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Anne-Marie Blanc, grande dame du théâtre et du cinéma suisses
Les francophones connaissent mal Anne-Marie Blanc. Paradoxe, cette
vedette du théâtre et du cinéma suisses était pourtant francophone. Il
faut dire que, dès son adolescence, elle avait déménagé d’abord à
Berne, puis à Zurich, et c’est en Suisse alémanique puis en Allemagne
qu’elle est devenue une véritable star.
D’elle, les Romands connaissent surtout son rôle dans le film Gilberte
de Courgenay, qui date de 1941. Elle était née à Vevey le 2 septembre
1919, elle était la fille du responsable du registre foncier et la
petite-fille d’une personnalité légendaire de la région, Henri Blanc, à
la fois préfet du district de Vevey et vigneron. Parmi ses ancêtres, on
comptait également un conseiller fédéral.
Elle est morte en février 2009, elle allait avoir quatre-vingt-dix ans.
Je l’ai fréquentée pendant un quart de siècle et je peux affirmer une
chose d’elle avec certitude: c’était à la fois une star (il suffisait de
se promener dans la rue avec elle pour s’en apercevoir), et une femme
de bon sens qui ne se prenait pas pour la vedette qu’elle était.
Les bribes de son passé qu’elle m’avait racontées m’avaient donné, il y
a longtemps déjà, envie d’écrire sa vie, et comme elle prétendait «ne
pas savoir écrire», je lui avais suggéré de me dicter ses mémoires.
Elle n’avait pas voulu. Je n’avais jamais abandonné le projet, et j’ai
fini par lui proposer de faire sur elle un documentaire filmé. L’idée lui
a plu, et le documentaire a été réalisé. Il s’intitule La Petite Gilberte: Anne-Marie Blanc, comédienne.
Depuis quelques années, elle ne jouait plus, et, petit à petit, elle
s’était réconciliée avec l’idée que j’écrive un récit de sa vie. Elle
m’a fait demander par un de ses fils si je serais d’accord. J’ai dit
oui, j’ai commencé.
Et puis elle est morte. Ç’a été un coup dur, à la fois parce que je
l’aimais beaucoup et parce qu’il me semblait impossible de travailler
sans elle.
Ce que j’ai fini par écrire, ce n’est pas tant une biographie que
l’histoire de notre amitié, dont fait partie, entre autres, le récit
qu’elle m’a fait de sa vie.
ANNE CUNEO
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«Anne-Marie Blanc est ma beautiful maman»
Une
star en Suisse alémanique, mais une quasi-inconnue en terre romande. Il
faut lire le livre d’Anne Cuneo pour comprendre l’incroyable et longue
carrière qu’Anne-Marie Blanc, celle qui restera à jamais la Gilberte de
Courgenay, a menée outre-Sarine. Née à Vevey, au lendemain de la Grande
Guerre, c’est à Berne qu’elle passe son adolescence. Comme elle est
douée pour le théâtre, elle décide d’en faire son métier. Avec un bel
aplomb, elle entre au Schauspielhaus de Zurich. Plus tard, mariée et
mère de trois enfants, la comédienne poursuit, sans jamais
l’interrompre, sa carrière théâtrale et cinématographique en Suisse et
à l’étranger. Rétrospectivement, elle fait figure de pionnière.
«Complètement, mais sans avoir jamais rien théorisé», souligne Anne
Cuneo dans le livre-hommage qu’elle consacre à la comédienne décédée en
février dernier et qui aurait eu quatre-vingt-dix ans en ce mois de
septembre.
Vous ne voulez pas qu’on parle d’une biographie, alors comment faut-il qualifier votre nouveau livre?
C’est une histoire, tout simplement, mais une histoire vraie. Les trois
fils d’Anne-Marie m’ont demandé d’écrire ce livre sur leur mère. Ils
voulaient en faire cadeau à leur mère pour ses quatre-vingt-dix ans.
J’ai accepté à condition que ce soit lié à la relation que j’avais avec
elle, qu’ils n’interviennent pas sur mon texte et surtout qu’Anne-Marie
soit d’accord. Elle a accepté le principe, mais elle est décédée avant
que le projet aboutisse.
Quelle relation aviez-vous avec Anne-Marie Blanc?
Anne-Marie était ma beautiful
maman. Elle m’a adoptée. Elle s’est occupée de moi autant que je me
suis occupée d’elle. Je l’ai rencontrée à Zurich en 1985, au cours
d’une lecture publique. Je crois qu’à l’époque elle avait un grand
besoin de francophonie et c’est ce qui l’attirait chez moi au début. Je
l’ai interviewée très souvent, j’ai réalisé un documentaire sur elle et
je lui ai aussi écrit une pièce de théâtre, parce qu’elle voulait au
moins jouer une fois en français et qu’elle ne trouvait pas de rôle
dans le répertoire.
Il me semble que ce soit elle qui vous ait poussée à écrire des romans.
En fait, c’est quelque chose que j’avais déjà en moi, mais elle m’a
secouée. À cette époque, mon existence était assez compliquée par
rapport à la sienne. Elle m’a fait me remettre en question en
m’obligeant, à cinquante ans, à repenser ma vie.
M.M.S., Générations Plus
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Un hommage
Souvenirs d’une amie
En juin 1989, lorsque le Théâtre populaire romand crée Madame Paradis,
c’est la première fois qu’Anne Cuneo voit une de ses pièces montée dans
un théâtre officiel; c’est aussi la première fois qu’Anne-Marie Blanc
joue en français. Bien que Romande, la comédienne décédée en février
dernier a en effet effectué l’essentiel de sa carrière théâtrale à
Zurich, où elle a longtemps été en contrat avec le Schauspielhaus.
C’est lors de leur première rencontre, en 1984, qu’Anne Cuneo, face à
une Anne-Marie Blanc regrettant la rareté des bons rôles pour une femme
de 65 ans, lui a dit qu’elle lui écrirait un texte sur mesure… «Les
Mémoires, c’est du sensationnalisme déguisé en littérature», disait
celle qui est devenue une star du cinéma suisse, en 1941, avec Gilberte de Courgenay.
Le livre que publie ces jours Anne Cuneo, après avoir déjà consacré un
documentaire à la comédienne, n’est donc pas une biographie stricto
senso, mais un vibrant hommage, un récit de vie placé sous le signe de
l’amitié et où l’on peut lire de belles évocations du théâtre et du
cinéma des années 40-50. Passionnant.
STÉPHANE GOBBO, La Liberté
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Le coup de cœur de L’Hebdo
Conversations chez les Blanc
Quelle
belle rencontre à laquelle nous convie Anne Cuneo! Durant un quart de
siècle, l’écrivain a été l’amie de la feue comédienne suisse Anne-Marie
Blanc, née à Vevey en 1919, pilier du Schauspielhaus de Zurich, devenue star dans les années quarante grâce au film Gilberte de Courgenay. Une amitié prédestinée: à l’âge de dix ans, Anne Cuneo tombe amoureuse du personnage de Mademoiselle Paradis dans le film Marie-Louise
– sans se douter, à leur première rencontre, en 1984 à Zurich, qu’elle
l’a devant elle en chair et en os! Elle écrira du coup pour Anne-Marie
la pièce Madame Paradis, montée par Charles Joris et le TPR. À travers ces Conversations
tantôt badines, tantôt graves, Anne Cuneo raconte un itinéraire de
femme artiste libre et forte, y superpose le sien, et la manière dont
leurs vies respectives se sont croisées et souvent imbriquées. Fluide,
ému, vivant, ce témoignage rend hommage à une héroïne de la culture
suisse qui n’a jamais cessé d’être populaire.
ISABELLE FALCONNIER, L’Hebdo, Sélection Payot
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Le cas Anne-Marie Blanc
Nous,
Romands, sommes en général assez sûrs que les Alémaniques nous tiennent
pour quantité négligeable et sont peu ouverts à nos talents, alors
qu’on ne compte plus les Alémaniques ayant construit chez nous un
succès (inter)national. Tenez, rien que dans la petite ville de
Carouge, il y eut Christa (de) et Roger Pfund… Un contre-exemple
littéralement spectaculaire? La vie, l’œuvre et la stature d’Anne-Marie
Blanc: la Veveysanne, authentique star en Suisse alémanique, demeura
totalement ignorée au pays natal. Une série de projections à la
Cinémathèque et un livre séduisant saluent la grande dame, décédée en
février dernier, qui aurait eu nonante ans le 2 septembre.
Pilier du Schauspielhaus de Zurich, vedette cinématographique (elle
refusa un contrat de sept ans à Hollywood pour ne pas quitter mari et
enfants), elle joua à Paris mais ne fut jamais appelée en Suisse
romande, pas même par son frère, le dramaturge et homme de radio Géo
Blanc!
Montée par le Théâtre populaire romand, la pièce qu’Anne Cuneo écrivit pour elle, Madame Paradis, fut le seul rôle que tint jamais dans sa langue maternelle cette titulaire de l’Anneau Reinhart…
Voilà qui manifeste un extraordinaire cloisonnement, en dépit des
discours sur le dialogue confédéral et la multiculturalité. L’autre
jour encore, à la mention d’Anne-Marie Blanc, adulée pour son rôle dans
Gilberte de Courgenay,
un Jurassien séparatiste et cultivé n’eut qu’une réaction de rejet:
patriotisme contre patriotisme, ce film de 1941, célébrissime pendant
et après la guerre, lui évoque toujours un Jura «occupé» par la
soldatesque alémanique, et une jolie Gilberte quasi-collabo… Alors que
la jeune Jurassienne incarnait l’esprit d’indépendance de la Suisse:
l’âme de la résistance était romande, c’était Gilberte qui galvanisait
le courage des militaires… Il faut voir, avec l’œil d’aujourd’hui,
les films d’Anne-Marie Blanc pour constater la richesse et la force du
cinéma suisse de ces années-là. Une qualité due en partie à des
réfugiés politiques que la Suisse, pourtant isolée, n’avait pas réduits
à la stérilité en les empêchant de travailler. Et encore moins coffrés
pour faire plaisir à une puissance étrangère.
[…] Anne-Marie Blanc était si connue pour son rôle fétiche que pendant
des décennies des anciens de la Mob l’arrêtaient dans la rue pour la
féliciter en l’appelant Gilberte. Pas étonnant qu’Anne Cuneo ait
intitulé La petite Gilberte – Anne-Marie Blanc, comédienne le documentaire qu’elle a tourné avec elle en 2001.
L’expérience a nourri Conversation chez les Blanc,
ni biographie ni hagiographie, mais récit attachant et critique d’une
vie à travers une amitié, qu’Anne Cuneo vient de publier (Bernard
Campiche Éditeur). L’écrivaine et journaliste romande de Zurich,
qui honore ce journal d’une chronique mensuelle, continue ainsi à jeter
des ponts sur la Sarine. Entre des peuples confédérés qui
s’appauvrissent en se méconnaissant.
JACQUES POGET, 24 Heures
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«En
tant que biographe, Anne Cuneo aurait pu être une hypothèque, mais en
fait, elle est bien. L'auteur et cinéaste née à Paris de parents
italiens a rencontré Mme Blanc pour la première fois en 1984, à la
première de Silence en coulisse de Michael Frayn, au Schauspielhaus de
Zurich. Par la suite, Blanc et Cuneo sont devenues très amies. Avec
Madame Paradis, l'auteur a écrit un rôle sur mesure pour la comédienne.
Il n'y a pas trace de flatterie, de cannibalisation ou de narcissisme.
Ce qui est central, c'est l'effort de l'auteur pour décortiquer la
personnalité et le travail de Mme Blanc. […] Cuneo prête une attention
particulière au développement artistique de Blanc. L'image qui se
cristallise grâce aux exemples rapportés est celle d'une comédienne
sérieuse et modeste - une star de proximité, une incarnation du
professionalisme. […] Lorsque Anne Cuneo a demandé à occuper la scène
du Schauspielhaus pendant quelques heures pour son documentaire sur
Anne-Marie Blanc en 2001, on lui a répondu: «Il n'est pas question que
cette vieille peau mette le pied sur notre scène.» Anne Cuneo a insisté
- et lorsque finalement on lui a cédé la scène pendant quelques heures,
on a soudain vu paraître de nombreux collègues d'autrefois, des
techniciens qui voulaient que la grande dame puisse jouir d'un
éclairage parfait, une manière de lui faire honneur une dernière fois.
Exactement comme le fait Anne Cuneo dans sa biographie «Conversation
chez les Blanc».
HNAS JÜRG ZINSLI, Berner Zeitung
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L’œil d’Anne Cuneo sur Anne-Marie Blanc
La force et la beauté d’une vocation de comédienne qui a marqué les
planches et les plateaux de Suisse sous le regard généreux de la
romancière Anne Cuneo
Dans un livre généreux qui est aussi l’histoire d’une amitié, Anne
Cuneo retrace la belle carrière de la comédienne Anne-Marie Blanc, au
nom romand et de langue maternelle française, mais qui a fait carrière
en Suisse alémanique, notamment au Schauspielhaus de Zurich, ville
qu’elle a habitée de l’adolescence à sa mort en 2009, à près de
90 ans, quelques mois avant la parution du livre (également publié
en allemand). De ce côté de la Sarine, Anne-Marie Blanc reste dans les
mémoires pour avoir incarné et ainsi mythifié Gilberte de Courgenay,
dans un film datant de 1941. Le livre d’Anne Cuneo donne sa véritable
dimension à cette comédienne aussi modeste que douée. Elle a «endossé»
au théâtre, sur nombre de scènes prestigieuses germanophones, des
grands rôles classiques féminins, à tous les âges, et tourné dans un
grand nombre de films, notamment avec Daniel Schmid (Violanta). Ce texte exprime, mémoire et sentiments à l’appui, la force et la beauté d’une vocation.
JEAN-BERNARD VUILLÈME, Le Temps
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«Raconter? Mais c’est faire plaisir!»
Anne
Cuneo est l’un des auteurs les plus lus en Suisse. Écrivain, cinéaste,
journaliste, elle nous fait découvrir des mondes et retrouver des
personnages perdus dans les siècles. Rencontre.
Coopération. Comment définissez-vous ce que vous faites?
Anne Cuneo. Je suis écrivain de romans, de théâtre et de cinéma, journaliste d’actualité et cinéaste.
Mais en fait, qu’est-ce être une femme écrivain et cinéaste?
Je
n’aurais jamais écrit autant si je ne m’étais pas heurtée dans ma
jeunesse à l’impossibilité de faire du cinéma. Dans les années 1960 en
Suisse, on ne donnait pas d’argent aux femmes pour faire des films! Le
théâtre était aussi un métier d’homme. Finalement, chez nous, il n’y a
que trois cents ans que les femmes peuvent monter sur scène, avant
c’était les hommes qui jouaient leurs rôles. Quand j’ai voulu mettre en
scène il y a vingt-cinq ans une pièce de Duras avec Anne- Marie Blanc
au Schauspielhaus de Zurich, on m’a ri au nez alors que maintenant
cette institution est dirigée par une femme. Les temps ont changé!
Ce qui vous tient à cœur dans votre travail?
Je
souhaite avant tout raconter de belles histoires, que cela soit en deux
minutes, sur une page de blog ou sur cinq cents pages. C’est comme cela
depuis toujours. Je suis née accompagnée d’histoires.
Qu’est-ce qui peut jouer le rôle d’étincelle?
Cela
peut partir de l’actualité, d’une lecture, du hasard, les histoires
sont comme des allumettes qui attendent l’étincelle. Il faut que cela
soit spontané, qu’il y ait quelque chose qui fasse tilt.
Et pour votre dernier livre?
Conversations chez les Blanc
est particulier parce que c’est une commande sur la grande comédienne
Anne-Marie Blanc. J’aimais vraiment cette femme, c’était une amie et
j’y raconte nos vies sous la forme de biographies croisées, mais ce
n’est pas un projet aussi personnel qu’un roman.
Quel genre de personnages vous intéresse?
Ceux qui ne se sont pas conformés à leur époque, qui ont fait quelque
chose de différent, m’intéressent beaucoup. Ils ont entraîné une
évolution capitale mais tout le monde les a oubliés. C’était très
marquant avec Augereau, le personnage principal du Maître de Garamond.
Au XVIe siècle, on a détruit sa maison, son atelier, il a été brûlé
comme hérétique et jusqu’à son nom a été banni. Raconter son histoire
est un travail d’historien, mais finalement l’historien est le
journaliste du passé. Quand j’ai fini ce livre, je me suis dit que
j’avais rétabli une justice.
Et pour votre fameux roman Le Trajet d’une rivière?
J’ai lu d’un prêtre catholique qui vivait à Londres en 1600 cette
phrase admirable: «Nous avons tous le même Dieu. Mais certains le
prient à l’église, d’autres le prient au temple. Quelle importance, du
moment qu’on le prie!»
Qu’en avez-vous fait, de cette phrase?
En
langage laïque, j’interpréterais ainsi: «Nous avons tous le même but:
être heureux. Quelle importance dans quel système, pourvu qu’on
travaille à être heureux.» Dans Le Trajet d’une rivière, j’ai
vu des parallèles directs entre le monde européen divisé entre
catholicisme et protestantisme et le monde entier divisé entre
capitalisme et communisme.
Cette idée, comment s’exprime- t-elle dans votre roman?
Le
personnage principal n’arrive pas à choisir entre les deux religions et
trouve ridicule l’extrême d’un côté comme de l’autre. Il choisit donc
de s’exprimer en musique qui est le langage des deux. Il prône la
tolérance!
Vous êtes un des auteurs les plus lus en Suisse, qu’est-ce que cela implique pour vous?
Je
suis peut-être un des auteurs les plus lus mais aussi un des plus
ignorés sur le plan de la critique. C’est quelque chose que je n’ai
jamais compris et qui m’a fait la vie dure parfois. Certains me
reprochent de faire des romans à l’eau de rose ou des romans de gare
car, au sens où la critique l’entend souvent, je ne suis pas une
intellectuelle. Pour moi, raconter des histoires aux lecteurs, c’est
les faire réfléchir mais aussi leur faire plaisir. J’ai une chance
extraordinaire car mes bouquins ont réussi à se vendre d’eux-mêmes. Ils
sont même traduits en plusieurs langues.
Vos projets?
Je me prépare à écrire au moins trois romans. Si on me propose un film,
je le réalise volontiers car je suis aussi cinéaste et j’ai fait autant
de films que de romans. J’ai aussi le projet de faire tout autre chose;
mais cela porte toujours malheur d’en parler trop tôt. Patience!
SOPHIE EIGENMANN, Coopération
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