Le titre est extrait du poème «Et un sourire» de Paul Eluard.
Ce roman est construit en puzzles, les saisons rythment les dates et le
livre s'achève sur un printemps, symbole de vie nouvelle.
Le thème filé est le manque: le manque de mère, de père et de repères, le manque d'affection, le manque de plénitude sexuelle.
Dès lors, l'histoire avance par adjonction de petits galets comme ceux
du Lac de Genève, petits paragraphes souvent poétiques, brefs portraits
(la narratrice est photographe) qui tous nous disent leurs manques.
Une orpheline, élevée par sa grand-mère, cherche à combler, adulte, son
déficit d'amour et le cherche chez les hommes qui, même parés des plus
beaux atours, sont aussi des êtres humains qui ont également leur
manque, leur peur, leur égoïsme et la relation parfois intense,
réconfortante est éphémère, d'où désillusions, souffrance, solitude,
boulimie alimentaire, fuites en avant amoureuses.
Mais l'histoire s'achève comme le sous-entend le titre. Le sourire d’un jeune médecin vient réveiller le rêve.
Construction déroutante au début, style alerte, dépouillé, courtes phrases, phrases nominales, témoignages extérieurs.
L'emploi de messages de portables invente une figure de style
nouvelle et originale. Le courrier spontané crée à la fois une mise à
distance et une intimité qui convient bien à la relation à deux. Ce
face à face par portable interposé donne une liberté instantané
d’écrire ou pas, d’être en colère ou inquiets, de se dévoiler sans être
pris dans le regard de l'autre. Cette figure de style finalement
traduit une relation fragile et intense qui bouleverse le lecteur.
La construction de tout le roman déroute mais l'émotion survient tout à coup car les morceaux du puzzle ne font plus qu'un.
Ce roman ne laisse pas insensible. En effet ce thème du manque n'est-il
pas propre à chaque être humain, c'est-à-dire à nous-mêmes ?
Citation « Je vais pêcher les larmes dans ce matin froid »
CENTRE FRANCOPHONIE DE BOURGOGNE
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Questionnant l'amour et la création, Nathalie Chaix écrit ici un roman
d'aujourd’hui. Elle ausculte le spleen amoureux de sa génération. En
romancière du corps et de l’intériorité, elle examine les désirs et les
sentiments de vide intérieur de Violetta, une jeune photographe, et des
personnages qui gravitent autour d’elle, révélant une touchante galerie
de portraits.
Réflexion protéiforme sur la question du manque, Il y a toujours un rêve qui veille est le deuxième roman de Nathalie Chaix. Exit Adonis, son premier roman, lui a valu le Prix Georges-Nicole en 2007.
Une exploration du manque
Après Exit Adonis, Nathalie Chaix signe Il y a toujours un rêve qui veille.
Une exploration du manque, voilà ce qu’entreprend Nathalie Chaix dans son deuxième roman, Il y a toujours un rêve qui veille.
Ce voyage, dramatique, se vit à plusieurs voix. Violetta tout d’abord,
l’orpheline devenue photographe, retourne au manque initial, la
disparition précoce de ses deux parents. À l’enfance chez la
grand-mère. Puis à sa quête d’amour, à ses désirs jamais assouvis qui
surgissent d’un coup pour des hommes aperçus. La faim sexuelle, la
béance du manque. Les mots de Nathalie Chaix sont précis et beaux tant
dans la description du vide que dans celle du trop-plein. Car passion
il y aura. De celle qui bouleverse tout sur son passage.
Les autres voix sont les hommes et les femmes que Violetta
photographie. À chacun, elle pose deux questions: ce qui vous manque?
ce qui vous a le plus manqué? Quelques phrases très réalistes,
faussement brutes, jetées à la façon d’une interview documentaire,
autant d’existences devinées, qui demeurent en mémoire. Et il y a une
troisième présence, petite voix, éteinte trop tôt.
LYSBETH KOUTCHOUMOFF, Le Temps
Bonheurs et douleurs d’amour.
Le manque, le désir dans sa brûlante intensité, l’amour et son exact
opposé le désamour ébranlent le dernier roman de Nathalie Chaix, dont
le titre est emprunté à un poème de Paul Éluard, Il y a toujours un rêve qui veille.
Dans cet ouvrage construit avec brio qui ne laisse pas dormir le
lecteur, le personnage principal est une femme, une photographe qui
immortalise des ombres et qui se présente ainsi: «Je suis Violetta. Je
me raconte des histoires. Derrière les ombres, j’imagine des vies qui
n’existent pas.»
L’artiste Violetta traîne avec elle une déchirure, le fantôme – un peu
à la façon des membres fantômes qui font souffrir les amputés – d’un
homme qu’elle appelle «{son} amour manqué». Mais en dépit de cette
aventure qui n’a pas décollé, ou à cause d’elle, la narratrice ne se
sent pas en paix. Elle refuse de capituler. Elle cherche avidement une
nouvelle histoire en espérant de toutes ses fibres – «Le désir tournoie
au fond de moi» – que cette occasion-là ne sera pas manquée.
À force de désirer, de rêver, de recenser ce qui alimente son envie –
«attendre des lettres, l’amour, les retrouvailles, s’impatienter devant
l’écran…», le récit est jalonné d’inventaires, de liste de ce qui fait
espérer, grandir, entre autres –, la photographe rencontre un homme,
Léo. Il est metteur en scène et Violetta l’aime de façon théâtrale.
Elle devient Phèdre et le voit lui en Hippolyte. Ce moment souligne à
quel point l’émotion, et surtout l’incendie qu’allume la passion
amoureuse, provoque une métamorphose de qui aime. En phase ascendante,
Violettta devient Phèdre, et à l’opposé, brisée, marquée jusque dans
ses chairs, elle emprunte la troisième personne pour mieux montrer
qu’elle n’est plus elle-même. La langue, la culture, la grammaire
concourent ainsi à traduire élans et tourments dans cette sorte de
journal sans dates mariant aveux, «cinéma intérieur», notes de voyages,
questions et interpellations.
L’éblouissement ne l’emporte bien sûr pas à tous les coups; déception,
deuil de la rupture s’invitent parfois sur la scène. Une chose reste
sûre, Violetta ne vit pas sa vie à moitié: un coup dur, voire très dur,
la frappe, et n’est-ce pas son propre corps qui change, s’épaissit dès
qu’elle se rue sur la nourriture pour «oublier»? Une fin d’amour
dégénère en faim de calories et en accès de boulimie. Odyssée découpée
en dix saisons d’une femme en lutte pour dénicher l’amour, ce roman
scandé d’émotions fortes, ardent, sans demi-teintes – de ceux qu’on
n’oublie pas – montre les tribulations de Violetta, ses souffrances,
ses havres de paix (sa grand-mère, des amies sûres), ses hauts et ses
bas. Son chemin vers le bonheur, vers un homme «qui n’écrit pas l’amour
{mais} qui l’offre».
MOP, Le Courrier
Un jour mon prince viendra
Nathalie Chaix publie «Il y a
toujours un rêve qui veille», l’histoire d’une trentenaire qui rame
derrière l’amour et la réussite.
Violetta est une jeune photographe en manque d’amour, de sexe, de
passion, de père, de mère, de compréhension… et c’est à peu près tout.
Au fil des saisons, elle essaie de remplir sa vie en cherchant sa
moitié. Qu’elle s’amourache de salauds qui la lourdent ou qu’elle
évince elle-même ses prétendants, cette grande amoureuse poursuit sa
quête du Saint Mâle sans cesser de s’interroger avec tristesse et
humour sur l’existence et le manque. Ce deuxième roman de la Genevoise
Nathalie Chaix est une bouffée d’air frais. Le style est poétique mais
pas ampoulé, parfois cru mais pas vulgaire. Et les portraits et
inventaires qui ponctuent le roman allègent avec fraîcheur le spleen de
l’héroïne qui passe son temps à geindre et à s’empiffrer. À dévorer
avec autant de gloutonnerie!
ALINDA DUFEY, Vigousse
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