Vous pouvez nous commander directement cet ouvrage par courriel.
Ce
texte a paru en 1990, sous la forme d’une nouvelle, dans un ouvrage
hors commerce, Jours et contrejours, illustrations de Anne
Bringolf-Pantillon, aux Éditions des Terreaux, à Lausanne. La présente
édition a été entièrement remaniée par l’auteur.
…Ce texte m’a touchée pour plusieurs raisons. Tout baigne dans une
atmosphère tragique et onirique, filée de quelques vers de Keats et de
Wordsworth, en anglais, cette langue cadencée qui doit combler la
musicienne que vous auriez voulu être. Événements et non-événements se
déroulent dans une merveilleuse demeure anglaise au jardin
extraordinaire, lieu par excellence de la fiction, paradis de
l’imaginaire. La dame de l’histoire s’appelle Jade Chichester. Elle a
une mère, Grace, et une fabuleuse grand-tante, Margareth, qui voyage
aux quatre coins de la terre.
Un lien quand même entre ce texte inclassable – peut-on parler d’un
conte? – et vos autres romans: le thème de la filiation mère-fille.
Abordé ou ébauché par vos narratrices, Aude, Laurence et Iona, il est
ici l’objet central de Jusqu’à pareil éclat, dans une construction
subtile qui suggère tour à tour la présence et l’absence, l’amour et la
haine, l’image et la substance. Dans vos romans, l’importance de ce
thème se devinait. La relation entre vos narratrices et leur mère y
apparaissait comme une révolte tronquée par la pitié des filles,
conscientes de ce qu’a été le destin non maîtrisé des mères. Dans vos
romans la relation mère-fille est caractérisée par le mensonge et la
nécessité de se protéger mutuellement. Elle est une relation vouée aux
apparences derrière lesquelles peuvent se cacher une lucidité voire un
cynisme terribles.
En inscrivant ce thème dans un conte, très loin de l’urgence des récits
à la première personne, vous l’élevez au niveau du mythe et du symbole.
Jusqu’à pareil éclat est une œuvre émouvante parce qu’elle indique que
la tradition au féminin dont Alice Rivaz déplorait l’absence commence à
exister……
VALÉRIE COSSY, fragments du Discours de remise du Grand Prix C. F. Ramuz, le 28 octobre 2000.
Haut de la page
«Jusqu’à pareil éclat»
Le
thème central du récit est la filiation mère-fille. L’auteure rôde
autour de la présence et de l’absence, de l’amour et de la haine. Les
événements se déroulent dans une merveilleuse demeure anglaise entourée
d’un jardin extraordinaire. Jade Chichester, le personnage central du
roman, nous conduit par la prose, entre la fiction et le rêve, dans les
méandres des histoires ajustées. Au cœur du mythe et du symbole,
cette relation entre les narratrices et leur mère y apparaît comme une
révolte tronquée par la pitié des filles conscientes de ce qu’avait été
le destin non maîtrisé de leur mère. Anne-Lise Grobéty est fortement
concernée par la condition de la femme écrivain, par les aspects
historiques, formels et politiques de l’écriture féminine, mais elle
poursuit surtout une exploration de la langue dans une tonalité bien à
elle. Subtil, tendre et tragique, ce texte rythmé par des vers de John
Keats est un petit chef-d’œuvre.
DANIELLE BRÜGGER DUFAUX, «Les coups de cœur des libraires», L’Express et L’Impartial
Haut de la page
Rencontre à contre-jour
Une petite fille en quête du visage maternel : c’est le thème du dernier récit d’Anne-Lise Grobéty. Magnifique !
Jouer avec les mots, pétrir cette pâte intime et secrète qu’est la
langue pour dévoiler une émotion au plus juste du ressenti de son
cœur : le travail d’écrivain, du moins celui d’Anne-Lise Grobéty,
c’est l’œuvre d’un artisan qui a le respect de ses outils et de sa
matière première. Il n’y a donc nul hasard dans le fait que chaque
livre a sa résonance, son atmosphère, sa vérité.
Alors que La Corde de mi
reste dans toutes les mémoires – l’auteur lui consacre aujourd’hui des
conférences qui attirent, à sa surprise, de très nombreux lecteurs –,
un nouveau récit, envoûtant, nous emporte déjà. Dans Jusqu’à pareil éclat,
c’est une petite fille dont on suit les pas. Une petite fille qui
vagabonde dans le décor foisonnant d’un immense jardin ou se perd dans
les dédales d’une sombre demeure. On a le sentiment d’évoluer dans un
rêve… qui pourrait tourner au cauchemar. « D’abord, un
inconcevable entremêlement de fleurs, une débauche de verdure et de
pétales ! Dès le début du printemps, on entrait tête la première
dans la toison molle des jardins. (…) Et tout le jour il y avait ses
petites bottines de plus en plus délacées qui rayaient le gravier des
allées entre lupins dressés, giroflées, delphiniums, roses trémières et
touffes d’œillets. Elle trottait, ici et là, dans ses tabliers blancs
qui se gonflaient souvent de brise jusqu’à la faire ressembler à un
minuscule voilier poussé entre les vagues des massifs. » De la
petite fille pleine de vie à la vieille dame, Jade Chichester,
photographe renommée qui a bien voulu recevoir une visiteuse admirative
de son talent, il y a toute une vie tissée de secrets enfouis, de joies
et de souffrances, d’images qui en disent beaucoup… sans tout dire. Il
suffira d’une demande à la visiteuse – « vous entendre évoquer les
circonstances de votre toute première photo » – pour que l’artiste
entrouvre les portes de son laboratoire intime.
L’image du chagrin
La
petite fille grandit, sa solitude de même, alors que son insouciante
liberté s’étiole. « Un pays enchanté, certes, mais à double
fond ! » Peu à peu, au fil des pages, on comprend
qu’Anne-Lise Grobéty explore une nouvelle fois un thème qui lui est
cher, presque une obsession : celui des liens entre générations,
et plus particulièrement ici entre mère et fille. « Du seuil de la
porte, je ne voyais que les cheveux auburn d’une tête penchée, une main
sur l’accoudoir du fauteuil sortant d’une manche invariablement
blanche, quelle que soit la saison. Des éléments qui étaient plus ceux
de l’absence que d’une présence. (…) S’il n’y avait pas eu les fenêtres
juste devant elle pour cadencer le temps et laisser filtrer quelque
mouvement, j’aurais pu croire à un tableau. » À cette mère qui
ne lui fait aucune place dans sa vie, la petite fille passionnée de
photographie consacrera sa première image… une façon de lui offrir un
visage. Ponctué de quelques vers magnifiques du grand poète John Keats,
ce récit a la douceur du chagrin… chagrin des rencontres manquées, des
paroles restées dans la gorge et du contre-jour qui laisse l’essentiel
tapi dans l’ombre.
CATHERINE PRÉLAZ, Générations
Haut de la page
Anne-Lise
Grobéty est née en 1949 à La Chaux-de-Fonds, en Suisse. Elle a publié
de nombreux romans à succès chez Bernard Campiche, dont, en 2006, La Corde de mi. Son dernier roman, sorti l’année passée, s’intitule Jusqu’à pareil éclat.
Jade
Chichester, éminente photographe britannique, se fait interviewer. Une
jeune journaliste, timidement, l’interroge sur sa vie, son enfance. La
prolixe Jade Chichester nous fait alors revivre sa jeunesse dans le
parc de la propriété familiale. Ses mots nous ouvrent les grilles de ce
jardin magique, où le soleil et les fleurs l’étourdissaient de bonheur.
Elle raconte qu’en plus d’arpenter ce gigantesque domaine, la
photographe, de son vrai nom Elizabeth Mary, explorait le manoir
poussiéreux de ses parents qui, dans ses multiples pièces, contenait
une myriade de trésors. Mais cet univers bourgeois ne suffisait pas
à l’épanouissement de la jeune fille. Ses rapports conflictuels avec sa
mère et les longues absences de son père l’empêchaient d’être
pleinement heureuse. À la venue de la tante Lady Arlington, une femme
homosexuelle qui, austère au premier abord, se révèle être généreuse et
très intéressante, Elizabeth Mary entrevoit une lueur d’espoir, une
possible fin à son désarroi. En effet, Lady Arlington, lors de ses
longues promenades avec elle dans le parc, se met à lui enseigner le
monde, et en loue les richesses. Grande voyageuse, elle montre à la
fillette silencieuse et renfermée les clichés pris au cours de sa vie
de globe-trotter. Mais Grace, Mme Chichester, ne voit pas d’un bon œil
l’influence pourtant si bénéfique que Lady Arlington a sur sa fille.
Quand elle propose d’emmener sa nièce hors de l’enceinte infranchie,
dans cet ailleurs si intrigant, Grace refuse catégoriquement. Celle qui
deviendra la très célèbre Jade Chichester se saisit alors de l’appareil
photo que sa tante lui a offert. De son premier cliché raté (une photo
de sa mère), elle gardera un souvenir impérissable, se rappelant sa
candeur d’alors.
Signant avec Jusqu’à pareil éclat
une sorte de roman d’initiation à la forme originale, Anne-Lise Grobéty
parvient à livrer un texte que les puristes amateurs de très beaux
textes encenseront infiniment. De métaphores lumineuses en citations de
John Keats, l’auteur excelle avec cette biographie fictive au parfum
étonnamment authentique. On déplorera seulement quelques excès, de la
«surécriture» pouvant parfois paraître quelque peu pompeuse. Mais, dans
l’ensemble, il se dégage de ce texte un raffinement (british?)
littéraire de qualité, qui confirme l’éclat d’une plume aux honneurs
mérités.
Blog de LUCAS VUILLEUMIER
Haut de la page
Rencontre à contre-jour
Anne-Lise Grobéty poursuit son analyse de la relation mère-fille, dont elle fait l’obsessionnelle petite musique de Jusqu’à pareil éclat,
publié par Bernard Campiche dans une réédition entièrement remaniée.
«Dans vos romans, notait très lucidement Valérie Cossy lors de la
remise du Grand Prix C. F. Ramuz à l’auteur en 2000, la relation
mère-fille est caractérisée par le mensonge et la nécessité de se
protéger mutuellement.» Cynisme et sensualité détournée dans ce conte
où les livres et les animaux, notamment, instaurent une étrange
inquiétude de l’être. Un fort beau texte.
JACQUES STERCHI, La Liberté
Vous pouvez nous commander directement cet ouvrage par courriel.
Haut de la page
|