SILVIA HÄRRI

JE SUIS MORT UN SOIR D’ÉTÉ

2016. 168 pages. Prix: CHF 29.–
ISBN 978-2-88241-411-3

Prix des Lecteurs de la Ville de Lausanne 2017
Prix du Public de la RTS 2017
Prix Lettres frontière 2017


Biographie

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Silvia Härri gratte avec style sous la carapace
La Genevoise est en lice pour le Prix des lecteurs de la ville de Lausanne

Avec sa plume, Silvia Härri aime s‘aventurer là où ça fait mal. Dans Nouaison, sa prose poétique auscultait avec finesse la grossesse d‘une femme à qui on avait prédit qu‘elle ne pourrait pas devenir mère, de la maturation à l‘arrivée de l‘enfant. Dans Je suis mort un soir d‘été – retenu à la fois pour le Prix des lecteurs de la Ville de Lausanne et pour le Prix du public de la RTS – l‘auteure genevoise extirpe à nouveau ce qui se tapit à l‘intérieur. De Pietro cette fois. Architecte italo-suisse installé à Genève, à qui tout semble réussir, il revient à Florence, sa ville natale, au chevet de sa sœur mourante. Il remonte alors le fil de ses souvenirs, jusqu‘à ce soir d‘été où lui, 6 ans et demi, découvre le mal sournois qui s‘empare de sa cadette de trois ans. Suivent la régression, la perte de la parole, les tentacules de «la pieuvre» qui figent la petite fille, la famille qui implose, puis sa fuite en Suisse et le déni de cette sœur zombie dont il n‘a révélé l‘existence à personne.
Dans un style ramassé et ciselé, Silvia Härri livre un récit poignant, chronique de l‘impensable qui ne verse jamais dans le pathos: «Je voulais un antihéros, car je ne trouve pas les héros intéressants. J‘avais envie de montrer comment on peut, des années durant, vivre dans une forme d‘imposture en étant une personne qui n‘est pas monstrueuse, qui aime sa famille. Comment on en arrive là par instinct de survie.» Fouiller l‘intime, l‘écrivaine ne sait d‘ailleurs pas faire autrement: «J‘aime essayer de toucher ce qu‘on ne voit pas, ce dont on ne parle pas, ce qui dérange.»
«J‘avais envie de montrer comment on peut, des années durant, vivre dans une forme d‘imposture en étant une personne qui n‘est pas monstrueuse»
La confession d‘un ami a servi de point de départ: «On m‘a raconté le 2%, le reste je l‘ai romancé.» La jeune femme remarquée jusqu‘ici pour sa veine poétique se frotte pour la première fois au roman. «Je pense qu‘on ne choisit pas ce qu‘on écrit, que ça s‘impose à nous. Et puis, dans ma tête, le roman était quelque chose qu‘on ne pouvait pas toucher tout de suite, un dispositif narratif complexe. Je ne me sentais pas armée pour commencer avec ça.»
Elle qui a toujours jeté des mots sur le papier avoue avoir aussi été bloquée par le poids des grands auteurs alors qu‘elle était assistante à l‘Université de Genève, après ses études de Lettres. «Ça a été difficile de m‘autoriser à penser que je pouvais peut-être écrire.» Le verrou saute lorsqu‘elle part enseigner l‘italien et l‘histoire de l‘art au collège (l‘équivalent du gymnase vaudois). De mère italienne et de père suisse allemand, elle a grandi en français, la langue commune des parents. «L‘amour des mots est venu vite, car j‘étais assez timide, ça a toujours été plus simple de m‘exprimer par écrit.»
Jour après jour, elle noircit de petits carnets qui l‘accompagnent partout. Puis «quand j‘ai l‘impression de tenir quelque chose, je rassemble, j‘organise, je retravaille, beaucoup. Je lis à haute voix car il y a une musicalité dans tout texte. Et tant que ça ne sonne pas juste à mes oreilles, il faut retravailler, jusqu‘à ce que ça vibre. À ce moment-là, j‘ai l‘impression que je ne peux pas arriver à faire plus.»
Passée au roman, elle n‘a pas adopté pour autant une construction linéaire. Dans Je suis mort un soir d’été, la narration évolue par allers-retours entre le présent et le passé: «C‘est comme une tempête de souvenirs qui revient secouer le présent, ça ne pouvait donc pas être très linéaire.» Silvia Härri s‘amuse d‘ailleurs elle-même du contraste entre sa vie, où elle est plutôt organisée et rationnelle, y compris dans son métier d‘enseignante, et les audaces qu‘elle se permet dans l‘écriture: «Écrire m‘ouvre un champ de liberté immense.»
Liberté dans l‘exploration de l‘intériorité des êtres, dans la temporalité mais aussi dans les styles. Car elle prépare en ce moment à la fois un roman et une œuvre poétique, ainsi qu‘un album illustré pour les enfants. Un public pour lequel elle rêve d‘écrire, un jour, une pièce de théâtre.

CAROLINE RIEDER,
24 Heures, 23 février 2017

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La poétesse Silvia Härri raconte en prose la maladie et la honte

On connaissait Silvia Härri pour ses poèmes pleins de sensibilité aux phrases ciselées. L’auteure genevoise s’est ensuite essayée à la prose poétique et aux nouvelles, avant de publier un premier roman. C’est un garçon, puis un homme, Pietro, qui incarne le narrateur dans Je suis mort un soir d’été. Un frère, surtout, qui voit la santé de sa petite sœur décliner de plus en plus. Cette dernière souffre d’une maladie génétique entraînant une progressive arriération mentale. C’est la confidence d’un ami qui a inspiré Silvia Härri. «Il m’a toujours dit qu’il était fils unique, jusqu’au jour où il m’a confié à demi-mot l’existence de sa sœur et sa maladie. Je suis partie de là et ai imaginé la suite.»
La pieuvre. C’est la formule que le personnage trouve pour désigner le malheur s’abattant sur sa famille. C’est «la pieuvre» qui ronge sa sœur puis sa mère, dépressive, qui fait voler sa famille en éclats. Pour la fuir, Pietro quitte sa Toscane natale pour Genève, ville dans laquelle il refait sa vie. Ce sera ensuite la peur du retour de la pieuvre qui l’empêchera, une fois devenu adulte, de désirer des enfants, de parler de son passé et l’existence de sa sœur à sa compagne. Comme une litanie, une incantation, la phrase «je suis mort un soir d’été» est inlassablement répétée. Elle se rapport à cette scène initiale. «Drôle de soir pour mourir, vibrant de canicule, de chants de cigale et du parfum des rosiers que Maman avait plantés, drôle de soir où, du haut de mes six ans et demi, je cesse d’être celui à qui l’on demande de raconter des histoires dans la pénombre d’une chambre ou d’embrasser un lapin en peluche tout mité, soir d’été qui signe la frontière entre l’insouciance et le chagrin, entre la vie d’avant et celle d’après. Je suis mort un soir d’été. C’était le 26 juillet 1957.»
Comment l’auteure a-t-elle fait le pas du roman? «J’avais envie de raconter une histoire et me sentais prête pour un texte de plus grande envergure et explorer un nouveau territoire.»
Résultat? Une touchante histoire, un rythme prononcé des phrases, mais dont l’écriture est alourdie par la volonté de son auteure de rendre précisément chaque atmosphère et état d’esprit. Un exemple? Les moments d’introspection du personnage. «Toute ma vie j’ai fui. Je confesse que j’ai été un fugitif exemplaire. (…) Chaque fois que j’ai trop aimé, j’ai fui. Chaque fois que j’ai eu trop mal ou que la rage m’a envahi.» On s’en doutait un peu.

MARIANNE GROSJEAN,
Tribune de Genève, 19-20 novembre 2016

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Orphelin de sœur

Silvia Härri est auteure de nouvelles (Loin de soi), de poèmes (Mention fragile) et de proses poétiques (le très beau Nouaison l’an dernier, sur l’attente de la maternité). Autant de formes courtes qui demandent une attention à la langue, au rythme, à la force des images poétiques, qualité qu’on retrouve avec bonheur dans son premier roman, le dense et émouvant Je suis mort un soir d’été. Tout semble réussir à Pietro Cerretani, architecte vivant en Suisse, heureux mari et père d’un fils. Appelé à Florence, sa ville natale, au chevet de sa sœur mourante, le narrateur prendra pourtant conscience que son existence entière est bâtie autour du silence et de la fuite. «Chaque fois que j’ai trop aimé, j’ai fui. Chaque fois que j’ai eu trop mal ou que la rage m’a envahi. Chaque fois que j’ai eu peur.»
Le roman s’ouvre sur le traumatisme fondateur. Pietro a 6 ans quand il meurt symboliquement, ce 26 juillet 1957. Il joue à cache-cache avec sa petite sœur au nom de fleur, Margherita, 3 ans. Elle ne se retourne pas quand il l’appelle. «J’ai couru vers toi, je t’ai touché l’épaule. Cette fois, tu te retournes. Tu me regardes. Pas comme un grand frère, non, comme un étranger. Tu ne me reconnais pas.» Leurs rires et leurs jeux s’effacent d’un coup, balayés par l’oubli, tout comme le langage; la petite perd les mots, s’enfonce dans une solitude muette, le suit comme un chiot, le regard vide. Cette maladie que le garçon nomme «la pieuvre», cet indicible qui lui a volé sa sœur, s’insinue dans les liens familiaux peu à peu grignotés par la folie. Pietro taira toute cette histoire, le secret grandira en lui.
Alternant passé et présent, ce récit d’un silence destructeur fascine. Tendu, sensible, il suit le cheminement de son narrateur qui tente de dire le vide sur lequel il s’est construit, la peur qui a contaminé ses choix et ses relations, l’amour qui peine à se dire. Jusqu’à la réconciliation, gage d’une nouvelle liberté. Née d’un père suisse et d’une mère italienne, la Genevoise Silvia Härri ajoute ici avec bonheur une corde romanesque à son talent poétique. Je suis mort un soir d’été est en lice pour le Prix Lilau de la Ville de Lausanne.

ANNE PITTELOUD, Le Courrier, 14 octobre 2016

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«J’approche la chaise de ton lit, je te murmure que tu as bonne mine, même si ce n’est pas vrai. Tu m’écoutes l’air sérieux, je ne sais toujours pas ce que tu saisis des mots que j’égrène, s’ils ont la mélodie d’une cantilène, la stridence d’une corde brisée, s’ils ont un ordre, s’ils possèdent encore quelques résidus de sens, s’ils bruissent comme un feuillage de printemps ou frappent avec violence aux carreaux de ton esprit, si tu peux sentir à travers eux ma colère ou ma gêne, s’ils se heurtent au vide dans ta tête, s’ils se dessinent des oiseaux, des fleurs, des monstres.»
[…]
«Certains silences sont des abus de pouvoir. »
Difficile d’écrire sur une auteure que j’aime beaucoup pour sa poésie, la puissance de ses mots, sa douceur, sensibilité, l’émotion qui me saisit lorsque je la lis. C’est extrêmement beau, délicat, maitrisé dans l’écriture, puissant et cette facilité qu’elle a à venir me chercher dans mon intimité, à m’émouvoir. C’est beau oui. Fragilement et intimement beau.
De Silvia Härri, j’ai succombé à son récit Nouaison. Une prose remplie de tendresse, de ce qui est nous, de cet enfant que l’on désire tant et qui vient nous happer en plein ventre chamboulant tant de chose en nous. Une poésie merveilleuse tout en silence et en puissance.
Puis ce fut un recueil poétique Mention fragile. Délitement de notre peau et observation des petits riens qui nous basculent, déménagent, nous font craquer des allumettes dans la nuit, prendre des coups de cœur et accrocher la lumière. Intimement beau. Tendrement délicat.
Et puis son premier roman. Je suis mort un soir d’été. Ce premier roman, que j’attendais tant, redoutais, tellement l’écriture de Silvia Härri est d’une beauté ensorcelante.
Je suis mort un soir d’été. Comme une petite mort oui, de l’ordre de celle qui vient nous achever à petit feu, nous empêche d’avancer la tête haute, le corps moite par une chaleur étouffante. Une petite mort qui nous cueille dès l’enfance, l’âge où nous courrons encore derrière le ballon rouge, l’âge auquel nous croyons aux rêves, aux contes que nous inventons le soir à notre petite sœur, l’âge des rires en cascades, des joies et des promesses à venir.
L’âge où un soir d’été, il nous sera désormais impossible de grandir normalement, l’âge où nous perdons notre mur-porteur, canne-tuteur, celle qui aide à pousser droit et éteint un par un les illusions, les marches et les rêves féeriques de l’enfance.
Je suis mort un soir d’été. Un homme, architecte de renom, qui n’arrive pas à renoncer à celle qu’il a dû abandonner, à l’âge de six ans et demi, dans un lieu ressemblant à un asile psychiatrique d’une ère révolue, un mouroir. Une sœur, corolle de pétales blanches, pistil de vie, qui du jour au lendemain, n’a plus réussi à rattraper le ballon qu’il lui lançait, à courir avec lui dans les allées du jardin. Margherita qui a parsemé sans le savoir sa vie, d’un vide, de fuites, de silences, de cicatrices, de peurs. Un homme qui tente de rester ce grand frère malgré les séparations, les éloignements, la distance, les renoncements, le silence intoxiquant, les mensonges. Un homme qui a perdu celle qui faisait de lui un grand frère, un soir d’été.
Je suis mort un soir d’été. Sublime cri dans le silence, sublimes mots déposés, sublime amour pour une sœur qui n’a plus couru derrière le ballon rouge, a fait de sa vie, un vide béant, une pieuvre aux tentacules étouffantes,  un regard absent, des mains déposées sur des genoux sans espoirs de caresser, se tendre vers lui. Un soir d’été, comme cette chaleur collant à la peau et qui nous assomme, nous poisse, nous empêche d’avancer, de relever la tête et de sourire aux étoiles qui naissent dans la nuit.
«Je suis mort un soir d’été». Un impossible lien, une quête, un silence noué. Cet impossibilité à parler d’elle, d’expliquer la vérité, l'handicap, la folie, les fuites et les mensonges entourant cette sœur à jamais enfermée entre des murs de silences et de hontes. L’absence éternelle, celle qui éboule, manque,  empêche de grandir droit, de courir après les ballons rouges.
«Il ne nous manque rien. J’ai gommé ce qui griffe, tourmente et fait mal. J’endosse ma nouvelle vie comme on fait peau neuve après la mue, comme une maison se dresse, plus solide, plus fière encore, quand elle a su résister à la violence d’un tremblement de terre, à ses secousses meurtrières. Je suis un homme sans passé et sans souvenirs, vivant en apnée sur le fil éternel présent.»
Un sublime roman tout en poésie, en solitude, en lumière et silence. Ce silence qui détruit et qui pourtant fortifie, unit les liens, les ressert, emmène à voyager par-dessus les murs et frontières. Avec délicatesse, Silvia Härri dépose les mots comme des cailloux semés pour ne jamais se perdre dans les allées des forêts sombres, ténébreuses de la folie et des secrets. Chacun est un souvenir, une trace de ces instants lumineux partagés. Chaque pierre est un diamant écrit poétiquement.
Une écriture tout en dentelle, pudique et qui malgré les heures sombres laissent passer la lumière, filtrer la douceur, sublimer la délicatesse. Une écriture par touches de couleurs irisant les sentiers, éclairant les espaces sombres, la nuit.
«La nature explose de couleurs, de sève et d’odeurs. J’avance sur un chemin pierreux, une langue de terre serpentant entre deux collines striées de vignobles, de cyprès et d’oliviers argentés qui semblent onduler sur leurs dos. Un lézard abruti de trop de lumière me regarde faire sans abandonner sa position. Comme lui, le soleil me chatouille la nuque et engourdit mon dos, il fait déjà doux, la brise est sucrée.»
C’est beau, délicat et on ne peut être indifférent à ce silence, celui qui vrille les entrailles et laisse filtrer la lumière à travers les cicatrices du cœur. C’est oui délicatement, fragilement beau.  
Je suis mort un soir d’été où s’il s’agissait peut-être  de renaître ?
«J’ai l’amour pudique, les mots aussi. Je la contemple longtemps, la caresse du bout des doigts et ferme les yeux en la posant sur ma poitrine.
C’est ma façon à moi d’écarter les cauchemars.»
«Sa main est écorce dont la sève est cette force qu’elle transmet, roche rugueuse aux cent aspérités qui sert de prise à l’alpiniste, ancre de marin, la seule à laquelle je puisse m’accrocher comme à une absolue certitude, la seule où amarrer mes doutes. Tout ça, je ne le dis pas. Je ne voudrais pas avoir l’air faible ou ridicule.»
Et ce dernier paragraphe que je ne peux vous livrer et qui d’une beauté lumineuse, délicate, sensible. De la dentelle, une peinture, de la poésie, mur-porteur.

Blog Le carré jaune, septembre 2016

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Le narrateur du roman de Silvia Härri est mort, un soir d'été, à Florence. Pour être précis, c'était le 26 juillet 1957. Il est mort ce soir-là, à six ans et demi. Pourtant, c'est lui qui raconte. En fait, il n'est pas mort au sens propre mais au sens figuré, ce qui est tout comme et n'en est pas moins douloureux pour lui.
Pietro Cerretani a une petit soeur, Margherita. En janvier ou février, ils jouent les deux au ballon. Il lui lance la grosse balle rouge qu'elle a choisie (leur père n'a pas voulu acheter un vrai ballon de foot, car elle est trop petite). Margherita la laisse passer, ne bouge pas, et s'en va faire un tour du côté des rosiers.
En mai c'est le troisième anniversaire de Margherita. Mais la fête est sans entrain. Tout sonne faux. Ainsi est-ce Pietro qui souffle les trois bougies du gâteau confectionné par leur mère. De toute la journée Margherita «ouvre à peine la bouche, si ce n'est pour émettre quelques gémissements ou onomatopées».
Le fameux soir de cet été torride arrive. Pietro et Margherita sont dans le jardin, «peu avant la tombée du soir, avec leurs parents». Un orage serait le bienvenu pour apporter un peu de fraîcheur. Pietro et Margherita jouent à cache-cache. Quand il l'appelle, elle ne se retourne pas. Elle ne se retourne que lorsqu'il lui touche l'épaule:
«Tu me regardes. Pas comme un grand frère, non, comme un étranger. Tu ne me reconnais pas. Les trois années que nous avons passées ensemble s'effacent sous mes yeux comme on efface d'un seul coup le tableau noir ou l'ardoise d'un écolier.»
Margherita est passée de la «planète des mots à celle de leur absence», sournoisement, progressivement. C'est l'oeuvre de la pieuvre, dont le nom n'est révélé qu'à la fin. En attendant, elle suit Pietro «comme un jeune chiot», sans plus savoir comment elle s'appelle. Il y a eu un avant ce soir-là, il y aura un après.
Le narrateur de Je suis mort un soir d’été, devenu «orphelin de soeur», raconte dans une langue souvent poétique, toujours superbe, ce qu'a été sa vie après sa mort d'enfant, et explique son attitude de fils prétendument unique, ses peurs devant l'existence, empoisonnée par le secret bien gardé d'une soeur atteinte par la pieuvre.
Pietro avoue:
«Chaque fois que j'ai trop aimé j'ai fui.
Chaque fois que j'ai eu trop mal ou que la rage m'a envahi.
Chaque fois que j'ai eu peur.»
Le lecteur empathique ne peut que lui pardonner ses fuites après cet aveu...

Blog
de FRANCIS RICHARD, 17 septembre 2016

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Retour en enfer

Le troisième livre que cette poétesse de Genève publie chez son éditeur d’Orbe est un roman, son premier. On y plonge dans une Florence dont elle a terni les ors séculaires. Elle fait revisiter la flamboyante cité des Médicis par un de ses citoyens obligé d’y revenir pour des raisons familiales, une de ses sœurs agonise. Le héros est un architecte désabusé qui ne s’émerveille plus de sa ville. Il s’en était exilé pour des affaires plus douloureuses que douteuses. Le voici condamné à les débusquer les unes après les autres, et à se démasquer.

GILBERT SALEM,
24 Heures, 27-28 août 2016

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Pietro Cerretani n’est pas celui que l’on croit, ce brave type qui mène une existence paisible, cet architecte à qui tout semble réussir. Le mensonge sur lequel il     a édifié son confort se fissure lorsqu’il est contraint de revenir à Florence pour veiller une sœur en fin de vie. Le retour dans sa ville d’origine signe les prémices d’une confrontation d’une singulière violence avec un passé qu’il s’est efforcé d’enterrer, où rôdent la maladie, la gangrène des liens familiaux et la folie. Écartelé entre les injonctions du présent et les rafales du souvenir, Pietro Cerretani va devoir choisir entre silence et parole, imposture et vérité.

SILVIA HAERRI


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