NADINE RICHON

LAISSE TOMBER LES ANGES

Récit
2017. 168 pages. Prix: CHF 28.–
ISBN 978-2-88241-418-2


Biographie

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Héritage et ruptures

Certains personnages de Laisse tomber les anges, le dernier roman en date de l’écrivaine et journaliste romande Nadine Richon, sont imaginaires, d’autres réels. L’entrée en scène de l’inattendue Diane Thierry, née en 1915 et morte en 1938, créature née de l’imagination d’un auteur tout à fait réel, le scénariste français Jean-François Hauduroy, donne le ton de ce récit où s’entrelacent imagination et histoire réelle.
Il en résulte un ouvrage où domine la question de la transmission parents-enfants. Laisse tomber les anges s’articule ainsi autour du thème de la fidélité à l’héritage familial et de son contraire, la rupture, en rapport avec la quête de soi.
La narratrice décide d’inclure la mystérieuse femme de papier, Diane, dans son propre récit. L’écriture et la création n’empêchent pas l’apparition d’une ligne de faille dans la famille de la narratrice. La fille de celle-ci, Sedna, qui porte le nom d’une planète méconnue, vit une relation conflictuelle avec sa mère et se convertit ensuite à l’islam. Une péripétie domestique qui vient à point nommé pour raviver la réflexion parfois douloureuse sur la différence et l’imprévisible divergence des parcours.
Nadine Richon, cofondatrice du Réseau laïc romand, dédie notamment des passages au philosophe Didier Eribon, lequel s’est fait remarquer en publiant Retour à Reims. Dans ce dernier opus, Eribon décrit le milieu ouvrier de son enfance et s’interroge sur ceux qui n’ont pas suivi le même parcours que leurs parents; sa démarche inspirera d’ailleurs plus tard Édouard Louis, l’auteur d’ En finir avec Eddy Bellegueule.
En fin de compte, Nadine Richon laisse entendre que ni les psys ni les experts ne parviendront à «épuiser la totalité du mystère humain»: «L’enfant le mieux éduqué peut échapper à sa trajectoire rassurante, à l’amour des siens et aux soins prodigués», commente-t-elle. Sous l’apparence d’un jeu littéraire, Nadine Richon conduit le lecteur à s’interroger sur son degré de liberté dans le monde d’aujourd’hui.

MARC-OLIVIER PARLATANO,
Le Courrier, 10 août 2017

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Laisse tomber les anges, de Nadine Richon

Diane n’a pas eu de chance: cette jeune fille qui s’était suicidée en 1938 s’était déniché un écrivain pour la prendre comme personnage – or il est mort, la laissant en plan… Le manuscrit échoit à Sabine (avatar de l’auteure), qui a déjà un autre projet en chantier: qui, du fantôme à la langue bien pendue ou de la Lausannoise interpelée par d’autres sujets, aura le dernier mot? Pour son second roman, Nadine Richon tresse habilement trois univers qui mettent la place des femmes en perspective.

PAYOT LIBRAIRE,
Marie-Claire Suisse, août 2017

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Laisse tomber les anges, de Nadine Richon

Étrange récit où l’irréel creuse son sillon à côté de celui d’une temporalité immédiate. Grand écart entre deux mondes parallèles. «Je ne suis pas morte. Moi, Diane Thierry, n’ai pas claqué le 8 septembre 1938, suicidée à l’alcool et aux barbituriques. J’ai dormi dans le tissu défraîchi d’un manuscrit jamais publié.» Les pages ont été léguées à Sabine. Pour l’heure cette dernière en a à découdre avec sa fille Sedna.
Ainsi, le récit oscille entre deux personnages: Diane, née de l’imagination d’un homme et la vie éclatée de Sabine, écrivaine en mal d’inspiration, «vampiirisée par les silences, la violence de sa fille.» Sedna a répondu à l’olifant de l’islam. La dérive salafiste serait-elle à la porte de l’appartement cossu? Sabine n’aura de cesse de ramener l’adolescente à la maison.
Diane évoque sa courte vie, «comédienne désirée rejetée sans préavis dans les bras de la tuberculose.» Dans son sanatorium de Leysin, elle s’amourache de Michel et d’André, deux naufragés de la phtisie. Eux en réchapperont.
L’auteur se penche sur la transmission parents-enfants, sur l’héritage culturel, celui pesant de la classe sociale à laquelle on appartient et pose la question: «Dans quelle mesure sommes-nous prisonniers du nid de la prime jeunesse qui nous aide à grandir moins au risque de nous former que de nous formater sans évasion possible?» Elle dénonce avec virulence les dérives sectaires des fondamentalistes et leur credo mortifère.
L’on croise dans ce récit des personnages savoureux, tel Maurice, poète et voyou au parler truculent. Le lecteur s’amuse follement à lire le cambriolage raté chez la baronne de Brial.
L’histoire trouve son épilogue à Venise avec un dernier tour de passe-passe de l’auteur. Des pages où éclatent les fulgurances lumineuses d’une écriture riche, ample par ses sonorités, son phrasé. Nadine Richon jongle habilement avec l’humour.
Laisse tomber les anges, deuxième roman de l’auteur lausannois, est paru chez Bernard Campiche Éditeur.

ÉLIANE JUNOD,
L'Omnibus, No 575, 21 juillet 2017

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Plutôt que d'être classé dans le genre roman, Laisse tomber les anges l'est dans celui des récits. Est-ce parce que la part des digressions est belle et celle de l'intrigue mince? D'aucuns ne se seraient pourtant pas sentis gênés de lui trouver un air romanesque...
Dans ce récit de Nadine Richon, s’il y a débats et argumentations sur le milieu d’origine, sur la religion, particulièrement l’islam, sur les rapports parents-enfants etc., il y a aussi imagination et fantastique, deux époques éloignées se télescopant allègrement.
Jean-François Hauduroy a écrit un roman non publié dans les années 80-90. Son héroïne s’appelle Diane Thierry. Elle est née en 1915 et est morte, en principe, en 1938. En principe, car, justement, c’est une héroïne de roman et qu’elle peut vivre deux fois
«J’ai pour l’éternité une vingtaine d’années et je rêve d’un écrivain privé de matière, contraint d’épouser ma route et de réinventer mon histoire.»
Cet écrivain, ce sera Sabine. La quarantaine. Mère d’une adolescente, Sedna, prénommée «comme la dixième planète». Intéressée par deux écrivains qui ont rompu avec leur milieu, Didier Eribon et Laurence Tardieu, ce qui l’a fait délaisser Diane, en apparence…
Dans le cas de Diane, en effet, c’est le père, diplomate canadien, puis la mère, qui l’ont laissée seule à Paris, si bien qu’elle ne les a pas informés de sa maladie quand elle est survenue et qu’elle s’est expatriée en Suisse sous la pression du médecin de famille.
Dans le roman impublié, Diane Thierry, partagée entre deux hommes, Michel et André, comme elle atteints de phtisie, est la seule du trio à ne pas survivre. Maintenant, la «nympho» du sana vit une autre vie, reliée singulièrement à Sabine, par entente tacite.
Cette distance rapprochée avec l’époque actuelle permet à Diane, dans le sillage de Sabine, après avoir été de son temps «une rebelle déphasée» d’«être imprégnée de féminisme», ayant toutefois de la peine à suivre les débats récents qui occupent le mouvement...
Diane, Sabine, Edna s’expriment tour à tour. Elles ne voient pas les choses de la vie de la même manière. Il semble cependant que ce soit la voix de Diane, venue d’une autre époque, qui ait les accents les plus convaincants et qui soit la plus proche de l’auteur:
«Si Dieu s’est écarté de lui-même pour engendrer le monde en imaginant ces êtres minuscules voués à le connaître, pourquoi, dès lors, ces créatures vivantes jetées sur Terre entre Vénus et Mars ne s’éloigneraient-elles pas un peu de Lui afin de concevoir, en ces parages encore accueillants où elles ont proliféré avec douceur et férocité, une société plus juste et équilibrée?»

Blog
de FRANCIS RICHARD, 30 mai 2017

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Un extrait du livre

Je consulte avec elle deux ou trois autres spécialistes de l’âme tourmentée, mais aucun ne me paraît vouloir empoigner la situation. Je ne parviens pas à leur faire comprendre le problème. L’excès de religion n’entre visiblement pas dans la panoplie des symptômes d’allure neurolo-gique, et si Sedna ne travaille plus, s’enferme et s’assombrit à vue d’œil, elle parvient encore à s’exprimer brillamment, à se tenir tranquille, à maîtriser ses nerfs en public. Dans l’intimité, elle crie, je crie, nous crions et nous souffrons. Elle mentionne des maux de tête répétés, mais rien ne paraît alerter les spécialistes consultés. L’un d’eux me gribouille une ordonnance afin que je puisse m’assoupir paisiblement ; je dois leur apparaître comme une mère possessive ou Dieu sait quoi… Dieu, je dis ça exprès, il faut bien rire un peu. Et puis dormez les parents, prenez votre petite pastille du dodo.


Sur un mode ludique, entrelaçant des personnages réels et imaginaires, ce récit explore la question de la transmission parents-enfants, de la fidélité à un héritage et de la quête de soi dans la douleur et l’espoir d’un nouvel horizon.

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Extraits (Acrobat 167 Ko)