Le Zumanga, pays d’Afrique noire, est riche en ressources
minières. Une multinationale dont le siège est à Zoug les exploite
impunément, en complicité avec un gouvernement corrompu. Au nom de
l’ONG, Terra Nostra, une Genevoise, Carmen Berger, a entrepris de
dénoncer les agissements de l’entreprise: l’exploitation de la mine
pollue le sol du Zumanga et spolie son peuple. Cette idéaliste pugnace
a aussi des problèmes personnels et ressent une attirance embarrassante
pour un cadre de la multinationale. Se mettra-t-elle «la tête dans le
sable» ou luttera-t-elle contre ses sentiments? Sous couvert de fiction
et d’intrigue amoureuse, Catherine Fuchs a écrit un roman engagé qui
touche à des problèmes bien réels.
ISABELLE RÜF, Le Phare, Centre Culturel Suisse de Paris, No 26
Travail pour soi
Dans ce livre se joue un drame entre la Suisse, réaliste au point
d’apparaître fictive, et le Zamanga, un pays africain imaginaire, plus
vrai que nature. Basée à Zoug, la multinationale Pormaco y exploite
sans limites des mines de cuivre, au grand dam de Carmen Berger, qui
travaille à Genève pour l’ONG Terra Nostra. Aux prises avec un
quotidien ultrabanal, cette quinquagénaire, divorcée et mère d’une ado,
tente le tout pour le tout: renouer avec l’amour non sans panser les
plaies béantes d’une planète meurtrie. Dans une veine engagée, la
Genevoise Catherine Fuchs, enseignante et musicienne, marie allegro ma
non troppo, le roman d’espionnage et le roman d’introspection. Et très
vite, c’est moins l’Afrique et ses contrastes insoutenables que les
confessions de la narratrice qui nous tiennent en haleine.
NICOLAS VERDAN, Terre & Nature, 27 avril 2017
Qui gardera la mémoire?
Quel lieu reconnaîtra nos pas,
empreintes futiles
[...]
Qui, fouillant la transparence,
portera témoignage?
Ces vers de Catherine Fuchs pourraient servir d’introduction au court
roman sur un sujet difficile et peu présent dans l’actualité romanesque
aujourd’hui sous cette forme narrative très classique. En effet,
l’écrivain tâche de fouiller une vie somme toute assez ordinaire pour
en montrer les contradictions, pour poser des questions sur les
agissements des pays occidentaux et sur nos propres comportements
individuels, interindividuels et collectifs. L’écrivain porte
témoignage et sauve de l’oubli ce que chacun cherche tant à cacher.
Elle donne à saisir son projet, d’ailleurs, dans le cours du roman.
Discutant avec d’autres membres de l’association Terra Nostra, avec qui
elle doit écrire un dossier sur les agissements éhontés et illicites de
certaine multinationale dans un petit pays africain, le personnage
principal Carmen Berger déclare en effet: …Ne pourrait-on pas imaginer
un petit conte, une espèce d’histoire exemplaire avec un pays inventé,
une compagnie inventée? Nous pourrions donner corps au mécanisme de
corruption bien mieux qu’avec les sempiternelles généralités que nous
répétons régulièrement.
Il faut alors entrer plus avant dans ce récit, curieusement daté comme
un journal intime, plutôt journal de bord dans lequel sont relatés deux
mois de la vie d’une femme. Carmen Berger, cinquantenaire abandonnée
par son mari pour une femme plus jeune, mère d’une fille sans boussole
et peu sympathique, Ilona, cherche avec ses amis de l’association Terra
Nostra, à prendre en flagrant délit les exploitants occidentaux, sans
foi ni loi, de mines de cuivre d’un petit pays africain, le Zamanga.
Catherine Fuchs brosse en même temps avec précision le portrait d’un
pays dont la société surprotégée ne réfléchit pas assez aux
soubassements de sa richesse, de sa puissance, d’où le titre du livre,
bien sûr, allusion au comportement peu rationnel de l’autruche. Il
s’agit de la Suisse, mais on y reconnaîtra facilement d’autres pays
occidentaux, d’autant plus que l’association pour laquelle elle œuvre
lutte contre d’énormes multinationales sans états d’âme – toujours
difficilement, freinée par les lois de protection des libertés qui
semblent si souvent profiter plus à ceux qui le méritent moins.»
Suivre les mouvements du cœur, du corps et de l’esprit de ce personnage
principal se fait sans peine et avec beaucoup d’intérêt à travers des
dialogues vivants et denses, des monologues intérieurs (eux aussi sous
forme de dialogue, en tous cas adressés à soi-même en «tu») où se
nouent un désir de comprendre, une volonté d’être honnête à une
perplexité grandissante née d’un engouement amoureux soudain pour un
adversaire, un homme qui travaille justement dans l’entreprise qu’elle
essaie avec ses amis de prendre au piège. Peu à peu, Carmen Berger
s’écartèle entre des élans contradictoires qu’elle ne sait comment
mener de front et qu’elle mène cependant de front au risque peut-être
de briser la force qui l’anime.
Au mitan du livre, Catherine Fuchs développe une image que l’on
n’attend pas forcément dans un roman qui traite du commerce
international et des rapports de force entre pays qui permettent
l’exploitation éhontée des uns par les autres. En effet, juste après un
rendez-vous amoureux où se précise la difficulté que Carmen Berger
éprouve à résister aux désirs qui l’emportent, elle évoque la piscine
du camp de concentration de Mauthausen, rappel tout sauf anodin,
piscine construite pour le confort et l’agrément du personnel,
commandants et gardiens:
«[...] cette piscine s’est transformée en allégorie, a pris valeur de
paradigme: comment illustrere plus clairement, plus tragiquement, un
des mécanismes essentiels de la psychologie humaine? [...] Tous, nous
construisons nos vies sur une bonne dose d’oubli et des fuites
répétées; cette piscine, nous y barbotons tous [...] C’est à ça
que tu t’attaques, cette piscine qui te hante, béante, affreusement
flagrante, obscène, tu aimerais que les murs tombent, qu’il n’y ait
plus d’eau, que les gens se regardent, tu aimerais rappeler à tous...
Mais tu ne sais plus comment faire, tu es fatiguée, pleut-il encore?»
Cette image accompagnera désormais la suite de la lecture, la colorera
d’inquiétude, d’autant plus que s’y greffe la relation fragmentée et en
caractères gras d’un voyage de Carmen Berger au Zamanga. Cette
expérience douloureuse revient souvent ponctuer le livre. Elle distille
révolte et sentiment d’impuissance dans une vie relativement tranquille
malgré tout, puis distord tout le bien-être que le personnage pourrait
peut-être ressentir à être de nouveau désirée et peut-être aimée, mais
sur des courts luxueux de tennis, dans un restaurant japonais haut de
gamme où son nouvel amant l’invite, dans la voiture opulente dans
laquelle elle commence à traverser la ville lorsque son amant vient la
chercher: «La première maison dans laquelle nous nous arrêtons est
fendue de la tête aux pieds, les chocs engendrés par les explosions
dans les mines ont eu raison de cette fragile demeure; plusieurs ont
subi le même sort, on nous montre même les ruines d’une autre qui n’a
pas résisté.»
Aller gratter d’épaisses couches d’absence de sensibilité, d’errements
de l’intelligence ne manque pas de force dans ce roman. Il tient en
éveil la conscience de soi ou la réveille par une fine intrigue doublée
de réflexions et de questions salvatrices. Une interrogation, sutout,
finit par tarauder: quand commence la corruption de soi, de ses
représentations, de ses relations avec le monde?
Il est dommage que les dernières pages qui concluent l’intrigue par une
esquive, une pirouette rapide et un peu facile, nous privent du malaise
réel avec lequel nous devrions finir un livre si nécessaire, même si
l’intention de l’auteur était peut-être justement de nous laisser
chacun en suspens dans l’imbroglio complexe de nos sentiments et de nos
actes. L’effet de ce roman en sort un peu affaibli. La chose n’était
pas facile, mais il eût alors fallu peut-être manier l’ironie comme un
Milan Kundera, être plus cruel, malmener un peu plus le lecteur. Cette
réserve faite, le lecteur aura quand même été mené en des contrées peu
fréquentées par le roman aujourd’hui. L’enjeu est de taille. Comment
dire clairement, et en s’incluant dans le propos, l’enfermement et
l’amollissement des consciences, cela sans trop de bons sentiments ou
d’illusions faciles? Et que ce soit de manière à rendre visible la
complexité et les paradoxes des situations, de manière à réveiller une
capacité sincère, incisive et pertinente de résistance?
Il est judicieux, finalement, de le faire avec autant de simplicité et
de rigueur, comme le font entendre quelques vers d’un autre poème de
Catherine Fuchs.
Une ligne, des formes
l’horizon et l’abîme
quelqu’un pour le dire
à la croisée des chemins
et tout peut commencer.
J’étais un peu inquiet en commençant le dernier livre de Catherine Fuchs, La Tête dans le sable.
Il s’agit en effet d’un roman «engagé» dont le personnage principal,
Carmen Berger, travaille dans une ONG qui est bien résolue à dénoncer
les méfaits d’une puissante multinationale exploitant sans scrupule le
cuivre d’un petit pays d’Afrique, le Zamanga. Je craignais le déluge
des bons sentiments et l’inévitable auto-flagellation finale qui
accompagne bien souvent ce genre de livre (les écrivains romands ont la
culpabilité rivée à l’âme et au corps).
Mais pas du tout! Même si ses personnages sont un brin convenus (Carmen
est le type de la femme divorcée de cinquante ans, aigrie, avec deux
enfants ingérables, un ex courant le guilledou avec une jeunette,
roulant à vélo et toute dévouée à sauver la planète; son prétendant,
quant à lui, roule en Mercedes, joue au golf et au tennis et possède un
hors-bord!), l’auteur nous entraîne dans une sorte de roman
d’espionnage extrêmement bien ficelé. Écrit sous la forme d’un journal
intime, le roman est enrichi de témoignages pris à vif sur le terrain,
témoignages qui sont autant de preuves à charge contre la
multinationale Pormaco. Pour corser le tout, Catherine Fuchs imagine
une liaison (forcément dangereuse) entre Carmen Berger et un homme
travaillant pour la Pormaco. Dès lors, le roman se déploie dans deux
dimensions parallèles, l’une politique, l’autre affective, qui doivent
bien un jour se rejoindre. Je ne dévoilerai pas la fin du livre, mais
les fils se rejoignent, en effet, et de manière inattendue.
Entre-temps, le roman décortique les circuits compliqués par lesquels,
aujourd’hui, on peut tromper le fisc, appauvrir toute une région
d’Afrique en prétendant y apporter progrès et développement et
s’enrichir effrontément du labeur des autres.
Sans jamais être pontifiant, ou moralisateur, le livre éclaire très
bien les mécanismes d’exploitation de certains pays riches en matières
premières (indispensables à nos précieux portables!) au seul profit de
multinationales sans état d’âme. Et l’histoire d’amour entre Carmen et
Michael (le beau ténébreux de la Pormaco) tient le lecteur en
haleine.
Un livre à lire et à méditer.
JEAN-MICHEL OLIVIER, Blogres, 20 janvier 2017
Découvrez le nouveau roman de Catherine Fuchs, Elle raconte
l’histoire de Carmen Berger qui se bat au côté de son ONG Terra Nostra
pour dénoncer les pratiques de la Pormaco. Cette société exploite une
mine de cuivre au Zamanga (un pays fictif d’Afrique) et cause des
dégâts massifs dans le pays. Un intrigue palpitante qui met en lumière
les enjeux actuels liés aux agissements désastreux des multinationales.
ANAÏS MONNIN, Fedevaco, Fédération vaudoise de coopération
Sale négoce
Il y a quelque chose de pourri au royaume du commerce international…
Révoltée, combative, Carmen Berger prépare, avec son ONG Terra Nostra,
un rapport qui dénonce les agissements de la Pormaco. Basée à Zoug, la
société exploite une mine de cuivre au Zamanga, fictif petit pays
d’Afrique qui prend valeur d’exemple. Corruption, optimisation fiscale,
dégâts sociaux, sanitaires et environnementaux: Catherine Fuchs signe
un roman glaçant et très documenté sur les pratiques des
multinationales, dévoilées au fil d’une intrigue rondement menée.
La poétesse et romancière genevoise situe La Tête dans le sable
dans la ville du bout du lac, où se déroule tambour-battant le
quotidien de Carmen, entre une fille ado avec laquelle les relations ne
sont pas simples, un ex-mari qui refait sa vie, les contacts de son ONG
avec l’Africain Samuel confronté à des intimidations sur le terrain,
mais aussi avec la Pormaco et son armada d’avocats… Si la battante est
familière de ces défis, elle sera en revanche perturbée par la
rencontre aussi imprévue qu’étonnante avec le beau Michael, employé de
la multinationale visiblement sous le charme de la cinquantenaire.
Se lier à l’ennemi? D’ailleurs, n’est-il pas un leurre, un piège tendu
par la Pormaco? Comment faire confiance à cet hédoniste qui ne
réfléchit pas aux conséquences de ses actes? Le doute plane, l’austère
et droite Carmen résiste. Mais le désir n’a cure des principes, des
valeurs et de l’éthique sociale…
Saluons le rythme du roman, tenu, alerte, ainsi que son sujet.
Catherine Fuchs abordant de manière vivante et limpide des enjeux peu
visibles en littérature. Et pour cause: l’exercice est difficile, qui
court le risque du didactisme et du trop explicite, malheureusement pas
toujours évités ici.
ANNE PITTLOUD, Le Courrier
Catherine Fuchs milite pour les droits humains dans son roman
Le récit se déroule à Genève et est signé Catherine Fuchs. Personnage central de La Tête dans le sable,
Carmen est ce que l’on appellerait aujourd’hui une bobo. Genevoise
écolo quadra ou quinqua, elle travaille dans une ONG genevoise qui
enquête sur les violations des droits de l’homme causés par les
multinationales suisses basées à l’étranger. Terra Nostra, c’est ainsi
que s’appelle l’association, entend publier dans son prochain numéro le
témoignage accablant des habitants vivant à proximité de l’usine
appartenant à la Pormaco, qui pollue les eaux et les terres au Zamanga
– pays d’Afrique imaginaire – sans se soucier des maladies graves
provoquées. Au siège de la société à Zoug, les dirigeants se montrent
mielleux puis menaçants avec les altermondialistes et contestent leurs
chiffres sans donner les leurs. Allergique à leur langue de bois et
leur mauvaise foi, Carmen fustige. Quelle n’est pas sa surprise lorsque
Michaël, un employé de la Pormaco, se met à la courtiser. Cours de
tennis, restaurants luxueux, virée en bateau ou en voiture sportive, il
lui sort le grand jeu auquel elle se laisse prendre, non sans lutter,
même si le train de vie du séducteur se situe à l’opposé de son échelle
de valeurs. Pendant ce temps, un collaborateur de Terra Nostra basé au
Zamanga est enlevé. Corrompu, le gouvernement ne peut pas être appelé à
l’aide.
Suggérant un lien entre le jeu de séduction et le bras de fer entre
Terra Nostra et la Pormaco, le récit entraîne le lecteur vers ce qui
semble ressembler à un polar. Mais non. Le suspense entretenu ne
ficelle finalement aucune intrigue. Que reste-t-il finalement? La
profession de foi d’un personnage engagé à gauche, qui roule à vélo, se
bat contre les inégalités, ne boit pas trop d’alcool, préfère réparer
sa radio que d’en acheter une autre. L’intériorité des autres
personnages n’est pas explorée. Dommage. Heureusement, quelques
passages rappellent la maîtrise poétique de l’auteure. Les nuits
d’amour notamment, dont le climax rayonne dans l’ellipse, bousculent la
ponctuation et honorent le style indirect libre et la phrase infinie.
«…tu prends tout, tout, ça fait longtemps, je ne sais pas, et lui,
depuis le premier jour, à Zoug, ce n’est pas possible, puisque je le
dis, te le prouve, et ton corps accepte ces marques d’allégeance qui le
transfigurent, le rendent si dense que le temps s’arrête…» Enseignante
de français et de musique au Collège, Catherine Fuchs est également
musicienne; elle a été Hautbois solo dans l’Orchestre de chambre de
Genève.
MARIANNE GROSJEAN, Tribune de Genève
«Tous, à des degrés divers, nous fermons les yeux, qu’on
appelle ça divertissement ou schizophrénie. Tous, nous construisons nos
vies sur une bonne dose d’oubli et des fuites répétées.»
Bref, nous nous mettons tous La Tête dans le sable,
comme, dit-on, le font les autruches. Pour oublier ou fuir la réalité.
Face aux maux qui affligent le monde, de fait, il y a deux attitudes
possibles: soit dénoncer ceux dont on considère qu’ils en sont
responsables, soit agir à son échelle pour les atténuer à défaut de les
faire disparaître.
Dans le roman de Catherine Fuchs, Carmen Berger relève de la première
attitude. Elle travaille pour une ONG, Terra Nostra, dont elle est la
rédactrice en chef de la revue, Recto Verso. Rentrée de vacances, début
septembre, elle prépare tout un dossier sur Comiza, une filiale de la
multinationale Pormaco, dont le siège est à Zoug.
Carmen Berger est bien une femme de son temps: elle a bientôt la
cinquantaine; elle se déplace à vélo dans Genève; Gilles l’a quittée
pour une plus jeune; leur fille Ilona est ingérable; l’avenir la
préoccupe davantage que le présent; elle a une dent contre les
multinationales qui ne recherchent que le profit immédiat et font de
l’optimisation fiscale.
Le dossier sur Comiza lui tient à coeur. L’usine d’extraction de
minerais de Twabo de cette entreprise se trouve au Zumanga, pays
africain dont le pouvoir est corrompu et entretient des relations de
connivence avec la firme. Ce qui permet à celle-ci de causer des
dommages aux personnes et aux biens, et à l’environnement, en toute
impunité.
Pour parfaire son dossier, Terra Nostra a envoyé à Pormaco un
questionnaire. L’ONG se rend en délégation à Zoug pour entendre les
réponses que la multinationale entend y apporter. Les antagonistes se
séparent sans que les uns aient été convaincus par les arguments des
autres. La séance de discussions se termine cependant par une réception.
Au cours de cette réception, un des cadres de Pormaco, Michael Preskow
a remarqué Carmen Berger. C’est peu de dire que ce fringant
quadragénaire est attiré par elle. A Genève, il lui fait une cour
assidue, à laquelle elle n’est pas insensible, mais dont elle se défend
parce qu’il appartient au camp ennemi et qu’il a une tout autre
conception des choses.
Michael Preskow vit dans le présent, roule Mercedes décapotable, est
membre d’un club de tennis huppé, a son couvert mis dans les meilleurs
restaurants de la ville, pense qu’il faut prendre la nature comme elle
est, laisser suffisamment de liberté aux gens pour que les choses
finissent par s’équilibrer: «le commerce bien compris favorise les
intérêts de tous.»
Parallèlement à une histoire de catastrophe écologique, dans tous les
acceptions du terme, inspirée de cas réels, dénoncée par une ONG et ses
correspondants sur le terrain, se déroule donc une histoire entre un
homme et une femme que tout oppose. sur le terrain, se déroule
donc une histoire entre un homme et une femme que tout oppose. Cette
histoire, racontée avec une grande finesse psychologique, est
empoisonnée par l’autre...
Blog de FRANCIS RICHARD, 29 décembre 2016
La
Norvège touche 70 % des revenus de son pétrole. Le Zamanga, petit pays
d’Afrique australe, ne perçoit que 5 % des bénéfices engendrés par
l’extraction de son cuivre. Il y a quelque chose de pourri au royaume
du commerce international… Carmen Berger, et l’ONG avec laquelle elle
travaille, est une de celles qui voudraient le rappeler à la face du
monde, mais peu sont prêts à écouter, et ceux qui tendent l’oreille ne
sont pas toujours des amis.
Haut de la page
Être en danger dans son propre pays. Ça fait si
longtemps que ce n’est pas arrivé aux Suisses que tu penses parfois que
cette hypothèse a même disparu de leur inconscient, de leur mémoire
collective ; être menacé chez soi, craindre ses voisins, sa police, ses
autorités, ne plus savoir sur qui compter, et encore moins sur ses
droits, pouvoir être frappé impunément… tout cela est banni du disque
dur de ce peuple si préservé, si confiant dans la pérennité de ses
institutions: ceux qui souffrent, ce sont toujours les autres,
ceux qui vivent sous les palmiers, là où les rues sont poussiéreuses,
les ordures peu ou pas ramassées, des gens qui se ressemblent, aux
visages émaciés, aux yeux sombres, aux dents irrégulières. C’était
comme ça ici, à peu de choses près, ici aussi, mais on a fait en sorte
que ça n’arrive plus à coups de travail et de sérieux, tout est sous
contrôle, et de plus en plus, on s’assure, on se réassure, on se
casque, on s’équipe, dernier cri, on ne sent plus ni le chaud ni le
froid, seul l’effort, mais voulu, sportif, noble, pour les week-ends
seulement. Sous contrôle. Tu ne fais pas exception, tu sais que tu ne
pourras jamais partager l’expérience intime des gens qui ont senti le
sol se dérober sous leurs pas, ce sentiment d’exil à tout jamais gravé
en eux… t’appartient-il malgré tout? comme une blessure intime commune
à tous, mais camouflée sous des décennies de confort et d’oubli,
pourquoi est-elle si prompte à saigner chez toi?
CATHERINE FUCHS
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