan s’est fait connaître par des romans qui lui ont inspiré des faits historiques. Celui-ci se fonde sur la vie et l’œuvre d’un personnage réel, le Dr Magnus Hirschfeld (1868-1935). Après avoir écrit des ouvrages célèbres défendant la cause des homosexuels, il fonda en 1919 à Berlin l’Institut de sexologie, qui acquit une réputation mondiale, avant d’être pillé et détruit par les nazis dès 1933. Hirschfeld, juif et lui-même militant homosexuel, mourut en exit à Nice. Dans le cadre de son Institut, il avait constitué une énorme documentation, comportant des noms et un répertoire de toutes les «déviances» sexuelles. C’est là qu’entre en jeu le roman, centré sur un personnage mi-réel mi-fictif, l’avocat pragois Karl Fein. À travers de nombreuses péripéties que nous ne dévoilerons pas au lecteur, il relate les tentatives de la Gestapo, puis du Mossad (les services secrets israéliens) pour s’emparer de cette documentation sulfureuse. La première afin d’exercer un possible chantage sur des opposants au nazisme ou supprimer les références à des dignitaires nazis «invertis», le second pour traquer un criminel de guerre nazi réfugié en Argentine. Par sa structure, basée sur un aller-retour entre Berlin 1932-33 et Tel-Aviv 1958, le livre, qui tient du roman policier ou d’espionnage palpitant, présente quelque analogie avec Qui a tué Arlozorrof? de Tobie Nathan, dont nous avons rendu compte dans ces colonnes. Le thème principal est la répression féroce de l’homosexualité par le régime hitlérien. L’auteur avance des arguments psychanalytiques pertinents, montrant comment, chez les nazis, le refoulement de leurs propres pulsions et la haine de soi ont pu entraîner la haine des autres. Il dépeint «cet Übermensch qui soignait sa peur de l’autre en projetant sur lui ses terreurs et ses hontes. Le Juif, l’homosexuel devaient disparaître en lui.» On est confronté au délire racial des médecins et eugénistes nazis. Nicolas Verdan excelle à rendre les atmosphères: celle du Berlin «décadent» de la fin de la République de Weimar, avec ses boîtes de nuit interlopes (décrites avec une pointe de complaisance) où règnent les travestis; celle du Tel-Aviv moderniste construit par des architectes allemands s’inspirant du Bauhaus; celle des couloirs discrets et feutrés des grandes banques zurichoises. Il nous entraîne aussi dans la Thessalonique de 1943, au moment de la déportation de son importante communauté juive, qui y était parfaitement intégrée depuis des siècles. Et dans l’Argentine péroniste, havre complaisant pour les nombreux criminels de guerre nazis qui échappèrent à la potence. Ce roman très maîtrisé, qui pose des problèmes graves, a assurément mérité le Prix du Public de la RTS et le Prix Schiller qui l’ont récompensé en 2012.


PIERRE JEANNERET,
Gauchebdo

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Le docteur Hirschfeld, personnage mystérieux ayant réellement existé, est un sexologue sulfureux, exerçant son art en Allemagne, dans les années trente. Il s'est spécialisé dans les déviances sexuelles masculines, homosexualité, travestisme, fétichisme. Lui-même homosexuel notoire, il vient en aide à ceux qui n'assument pas leur sexualité. Lorsque les nazis arrivent au pouvoir, il est contraint de fuir Berlin et d'abandonner son célèbre Institut des sciences sexuelles. Avant de partir, il confie la précieuse liste de ses patients à l'un d'entre eux, Karl, et lui demande de la mettre à l'abri dans un coffre bancaire.
Le roman de Nicolas Verdan fait de multiples aller-retour entre 1933, lorsque Karl est le patient du docteur, et 1958 lorsque le Mossad recherche activement cette liste pour retrouver certains nazis.
Petit à petit, on découvre les secrets inavoués de certains personnages, comme Blume, responsable du Bureau des Mariages, qui n'autorise les jeunes gens à se marier que s'ils correspondent aux critères eugéniques nazis.
Sans jamais croiser le docteur (on ne fait que lire ses dossiers, ou se remémorer une de ses remarques), on entre dans son univers avec facilité. La prouesse de Nicolas Verdan est de lâcher les informations au compte-goutte. Au fil des chapitres, on découvre que Karl est bien différent de ce que l'on s'imaginait, de même pour d'autres personnages importants qui, au final, se révèlent à l'opposé de ce qu'ils paraissent.
Ce roman n'est pas à proprement parler un énième roman sur les nazis et leurs horreurs, mais plutôt un témoignage sur les interrogations que se posent les hommes à propos de leur sexualité, et sur la notion de normalité, de différences, d'exclusions, en temps de guerre, puis en temps de paix, de reconstruction.
Très bien documenté, ce roman se lit facilement, avec intérêt et plaisir.

MARQUISE
, climaginaire


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Mais pourquoi veulent-ils tous mettre la main sur la liste des patients du Dr Hirschfeld? Peu avant de mettre à sac son prestigieux Institut des sciences sexuelles de Berlin, en 1933, les nazis fouillent le bureau de ce sexologue qui en sait trop sur des hauts
dignitaires du Reich. En vain! Les dossiers comportant notamment le nom de centaines d’homosexuels allemands ont disparu. Vingt-cinq ans plus tard, le Mossad s’intéresse à son tour à cette fameuse liste. Construit à partir de l’histoire réelle de la dramatique fin de carrière du célèbre sexologue, ce roman explore cette tendance propre à toute société humaine à légiférer nos préférences sexuelles, jusqu’à nous assigner une «juste place» sur l’échelle des genres.


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