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CHARLES-FRANÇOIS LANDRY

Jean-Daniel-Abraham Davel

Roman
2012. 140 pages. Prix: CHF 12.–
ISBN 978-2-88241-310-9

Cet ouvrage est disponible en édition numérique, au prix de CHF 8.00,
auprès de notre diffuseur suisse, l'OLF. ISBN 978-2-88241-367-3



Biographie

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Manifestations, rencontres et signatures
Index des auteurs


C.-F. Landry nous fait le superbe portrait d’un homme solitaire, nommé major au Pays de Vaud après des années au service de puissances étrangères.
Conscient des excès de la pesante autorité bernoise, et plus encore de la déchéance d’un peuple qui la supporte, il s’interroge, tiraillé entre ses convictions religieuses, son besoin de justice et la certitude qu’il a une mission à accomplir. Après un long cheminement en son for intérieur «là où les questions s’étaient posées et les résolutions prises», il se sent libéré et n’aura plus aucune hésitation à accomplir, avec constance et humilité, ce qui’il considère comme son devoir.
L’auteur fustige les traîtres et les lâches qui, plus enclins à protéger leurs avantages que le bien de leurs compatriotes, feindront de  l’entendre, lorsqu’il viendra à Lausanne, à  la tête de six cents hommes, pour lire le manifeste annonçant la fin de la domination bernoise, mais s’empresseront d’avertir Leurs Excellences de Berne et dès le lendemain, d’arrêter le major.
Emprisonné, torturé, il acceptera tout avec la rayonnante simplicité de l’homme investi d’une mission et s’en ira à l’échafaud où il prononcera un long discours avant de mourir.
C’est l’histoire d’un homme seul, qui vécut et mourut seul cette rébellion qui, vaine à l’époque, laissa tout de même de nombreuses traces. Un quatrain bien connu lui rend une justice qui, pour être ironique, n’en est pas moins réelle: «Passant, qui que tu sois / Voici l’illustre place / Où le brave Davel, d’une héroïque audace / Pour avoir chatouillé notre ours un peu trop fort / Par un coup de sa patte a terminé son sort.»

JULIETTE DAVID, Le Messager suisse

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Récit tout à la fois historique et lyrique, le livre sur Davel, le patriote sans patrie, de C.-F. Landry retrace la tentative d’un homme, naïf autant que lucide, de libérer sans violence les Vaudois de la domination bernoise. Parce qu’il y avait abus, procès, malversations, amendes, dîmes, parce qu’il voulait défendre les petits et les droits de chacun. On apprend qui était la «belle inconnue», cette vendangeuse de passage avec laquelle le jeune Jean-Daniel-Abraham vit une expérience mystique déterminante. Mais «on n’est jamais mieux trahi que par les siens»; les bourgeois vaudois, ses compatriotes, «enfants d’un pays vassal», qui ont nom Clavel, de Crousaz, Gaudard, Gerbex et autres de Muralt ou de Bettens, le conseil municipal lausannois à qui il explique son projet, le dénoncent à Leurs Excellences, et le font décapiter à Vidy. Davel s’adresse dans son dernier discours devant l’échafaud à «ces hommes en places qui voulaient garder leur place» et qui ne sortent pas grandis de cet épisode de l’histoire vaudoise!
Il y a l’histoire certes, et il y a les lieux. Le récit est écrit dans une langue qui touche parce qu’elle décrit si bien le pays, la ville de Lausanne, sa cathédrale qui, n’ayant qu’une tour, «boîte dans le ciel», la vigne, les odeurs du lac, les senteurs de la terre, ainsi que les gens, humbles ou notables, paysans, vignerons ou pêcheurs, saisis avec tant de vérité et de compréhension. Tout se dit dans des détails qui pourraient être anodins, mais sont révélateurs d’une terre, d’un peuple. Hier comme aujourd’hui!

MIRIAM TÉTAZ, Avivo

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«Patriote sans patrie». Terme violent. Toutes les lettres du temps désavouent Davel, avec une rare unanimité. On croyait avoir cité les plus terribles. Il en est encore, écrite par les Quatre Paroisses de La Vaux. Ici, la dernière excuse tombe: Davel a travaillé là, fait le bien là, aidé chrétiennement les humbles là, servi là cette petite société. On lui a demandé plusieurs fois d’être parrain. On a eu recours à sa bourse. On a fait appel à sa bienveillance. On écrit maintenant:
«Les châtelains et banderets commis des Quatre Paroisses de La Vaux, vos très humbles et obéissants sujets prennent la liberté de témoigner à Vos Excellences l’amère douleur et mortifiant chagrin que leur a causé et que leur cause encore le séditieux et extravagant projet du major Davel qui a donné lieu et occasion à Vos Excellences de douter de la fidélité de leurs plus zélés sujets.» Pénétrés comme ils sont d’une vive douleur, qu’il soit sorti du milieu d’eux un indigne et malheureux sujet qui par une ingratitude la plus noire et une perfidie la plus exécrable ait osé former un si odieux attentat contre l’heureux et doux gouvernement de Vos Excellences sous lequel lesdits humbles exposants ont le bonheur de vivre, ils supplient très humblement Vos Excellences de regarder la marche de leurs compagnies comme une marque de leur prompte obéissance et leurs ordres secrets que ce malheureux… leur donnait assuré d’avoir en mains. »
On a voulu dire, encore, que le discours du pasteur de Saussure avait été courageux. C’est un morceau de rhétorique habile, où il est clairement expliqué au peuple que la rébellion est un crime, que ce criminel Davel a de grandes excuses parce qu’il avait de bonnes intentions, mais enfin, le thème est là: «Il y a telle voie qui paraît droite à l’homme et dont les issues conduisent à la mort.» Autant nous dire, en peu de mots, que ce criminel est un illuminé que l’on excuse par sa folie même, et qu’un pasteur, payé par Berne, était un fonctionnaire comme un autre, produisant de l’éloquence, et peu sensible aux vérités spirituelles.
Davel, seul. – On regarde, on cherche, on en revient toujours là. Davel était seul. Il était venu seul, à cette évolution spirituelle qui l’engagea dans cette entreprise bien vaine, il a vécu seul, il est mort seul. Un signe, peut-être: cette tête qui disparaît, la nuit même, et que remplace le quatrain bien connu:

Passant, qui que tu sois! voici l’illustre place
Où le brave Davel, d’une héroïque audace
Pour avoir chatouillé notre ours un peu trop fort
Par un coup de sa patte a terminé son sort.

Mais c’est encore un trait de ce peuple, de donner à une juste protestation la forme d’une raillerie, et d’oser de nuit, ce geste, voler une tête qu’on n’a pas su maintenir sur les épaules.
Enfin, en terminant, je dirai pour justifier certains oublis de mon texte, qu’ils sont volontaires. Par exemple, je ne pouvais parler des étudiants qui demandèrent l’honneur de garder le Traître. Cela dispersait l’attention. J’ai fait rencontrer de Crousaz à la descente de l’Escalier du Marché. Davel l’avait rencontré plus haut. Le mouvement d’intérêt poétique me forçait à faire jaser le merle avant le délateur.

CHARLES-FRANÇOIS LANDRY


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Extraits (Acrobat, 221 Ko)
Discours de Davel (Acrobat, 106 Ko)

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