Dans La Part dombre, son premier roman, Sylviane Chatelain raconte remarquablement bien ce cheminement, cette épopée de lêtre féminin. Son style savère dune limpidité irisée doriginalité. Si la neige est omniprésente dans son livre, fraîche, apaisante, nivelante, voluptueuse, les mots, eux, sy découpent dautant plus nets, comme ces traces animales à laube, sur la blancheur, fascinantes, attirantes. La structure narrative est très personnelle, ose se jouer des règles de la chronologie, tout en obéissant malgré tout à une logique aussi solide que particulière, ce qui permet au lecteur de sorienter sans peine aux croisements du rêve et du réel, de limparfait et du futur antérieur.
Sylviane Chatelain, par cet ouvrage, a abordé le thème extrêmement délicat des deux pôles de la femme, de la difficulté merveilleuse de son épanouissement, partagée quelle est entre les appels impérieux dun instinct de maternité, et ceux tout aussi impératifs de ses aspirations personnelles, quelles soient artistiques, professionnelles, sportives ou autres. Elle a su laborder avec une finesse appréciable, sans juger, sans militer dans un sens ou dans lautre, sans perdre son temps et ses pas dans les labyrinthes de la psychanalyse. Elle a su décrire de lintérieur ce qui se vit de lintérieur, ce qui ne doit saffubler ni détiquetage, ni de recettes, ni dambitions dissectrices.
CATHERINE BALLESTRAZ, Journal du Haut-Lac
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