On
connaît le chanteur mais moins l’écrivain. Double talent pour un Suisse
convaincu qu’on doit changer le monde. Qui ne chante ou n’écrit que ce
qu’il connaît. Ici, c’est la campagne vaudoise, où vit, chichement, un
journaliste au chômage, Philippe Chapuis, 50 ans, en deuil de son
Isabelle. Il médite dans son chalet sur le capitalisme qui «nuit gravement à la dignité de l’homme».
Si le paysage est idyllique, l’adversaire est redoutable: un promoteur
entêté à faire de ce petit paradis un golf de luxe pour cadres férus du
portable. Avec ses copains, autres «damnés de la terre», Chapuis fait de la résistance. David contre Goliath, et c’est bien mieux qu’une farce villageoise.
RUTH VALENTINI, Le Nouvel Observateur
Ce
roman, Bühler nous l’offre avec des mots simples qui, tous, ont des
racines précieuses. Et on partage ses colères rentrées, ses questions
vitales: qui sont mes amis et quelle image me renvoient-ils? Ai-je
assez dit «je t’aime» à la femme qui partage mon lit? Est-ce que je
résiste assez à la bêtise, aux rapports de force, aux courants les plus
pestilentiels de nos mers sociales? Suis-je bien chez moi? …La Plaine à l’Eau Belle,
un récit aussi riche et «brut de coffrage» que les racines d’un vieux
pommier. Un pavé sur le capot des Saab et des Mercedes. Rugueux comme
le bonjour de l’artisan. Colérique comme l’hiver des forêts
jurassiennes. Acide comme le blanc des troquets. Mais important. Pour
ne pas oublier qui nous sommes. Et le pourquoi des racines de l’amitié.
JEAN-FRANÇOIS FOURNIER, Le Matin
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