Vous pouvez nous commander directement cet ouvrage par courriel.
En
quelques récits, tous ont traversé le parc Manson, rendez-vous des
trajectoires absurdes et terrain vague de la folie ordinaire, avant la
chute, forcément cruelle. sec.
Haut de la page
Prix Georges-Nicole
Nyon, le 24 avril 2010
Permettez-moi ces quelques mots pour saluer notre lauréate Anne-Claire
Decorvet, la remercier de s’inscrire dans la tradition de ce Prix dont
Mme Monique Boss vient de situer l’origine, et lui souhaiter bonne
plume — comme on dit communément bon vent.
L’institution du Prix Georges-Nicole est à la fois singulière, tenace et fragile.
Elle est singulière parce qu’elle met une mémoire en état de
persistance. Comme on vient de l’évoquer, le Prix Georges-Nicole est né
voici quarante ans (et moins de poussières que de fleurs) en souvenir
d’une trace dessinée dans le paysage littéraire romand. La trace de
Georges Nicole, donc, mort dix ans plus tôt, qui avait rayonné d’une
attention suffisamment vive pour faire naître au public une poignée
d’écrivains importants tel Maurice Chappaz.
L’institution du Prix Georges-Nicole est aussi tenace — parce que le
Prix Georges-Nicole, établi dans l’espace culturel de Suisse romande
par ses premiers animateurs (Maurice Chappaz, Bertil Galland, Jacques
Chessex, Alexandre Voisard, Jean-Pierre Monnier et Nicolas Bouvier),
repose sur des procédures parfaitement rodées. Elles se situent à
l’orée du rituel mais sont bien plus joyeuses, qui placent tous les
trois ans les membres de son jury face à des amoncellements de
manuscrits à sélectionner progressivement jusqu’au meilleur aux yeux de
sa majorité.
Le Prix Georges-Nicole est enfin somptueusement fragile parce que notre
époque est pour le verbe un cruel champ de bataille. Il est infiniment
délicat de déceler puis de faire advenir une parole neuve dans le
langage pléthorique et multiforme qui nous environne aujourd’hui. En
cela l’institution du Prix Georges-Nicole relève depuis quelques
années, suivant le point de vue qu’on adopte, du rêve ou du fantasme —
ou, à l’inverse, de la vaillance désespérée.
En habit de folie, le
manuscrit qu’a retenu le jury du Prix Georges-Nicole, voyage exactement
dans ces paysages-là. Placés face au miroir de ces récits brefs, nous
voici revêtus de délires innombrables qui nous désignent les uns aux
autres et nous agrègent au sein des sociétés modernes — tandis qu’à
l’intérieur, dans les capsules de notre corps et de notre esprit, c’est
plus compliqué.
Ainsi peut-on jouer malicieusement sur les mots pour prétendre
qu’Anne-Claire Decorvet mériterait le Prix Gore-Nicole plutôt que le
Prix Georges-Nicole — «gore» signifiant à partir de l’anglais «Qui
suscite l'épouvante par le sang abondamment versé», et désignant à
partir de là tout un pan des productions cinématographiques et
littéraires ambiantes.
Elle embrasse en effet des matériaux dont la littérature en Suisse
romande s’est jusqu’ici largement débarrassée — à de minimes exceptions
près. Elle explore la ville criblée de caméras de surveillance. Elle
déroule la vie des immeubles locatifs dynamitée par des tensions
irrémédiables. Elle saisit tout ce monde contemporain grouillant de
chiens qui virent à l’humain ou d’humains virant au chien, de sacs à
commissions remplis de quotidienneté dépressogène, et de ces
comportements brutaux que les foules en grumeau confondent
insensiblement avec la norme.
C’est un exercice périlleux. Il pourrait tourner à la confusion
criarde. Il faut qu’une forme précise le tienne. Par bonheur les textes
d’Anne-Claire Decorvet sont liés par une écriture énergique et libre,
marquée par un agencement précis des termes et des phrases qui
transforme ces derniers en projectiles et leur permet de trouer la
couche descriptive.
À les lire nous percevons alors la souffrance vertigineuse et pourtant
refoulée de notre monde où les désirs nous empoignent avant de nous
muer en machines, où les «je» sensibles se fondent dans le «ils»
collectif aveugle et où les épieurs ont parfois besoin d’être épiés
pour éprouver la sensation d’exister — en conséquence parfois déjantée
du principe annoncé par Dürrenmatt évoquant la Suisse, dans son Discours pour Václav Havel prononcé le 29 septembre 1990, comme le pays de la liberté dans la mesure où chacun s’y pense geôlier de son voisin.
Bien sûr, au fil des textes proposés par Anne-Claire Decorvet, le
lecteur pourra juger flottant l’agencement de ces deux mécaniques — je
veux dire la narrative et l’essayiste. Il aura parfois raison, mais ses
doutes ne déborderont pas le cadre de sa bataille avec l’auteur, qui le
relancera nécessairement à force de style et de façons abruptes.
Tenez, ces quatre lignes tirées de «Bestiaire»: «La verrière autour de
ton balcon te protège, aquarium où tu évolues à l’aise et sans effort,
bien loin du porche insoutenable et des miroirs en biseau. Mais parfois
le verre teinté te renvoie ce reflet qui te déplaît, tu fermes alors
les yeux. Car à vivre ainsi tranquille tu as franchi la barre des deux
cents kilos.»
Les meilleurs délits sont toujours excellemment dissimulés. Il faut ici
remercier l’éditeur Bernard Campiche d’avoir accueilli (comme il le
fait depuis longtemps) le manuscrit retenu par le jury du Prix
Georges-Nicole — et de lui avoir donné, comme on dit dans la jungle
urbaine et dans les milieux de l’édition, la plus accomplie des
couvertures.
Permettez-moi enfin qu’au-delà d’Anne-Claire Decorvet je salue toutes
celles et ceux qui furent ses pairs dans le moment même du concours. Je
veux dire la centaine des auteurs qui nous ont fait parvenir leur
manuscrit, et qui l’ont au fond désignée sans en avoir l’air en faisant
concourir leur propre parole avec la sienne, jusqu’à porter celle-ci
dans ce livre et dans les autres à venir. Que tous continuent — c’est
le vœu.
Je vous remercie.
CHRISTOPHE GALLAZ, Membre du Jury, texte lu lors de la remise du Prix, le 24 avril 2010
Haut de la page
Le Prix Nicole à des nouvelles en folie
La
Genevoise Anne-Claire Decorvet est la lauréate du Prix Georges-Nicole
2010. Son recueil de nouvelles marque la naissance d’une auteure
précise et ironique.
Chaque remise du Prix
Georges-Nicole correspond à la naissance d’un écrivain en Suisse
romande, puisqu’il récompense le manuscrit d’un auteur jamais publié
encore. Décerné pour la onzième fois par son jury composé entre autres
de Bertil Galland, Christophe Gallaz, Sylviane Roche ou Daniel de
Roulet, il récompense cette année En habit de folie, un recueil
de nouvelles signé d’une enseignante genevoise, Anne-Claire Decorvet.
Belle surprise: les récits sont originaux, le style habité, étrange et
limpide à souhait. On y rencontre un étudiant qui est engagé comme
surveillant derrière les caméras de la gare, et devient fou; une
concierge qui se bat contre une odeur pernicieuse refusant de quitter
son immeuble, alors que la locataire du sixième n’a pas réapparu depuis
des mois; un couple qui change de lit sans pour autant que les fantômes
de l’ancien lit semblent avoir quitté la chambre à coucher et la vie de
la femme, malade de jalousie face à un passé qu’elle ne contrôle pas;
un infirmier qui souhaite devenir assistant sexuel mais dont personne
ne comprend la démarche, surtout pas sa compagne, qui refuse de le
laisser faire du bien à d’autres qu’elle; une femme qui ne pardonne pas
à son mari de lui avoir acheté un nouveau congélateur, jetant avec
l’ancien quinze années de vie commune et par la même occasion le secret
qu’elle y cachait, un bébé étouffé à la naissance.
À chaque nouvelle, la folie rôde, faisant irruption dans les histoires
de héros quotidiens qui nous ressemblent avec insistance. Précises,
épurées, tendues et inquiètes, les phrases ne lâchent pas leur proie.
Un régal.
ISABELLE FALCONNIER, L’Hebdo
Haut de la page
Désir de néant
Un étudiant en médecine a besoin d’argent. Il trouve un boulot de
planqué: vidéo-surveiller ce qui se passe dans la gare, c’est-à-dire
balayer un écran, débusquer une attitude ambiguë, signaler les
bizarreries. Le narrateur adore plonger dans cet univers fascinant. Les
types qui bossent avec lui tuent le temps à coups de bières et de
cacahuètes. Il y a parfois des incidents: un homme s’effondre, une
gamine coincée dans l’escalator, un couteau brandi, un molosse sans
muselière. On passe allègrement du bureau de vidéo-surveillance à la
chambre à coucher. C’est que la compagne du narrateur commence à
trouver le temps long. Son compagnon n’est plus aussi attentif à elle.
Il se sent observé, suivi, surveillé par un juge impitoyable. Il se
crispe, mate les filles qui font pipi dans les toilettes publiques. Il
sent la caméra s’enclencher quand il fait l’amour à sa compagne qui ne
le reconnaît plus. Il finit par la cogner, sa copine qui va faire sa
valise. Il ne veut surtout pas retourner à son existence terne
d’étudiant en médecine. Il préfère désormais les écrans. Celui qui dit
JE devient IL. Un Il qui devient cinglé, fracasse le crâne d’un
collègue. Un Il qui finira psychiatre.
La chute est inattendue et drôle. Ce qui intéresse Decorvet, c’est le
marigot où grouillent les pulsions inavouables, c’est l’intimité des
êtres où l’enfer s’élabore, c’est la parade sans grandeur des égoïsmes
rancis. Le récit «Sous surveillance» est habilement mené. Sa lecture ne
laisse pas indifférent. On comprend pourquoi Anne-Claire Decorvet a
choisi pour son premier recueil de nouvelles ce titre que je trouve
très beau: En habit de folie.
Blog d’ANTONIN MOERI
Haut de la page
Tout le monde est fou
Prix Georges-Nicole 2010, En habit de folie
est un recueil de nouvelles qui révèle Anne-Claire Decorvet,
enseignante genevoise dont c’est le premier livre publié. Recueil
habilement construit puisque toutes les trajectoires des personnages
divers et variés passent à un moment ou à un autre par le parc Manson.
Un lieu qui enregistre brièvement la folie de chacune et chacun. Car,
chez Anne-Claire Decorvet, tout le monde est fou. Folie douce ou
furieuse, larvée, psychose, elle détermine véritablement nos vies. Mais
souvent de façon sournoise. En cela, la première nouvelle, «Sous
surveillance», est particulièrement frappante. Ou comment un jeune
étudiant deviendra fou à force de travailler à la télésurveillance
d’une gare, avant de devenir… psychiatre. Anne-Claire Decorvet, une
plume prometteuse.
JACQUES STERCHI, La Liberté
Haut de la page
Trames cruelles pour faits divers
Anne-Claire Decorvet a décroché le Prix Georges-Nicole avec ce recueil de nouvelles
Joli coup pour Anne-Claire Decorvet qui a décroché cette année le Prix
Georges-Nicole. Ce prix destiné à des débutants prometteurs récompense En habit de folie,
un recueil de neufs nouvelles paru chez Campiche et habillé d’une folie
qui n’a rien du tout d’une folie gaie et primesautière. Bien loin de
là. Il s’agit au contraire d’une folie trouble, vénéneuse et le plus
souvent terrifiante.
Trancher dans les chairs
Pas de quartier, donc. Pour ces premiers textes, Anne-Claire Decorvet
a choisi de trancher dans les chairs, de remuer les remugles, de se
jouer cruellement de ses personnages, d’explorer les recoins les moins
ragoûtants de l’univers humain. Le vomi se mêle aux larmes, au sperme
et au sang sous sa plume incisive.
L’auteure puise sa matière directement dans les faits divers ou les
faits de société inquiétants qui flottent autour de nous: enfants
congelés, assistants sexuels, vidéosurveillance, addictions,
dédoublements de la personnalité, famille perverse, jalousie, inceste,
avortement: «Ça pue l’éther, ça sent la mort au fond du couloir blanc.
Voie sans issue, sortie barrée. Silence.»
Ses intrigues distillent leur poison l’air de rien. Habillées de vernis
lisse, ces histoires ne laissent entrevoir que peu à peu, ou tout à
coup, l’horreur. Ou alors, elles choisissent d’empiler les drames
jusqu’à l’écœurement ajoutant, par exemple, aux tourments d’une jeune
fille qui vient d’avorter, le mutisme familial, la dispute des parents,
l’attrait trouble du père pour les filles de son âge, le tout couronné
par l’indifférence et le mépris général. Anne-Claire Decorvet ne fait
pas dans la dentelle, en rajoute: meurtre inconscient, vengeance
sourde, l’effroi rôde dans ses phrases claires, bien envoyées.
On aurait tort de se reposer dans les petites fenêtres poétiques que
l’auteure entrouvre parfois – «son rire comme un grelot, elle s’ébroue
tandis que de son manteau mouillé fusent les grêlons qui roulent à
terre avec un bruit de billes». Car le pire est toujours à venir.
ÉLÉONORE SULSER, Le Temps
Haut de la page
Le plus acide
Des fous en nouvelles
Avant d’être fous, ils sont seuls, les personnages d’Anne-Claire
Decorvet. Prisonniers fatals de leur délire. L’une tue, l’autre mange,
la troisième ne jette rien, la quatrième se prend pour un aspirateur.
En tout, il y en a neuf. Perdus pour les autres. Mais pas pour leur
créatrice littéraire qui se glisse avec une habileté déconcertante dans
leur cerveau en déroute. Son écriture précise et rythmée traque les
détails, monte la sauce jusqu’au final. Peu d’espoirs dans cette
galerie de destins saccagés ou saccageurs. À part le petit Léo qui
aimerait tant consoler Sophie, sa sœur de seize ans qu’un avortement a
rendue muette. Car il y a aussi dans ce recueil de «purs» désespérés,
fruits d’une famille destructrice. La perfection de ces textes a valu à
leur auteure le prix Georges-Nicole 2010. Une perfection, pourtant, qui
ne parvient pas à nous rendre ces fous touchants.
LOYSE PAHUD, Femina
Haut de la page
Avec En habit de folie,
recueil de nouvelles paru chez Bernard Campiche Éditeur, Anne-Claire
Decorvet, lauréate du Prix Georges-Nicole 2010, surprend et ravit son
lecteur. S'appuyant pour une partie de ses textes sur des faits divers
survenus ces dernières années, l'auteure, enseignante de français à
Genève, réussit à éclairer d'un point de vue nouveau et original
quelques-uns de ces événements ayant largement défrayé la chronique.
Qu'il s'agisse des déséquilibres mentaux engendrés par un travail de
vidéosurveillance, des nuisances olfactives causées par une femme
atteinte de troubles obsessionnels compulsifs l'amenant à accumuler
tous ses déchets, de cette mère ayant congelé ses nouveau-nés ou encore
de cet auxiliaire de santé disposé à entretenir des rapports intimes
avec des personnes handicapées, jamais l'auteure ne tombe dans les
clichés ou des considérations banales et sans intérêt. Elle délaisse
tout effet de sensationnalisme pour approcher avec sensibilité les
limites de la raison ou de la déraison, qui font imperceptiblement
basculer à un moment donné ses personnages dans la folie. Les
sentiments qu'elle restitue et les rebondissements dont elle agrémente
ses récits sont de plus rédigés dans une langue riche et variée, à la
dramaturgie savamment élaborée. L'éventail des thèmes abordés est
vaste. Poids du jugement et du regard des autres, importance de
l'image, complexité des sentiments amoureux et des relations familiales
perverties constituent la toile de fond de plusieurs de ces textes.
Ainsi, d'une passion amoureuse non partagée aux troubles psychiques
déclenchés par une jalousie dévorante, la réussite de l'auteure tient
autant à la subtilité des enchaînements qu'elle imagine qu'à la
brutalité des désordres qu'ils engendrent. Le fragile équilibre mental
dont elle dote plusieurs de ses personnages ne surprend pas: tout est
affaire de mesure dans ces restitutions de démesures. On sent poindre
derrière le regard intrusif d'Anne-Claire Decorvet un véritable souhait
d'interroger en profondeur les apparences d'une réalité pas toujours
évidente à décrypter. L'exercice est périlleux dans quelques-uns de ses
textes mais vraiment réussi pour l'ensemble de ce recueil.
Deux de ses nouvelles, «Plutôt un chien» et «Amen» évoquent
l'importance des dérangements vécus dans une enfance malheureuse et
difficile. Des familles dont l'instabilité et les heurts sont sources
de violences, générant solitude ou profond mutisme. Au-delà de
ces histoires souvent subitement meurtrières on pressent chez
Anne-Claire Decorvet un plaisir manifeste à faire partager des pans de
vie qui, dès lors qu'ils touchent les sentiments amoureux, font
naître la compréhension et la dérision. Ainsi, dans «Ma vie à la
fenêtre», l'auteure réussit-elle brillamment à affubler de sentiments
un aspirateur délaissé! Rehaussé d'une belle couverture signée Sylvie
Wuarin, cet En habit de folie bénéficie
aussi du soin particulier accordé par l'éditeur Bernard Campiche à
l'édition de ses publications. L'ensemble de ces éléments réunis
concourt à faire de ce premier ouvrage une vraiment belle réussite!
BRIGITTE STEUDLER, culturactif.ch
Haut de la page
En habit de folie
L’écriture
d’Anne-Claire Decorvet est un scalpel qui, d’une incision nette, met à
jour nos pulsions viscérales, ce tout ce qui grouille et rampe au
profond de nos ventres d’apparence lisses. Sous la lame tranchante des
mots, voilà que surgissent des flots de mal-être, de cris enkystés,
libérés soudainement d’une pression morbide hors de nos cœurs de
victimes. À petites touches impressionnistes, ces nouvelles touchent
l’âme, c’est une évidence qui a gratifié ce premier recueil de
l’enseignante genevoise du prix Georges-Nicole 2010. Écartelés entre le
chaos et le perfectionnisme, les névrosés d’Anne-Claire Decorvet
apparaissent comme des poupées russes: «Ces créatures qui nous
ressemblent car elle s’emboîtent et se font écran l’une à l’autre, un
enchaînement mystérieux de masques et d’impostures. En grattant sous la
surface, on s’interroge: et si le visage en dessous se révélait celui
du monstre? Ou pire encore, si la dernière poupée ne débouchait que sur
le vide?» Une question laissée en suspens qui, nous l’espérons,
motivera l’auteure à continuer d’explorer avec talent les vides
frémissants de nos profondeurs.
FABIENNE CELLÉRIER PROBST, La Vie protestante
Haut de la page
En habit de folie
Enseignante de français à Genève, Anne-Claire Decorvet a reçu le Prix Georges-Nicole 2010 pour En habit de folie.
La majorité des textes constituant ce recueil de nouvelles s’appuie sur
des faits divers ayant largement défrayé la chronique, qu’il s’agisse
des déséquilibres mentaux engendrés par un travail de vidéosurveillance
ou de ces nouveau-nés placés par leur mère dans un congélateur.
L’auteure transforme avec distance et légèreté la matière originelle de
ses textes, réussissant très vite à captiver son lecteur. La qualité de
ces nouvelles tient beaucoup à la subtilité des enchaînements, ainsi
qu’à la brutalité des désordres qu’ils révèlent. Anne-Claire Decorvet
délaisse tout effet de sensationnalisme pour décrire avec sensibilité
la manière dont ses personnages basculent presque imperceptiblement
dans la folie. Grâce à une construction rigoureuse de ses textes et à son
écriture très maîtrisée, l’auteure parvient ainsi à rendre palpable
l’espace ténu existant entre équilibre et déraison.
|