ÉLISABETH HOREM

LE FIL ESPAGNOL

roman
1998. 250 pages. Prix CHF 35.–
ISBN 2-88241-086-7, EAN 9782882410863


Biographie

Tout lecteur attentif se doit de prendre garde à la citation liminaire sous les auspices de laquelle un auteur place son livre: pour Le Fil espagnol, Élisabeth Horem a significativement choisi un passage de Terre des vents où Gerhard Meier compare son roman à un tapis artisanal, «avec des motifs et des couleurs qui se répétaient, avec des correspondances et des réminiscences, de manière à former un tout, une reproduction de la vie». Cette référence n’a rien de gratuit, la probité de l’auteur du Ring, Prix Georges-Nicole 1994 et Prix Michel Dentan 1995, lui interdisant du reste de se payer de mots. Après la rêverie africaine de Congo-Océan (1996), ce troisième roman témoigne de sa sûreté à se jouer avec aisance des difficultés d’un récit en apparence pourtant très simple.
…Le glissement de l’une à l’autre histoire, ou de l’une à l’autre image initiale (le grappin, la terrasse), s’opère au milieu du chapitre 25 par un changement de typographie, juste assez visible pour être repéré.
…Commencé par une rêverie «à partir de rien», ce roman vaut par son art subtil de la narration, ses bribes de phrases ou ses images qui reviennent, à chaque fois semblables et à chaque fois différentes, comme si une histoire ne pouvait jamais se raconter d’un seul point de vue, forcément réducteur, mais qu’elle devait rester ouverte à tous les possibles. En témoigne le projet final formé par Julio, le petit Français, de retrouver Maria et de «reconstruire ensemble nos histoires incomplètes – cependant qu’au-dehors une averse grise battra les vitres et que sur le dallage inégal de la terrasse le vent troublera dans les flaques le reflet des balustres».

ISABELLE MARTIN, Le Temps