Errance, feu et renaissance dans Alexandrie la mystérieuse. Asa Lanova quitte le registre érotique et publie un nouveau livre, où éclate son talent de romancière. Le suspense est grand, entre Orient et Occident, entre passé et présent.
Dans son sixième livre, Asa Lanova raconte lhistoire dune jeune femme, Ève, venue à Alexandrie dans le but de mener des recherches. Elle sintéresse de près à la belle Hypatie, astronome et mathématicienne, mise à mort datroce manière en lan 415 par une foule que les moines chrétiens excitaient, et probablement violée par ces derniers. Face à de telles données, on pourrait sattendre à un de ces polars archéologiques, comme il en fleurit tant. Il nen est rien. Car, très vite, on comprend que la quête menée par Ève est dabord une quête personnelle.
Le talent dAsa Lanova est remarquable pour, dans un style que viennent parfois orner des chatoyances orientales, restituer des atmosphères. La romancière a les sens en éveil, la sensibilité à fleur de peau. Elle se montre très attentive aux matières, aux vêtements, aux odeurs, aux plantes, aux animaux, aux pierres, à la mer, et bien sûr aux personnes. Les figures qui peuplent ce livre sont dailleurs magnifiques, à la fois de pittoresque et de profonde humanité
Le Blues dAlexandrie se prête sans doute à une interprétation symbolique, voire ésotérique. Mais cest bien sur le terrain de la littérature que le chant dAsa Lanova se déploie dans toute sa plénitude et bruisse de mille sortilèges.
RENÉ ZAHND, 24 Heures
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