De
Volatiles et Utiles ou Futiles à Funèbres et Sobre (cette dernière au
singulier: la narratrice y prend un ultime billet de «chagrin aller et
retour»), l’écrivain renoue dans ces courts textes avec le genre
ludico-philosophique où elle excelle depuis les Contes-gouttes.
Elle mêle ici la prose et la poésie, la comptine et la fable, la petite
annonce et l’incantation; alterne la première, la deuxième et la
troisième personne, varie les registres et les tons, emprunte ses
métaphores au règne animal (oiseau, chat, lynx, cheval) ou à un univers
féminin: la courtepointe des buissons, l’ourlet d’une tétine. Enfin
elle joue à merveille sur le contraste et la surprise, passant de la
dérision satirique à une belle gravité élégiaque finale. Tout cela
en un petit nombre de pages très travaillées, où l’on entend des échos
de contes, de fables (La Fontaine) et d’épigrammes (Voltaire), où l’on
goûte aussi bien les onomatopées moqueuses (vssst ou crac-isaac) que le
bégaiement sénile (assurer) et les allitérations: souffle, feu,
flamboyer, fluide. Personne ne sait mieux faire passer dans les
sonorités des mots cette vibration intime qui exprime la morsure du
désir, la passion bridée quand «les mots avancent au petit trot dans
leurs étriers de bienséance», ou encore la pirouette du dépit. Mais
aussi la connivence sans paroles, quand les gestes et de sourire
suffisent à susciter «ce parfum de trèfle rose et de vanille» dans
lequel il n’y a plus qu’à se rouler de concert.
ISABELLE MARTIN, Le Temps
Ça
relève de la poésie, de la fable, de la comptine, c’est délicat,
subtil, allusif, moqueur, éternel. Des mots venus du fond des âges
copulent avec d’autres, jaillis de la modernité. On y croise de petits
monsieurs qui bandent bien haut mais qui souvent ne semblent pas à la
hauteur.
JEAN-FRANÇOIS DUVAL, Construire
Dans son dernier ouvrage, Anne-Lise Grobéty décline toute la gamme des
émotions. Un beau voyage dans les méandres de l’âme et du corps.
Attentive à la sonorité de ses mots finement ciselés, minutieusement
soupesés, Anne-Lise Grobéty a fait sienne l’exigence d’Alice Rivaz: «Il
n’y a qu’une seule manière de dire les choses, une seule vraie. Il
s’agit de la trouver.» Et de la faire résonner comme au fil de ce
voyage traversé d’échos, au plus intime du lecteur.
DOMINIQUE BOSSHARD, L’Express et L’Impartial
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