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Husten
est la première fiction publiée par Walter Vogt, en 1965, alors qu’il
était encore radiologue, et non psychiatre comme par la suite. Ce
recueil de nouvelles a paru chez Diogenes, avec des illustrations de
Peter Wezel.
Sous-titré Histoires vraisemblables et invraisemblables,
le livre contient une quinzaine de récits de longueur fort variable. On
y décèle déjà quelques thèmes de Vogt: caricature de la médecine (le
professeur Wüthrich, héros du premier roman qui rendra l’auteur célèbre
en Suisse alémanique, y fait une apparition); anticléricalisme;
dérision, critique sociale... et cet humour grinçant qui deviendra la
signature de Vogt.
FRANCOIS CONOD, traducteur
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Walter Vogt excelle dans l'art du bref
Cette
première fiction publiée en 1965, alors que Walter Vogt était encore
radiologue (et non psychiatre comme par la suite), cette première
fiction est un bijou. Un fonctionnaire nommé Félix Wieder
(quarante-et-un ans) se met à tousser un jour de septembre. Son
entourage est incommodé par cette toux aiguë, sèche et nerveuse. On lui
ordonne de consulter un médecin qui lui prescrit des gouttes. La toux
persiste. Certificat d’incapacité de travail. On l’examine à fond
pendant trois jours dans un hôpital. Le célèbre professeur Wüthrich
(homme exceptionnellement grand et gras) se met en colère. Il ne
comprend pas de quoi souffre ce mystérieux patient qu’il envoie chez le
Dr Meyer-Stoss. Le Dr Meyer-Stoss s’est fait un nom grâce à la
«thérapie constructive de la personnalité». Ce psychiatre avisé impose
à Félix divers exercices: tousser vigoureusement au lieu de se retenir,
assister au Magnificat de Bach, offrir des orchidées à une
inconnue, s’emparer d’un cygne par une nuit glaciale et occire le
volatile. Exercice au cours duquel Félix attrape un refroidissement. Il
se remet à tousser. Cette fois, une cure en altitude est prescrite.
Rien n’y fait, l’opération est inéluctable. Mais dans le bloc
opératoire, les grands pontes de la chirurgie ne sont pas d’accord sur
l’emplacement de la tache. L’un affirme qu’elle à droite, l’autre à
gauche. Lorsque le scalpel entrera dans la chair de Félix, on
s’apercevra que le patient est mort. Faillite de la médecine
traditionnelle. On y pense en lisant cette nouvelle grinçante. Car le
patient y est traité comme un objet, un numéro. Ce qui se passe
effectivement lorsque vous consultez des médecins et qu’ils sont
incapables de définir le mal dont vous souffrez. Mais au-delà de ce
constat, il y a la satire (le gros médecin haletant bardé de diplômes,
le constructiviste Meyer-Stoss) et, surtout, la joie de raconter une
histoire, lieu de tous les possibles. Le milieu médical où Vogt évolua
lui a sans doute permis de ramasser quelques pépites mais ce qui frappe
à la lecture de La Toux, c’est cette jubilante certitude qu’écrire invente des mondes. Celui de Walter Vogt vaut le détour.
Blog d’ANTONIN MOERI
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La Toux
Il
tousse un peu. Puis beaucoup, et surtout longtemps. Félix ne survivra
pas à la médecine, qui n’a guère changé depuis les Diafoirus de
Molière. La Toux donne son nom au premier recueil de nouvelles
de Walter Vogt (1926-1988), paru en 1965. Le Suisse y raconte des
histoires «vraisemblables et invraisemblables», souvent situées dans
des hôpitaux. Il faut dire que Vogt lui-même fut radiologue, puis
psychiatre. C’est inégal, mais très grinçant.
ÉTIENNE DUMONT, Tribune de Genève
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Comment
la vie d’un homme peut-elle basculer suite à l’apparition d’une toux
bénigne? Enfin, peut-être pas si bénigne que cela puisqu’elle résiste à
tous les traitements et plonge son pauvre porteur dans le dédale
proprement kafkaïen des hôpitaux. De thérapies absurdes conseillées par
un psychiatre allumé en erreurs de diagnostic imposées par l’orgueil
dévastateur du professeur en chef Wüthrich, La Toux, nouvelle
éponyme du recueil signé Walter Vogt, est un bijou d’humour grinçant.
On est plongé dans un univers grotesque, qui fait froid dans le dos
autant qu’il déchaîne des quintes non pas de toux mais de fous rires.
Son auteur sait de quoi il parle, puisqu’il était radiologue lorsqu’il
a publié en 1965 La Toux, son premier recueil de nouvelles. À
la suite de quoi il bifurque professionnellement pour devenir
psychiatre dans la banlieue bernoise jusqu’à sa mort en 1988, tout en
continuant à écrire en reprenant la figure devenue célèbre du
professeur Wüthrich. Façon d’explorer les méandres humains sur deux
fronts.
SANDRINE FABBRI, Le Phare, Centre culturel suisse, Paris, No 6, septembre décembre 2010
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Jusqu’à la lie
La nouvelle qui inaugure le recueil et lui offre son titre donne le ton
de l’ensemble: humour noir, traitement par l’absurde de l’existence
humaine, satire sociale (la médecine, tout particulièrement, en prend
pour son grade).
Fondées sur une expérience lucide et sans concessions de la vie
(l’auteur, né à Zurich en 1926, a été professeur, radiologue,
psychiatre…), ainsi que sur un sens aigu, voire cruel, du détail qui
fait mouche, les histoires ici racontées attisent la curiosité (plus ou
moins saine) tout en laissant la plupart des questions en suspens;
chacune est d’une construction rigoureuse, progressive, tournée vers un
dénouement qui souvent allie la logique et la surprise. Cette
progression interne à chaque nouvelle est aussi, malicieusement, celle
du recueil qui, après des nouvelles longues et d’autres qui ont la
brièveté d’un coup de scalpel, se termine par «La dernière histoire»,
titre à double entente (ou double détente?); elle ne peut effectivement
qu’être la dernière, à boire jusqu’à la lie.
La Toux,
sous-titré «Histoires vraisemblables et invraisemblables» (entre les
deux options, le tri s’avère difficile), ne date pas d’aujourd’hui,
puisque Husten (titre original en allemand) a été publié en
1965. Mais son caractère à la fois intemporel et percutant rend le
recueil toujours actuel; sa traduction et sa publication en français
sont les bienvenues.
Blog de JEAN-PIERRE LONGRE
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