…Alors
que tout le destinait à la carrière diplomatique, le jeune Ismaël
Ouardiri s’engage dans une confrérie d’Alexandrie, « Les Aigles
d’Osiris », dont les règles, extrêmement rigoureuses, sont basées sur
l’oubli de soi-même, afin de parvenir à ce dépassement suprême qui
accède à l’anéantissement de l’ego. Dès le «Grand Serment» prêté,
ce pacte ne peut être annulé sous peine de représailles allant jusqu’à
l’acceptation de sa propre mort. Mais une rencontre imprévue fera
soudain éclater l’ordre établi de la vie d’Ismaël, et le Destin
s’accomplira tel que de tout temps il était inscrit sur les pierres
tutélaires de la ville.
Une fois de plus amour et mort seront liés, non comme une fin, mais
telle une sublimation sur laquelle plus rien n’aura d’emprise. «Pour
que l’amour demeure sans dégoût, il faut que la mort l’achève au plus
fort de sa flamme.»
ASA LANOVA
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«Revenant
au roman après ses écrits autobiographiques, l’auteure lausannoise
reste attachée au décor fascinant d’Alexandrie, où la protagoniste,
Anne, noue une relation amicale avec le jeune étudiant Ismaël, lequel
lui raconte l’amour fou qui l’a lié à une juive fantasque,
mystérieusement assassinée. Le jeune homme disparaîtra à son tour dans
de tragiques circonstances, dont le récit-puzzle nous révèle peu à peu
les détail très romanesques.»
KARINE FANKHAUSER, «Mon choix», 24 Heures
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Le coup de cœur de Payot
Anne étudie l’arabe à Alexandrie et fréquente le café Athinéos où elle
va rencontrer Ismaël, jeune homme issu d’une famille aisée. Très vite,
une confiance mutuelle va s’établir. Ismaël va lui raconter l’amour fou
qu’il a eu pour Laylah et qui va bouleverser sa vie. Laylah était plus
âgée que lui, d’une forte personnalité, et mourut étrangement en Inde.
Bien plus tard, Anne et Ismaël se retrouvent en France où ce dernier
est professeur et vit avec une artiste, Violanta, pour laquelle il a
rompu avec sa femme légitime. De retour à Alexandre, il reçoit un coup
de téléphone surgissant du passé. Une voix lui donne rendez-vous au
café Athinéos bien connu. Ancien adepte de la confrérie «les Aigles
d’Osiris», il a voulu s’en défaire mais reste à tout jamais lié à ce
groupe. Il se sait condamné par la trahison de son serment. Anne ne le
reverra plus. Elle décide alors de partir à Alexandrie sur ses pas pour
tenter de comprendre le destin complexe de cet homme. Servi par une
écriture poétique et romanesque, ce roman, tel un puzzle, est avant
tout une ode à Alexandrie, si envoûtante et mystérieuse.
KARINE FANKHAUSER, «Le choix des libraires», L’Hebdo
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Un roman d’amour, d’absolu et de mort, avec pour toile de fond l’ensorcelante Alexandrie.
C’est
dans cette ville mythique qu’Anne, une jeune européenne, apprend
l’arabe à l’université. Très vite elle se lie d’amitié avec Ismaël, un
être solaire, séduisant, étrange, qui se confie à elle: il vit une
passion dévorante avec Laylah, une femme bien plus âgée que lui.
Lorsque brusquement Laylah le quitte, le jeune homme, effondré,
s’engage dans une secte.
Anne qui a regagné l’Europe entend l’appel d’Ismaël et revient à Alexandrie. Est-il encore vivant?
Qui sont vraiment les femmes de sa vie: Negma, Violanta, Rhoda, toutes
tombées sous le charme du jeune égyptien? Réussiront-elles à le sauver
du pacte impitoyable dans lequel il s’est engagé?
Ismaël ressemble à Alexandrie, cette ville sensuelle, envoûtante, qui transforme le visiteur qui s’en approche.
Asa Lanova danse désormais avec les mots. Elle aussi séduit le lecteur qui, après avoir lu La Nuit du Destin, ne sera plus jamais tout à fait le même.
FRANÇOISE BERCLAZ, «Le choix du libraire», Le Temps
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Fabuleuse histoire
La Nuit du Destin
est ce beau roman d’Asa Lanova qui va dans la phrase envoûtante
d’Alexandrie et de la passion. Vous y voilà donc, mais oui, puisque
vous venez de pousser la porte de La Nuit du Destin et que
vous êtes désormais dans ses pages qui bruissent d’Alexandrie… Là où la
phrase vous emmène dans la mémoire envoûtante de la ville, Alexandrie
que traverse ce roman – et maintenant vous êtes ici, dans le Café
Athinéos où revient cette femme, Anne, pour comprendre l’amour et le
mystérieux destin de cet homme que vous voyez passer «entre ces
colonnes de marbre blanc où semble s’être égaré un passé de légende»,
cet homme Ismaël, «grand, élégant dans son costume de drap sombre sur
lequel tranchait une longue écharpe blanche qui m’intriguait»… Ismaël
(c’est-à-dire «Dieu entend»), vers qui le livre remonte, et qui le dit
dans sa quête et par les voix des femmes qui ont traversé son destin et
qui le disent dans le kaléidoscope de la passion.
JEAN-DOMINIQUE HUMBERT, Coopération
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Amour funeste
Surprenant, inattendu, ficelé avec grâce et magie, ce roman se doit
d’être mis sous les projecteurs. C’est à Alexandrie, cité mystérieuse
et envoûtante, que le cadre de cette intrigue palpitante est planté.
Sur les traces de son ami disparu, Anne tente de restituer les pièces
d’un puzzle qui mêle société secrète et réflexions profondes sur
l’amour et la passion. Dans cette course qui maintient le lecteur sous
le sortilège d’un autre temps, c’est une ode à l’amour des plus
bouleversantes qui s’exprime.
ZOHRA KARMASS, Édelweiss
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La Nuit du Destin
Successivement danseuse étoile aux côtés de Maurice Béjart et
tisserande de renom, Asa Lanova, née à Lausanne, lauréate du Prix
Schiller en 2005, nous propose un roman d’amour et de mort avec pour
décor l’ensorcelante Alexandrie, ville où elle vécut durant cinq ans.
Anne est une jeune arabisante en Alexandrie lorsqu’elle rencontre
Ismaël, un jeune homme avec qui elle noue de très forts liens d’amitié
et qui lui confie un terrible secret: une éprouvante rupture amoureuse
avec Laylah, une femme plus âgée que lui, l’a fait s’engager dans une
secte, les Aigles d’Osiris, dont la doctrine est fondée sur l’oubli de
soi-même et sur le mépris de sa propre mort. Quelques années plus tard,
Anne va tenter de le sauver du pacte impitoyable dans lequel il s’est
engagé. Mais qui est Ismaël?
Dans les dédales d’une Alexandrie «aux briques rouvieuses» où la sueur
colle à la peau comme le Grand Serment colle au destin d’Ismaël, Rhoda,
Negma et Violanta, toutes tombées sous le charme du jeune Égyptien,
vont chacune révéler à Anne les mystères entourant sa vie.
À la lecture de ce livre, on ne peut qu’être sensible au parallélisme
qui peu à peu s’établit entre les sentences inter-chapitres,
vraisemblablement tirées du «Fou de Laylâ», dont on suit les longs
tourments d’un amour qui mènera le héros à la folie et ceux d’Anne vers
la découverte de la vérité dont elle pense qu’elle surgira en cette
fameuse Nuit du Destin, la vingt-septième nuit du Ramadan qui, selon le
Coran, vaut mille nuits.
Un roman à l’écriture sensuelle, épicée, généreuse, capiteuse comme ces parfums entêtants venus d’Orient.
ALAIN RENOULT, La Vie protestante
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Un parfum d’absolu
Le nom d’Alexandrie, cette cité où «le bonheur est si proche du
malheur», retentit pour Anne, la narratrice, comme un sanglot. Elle
erre dans ses ruelles aux relents de brochettes d’agneau et de maïs
grillé, parce quelque chose d’essentiel, de définitif, s’est joué ici.
Quelque chose entre la vie et la mort, la passion et l’absolu. Dans un
lourd parfum de gardénia et les divagations d’une confrérie secrète,
l’existence d’un homme et de trois femmes (peut-être quatre) a été
faite et défaite dans cette ville.
Écrit dans un style riche sans être pesant, avec une intrigue bien
menée, ce roman séduisant résonne comme un opéra italien. Son
trop-plein d’amour fou et de forces occultes donne néanmoins
furieusement envie de retomber sur terre.
MONIQUE BALMER, Femina
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La Nuit du Destin
Même s’il a été publié il y a quelques mois et écrit récemment, La Nuit du Destin
est un roman du XIXe. Par son écriture, mais aussi par ses thèmes, son
orientalisme, sa fascination d’un ésotérisme pittoresque. Un roman qui
mêle l’amour et la mort entre symbolisme et romantisme flamboyant
tardif. Au centre, Ismaël, mystérieux, cultivé et idéal. Autour de
lui, des femmes. Plein de femmes. Magda, sa mère, qui l’a initié aux
nombres et mourra jeune. Layla, première passion de sa vie, plus âgée
que lui, qui préfère disparaître que déchoir physiquement. Negma, la
cousine à qui Ismaël est marié par son père. Rhoda, la servante dotée
de pouvoirs mystérieux. Violanta, violente artiste peintre qui est la
deuxième passion absolue de notre héros. Anne, la narratrice, jeune
arabisante.
Toutes fascinées par lui, amoureuses, protectrices, cherchant à percer
le secret de son destin. Complétant leur sensualité naturelle par la
lecture des signes, les sentiments par le déchiffrage du monde, dans
une fusion que seule, semble suggérer Asa Lanova, les femmes peuvent
accomplir.
Car les hommes en face d’elles sont des repoussoirs. Soit complètement
menés par leurs sens, comme le père d’Ismaël, viveur brutal que son
fils renie. Soit les ayant complètement asservis, comme les membres de
la société secrète des Aigles d’Osiris, une sorte de secte ésotérique
soufi qui prône la domination de soi et le contrôle du désir, et à
laquelle Ismaël a adhéré.
On se trouve à Alexandrie, ville qu’Asa Lanova connaît bien et qu’elle
recrée avec talent. Alexandrie, personnage principal de son roman, sans
doute. Ismaël qui avait quitté la ville vingt ans plus tôt y revient et
disparaît presque aussitôt. Les femmes qui l’ont aimé cherchent à
comprendre son absence, et se retrouvent prises dans un jeu de piste
ésotérique et mystérieux, qui culmine la nuit du destin, vingt-septième
du ramadan, laquelle conduit aux révélations et aux changements.
Ce côté XIXe dont j’ai parlé, qui s’exprime jusque dans la vision de
l’exotisme. Par exemple dans ces considérations sur «la femme
orientale», où il semble que Gobineau ne soit pas loin. «Vous
connaissez certainement les ruses de l’Orientale pour se faire aimer,
et ce pouvoir de séduction dont elle joue si habilement et qui est fait
de tellement de facettes...»
Mais ne croyez pas que je condamne ces aspects du livre. J’ai trouvé au
contraire un charme délicieux, quoique un peu suranné, à ce roman plein
de fièvre, de sensualité et de mystère, à l’écriture charnelle et
opulente.
Blog d’ALAIN BAGNOUD
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Jeu de poupées russes
Asa Lanova, à cœur ouvert
L’une a été danseuse, l’autre pratiquait le tissage, la troisième est
écrivain. Toutes trois ont connu le succès. Et forment, à l’image des
matriochkas, ces poupées gigognes, une seule et même personne. Étrange
destinée que celle d’Asa Lanova qui, née à Lausanne, a conservé le
pseudonyme hérité de ses maîtres de ballet russes, brouillant encore
les pistes d’une vie partagée entre Paris, Alexandrie et le canton de
Vaud où elle réside aujourd’hui. Une existence où l’amour, la passion
de la danse puis celle de l’écriture s’entrechoquent, se nourrissent et
s’excluent, tatouant au fer rouge cette femme à la sensibilité
exacerbée, excessive, animée d’un feu intérieur sacré et d’une
sincérité lumineuse.
L’amour avec un grand B
La danse ouvre le chemin d’Asa Lanova. Ou plutôt une voie royale.
Ensorcelée dès l’enfance par cet art, la Lausannoise se rend à Paris et
travaille avec les plus grands maîtres russes de l’époque. Son talent
ne tarde pas à éclater. Engagée par des compagnies prestigieuses, elle
interprète notamment Ophélie aux côtés d’Hamlet, incarné par Maurice
Béjart. Arabesques d’une idylle amoureuse que la soliste va vivre
au-delà de la scène. Passion aussi foudroyante qu’éphémère. «Parvenu à
un tel paroxysme, l’amour ne peut pas se poursuivre dans la vie»,
affirme l’ancienne danseuse, évoquant cette liaison la voix toujours
vibrante d’émotion. Cette rencontre change toutefois radicalement la
trajectoire de l’artiste. Asa Lanova fuit ce Tristan «d’une beauté à
couper le souffle» qu’elle a surnommé «Satan». Par peur. Bouleversée
par la violence de ses sentiments. Et préférant la rupture à la menace
de voir la magie de la fusion des âmes se diluer dans le temps. Bien
que promise à une brillante carrière, elle décide aussi de renoncer
progressivement à la danse, dépossédée, dit-elle, de la grâce
antérieure qui l’habitait. «Je ne parvenais plus à retrouver cette
forme d’innocence. J’ai aussi l’art de briser ce que j’aime. Je ne suis
pas faite pour être heureuse.»
Nouvelle trame
Profondément blessée, Asa Lanova se retire dans la solitude d’une ferme
à Épalinges, où elle découvre le tissage. Une activité décrite comme
«thérapeutique», même si le succès frappe à nouveau à sa porte. La
jeune femme participe alors à plusieurs expositions. Une de ses
tapisseries vient même orner les cimaises d’un musée à Moutier. Mais,
au-delà de cette réussite, l’amoureuse meurtrie parvient surtout à
renouer les fils de son existence brisée. Et à tendre la trame d’une
nouvelle destinée qu’elle vouera désormais à l’écriture. «Voilà pour
quoi je suis faite. Sans elle, je serais morte», confie cette écorchée
vive qui ne s’est toutefois jamais libérée de ses souvenirs revenant
sans cesse, à l’image du ressac, aiguillonner son cœur, l’interroger
sur la raison de ses renonciations. La réponse tient vraisemblablement
de cette recherche d’absolu qui a toujours guidé Asa Lanova, l’acculant
à des retranchements douloureux. Mais aussi lumineux. L’éloignant du
monde, dans une solitude honnie et indispensable à la fois, mais la
rapprochant d’elle-même. De son essence. De l’âme humaine.
Transcendante et insaisissable en même temps. Une quête sacrée,
excluant toute forme d’hypocrisie ou de mensonge, que poursuit encore
et toujours Asa Lanova sur le terrain de l’écriture. Domaine dans
lequel elle excelle. Même si elle confie avoir la plume difficile,
forgée à l’école de la rigueur et d’une perfection qu’elle a toujours
faites siennes.
Tour de passe-passe
Aujourd’hui, Asa Lanova a déjà publié une dizaine de livres couronnés de nombreux prix. Petit joyau de la littérature, La Nuit du Destin
– son dernier ouvrage récemment sorti de presse aux éditions Campiche –
confirme une nouvelle fois son talent. Le lecteur ne sera pas étonné de
plonger dans une Alexandrie mystique, «ville dure et magnifique», à
travers un récit qui parle d’amour fusionnel, d’initiation,
d’implacable destinée, et de mort. Un dernier concept qui n’est
toutefois qu’illusion, tour de passe-passe dans l’univers complexe
d’Asa Lanova. Elle qui flirte constamment avec des mondes parallèles se
ressource aux forces cosmiques et croit en l’immortalité des âmes. Et
ce n’est pas ses onze chats – dont plusieurs ramenés d’Égypte – qui
viendront la contredire. Eux à qui on prête sept vies… Et qui partagent
non seulement l’espace de l’écrivain mais aussi sa grâce naturelle, son
esprit d’indépendance, sa dignité rayonnante et ses secrets de
magicienne.
SONYA MERMOUD, L’Événement syndical
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La Nuit du Destin
C’est une histoire d’amour flamboyante aux accents de tragédie antique
que nous vous proposons en cette fin novembre. Elle se déroule dans une
cité où l’histoire rejoint le mythe: Alexandrie. « Bien-aimée,
exécrable Alexandrie! » s’écrit Asa Lanova, l’auteur de La Nuit du Destin.
La ville est une héroïne à part entière dans ce roman. Elle apparaît
dès les premières pages, on l’entend respirer, on sent son odeur,
«relents de brochettes d’agneau et d’épis de maïs grillé, fragrances
de jasmin et de cannelle, d’ambre et de musc, de coton et de bois»
, on est ébloui par la luxuriance de sa lumière. L’écriture est un
régal. Mais venons-en à l’intrigue. La narratrice, Anne, rencontre, au
café Athinéos, Ismaël, un jeune homme mélancolique, mystérieux et
passionné comme elle de poésie. Peu à peu une amitié se noue entre eux
et Ismaël livre à Anne quelques pans de son passé. Il lui parle
notamment de son amour malheureux pour une femme ,Laylah, qui, plus
âgée que lui, le quitta et disparut mystérieusement en Inde.
Désespéré, Ismaël s’engagea dans une confrérie d’Alexandrie, « Les
Aigles d’Osiris », dont les règles impitoyables sont basées sur l’oubli
de soi-même, afin de parvenir à ce dépassement suprême qui conduit à
l’anéantissement de l’ego.
L’adepte doit prêter le «Grand Serment», il
ne peut l’annuler sous peine de représailles allant jusqu’à
l’acceptation de sa propre mort. Mais la vie est riche d’imprévus et
l’amour peut connaître de nouveaux printemps. Ainsi en ira-t-il
d’Ismaël qui trouvera le bonheur avec une artiste, Violanta. Ismaël
demandera à être relevé de son serment mais... Le Destin s’accomplira tel que de tout temps il était inscrit sur les pierres tutélaires de la ville. Ce
livre est beau, fort, envoûtant. Il dégage une atmosphère à la fois
exaltante et délétère. Exaltante par ce paroxysme de passions, délétère
par cette fatalité omniprésente, double visage d’Alexandrie :
«...Fourmillante cité, cité pleine de rêves,
Où le spectre en plein jour raccroche le passant...»
MICHELLE TALANDIER, Journal de Cossonay
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Asa
Lanova, née en Suisse et résidant actuellement près de Lausanne, à
Pully, s’est passionnée, très jeune, pour l’art de la danse, avant de
mettre brutalement fin à sa carrière et de commencer à écrire. Neuf
romans à son actif, dont plusieurs édités chez l’excellent éditeur
suisse romand Bernard Campiche. Voici une critique de son dernier
roman, La Nuit du Destin. Cela faisait longtemps que je
ne m’étais pas autant senti happé par un roman. Me sentant au cœur de
la ville d’Alexandrie dans laquelle les personnages de ce roman
s’entremêlent, je me suis imprégné de cette culture musulmane, suivant
de près, dans leur ombre, les protagonistes mystérieux de cette
histoire haletante, qui, traversant le Ramadan, nous mènent à cette
Nuit du Destin, la vingt-septième de la période sacrée.
À son retour dans la ville d’Alexandrie, Anne, genevoise mais
égyptienne dans l’âme, se voit submergée par le flot de souvenirs que
sa rencontre avec cet homme impressionnant nommé Ismaël lui avait
laissé. S’étant confié à elle lors d’une promenade, l’homme lui avait
raconté l’amour-passion duquel il émergeait avec peine, et qu’il avait
partagé fougueusement avec une femme plus âgée que lui. Ayant
brusquement décidé de rompre, elle avait éteint cette ardente flamme
dont leur amour immodéré était le combustible. Ismaël s’était
intensément lié à cette femme car elle était parvenue à faire fusionner
les deux entités qui s’opposaient dans la dualité qui régissait son
existence. Sa rupture avec Laylah l’avait éconduit jusqu’à prêter
serment à une confrérie aux principes aussi lugubres que fous, Les
Aigles d’Osiris, secte masculine aux aspirations d’absolu et de mort,
n’ayant de cette dernière aucune peur, et acceptant sa fatalité, son
tranchant et sa sentence si tel était le désir du destin. Depuis
quelque temps, donc, la maîtrise de soi et la destruction progressive
de son ego étaient le credo d’Ismaël. Mais sa rencontre avec la
nébuleuse Violanta, artiste peintre mêlant l’érotisme à la
spiritualité, d’une «beauté scandaleuse», le fera trahir ses promesses
et, éperdument amoureux de Violanta, Ismaël se résoudra à abandonner
les doctrines prônées par Les Aigles d’Osiris.
Enquêtant sur cet homme qui la fascine et qu’elle admire infiniment –
Ismaël, l’indocile, en quête de «l’Or du temps» et en perpétuel conflit
avec son père Soleïman qui le mariera de force avec sa cousine Negma,
tombée amoureuse du mari qu’elle n’a pas choisi mais bafouée par ce
dernier qui est encore fidèle à la confrérie –, Anne recueille le
témoignage passionné de Rhoda, la servante qui s’occupa du jeune homme,
lui inculqua ses connaissances mystiques et lui insuffla son amour pour
l’apaisement que procure le désert. Anne interroge également le dédale
des tombes alexandrines dans lequel elle déambule, cherchant, dans son
errance, la vérité sur ce qui s’est réellement passé. Que sont devenus
Ismaël et Violanta lorsqu’ils sont arrivés à Alexandrie? Quelle force a
été assez dévastatrice pour délier les liens si puissants de leur
amour? Et, surtout: Les Aigles d’Osiris ont-ils pris la démission
d’Ismaël comme une trahison? Lui tiendront-ils rigueur de son incartade
amoureuse?
Portée par une vague aussi lyrique que romantique, arabisée par les
charmes d’Alexandrie, Asa Lanova livre une histoire époustouflante, lui
conférant son parfum de secret et de sacré de sa plume si raffinée, de
cette expression aux échos délicieusement désuets. Asa Lanova marque
par son talent et ses connaissances de la culture arabe, de l’islam et
de la cité d’Alexandrie. Mieux que des connaissances, c’est l’amour
pour ce riche fragment d’Orient qui donne à l’auteur sa puissance
d’évocation et son don d’écrire un livre comme un conte des Mille et Une Nuits, aux portes du désert.
Blog de LUCAS VUILLEUMIER
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Ensorceleuse Alexandrie
Dès que je la découvris par un crépuscule d’août, je sus qu’allaient se
nouer entre elle et moi d’irréversibles affinités. C’était en 85,
j’étais dans le creux de la vague, on m’avait dit: «L’Égypte est la
mère du monde, viens, Alexandrie te guérira.» Je suis partie
comme on se jette à l’eau. D’elle je n’aperçus tout d’abord, de
la vitre ouverte d’une voiture, que ses faubourgs lépreux et décousus,
mais où, par-ci par-là, se détachaient de très anciennes façades à la
vénitienne. Puis la circulation s’intensifia, camions surchargés de
ballots de coton, charrettes à ânes avec leurs baladeuses fleurant le
luffa, taxis zigzagants en cherchant à éviter des tramways qui, bondés
de voyageurs jusque sur les marchepieds, ressemblaient à des convois de
déportation. Et je vis, à la terrasse de troquets, ces fumeurs de
«chichas» qui, l’œil embrumé par le haschich, paraissaient aux prises
avec d’inaccessibles visions de houris. Un pot-pourri d’odeurs prenait
à la gorge, parmi lesquelles ce remugle d’algues en décomposition que
l’on ne peut dissocier d’Alexandrie.
Mais bientôt la voiture arriva dans ce pandémonium qu’est le centre de
la ville. Je vis alors cette cohue bigarrée et désordonnée, ces
callipyges avec leur couffin en équilibre sur la tête, ces «baladis» à
l’allure princière sous leurs haillons, avec, sur le visage, le masque
exacerbé de la lubricité. Des fiacres nous dépassaient, les cochers
fantomatiques sous la capote noire, tels des messagers de l’au-delà.
Mais déjà, ce premier soir, j’avais compris que cette cité n’est que
mystère, et qu’il me faudrait un temps infini pour en percer le secret.
J’eus également conscience que sous la réalité apparente se nouaient
des pratiques singulières à la nuit tombée. Magie blanche, magie noire?
Je n’ai pas la réponse. Tout cela se gravait en mon moi profond, et je
savais que jamais je ne sortirais indemne de tant de sortilèges.
Mais je savais aussi que dans mon âme quelque chose d’irréversible se
métamorphosait. Dans cette cité dite «la fauve», dès le crépuscule, des
ombres vous prennent par le bras, et brusquement le passé se mélange au
présent, si bien qu’il est difficile de se situer dans un temps qui
semble ralenti par la mémoire de ses pierres, par les résidus
psychiques d’un autrefois suspendu dans le cosmos. Mais que ce soit
dans ce qui subsiste des beaux quartiers d’avant la révolution, aussi
bien que dans les bouges les plus sordides, j’ai eu le sentiment que ma
venue en cette ville était tracée depuis toujours, et que plus rien,
désormais, ne pourrait m’en détacher. C’est pourquoi, des années plus
tard, ne pouvant me délivrer de ses sortilèges, consciente qu’à tout
jamais ils seraient le ferment essentiel de mes livres, je partis m’y
installer pour toujours – du moins le croyais-je. Sans doute y
retournerai-je, ne fût-ce que pour percer enfin son secret. Mais,
est-on maître du «mektoub»?
ASA LANOVA, L’Hebdo
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Asa Lanova module les échappées de l’amour-passion
La Nuit du Destin dégage un charme captieux, dans une langue somptueuse.
Une
fois de plus, la romancière lausannoise revient en la ville
d’Alexandrie, «cité où le bonheur est si proche du malheur», par le
truchement d’Anne, arabisante fort attirée par l’islam autant que par
le mélange de sensualité entêtante et de mysticisme du lieu. Le
souvenir d’un certain Ismaël se mêle aussitôt à ses errances, qu’elle a
rencontré en leur jeunesse aux abords de l’université où elle prenait
des cours d’arabe, et dont elle a vite pressenti que rien ne se
passerait entre eux que d’affectif et de spirituel. Ce garçon lettré et
de bonne famille n’a pas tardé à lui confier son secret: une passion
intense pour Laylah, plus âgée que lui et qui a interrompu brusquement
leur liaison au moment où elle culminait, le poussant à adhérer
bientôt, pour sublimer frustration et désespoir, à la société secrète
des Aigles d’Osiris dont la quête d’absolu passe par le dépassement de
tout désir. Par la suite, la rencontre de Violanta, à la fois artiste
et portée vers une façon d’érotisme sacré, l’incite à rompre son
serment, alors que Laylah elle-même a été assassinée. Au cours de ce
roman apparaissent trois autres femmes sacrifiées et également
attachantes: Magda la mère d’Ismaël, rejetée par son époux macho et
dépravé; la jeune Negma, cousine d’Ismaël à qui le père de celui-ci l’a
mariée et qui n’a pu distraire son jeune époux de son idéal spirituel,
enfin la vieille servante Rhoda, elle aussi soumise au père avant de
devenir le chaperon du fils et son initiatrice spirituelle. Les
«triangles» du mimétisme cher à René Girard sont omniprésents dans ce
roman de l’amour-passion dont tous les protagonistes, à commencer par
la narratrice, sont liés entre eux par des relations de «jalousie», de
frustration et de compensation. Entre Anne qui brûle d’être aimée
d’Ismaël et s’efforce de sublimer son attirance, Ismaël qui s’efforce
lui aussi de dépasser sa dualité mystico-charnelle dans l’ascèse, Negma
l’épouse délaissée et fidèle par-delà la mort, Rhoda la servante
humiliée et requalifiée par ses pouvoirs secrets, enfin Violanta qui
incarne une sorte d’éternel féminin renaissant du sacrifice de sa
propre mère, c’est un véritable tourbillon de liaisons mimétiques qui
traverse ce roman à la poésie lancinante. Les évocations d’Alexandrie,
le romantisme arabisant qui en enveloppe les pages, échappant au kitsch
sinon au maniérisme, la beauté et la musicalité de la phrase d’Asa
Lanova font de cette Nuit du Destin un livre finalement accordé à l’épitaphe de la tombe d’Ismaël: «J’ai cherché l’Or du Temps…»
JEAN-LOUIS KUFFER, 24 Heures
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Les envoûtants parfums d’Orient
Alexandrie, sensuelle et enfiévrée, inquiétante et assoiffée dans le
mois sacré de Ramadan, est à nouveau le personnage fascinant du récit
d’Asa Lanova: La Nuit du Destin.
Se référant au Coran, cette nuit est aussi celle du dénouement
implacable de la vie d’Ismaël, héros mystérieux, déchirés entre l’amour
et le mysticisme le plus exigeant. Deux femmes passionnées et
étranges, au profil de destin, ont capturé l’esprit et les sens du
jeune Ismaël rêveur et mystique. Son enfance à l’ombre d’une mère
dolente et d’une nourrice magicienne du désert l’a façonné pour tout
autre métier que la diplomatie.
L’art d’Asa Lanova est celui du labyrinthe et du mystère, entraînant
son récit sur des pistes ésotériques et lyriques. Anne, l’observatrice
empathique d’Ismaël, sans en être amoureuse, suit le périple qui,
d’Alexandrie à Bordeaux, puis de nouveau en Égypte, tisse les fils d’un
destin exceptionnel. Le drame, l’amour échevelé et absolu, les mystères
d’une société secrète enchaînant ses adeptes dans un serment inviolable
sous peine de mort suscitent une tension dont on ne se déprend pas.
Le pittoresque de la vie alexandrine, les récits qui s’emboîtent, comme dans les Mille et Une Nuits,
forment le décor captivant plein de saveurs et d’impressions vives des
trajectoires mythiques d’Ismaël et de ses femmes. Conte, roman ou récit
emprunté à une certaine réalité, cette Nuit-là envoûte comme les
parfums d’Orient.
MIREILLE CALLU, Vevey-Riviera
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