Théâtre en camPoche 15


EMANUELLE DELLE PIANE

Pièces

Les Enfants de la pleine lune ; Amours chagrines ou L’École de la vélocité ; La Monstre ;
Adagio ; À-Dieu-vat.

Théâtre
2010. 470 pages. Prix: CHF 20.–
ISBN 978-2-88241-281-2

Traductions italiennes de «À-Dieu-vat» et de «Adagio»
disponibles en numérique chez Aracne editrice, à Rome, 2014
Traduction arménienne à paraître à Yerevan aux Éditions Ankyunacar.

Publié en partenariat avec la SSA (Société Suisse des Auteurs)
Biographie

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Avec :
Les Enfants de la pleine Lune ...parce qu’elle a reçu le prix du public en juillet dernier lors des lectures à Paris aux Vieux Colombier, qu’il est prévu que la pièce soit créée par la Comédie Française l’an prochain et que ce texte a également reçu l’aide à la création du CNT (Centre National du Théâtre) et qu’il sera donc créé en tout cas 2 fois dans les 2-3 ans à venir.
Amours Chagrines ou lÉcole de la Vélocité ...parce que Le Théâtre de l’Ecrou a l’intention de monter ce texte l’an prochain avec Patrick Haggiag à la mise en scène.
La Monstre ...parce que l’édition de l’Âge d’Homme est épuisée et que ce texte se monte régulièrement depuis plusieurs années.
Adagio ...parce que plusieurs compagnies s’y intéressent et qu’une création est prévue l’an prochain par le Théâtre de l’Oranger.
À-Dieu-vat ...déjà publié par La Loterie Romande, à Lausanne


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Dialogues de couple et autres monstruosités

Aiguisée, ironique, poétique, la plume d’Emanuelle delle Piane sonde les grands et les petits drames de l’existence. Des Pièces publiées chez Campiche.

Le cœur s’embrase, puis un jour vient l’ennui. Ruptures, tromperies. Entre «Elle» et «Lui», les sentiments se font et se défont. Se défont et se refont. «Les chagrins d’amour, on croit qu’on va en mourir, et puis non, on s’en remet!», assure Emanuelle delle Piane, auteure d’Amours chagrines ou L’École de la vélocité. Variations sur un même thème, ces quarante petits drames – elle les nomme dramuscules – nourrissent en bonne part le recueil de ses Pièces fraîchement publié dans la collection Théâtre en camPoche.
Drôles, décapants, cruels, ces échanges ping-pong entre couples trouvent leur inspiration dans les études pour piano de Carl Czerny. Une suite d’études rapides qui fait écho à la fluidité de nos sentiments versatiles; un exercice ô combien formateur aussi, mais en amour comme en musique rares sont les virtuoses… Emanuelle delle Piane le confirme, elle aime écrire en écoutant de la musique classique. Elle a trempé, par ailleurs, sa plume dans l’encre sombre de l’Adagio – «Celui d’Albinoni est le hit des enterrements», s’amuse-t-elle – pour convoquer la mort dans son théâtre. Pour ces variations-là, elle use d’un néologisme, «dramolette», soit un drame mis à distance qui en dit long sur ses intentions. «La mort nous préoccupe tous, alors j’ai tenté de la démystifier, j’ai eu envie d’en sourire», commente-t-elle au bout du fil. Toujours, elle a su teinter sa vision du monde de dérision, d’humour noir, comme pour se prémunir des abîmes du pessimisme.
Avec Les Enfants de la pleine lune, l’écriture se confronte à la monstruosité «ordinaire». «L’ombre de l’inceste rôde avec insistance», mentionne la fiche de lecture de la Comédie-Française qui, l’an dernier, a mis en espace cette pièce lauréate du Prix des Spectateurs engagés. L’inceste pèse de tout son poids sur les personnages, sans qu’il soit besoin de le nommer, de se vautrer dans le détail sordide. «Je suis révoltée par la façon dont on relate l’horreur dans les médias.» Au réalisme cru, l’auteure préfère la transposition poétique. Un fait divers a servi d’amorce à l’écriture, mais celle-ci s’affranchit de toute localisation, de toute époque précises: recroquevillé dans la vie des reclus, l’indicible se mêle aux couleurs d’une éducation maternelle.
La Monstre et À-Dieu-vat complètent ce recueil de cinq pièces. Pour la plupart, le lecteur possède une petite longueur d’avance sur le spectateur: Amours chagrines, par exemple, sera créé sur scène l’an prochain comme, probablement, Les Enfants de la pleine lune, à Paris. Et, peut-être en Italie, comme le souhaite Emanuelle delle Piane qui, lors d’une résidence à La Chartreuse de Villeneuve-lez-Avignon, a travaillé à la traduction de ses Enfants en italien.

DOMINIQUE BOSSHARD, L'Express et L'Impartial


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Théâtre en camPoche d’une gaieté noire

Mort, inceste, maltraitance: Emanuelle delle Piane a la main lourde. Par bonheur, elle a aussi la plume légère. Une plume qui taille au plus près, la chair du drame comme la boursouflure des comédies humaines. Et c’est entre gaieté noire et émotion qu’oscillent les cinq pièces réunies dans ce dernier volume de la collection Théâtre en camPoche.

Le dernier-né de Bernard Campiche propose trois pièces graves et deux dramuscules, où Emanuelle delle Piane, auteure et scénariste d’origine suisse et italienne, lâche la bride à sa férocité: qu’elle y considère la mort ou l’amour, elle éreinte nos trivialités avec volupté. Dans les dramolettes d’Adagio, ses personnages tentent de composer avec la mort ou celle de leurs proches. Cercueil, exposition du corps, jour du décès, enterrement lui-même, Emanuelle delle Piane s’empare sans vergogne de tous ces objets tabous et y dresse le théâtre grinçant des stratégies, jusqu’aux plus drôles et indignes, destinées à fausser compagnie à la mort avec panache. Mais celle-ci n’aura pas le dernier mot, du moins pas tant qu’une jeune femme jettera ses crayons dans la tombe des artistes pour qu’ils puissent écrire et rêver.
La brièveté de formes qu’affectionne Emanuelle delle Piane sert aussi le ton acidulé des quarante dramuscules d’Amours chagrines, qui croquent en une scène, ou un peu plus, la superbe inconstance de nos amours – ironiquement expliquée par l’exposé pseudo-scientifique des différences entre cerveaux et cœurs masculins et féminins. L’auteure déculotte ses personnages à coup de répliques brèves et «parlées», de dialogues incisifs et rythmés, jamais acerbes, et d’une écriture économe mais grosse de qualités poétiques. Miroirs syntaxiques, dialogues entrecroisés, personnages répliqués, la structure dramatique sait refléter la violence tout en la mettant à distance. Et même lorsque le ton se fait plus lourd, l’absence de pathos perdure.
En réalité, chez Emanuelle delle Piane, ce sont les parents qui pèsent lourd sur l’existence de leurs enfants. Ils mentent, torturent, violent, abusent. La Monstre raconte la détermination de deux sœurs à régler leurs comptes avec leur mère: il s’agit de se faire entendre pour sortir de cette ornière qu’elle a creusée très tôt. La mise en scène de la parole – les jeunes femmes répètent la scène de la confrontation – souligne habilement et l’indicible et la violence subie. Dans le remarquable récit des Enfants de la pleine lune, la rébellion vitale ne suffira pas.
Le recueil se clôt enfin sur une pièce passionnante. D’une écriture toujours économe mais plus fournie, avec une grande intelligence des mouvements dramatiques, Emanuelle delle Piane nous entraîne avec À-Dieu-vat au cœur du destin exceptionnel de la compagne de Pie XII. Au cours des trente-neuf ans passés au Vatican aux côtés du pape, Joséphine Lehnert voit se dissoudre les illusions liées au pouvoir. Expulsée en même temps que le pape cède sa tiare, elle mettra toute son énergie à réparer ses fautes et tendra désormais vers un seul but: fonder un foyer pour ces femmes que l’Église «utilise, use, puis rejette». Avec «À-Dieu-vat», Emanuelle delle Piane dévoile un autre pan de son talent: la capacité à puiser dans un destin individuel l’envergure d’une réflexion collective.

DOMINIQUE HARTMANN
, Papier (bulletin de la SSA)


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Théâtre coup de poing

La collection Théâtre des Éditions Campiche s’enrichit d’un nouvel ouvrage consacré à l’auteure romande Emanuelle delle Piane. Premier texte coup de poing, Les Enfants de la pleine lune, qui revisite à la fois crûment et avec la distance du théâtre les faits divers sur les enfants séquestrés et violés, a été lu à la Comédie-Française et sera encore créé cette année. La plume est concise, très ramassée. Autre texte qui sera créé à l’automne à Nuithonie, Amours chagrines ou L’École de la vélocité met en scène quarante «dramuscules» ou petites saynètes comme autant de variations sur le couple, avec un regard doux-amer. Parmi les cinq pièces réunies, citons encore La Monstre, dialogue dramatique et dur de deux jumelles prisonnières d’une mère qui a avorté neuf fois avant elles. Des répliques courtes, un style haché, poignant. Un registre qui situe l’auteure loin de la comédie pour enfants Les Sœurs Bonbon, avec laquelle elle a connu un joli succès scénique en 2008 et 2009.

ÉLISABETH HAAS, La Liberté


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Extraits (Acrobat, 264 Ko)
Préface de Jacqueline Corpataux (Acrobat, 148 Ko)


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