FRÉDÉRIC LAMOTH

NINEL

Roman
2025. 128 pages. Prix: CHF 27.00.
ISBN 978-2-88241-559-2


Biographie

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Carrefour des solitudes

Une histoire d'amants, voilà qui paraît classique. Relatée par Frédéric Lamoth dans son nouveau roman, celle-ci évoque les liens impossibles entre Nina, une jeune femme un peu russe, un peu biélorusse, un peu ukrainienne, avec deux hommes, Lerch d'une part, et le narrateur d'autre part. Cela, alors qu'éclate, du côté du Donbass, le conflit entre la Russie et l'Ukraine.
Nina apparaît assez vite ballottée entre les deux hommes: Lerch, qui l'a connue via une agence matrimoniale, nourrit pour elle des sentiments tièdes. Nina elle-même n'est pas du genre ardente, ce qui ne manque pas de désarçonner parfois le narrateur, même si celui-ci, peu curieux, peut lui aussi apparaître peu motivé. Cela, d'autant plus qu'il paraît placé sur le chemin de Nina presque par hasard, et que c'est plutôt Lerch qui va la placer sous sa responsabilité. Tout cela renvoie aux «amoureux en gris» de Marc Chagall, peut-être morts.
S'il paraît lié par les circonstances, le destin de ces  personnages est celui de trois solitudes: Lerch est un industriel fantasque qui a tenté l'aventure matrimoniale presque sur un coup de tête, le narrateur est un jeune étudiant destiné à reprendre, seul, la direction de l'hôtel de Papa. Quant à Nina, personnage froid et secret, jeté dans un monde qui lui est culturellement étranger, décevant même peut-être, sa solitude est plus profonde: le lecteur l'apprend peu à peu, elle a une sœur jumelle, Ninel, trop tôt disparue.
Paire d'amants sans extase, conscients peut-être de l'inanité de leur liaison sur fond de conflit, ce couple traverse en train une Mitteleuropa peu décrite, propice cependant à lever le coin du voile sur l'éternelle absente du tableau: Ninel, qui donne son titre au livre et constitue l'énigme qui fait avancer le lecteur. Son prénom, si proche de celui de sa sœur jumelle, paraît pourtant étrange; conservés par Nina, ses dessins sont évocateurs. Quant à son destin, ce n'est qu'en fin de roman que le lecteur en connaîtra le fin mot, ancré dans une actualité familière depuis maintenant trois ans – voire plus.
Mis au contact d'histoires d'amour vécues presque à contrecœur, le narrateur sortira changé de cet épisode, résolument solitaire lui aussi. Quant au lecteur, il garde de Ninel le souvenir d'un roman aux atmosphères feutrées comme peuvent l'être celles d'un palace tessinois, écrit dans une musique des mots en mode mineur.

Blog de DANIEL FATTORE

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Un train qui s’ébranle vers l’Est

Avec Ninel, Frédéric Lamoth fait voyager Nina à la rencontre de sa sa sœur disparue.

Milan, Venise, Budapest. Autant d’escales du voyage de Nina et du narrateur. Dans Ninel, un homme fait la connaissance de Nina, mi-Ukrainienne mi-Biélorusse, pendant qu’un congrès se déroule dans un luxueux établissement de Lugano. Le duo entame dès lors une liaison, au point que leur périple vers l’Europe centrale et la Pologne s’apparente à un voyage de noces.
Ninel est le dernier roman de l’écrivain et médecin né à Vevey Frédéric Lamoth, dont un Lève-toi et marche avait fait partie en 2016 de la sélection pour le Roman des Romands. Malgré la pluralité évidente des lieux de l’intrigue, Ninel n’est pas un récit de voyage. Il s’agit plutôt d’un parcours de mémoire, d’un itinéraire conçu au rythme des sentiments, de l’attachement. Le tout alors que l’irruption de la guerre contraste avec le temps long de la vieille Europe dont le duo est imprégné.
Dans une langue directe, empreinte de poésie, ménageant diverses découvertes à mesure que se révèle l’histoire de Nina, Ninel montre deux personnes que l’actualité va séparer. Au-delà des canaux vénitiens, du charme fin de siècle des thermes de Budapest, le monde a désormais changé. «Je dois rentrer chez moi», annonce Nina.
Or, chez elle, c’est en Ukraine où sa mère est gravement malade. Pas question de se dérober. L’amour de l’art, voire l’amour tout court, ne peuvent pas effacer le passé ni stopper la tournure nouvelle prise par les événements après l’invasion russe.
En arrière-plan des moments vécus en couple, des Grisons à Ljubljana, en Italie et en Hongrie, apparaît le fantôme de Ninel. Lénine à l’envers, tel est le nom d’une sœur disparue de Nina. Lorsque celle-ci prend congé du narrateur, quelque part sur un quai de gare de province dans l’est polonais, il lui reste en main un cliché de Ninel. Un morceau de mémoire en guise d’adieu avant que le train ne s’ébranle vers l’Est.

MARC-OLIVIER PARLATANO, Le Courrier

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Vers l’Est, vers la fin d’un amour

Il flotte une étrange atmosphère, envoûtante, dans ce bref roman. Une incertitude, une sensation de brume et d’instabilité. Dans la pension tessinoise que tiennent ses parents, le narrateur est tombé amoureux de Nina, qui séjournait avec son riche mari allemand. Née en Biélorussie, elle a étudié en Ukraine et préfère rester à Lugano au moment où son époux repart à Munich. Quand la Russie envahit l’Ukraine, elle décide de retourner auprès de sa mère malade. Le couple traverse l’Europe, conscient d’approcher une inéluctable séparation.
Avec Ninel, Frédéric Lamoth nous fait suivre ce voyage vers l’Est en insérant différents épisodes de cette relation. Ce subtil jeu sur la temporalité s’ajoute à la délicatesse de cette langue où chaque mot semble pesé, soigné. Comme souvent dans ses romans, l’écrivain vaudois excelle à faire résonner les tourments de l’histoire et ceux de ses person-nages. Tout comme il tire des fils entre leurs sentiments ou leurs pensées et les éléments extérieurs, à l’image de ce café à la «fadeur un peu acide» qui donne «l’impression de connaître un avant-goût de notre séparation». Ou de ces eaux qui «se tordent de douleur ou de rire, chatouillées par la lumière. On dirait nos illusions qui se débattent.»

ERIC BULLIARD,
La Gruyère

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«Elle dort déjà. Contrairement à moi, elle n'a jamais eu de peine à s'endormir. Sa conscience est comme l'obscurité qui se maintient au-dessus de l'eau, légère, si proche de l’inconscient.»
Le narrateur sait qu'avec elle, la fin est proche. Il ignore encore qu'elle se produira au bout de cinq jours en ce mois d'avril 2022.
L'année 2022 a son importance dans l'histoire, parce que, le 22 février, la guerre entre la Russie et l'Ukraine est devenue ouverte.
 Leur histoire va finir là où elle a commencé, à Lugano, où vivent les parents du narrateur, qu'elle a voulu revoir une dernière fois.
Le commencement de la fin se passe dans la chambre d'un hôtel, celle-là même où il l'a rencontrée, à la fin du mois d'août 2021.
 Nina était arrivée au début du mois à la Villa Naroli, tenue par ses parents à lui, en compagnie de Thomas Lerch, plus âgé qu'elle.
Le plus surprenant était que ce riche homme d'affaires, en partant pour l'Allemagne, la lui avait confiée, lui disant de s'en occuper.
Restée tout le mois d'août, Nina n'avait pas l'intention de rejoindre Thomas en Allemagne, mais avait suivi le narrateur à Zurich.
Elle lui avait révélé d'où elle venait, la Biélorussie, qu'elle avait fait des études d'astrophysique à l'école polytechnique de Kiev.
 Pour Noël, ils étaient allés dans les Grisons. Là-bas, elle lui avait enfin permis d'ouvrir sa «pochette en carton, avec son ruban noir».
Il avait alors appris l'existence de Ninel, la jumelle de Nina, dont les croquis et aquarelles étaient contenus dans cette pochette.
«Ninel peint ce qu'elle voit dans le ciel,» Nina lui avait dit au sujet d'un tableau où Ninel avait représenté pour elle «La mer de Jupiter».
Peu à peu le lecteur apprend l'histoire des jumelles, le véritable rôle de Thomas Lerch, que le narrateur reverra une dernière fois.
En avril 2022, lui et Nina parcourent l'Europe, d'ouest en est, qui s'opposent et s'attirent, comme eux, jusques en Biélorussie.
Détaché d'elle alors malgré lui, il emportera cependant avec lui l'image de Ninel, l'envers de Nina, et ira son chemin, solitaire.

Blog de FRANCIS RICHARD

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Deux amants… On suit leur iti­néraire à travers des villes emblématiques de la vieille Europe, comme Venise ou Budapest. Ce pourrait être leur voyage de noces. Mais on sait, d’emblée, que la séparation les attend au terme de cette dérive. Une rupture consommée, assumée. Celle entre deux mondes que désormais tout oppose. Depuis que la Russie a envahi l’Ukraine. Elle retourne dans son pays parce que sa mère est malade. Mais qui est vraiment Nina ? Qu’est-il arrivé à Ninel, sa sœur jumelle, dont le spectre l’accompagne ? Son histoire se révèle peu à peu au long de ce voyage qui aboutit sur un quai de gare en Pologne. Avec ce train qui part à l’Est, du côté où le jour se lève.

FREDERIC LAMOTH

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