CATHERINE FUCHS

LA TÊTE DANS LE SABLE

Roman
2016. 256 pages. Prix: CHF 30.–
ISBN 978-2-88241-412.0


Biographie

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Le Zumanga, pays d’Afrique noire, est riche en ressources minières. Une multinationale dont le siège est à Zoug les exploite impunément, en complicité avec un gouvernement corrompu. Au nom de l’ONG, Terra Nostra, une Genevoise, Carmen Berger, a entrepris de dénoncer les agissements de l’entreprise: l’exploitation de la mine pollue le sol du Zumanga et spolie son peuple. Cette idéaliste pugnace a aussi des problèmes personnels et ressent une attirance embarrassante pour un cadre de la multinationale. Se mettra-t-elle «la tête dans le sable» ou luttera-t-elle contre ses sentiments? Sous couvert de fiction et d’intrigue amoureuse, Catherine Fuchs a écrit un roman engagé qui touche à des problèmes bien réels.

ISABELLE RÜF,
Le Phare, Centre Culturel Suisse de Paris, No 26

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Travail pour soi

Dans ce livre se joue un drame entre la Suisse, réaliste au point d’apparaître fictive, et le Zamanga, un pays africain imaginaire, plus vrai que nature. Basée à Zoug, la multinationale Pormaco y exploite sans limites des mines de cuivre, au grand dam de Carmen Berger, qui travaille à Genève pour l’ONG Terra Nostra. Aux prises avec un quotidien ultrabanal, cette quinquagénaire, divorcée et mère d’une ado, tente le tout pour le tout: renouer avec l’amour non sans panser les plaies béantes d’une planète meurtrie. Dans une veine engagée, la Genevoise Catherine Fuchs, enseignante et musicienne, marie allegro ma non troppo, le roman d’espionnage et le roman d’introspection. Et très vite, c’est moins l’Afrique et ses contrastes insoutenables que les confessions de la narratrice qui nous tiennent en haleine.

NICOLAS VERDAN, Terre & Nature, 27 avril 2017

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Qui gardera la mémoire?
Quel lieu reconnaîtra nos pas,
          empreintes futiles
          [...]
Qui, fouillant la transparence,
               portera témoignage?

Ces vers de Catherine Fuchs pourraient servir d’introduction au court roman sur un sujet difficile et peu présent dans l’actualité romanesque aujourd’hui sous cette forme narrative très classique. En effet, l’écrivain tâche de fouiller une vie somme toute assez ordinaire pour en montrer les contradictions, pour poser des questions sur les agissements des pays occidentaux et sur nos propres comportements individuels, interindividuels et collectifs. L’écrivain porte témoignage et sauve de l’oubli ce que chacun cherche tant à cacher. Elle donne à saisir son projet, d’ailleurs, dans le cours du roman. Discutant avec d’autres membres de l’association Terra Nostra, avec qui elle doit écrire un dossier sur les agissements éhontés et illicites de certaine multinationale dans un petit pays africain, le personnage principal Carmen Berger déclare en effet: …Ne pourrait-on pas imaginer un petit conte, une espèce d’histoire exemplaire avec un pays inventé, une compagnie inventée? Nous pourrions donner corps au mécanisme de corruption bien mieux qu’avec les sempiternelles généralités que nous répétons régulièrement.
Il faut alors entrer plus avant dans ce récit, curieusement daté comme un journal intime, plutôt journal de bord dans lequel sont relatés deux mois de la vie d’une femme. Carmen Berger, cinquantenaire abandonnée par son mari pour une femme plus jeune, mère d’une fille sans boussole et peu sympathique, Ilona, cherche avec ses amis de l’association Terra Nostra, à prendre en flagrant délit les exploitants occidentaux, sans foi ni loi, de mines de cuivre d’un petit pays africain, le Zamanga. Catherine Fuchs brosse en même temps avec précision le portrait d’un pays dont la société surprotégée ne réfléchit pas assez aux soubassements de sa richesse, de sa puissance, d’où le titre du livre, bien sûr, allusion au comportement peu rationnel de l’autruche. Il s’agit de la Suisse, mais on y reconnaîtra facilement d’autres pays occidentaux, d’autant plus que l’association pour laquelle elle œuvre lutte contre d’énormes multinationales sans états d’âme – toujours difficilement, freinée par les lois de protection des libertés qui semblent si souvent profiter plus à ceux qui le méritent moins.»
Suivre les mouvements du cœur, du corps et de l’esprit de ce personnage principal se fait sans peine et avec beaucoup d’intérêt à travers des dialogues vivants et denses, des monologues intérieurs (eux aussi sous forme de dialogue, en tous cas adressés à soi-même en «tu») où se nouent un désir de comprendre, une volonté d’être honnête à une perplexité grandissante née d’un engouement amoureux soudain pour un adversaire, un homme qui travaille justement dans l’entreprise qu’elle essaie avec ses amis de prendre au piège. Peu à peu, Carmen Berger s’écartèle entre des élans contradictoires qu’elle ne sait comment mener de front et qu’elle mène cependant de front au risque peut-être de briser la force qui l’anime.
Au mitan du livre, Catherine Fuchs développe une image que l’on n’attend pas forcément dans un roman qui traite du commerce international et des rapports de force entre pays qui permettent l’exploitation éhontée des uns par les autres. En effet, juste après un rendez-vous amoureux où se précise la difficulté que Carmen Berger éprouve à résister aux désirs qui l’emportent, elle évoque la piscine du camp de concentration de Mauthausen, rappel tout sauf anodin, piscine construite pour le confort et l’agrément du personnel, commandants et gardiens:
«[...] cette piscine s’est transformée en allégorie, a pris valeur de paradigme: comment illustrere plus clairement, plus tragiquement, un des mécanismes essentiels de la psychologie humaine? [...] Tous, nous construisons nos vies sur une bonne dose d’oubli et des fuites répétées; cette piscine, nous y barbotons tous  [...] C’est à ça que tu t’attaques, cette piscine qui te hante, béante, affreusement flagrante, obscène, tu aimerais que les murs tombent, qu’il n’y ait plus d’eau, que les gens se regardent, tu aimerais rappeler à tous... Mais tu ne sais plus comment faire, tu es fatiguée, pleut-il encore?»
Cette image accompagnera désormais la suite de la lecture, la colorera d’inquiétude, d’autant plus que s’y greffe la relation fragmentée et en caractères gras d’un voyage de Carmen Berger au Zamanga. Cette expérience douloureuse revient souvent ponctuer le livre. Elle distille révolte et sentiment d’impuissance dans une vie relativement tranquille malgré tout, puis distord tout le bien-être que le personnage pourrait peut-être ressentir à être de nouveau désirée et peut-être aimée, mais sur des courts luxueux de tennis, dans un restaurant japonais haut de gamme où son nouvel amant l’invite, dans la voiture opulente dans laquelle elle commence à traverser la ville lorsque son amant vient la chercher: «La première maison dans laquelle nous nous arrêtons est fendue de la tête aux pieds, les chocs engendrés par les explosions dans les mines ont eu raison de cette fragile demeure; plusieurs ont subi le même sort, on nous montre même les ruines d’une autre qui n’a pas résisté.»
Aller gratter d’épaisses couches d’absence de sensibilité, d’errements de l’intelligence ne manque pas de force dans ce roman. Il tient en éveil la conscience de soi ou la réveille par une fine intrigue doublée de réflexions et de questions salvatrices. Une interrogation, sutout, finit par tarauder: quand commence la corruption de soi, de ses représentations, de ses relations avec le monde?
Il est dommage que les dernières pages qui concluent l’intrigue par une esquive, une pirouette rapide et un peu facile, nous privent du malaise réel avec lequel nous devrions finir un livre si nécessaire, même si l’intention de l’auteur était peut-être justement de nous laisser chacun en suspens dans l’imbroglio complexe de nos sentiments et de nos actes. L’effet de ce roman en sort un peu affaibli. La chose n’était pas facile, mais il eût alors fallu peut-être manier l’ironie comme un Milan Kundera, être plus cruel, malmener un peu plus le lecteur. Cette réserve faite, le lecteur aura quand même été mené en des contrées peu fréquentées par le roman aujourd’hui. L’enjeu est de taille. Comment dire clairement, et en s’incluant dans le propos, l’enfermement et l’amollissement des consciences, cela sans trop de bons sentiments ou d’illusions faciles? Et que ce soit de manière à rendre visible la complexité et les paradoxes des situations, de manière à réveiller une capacité sincère, incisive et pertinente de résistance?
Il est judicieux, finalement, de le faire avec autant de simplicité et de rigueur, comme le font entendre quelques vers d’un autre poème de Catherine Fuchs.
Une ligne, des formes
    l’horizon et l’abîme
quelqu’un pour le dire
à la croisée des chemins

et tout peut commencer.

FRANCOISE DELORME, Vice Versa Littérature, 21 février 2017

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J’étais un peu inquiet en commençant le dernier livre de Catherine Fuchs, La Tête dans le sable. Il s’agit en effet d’un roman «engagé» dont le personnage principal, Carmen Berger, travaille dans une ONG qui est bien résolue à dénoncer les méfaits d’une puissante multinationale exploitant sans scrupule le cuivre d’un petit pays d’Afrique, le Zamanga. Je craignais le déluge des bons sentiments et l’inévitable auto-flagellation finale qui accompagne bien souvent ce genre de livre (les écrivains romands ont la culpabilité rivée à l’âme et au corps).
Mais pas du tout! Même si ses personnages sont un brin convenus (Carmen est le type de la femme divorcée de cinquante ans, aigrie, avec deux enfants ingérables, un ex courant le guilledou avec une jeunette, roulant à vélo et toute dévouée à sauver la planète; son prétendant, quant à lui, roule en Mercedes, joue au golf et au tennis et possède un hors-bord!), l’auteur nous entraîne dans une sorte de roman d’espionnage extrêmement bien ficelé. Écrit sous la forme d’un journal intime, le roman est enrichi de témoignages pris à vif sur le terrain, témoignages qui sont autant de preuves à charge contre la multinationale Pormaco. Pour corser le tout, Catherine Fuchs imagine une liaison (forcément dangereuse) entre Carmen Berger et un homme travaillant pour la Pormaco. Dès lors, le roman se déploie dans deux dimensions parallèles, l’une politique, l’autre affective, qui doivent bien un jour se rejoindre. Je ne dévoilerai pas la fin du livre, mais les fils se rejoignent, en effet, et de manière inattendue. Entre-temps, le roman décortique les circuits compliqués par lesquels, aujourd’hui, on peut tromper le fisc, appauvrir toute une région d’Afrique en prétendant y apporter progrès et développement et s’enrichir effrontément du labeur des autres.
Sans jamais être pontifiant, ou moralisateur, le livre éclaire très bien les mécanismes d’exploitation de certains pays riches en matières premières (indispensables à nos précieux portables!) au seul profit de multinationales sans état d’âme. Et l’histoire d’amour entre Carmen et Michael (le beau ténébreux de la  Pormaco) tient le lecteur en haleine.
Un livre à lire et à méditer.

JEAN-MICHEL OLIVIER
, Blogres, 20 janvier 2017

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Découvrez le nouveau roman de Catherine Fuchs, Elle raconte l’histoire de Carmen Berger qui se bat au côté de son ONG Terra Nostra pour dénoncer les pratiques de la Pormaco. Cette société exploite une mine de cuivre au Zamanga (un pays fictif d’Afrique) et cause des dégâts massifs dans le pays. Un intrigue palpitante qui met en lumière les enjeux actuels liés aux agissements désastreux des multinationales.

ANAÏS MONNIN,
Fedevaco, Fédération vaudoise de coopération

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Sale négoce

Il y a quelque chose de pourri au royaume du commerce international… Révoltée, combative, Carmen Berger prépare, avec son ONG Terra Nostra, un rapport qui dénonce les agissements de la Pormaco. Basée à Zoug, la société exploite une mine de cuivre au Zamanga, fictif petit pays d’Afrique qui prend valeur d’exemple. Corruption, optimisation fiscale, dégâts sociaux, sanitaires et environnementaux: Catherine Fuchs signe un roman glaçant et très documenté sur les pratiques des multinationales, dévoilées au fil d’une intrigue rondement menée.
La poétesse et romancière genevoise situe La Tête dans le sable dans la ville du bout du lac, où se déroule tambour-battant le quotidien de Carmen, entre une fille ado avec laquelle les relations ne sont pas simples, un ex-mari qui refait sa vie, les contacts de son ONG avec l’Africain Samuel confronté à des intimidations sur le terrain, mais aussi avec la Pormaco et son armada d’avocats… Si la battante est familière de ces défis, elle sera en revanche perturbée par la rencontre aussi imprévue qu’étonnante avec le beau Michael, employé de la multinationale visiblement sous le charme de la cinquantenaire.
Se lier à l’ennemi? D’ailleurs, n’est-il pas un leurre, un piège tendu par la Pormaco? Comment faire confiance à cet hédoniste qui ne réfléchit pas aux conséquences de ses actes? Le doute plane, l’austère et droite Carmen résiste. Mais le désir n’a cure des principes, des valeurs et de l’éthique sociale…
Saluons le rythme du roman, tenu, alerte, ainsi que son sujet. Catherine Fuchs abordant de manière vivante et limpide des enjeux peu visibles en littérature. Et pour cause: l’exercice est difficile, qui court le risque du didactisme et du trop explicite, malheureusement pas toujours évités ici.

ANNE PITTLOUD
, Le Courrier

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Catherine Fuchs milite pour les droits humains dans son roman

Le récit se déroule à Genève et est signé Catherine Fuchs. Personnage central de La Tête dans le sable, Carmen est ce que l’on appellerait aujourd’hui une bobo. Genevoise écolo quadra ou quinqua, elle travaille dans une ONG genevoise qui enquête sur les violations des droits de l’homme causés par les multinationales suisses basées à l’étranger. Terra Nostra, c’est ainsi que s’appelle l’association, entend publier dans son prochain numéro le témoignage accablant des habitants vivant à proximité de l’usine appartenant à la Pormaco, qui pollue les eaux et les terres au Zamanga – pays d’Afrique imaginaire – sans se soucier des maladies graves provoquées. Au siège de la société à Zoug, les dirigeants se montrent mielleux puis menaçants avec les altermondialistes et contestent leurs chiffres sans donner les leurs. Allergique à leur langue de bois et leur mauvaise foi, Carmen fustige. Quelle n’est pas sa surprise lorsque Michaël, un employé de la Pormaco, se met à la courtiser. Cours de tennis, restaurants luxueux, virée en bateau ou en voiture sportive, il lui sort le grand jeu auquel elle se laisse prendre, non sans lutter, même si le train de vie du séducteur se situe à l’opposé de son échelle de valeurs. Pendant ce temps, un collaborateur de Terra Nostra basé au Zamanga est enlevé. Corrompu, le gouvernement ne peut pas être appelé à l’aide.
Suggérant un lien entre le jeu de séduction et le bras de fer entre Terra Nostra et la Pormaco, le récit entraîne le lecteur vers ce qui semble ressembler à un polar. Mais non. Le suspense entretenu ne ficelle finalement aucune intrigue. Que reste-t-il finalement? La profession de foi d’un personnage engagé à gauche, qui roule à vélo, se bat contre les inégalités, ne boit pas trop d’alcool, préfère réparer sa radio que d’en acheter une autre. L’intériorité des autres personnages n’est pas explorée. Dommage. Heureusement, quelques passages rappellent la maîtrise poétique de l’auteure. Les nuits d’amour notamment, dont le climax rayonne dans l’ellipse, bousculent la ponctuation et honorent le style indirect libre et la phrase infinie. «…tu prends tout, tout, ça fait longtemps, je ne sais pas, et lui, depuis le premier jour, à Zoug, ce n’est pas possible, puisque je le dis, te le prouve, et ton corps accepte ces marques d’allégeance qui le transfigurent, le rendent si dense que le temps s’arrête…» Enseignante de français et de musique au Collège, Catherine Fuchs est également musicienne; elle a été Hautbois solo dans l’Orchestre de chambre de Genève.

MARIANNE GROSJEAN
, Tribune de Genève

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«Tous, à des degrés divers, nous fermons les yeux, qu’on appelle ça divertissement ou schizophrénie. Tous, nous construisons nos vies sur une bonne dose d’oubli et des fuites répétées.»
Bref, nous nous mettons tous La Tête dans le sable, comme, dit-on, le font les autruches. Pour oublier ou fuir la réalité. Face aux maux qui affligent le monde, de fait, il y a deux attitudes possibles: soit dénoncer ceux dont on considère qu’ils en sont responsables, soit agir à son échelle pour les atténuer à défaut de les faire disparaître.
Dans le roman de Catherine Fuchs, Carmen Berger relève de la première attitude. Elle travaille pour une ONG, Terra Nostra, dont elle est la rédactrice en chef de la revue, Recto Verso. Rentrée de vacances, début septembre, elle prépare tout un dossier sur Comiza, une filiale de la multinationale Pormaco, dont le siège est à Zoug.
Carmen Berger est bien une femme de son temps: elle a bientôt la cinquantaine; elle se déplace à vélo dans Genève; Gilles l’a quittée pour une plus jeune; leur fille Ilona est ingérable; l’avenir la préoccupe davantage que le présent; elle a une dent contre les multinationales qui ne recherchent que le profit immédiat et font de l’optimisation fiscale.
Le dossier sur Comiza lui tient à coeur. L’usine d’extraction de minerais de Twabo de cette entreprise se trouve au Zumanga, pays africain dont le pouvoir est corrompu et entretient des relations de connivence avec la firme. Ce qui permet à celle-ci de causer des dommages aux personnes et aux biens, et à l’environnement, en toute impunité.
Pour parfaire son dossier, Terra Nostra a envoyé à Pormaco un questionnaire. L’ONG se rend en délégation à Zoug pour entendre les réponses que la multinationale entend y apporter. Les antagonistes se séparent sans que les uns aient été convaincus par les arguments des autres. La séance de discussions se termine cependant par une réception.
Au cours de cette réception, un des cadres de Pormaco, Michael Preskow a remarqué Carmen Berger. C’est peu de dire que ce fringant quadragénaire est attiré par elle. A Genève, il lui fait une cour assidue, à laquelle elle n’est pas insensible, mais dont elle se défend parce qu’il appartient au camp ennemi et qu’il a une tout autre conception des choses.
Michael Preskow vit dans le présent, roule Mercedes décapotable, est membre d’un club de tennis huppé, a son couvert mis dans les meilleurs restaurants de la ville, pense qu’il faut prendre la nature comme elle est, laisser suffisamment de liberté aux gens pour que les choses finissent par s’équilibrer: «le commerce bien compris favorise les intérêts de tous.»
Parallèlement à une histoire de catastrophe écologique, dans tous les acceptions du terme, inspirée de cas réels, dénoncée par une ONG et ses correspondants sur le terrain, se déroule donc une histoire entre un homme et une femme que tout oppose.  sur le terrain, se déroule donc une histoire entre un homme et une femme que tout oppose. Cette histoire, racontée avec une grande finesse psychologique, est empoisonnée par l’autre...

Blog de FRANCIS RICHARD, 29 décembre 2016 

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La Norvège touche 70 % des revenus de son pétrole. Le Zamanga, petit pays d’Afrique australe, ne perçoit que 5 % des bénéfices engendrés par l’extraction de son cuivre. Il y a quelque chose de pourri au royaume du commerce international… Carmen Berger, et l’ONG avec laquelle elle travaille, est une de celles qui voudraient le rappeler à la face du monde, mais peu sont prêts à écouter, et ceux qui tendent l’oreille ne sont pas toujours des amis.

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Être en danger dans son propre pays. Ça fait si longtemps que ce n’est pas arrivé aux Suisses que tu penses parfois que cette hypothèse a même disparu de leur inconscient, de leur mémoire collective ; être menacé chez soi, craindre ses voisins, sa police, ses autorités, ne plus savoir sur qui compter, et encore moins sur ses droits, pouvoir être frappé impunément… tout cela est banni du disque dur de ce peuple si préservé, si confiant dans la pérennité de ses institutions: ceux qui souffrent, ce sont toujours les autres, ceux qui vivent sous les palmiers, là où les rues sont poussiéreuses, les ordures peu ou pas ramassées, des gens qui se ressemblent, aux visages émaciés, aux yeux sombres, aux dents irrégulières. C’était comme ça ici, à peu de choses près, ici aussi, mais on a fait en sorte que ça n’arrive plus à coups de travail et de sérieux, tout est sous contrôle, et de plus en plus, on s’assure, on se réassure, on se casque, on s’équipe, dernier cri, on ne sent plus ni le chaud ni le froid, seul l’effort, mais voulu, sportif, noble, pour les week-ends seulement. Sous contrôle. Tu ne fais pas exception, tu sais que tu ne pourras jamais par­tager l’expérience intime des gens qui ont senti le sol se dérober sous leurs pas, ce sentiment d’exil à tout jamais gravé en eux… t’appartient-il malgré tout? comme une blessure intime commune à tous, mais camouflée sous des décennies de confort et d’oubli, pourquoi est-elle si prompte à saigner chez toi?

CATHERINE FUCHS


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