Comme Davel sen allant, tout seul, décoloniser le futur canton de Vaud, Michel Bühler, non moins solitaire, arpente, disant et chantant, la scène et les chemins de lHistoire à la recherche dun souvenir
Lisez bien «souvenir» et non «mythe»: le Davel de Bühler est arraché, pardon, doucement tiré hors des manuels par notre baladin vaudois. Bühler, qui a, de toute évidence, pour le héros à la tête coupée, une sympathie qui nest pas que de circonstances, subvertit délicieusement limage dÉpinal.
Par la structure même de cette sorte de comédie musicale pour un homme seul et un rebelle mort, mais surtout par lironie qui pimente une démarche foncièrement poétique et la rend immédiatement grand public, il donne au Davel statufié depuis belle lurette un corps et un sourire, une voix et un paysage. Là Bühler, dans son évocation de la marche au triomphe du Major qui sera peu après une marche au supplice , nous touche sincèrement. Authenticité bonhomme, poésie sans faux col: Bühler, avec ce spectacle très maîtrisé, rend au Major Davel le plus savoureux des hommages. Il nous convainc quun homme capable de sécrier, le jour de son exécution: «Ceci est le plus beau jour de ma vie!» méritait mieux que la poussière du musée, de remonter une fois encore sur les planches
ROBERT NETZ, 24 Heures
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