Livre aussi original qu’attachant. Il s’inspire de la vie de Nicolas de Staël et raconte son amour pour Jeanne Mathieu.
Les chapitres sont très courts, les mots parfaitement choisis et d’une
page à l’autre, on revit ces années de douleurs, cet amour impossible:
lui qui voudrait la retenir et la tenir près de lui, elle qui se refuse
à être emprisonnée «Aller au bout de ma honte, puis la tenir à distance
pour longtemps».
Ravagé par cet amour qui lui échappe, il peint de toutes ses forces,
des paysages, des nus (quand elle est son modèle). Sa carrière est une
réussite, et pourtant…
L’auteur a repris là les thèmes de la création et de l’amour dans un
langage à la fois poétique et où l’économie des mots est parfaitement
maîtrisée, ce qui donne autant d’importance au texte qu’à l’histoire et
rend la lecture passionnante.
Nathalie Chaix a eu le prix Georges-Nicole en 2007 pour Exit Adonis (Suisse Magazine 223-224).
JULIETTE DAVID, Suisse-Magazine
Grand nu orange,
«L'Olympia du XXe siècle» selon le critique Dorval, est le nom d'un
tableau de Nicolas de Staël que lui a inspiré son amante Jeanne
Mathieu. Sous ce titre Nathalie Chaix, elle, s'est inspirée librement
de l'histoire de l'amour impossible entre le peintre et son modèle.
Ce roman ne prétend donc pas à la fidélité historique mais il respecte
les noms des personnes, les événements, la chronologie de cet amour
adultère, et, certainement, l'esprit dans lequel les deux amants se
sont trouvés, pris, dépris, repris, dépris...
L'histoire commence à l'été 1953. Nicolas de Staël et René Char sont
amis. Ils sont tous deux des géants, physiquement, et des artistes,
géants. L'un est peintre, l'autre poète.
René parle beaucoup à Nicolas, qui est parisien d'adoption, du Sud de
la France, dont il est originaire et où sa peinture devrait pouvoir
puiser de l'inspiration comme sa poésie à lui s'y est nourrie.
René, qui vit à l'Isle-sur-la-Sorgue, trouve à Lagnes un lieu de
villégiature pour Nicolas et sa famille. Car Nicolas est marié à
Françoise et a trois enfants, Anne, d'un premier lit, Laurence et
Jérôme, du second. Et Françoise est, à l'époque, enceinte d'un
troisième, qui s'appellera Gustave.
La magnanerie, Lou Roucas, dans laquelle les Staël s'établissent,
appartient à Marcelle et Fernand Marthinieu, qui habitent le voisinage,
aux Camphoux, avec leurs trois fils Henri, Jean et Lucien. Le Rébanqué,
une bergerie rustique, est le repaire de René quand il vient dans le
coin. C'est là que Nicolas rencontre Jeanne pour la première fois.
Comme tous les artistes-peintres, Nicolas a bientôt envie d'un voyage
plus au Sud, en Italie. Il emmène avec lui, dans sa camionnette
Citroën, ses trois enfants et trois femmes: Françoise et deux amies de
René, Ciska, cherchée à Briançon, que ce dernier a connu pendant la
Résistance, et Jeanne, mariée à Urbain Mathieu, mère de deux enfants,
Jules et Gaspard.
Sans avoir besoin de se dire quoi que ce soit, Nicolas et Jeanne
tombent amoureux l'un de l'autre. D'ailleurs ils ne se disent rien au
début. Nicolas fait comme si Jeanne n'existait pas. Jeanne fait
semblant de rien, mais il lui plaît exactement. Elle jalouse Françoise
et son ventre rond, qui lui donne des envies de meurtre. Elle fait
alors le premier pas à Fiesole où ils se sont rendus seuls et c'est
pour eux deux une "union minérale, florale, animale".
Nicolas renvoie Françoise et ses enfants à Paris. Il veut rester seul
pour peindre, en fait pour être près de Jeanne, qui accepte d'être son
modèle. Ces amours déplaisent à un René jaloux. Jeanne est la cause de
la fin de l'amitié entre les deux géants. Elle est bien consciente que
"cet homme, c'est une folie", mais il lui donne de l'égarement qu'elle
est venue chercher auprès de lui:
«L'amour emporte tout, balaie les serments, les conventions, les religions.»
Aussi Jeanne passe-t-elle par tous les états d'âme:
«Après. Le doute. La peur. Le remords.
Plaisir. Repentir.»
Jusqu'au jour où elle se reprend:
«J'ai dit non. Je ne serai pas sa prisonnière,
sa princesse enfermée dans une tour.»
Parce qu'il veut qu'elle quitte sa famille pour être entièrement, exclusivement à lui, comme lui quitte la sienne:
«Je ne suis pas à lui. Je ne suis à personne.»
Il ne pense qu'à elle. Elle l'obsède. Son amour pour elle le mine. Il se vide sans elle:
«Il s'en veut de n'avoir pas assez de fierté pour mettre un terme à
cette aliénation, pour cesser de l'attendre, définitivement.»
Pourtant, curieusement, dans le même temps, cet amour l'aiguillonne, décuple ses forces créatrices.
Tout cela ne peut que mal finir. Et cela finit mal.
Dans ce roman à deux voix, celle du récit anonyme et celle, en
contrepoint, de Jeanne, que seule une femme du même âge qu'elle pouvait
incarner, avec ses mots, avec sa sensibilité, Nathalie Chaix nous
raconte une histoire tragique dont l'issue est connue d'avance. Aussi
l'intérêt de ce roman ne se trouve-t-il pas dans l'histoire elle-même
mais dans la façon aiguisée, très économe de mots, avec laquelle
l'auteur décrit les êtres et les choses.
Ainsi un autre nu de Nicolas, que celui du titre, parmi bien d'autres
nus qui représentent Jeanne, s'intitule-t-il Nu couché bleu. Pour qui
connaît l'oeuvre, ce tableau est résumé avec concision et justesse par
Nathalie Chaix en ces termes:
«Cuisses ouvertes. Bras fermés.
Ce qui se donne et ce qui se refuse.»
Si René Char disparaît très vite de l'histoire, l'auteur adopte un ton
poétique à de nombreuses reprises, que le poète provençal n'aurait pas
désapprouvé. Car Nathalie Chaix assemble les mots comme les notes d'une
musique évocatrice pour rendre compte de cette tragédie.
La fin elle-même est un long poème, qui se passe de ponctuation, et de
commentaires, et qui se terminent par ces vers libres, comme les propos
de l'auteur tout au long du livre, pour décrire le plongeon du 16 mars
1955:
«Son du corps qui percute l'asphalte
arrêt de la respiration
fin du souffle
murmure du sang qui se disperse - luisant - sur la pierre grise
froide.»
Blog de FANCIS RICHARD
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Ce petit roman déroutant raconte l'amour du peintre Nicolas
de Staël pour Jeanne. Il est déroutant par sa forme : en effet, c'est
une succession de tout petits paragraphes d'à peine dix-vingt lignes
par page, parfois seulement trois ou quatre lignes.
Malgré cela, les mots sont si savamment choisis qu'on se retrouve vite
plongé dans l'histoire d'amour impossible que l'auteur veut nous
raconter. Les paysages, les tableaux, les décors sont étonnamment
évocateurs malgré cette rareté de mots. Même chose pour les sentiments
des personnages qui, en quelques courtes phrases, en quelques mots,
sont parfaitement bien décrits.
De temps en temps, Jeanne intervient, et en quelques mots, raconte, à
la première personne, son histoire d'amour impossible. On ressent
parfaitement la valse des sentiments entre les deux amants, les pas en
avant, en arrière, les hésitations, les certitudes, les tourments...
Très vite lu, ce roman est une prouesse car il exprime quantité de
choses en très peu de mots. Il transpire l'amour déçu, la peinture de
Staël, les paysages du sud de la France.
Une écriture étonnante mais parfaitement maîtrisée et très réussie.
MARQUISE, climaginaire
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Une palette de douleurs
Nicolas, marié avec trois enfants, est un peintre célèbre et torturé.
Jeanne, mariée à un pharmacien et mère de deux garçons, est une
perpétuelle insatisfaite. Lorsque ces deux-là se rencontrent,
l’attraction physique est subite, quasiment douloureuse. Refusant
d’abord de céder à leur attirance, tout en se frôlant sans cesse,
Nicolas (accompagné de sa femme et de sa marmaille) et Jeanne vont
s’échapper en Italie pour mieux se retrouver en France. Un
rapprochement impossible, mais inéluctable.
Largement, mais librement, inspiré de la vie du peintre Nicolas de
Staël, et surtout de son ultime passion amoureuse, ce troisième livre
de la Genevoise Nathalie Chaix est une sublime histoire d’amour. Le
héros est un geignard sans caractère, l’objet de ses désirs est une
fille facile qui n’assume rien, leur liaison est puante et finit mal,
mais leur amour est pourtant vrai, beau. Au fil de la lecture, alors
que les voix des deux amants alternent, leur passion dévorante suscite
tant l’attendrissement que l’agacement, l’envie que le dégoût. Un roman
à l’eau de rose au goût d’orange amère.
ALINDA DUFEY, Vigousse
— Un titre de tableau, à présent, Geneviève, «Grand Nu orange», ce titre c’est celui du troisième livre de Nathalie Chaix…
— Eh oui, parce qu’il s’agit d’une biographie romancée de Nicolas de
Staël, et plus précisément de l’épisode de sa passion douloureuse avec
Jeanne Mathieu, la femme du pharmacien de la petite ville provençale où
il s’était établi et qui, comme lui, était mariée avec enfants. Il y a
un tableau de de Staël qui la représente, Jeanne, mais il s’intitule
«Nu couché bleu» et pas «Grand nu orange». En historienne de l’art
qu’elle est et en observatrice des sentiments amoureux, Nathalie Chaix
décrit cette passion en utilisant logiquement une écriture picturale,
visuelle; la lumière, la couleur sont omniprésentes, les phrases sans
verbe s’enchaînent.
Mais ce choix, a priori évident, l’est peut-être justement un peu trop au risque de sentir le procédé.
Nathalie Chaix nous raconte la Provence, les lieux où a vécu le
peintre, lieux qu’elle connaît bien; elle retrace leur périple en
famille en Sicile, auquel participait aussi Jeanne, et puis elle termine
son livre sur le suicide du peintre, qui s’est jeté de la fenêtre de
son atelier d’Antibes, il avait quarante et un ans…
GENEVIÈVE BRIDEL, Quartier Livres, RTS «La Première», «Journal du Samedi»
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Nicolas, Jeanne, René, Françoise et le petit Gustave. Tels sont les principaux personnages de Grand nu orange, dernier roman de Nathalie Chaix qui a publié également chez Bernard Campiche Exit Adonis en 2007 (Prix Georges-Nicole) et Il y a toujours un rêve qui veille en 2010.
Nathalie Chaix n’utilise donc, pour désigner ses principaux
personnages, que des prénoms. Mais elle introduit aussi un nom qu’elle
travestit: Marthinieu. «Marthinieu» au lieu de «Mathieu», du nom de
famille de Jeanne, la femme qui fut le dernier grand amour de Nicolas
de Staël. Car, dans la vraie vie, dans le cadre historique dans lequel
s’est glissée l’auteure genevoise, il s’agit bien de l’histoire du
peintre Nicolas de Staël, de sa femme Françoise et de son fils Gustave,
son dernier enfant, né en avril 1954.
Quant à René, c’est René Char, le poète «jumeau par la taille» de
Nicolas de Staël (tous deux sont très grands, explique le biographe de
Nicolas de Staël, Laurent Greilsamer, «deux géants», enchaîne Nathalie
Chaix), qu’il rencontre en 1951. Les deux hommes s’aimeront d’emblée et
travailleront ensemble.
Jeanne, enfin, qui joue le rôle de l’amoureuse fatale, est une femme –
déjà mariée et mère de famille – vantée par René Char à Nicolas de
Staël, lequel la rencontrant ne pourra s’empêcher d’en tomber
amoureux. Il délaissera sa seconde femme et ses enfants pour cet amour;
un amour douloureux, dira son biographe, puisqu’il aime plus qu’il
n’est aimé. Un amour malheureux, au point de le pousser, pense-t-on, à
se donner la mort, ce qu’il fit en se jetant dans le vide à
Antibes, le 16 mars 1955.
Voilà la trame passionnelle que Nathalie Chaix extrait de la vie du peintre pour y tisser son texte. Elle le dit à la fin de Grand nu orange, celui-ci doit beaucoup au Prince foudroyé, la biographie de Nicolas de Staël publiée en 1998 par Laurent Greilsamer chez Fayard.
L’action débute par la rencontre du poète et du peintre. Elle suit les
mouvements dépeints par le biographe. Nathalie Chaix reprend (et
complète parfois) certaines de ses citations. Tout, cependant, n’est
pas dans Le Prince foudroyé. La romancière a travaillé à peupler les
vides et silences, à imaginer les gestes amoureux, les couleurs des
humeurs et du ciel.
Ainsi ce journal intime de Jeanne à la typographie distincte des textes
narratifs qui invente les états d’esprit, les élans, les doutes, les
sentiments d’une femme moins manipulatrice qu’il n’y paraît. Ainsi ces
scènes intimes, scènes de poses où le peintre peint frénétiquement
Jeanne nue, en nus de lumière – d’où le titre du roman qui est aussi
celui d’un tableau; ces scènes d’amour encore où Nathalie Chaix puise
dans le registre poétique pour décrire les étreintes.
Elle emprunte à Char sa palette de style, à Staël ses couleurs,
cherchant à se couler dans l’acuité de l’un et dans l’œil de l’autre.
D’où la forme saccadée, brève, distillée par touches qui parvient à
recréer une réelle tension.
ÉLÉONORE SULSER, Le Temps
Une photo a bouleversé sa vie
Alors âgée d’une vingtaine
d’années, Nathalie Chaix a vécu un véritable coup de foudre en voyant
un cliché de Nicolas de Staël. Aujourd’hui, pour son troisième livre,
l’écrivaine genevoise sort une biographie romancée du célèbre peintre.
À l’endroit du secret et de l’intime
Pour son troisième livre, la
Genevoise Nathalie Chaix s’est attaquée à une biographie romancée du
peintre Nicolas de Staël. Entre passion amoureuse destructrice et folie
créatrice.
«J’en suis tombée amoureuse. Je ne croyais pas qu’on puisse tomber
amoureuse d’un mort.» C’est au Musée Picasso d’Antibes que Nathalie
Chaix, alors âgée d’une vingtaine d’années, découvre la photo en
noir et blanc d’un autre géant de la peinture: Nicolas de Staël. «Il
avait un look des années quatre-vingt, les cheveux en l’air, des
pantalons larges. Il s’est passé quelque chose avec cette image. Un
coup de foudre.»
Aujourd’hui, la jeune femme, devenue conservatrice de la Maison Tavel,
l’un des quatre sites des Musées d’art et d’histoire de la Ville de
Genève, a décidé de raconter les deux dernières années de la vie du
peintre. Jusqu’à son suicide du haut de son atelier d’Antibes, en 1955.
Pour ce faire, elle visitera les lieux et les villages du Lubéron où
Nicolas de Staël avait séjourné, devra emprunter à la mairie les clés
d’un vieux cimetière pour apercevoir sa maison: «J’avais l’impression
de faire un vrai travail de détective privé.»
Elle dit avoir respecté les lieux, la chronologie, mais changé certains
noms. Pas celui, quand même, de Jeanne, cette femme mariée à un
pharmacien, qui deviendra la maîtresse de Nicolas de Staël après avoir
été celle du poète René Char. Une femme avec laquelle le peintre,
lui-même marié et père de famille, va vivre une histoire d’amour
tourmentée et douloureuse: «J’ai essayé d’être dans leur intimité, mais
c’est une intimité que j’invente. Ce qui s’est passé dans leurs têtes,
seuls eux le savent.»
Pour tenter de garder Jeanne, Nicolas abandonnera sa femme enceinte.
«Je me suis aperçue que la même chose était arrivée à ma mère. Elle a
été quittée quand elle était enceinte de mon frère.»
Un ouvrage marquant
La romancière se servira aussi d’une biographie qui l’a beaucoup
impressionnée, due à Laurent Greilsamer: Le Prince foudroyé: la vie de
Nicolas de Staël. Pour savoir par exemple que le jour où le peintre va
se donner la mort, Jeanne passe sous ses fenêtres mais sans s’arrêter.
À propos de la façon dont Jeanne traite son amant, si on prononce le
mot de «torture», Nathalie Chaix rétorque: «Comme dans toutes les
relations passionnelles.» Son premier livre, Exit Adonis, faisait
d’ailleurs déjà état d’une «relation toxique» mais où c’était la femme
qui souffrait. «Quand le bouquin est sorti, j’ai eu pas mal de
témoignages d’hommes subissant des histoires semblables et je me suis
dit, mais cela leur arrive aussi!»
Alors, obsédée par le désordre amoureux, Nathalie Chaix? Rire sonore du
haut de son mètre quatre-vingt-trois: «Personnellement, les deux
aventures les plus exaltantes qui m’aient été données de vivre sont
l’amour et la création.»
Après une maîtrise de communication à Avignon, un DESS (diplôme
d’études supérieures spécialisées) en gestion de projets culturels à
Nice et une licence en histoire de l’art à Genève, on la retrouve
responsable de la promotion culturelle de la Ville de Genève.
Particularité: par goût et par profession, Nathalie Chaix va beaucoup
au spectacle, elle en voit près de quatre-vingts par année et c’est une
source d’inspiration immédiate. Au point qu’il lui arrive d’écrire dans
le noir, pendant le déroulement d’une pièce de théâtre.
Dans son appartement des Eaux-Vives, avec vue sur le lac et le jet
d’eau, la romancière dit que ce qui l’intéresse, c’est «l’ambivalence
de ses personnages. Ils ne sont pas d’une seule couleur ni l’un ni
l’autre. Chez elle, il y a des aspects à la fois très cruels et très
tendres et chez lui cette personnalité très forte et en même temps son
côté d’homme fragile.» Le livre laisse entendre que l’attitude de
Jeanne est pour beaucoup dans le suicide de Nicolas. «Je ne suis pas
la seule à le dire. Mais les travaux sur Nicolas de Staël évoquent
plutôt une impasse artistique. De toute façon, je ne pense pas qu’on
puisse affirmer que quelqu’un se suicide pour une seule raison. Je
crois plutôt que la source est dans l’enfance, dans une blessure, des
traumatismes que le contexte de la vie d’adulte va réveiller.»
Déjà tellement contente d’avoir un éditeur
Ne lui parlez pas de rêves éditoriaux parisiens: Nathalie Chaix vous
dira être déjà «tellement contente d’avoir un éditeur et trouver
¨formidable l’attitude d’une Anne Cuneo, draguée par Gallimard et qui
reste fidèle à Bernard Campiche¨».
Si les textes sont d’une grande sobriété d’écriture, Nathalie Chaix ose
espérer «qu’il y ait des couleurs, des saveurs, des odeurs», elle qui
adore, certes, la littérature épique, mais «préfère l’intime, aller là
où il n’y a pas de mot, à l’endroit du secret, du non-dit, de
l’indicible».
Ce qui ne l’empêche pas de citer, comme un sommet, Flaubert: «Madame
Bovary! Je me demande toujours comment un homme a pu savoir que nous
étions comme ça.»
Secrets de cuisine
Migros Magazine: — Pour vous, cuisiner c’est…
Nathalie Chaix: — Une
zone d’incertitude et de doutes. Je n’arrive pas à suivre de recettes.
J’improvise et du coup je ne sais jamais si ça va être réussi. Mais les
gens en général se montrent bienveillants.
— Qu’avez-vous toujours en réserve?
— Des céréales pour le petit-déjeuner.
— Quel est votre plat favori?
— La tarte à la crème façon Girardet, cuisinée par mon mari.
— Que ne pourriez-vous pour rien au monde manger?
— L’hakarl. C’est du requin putréfié. Un plat islandais.
— Avec qui aimeriez-vous partager un repas?
— Pascal Quignard. L’auteur vivant que j’admire le plus. Il a l’air d’être un homme formidable.
LAURENT NICOLET, M Magazine
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