VALENTIN DECOPPET

LES DÉSHÉRITÉS

Roman
2021. 2e édition: 2022.  176 pages. Prix: CHF 28.00.
ISBN 978-2-88241-468-7


Biographie


Sur la montagne, des morts et des non-dits

Des mots sans élans magnifiques, le premier chapitre nous emmène de la gare de Lausanne (qui n’a pas besoin d’être nommée pour qu’on la reconnaisse) vers un village de montagne, après avoir longé le lac et emprunté un car postal. «Mais ce matin-là, l’inspecteur Gross ne prend pas le train. Il s’engouffre dans sa voiture…» Superbe trouvaille, qui laisse augurer du meilleur pour ces Déshérités, premier roman de Valentin Decoppet. L’enquête autour d’un double meurtre commis sur un alpage ne tiendra pas tout à fait cette promesse: l’écrivain vaudois s’intéresse aux histoires de village et de famille, mais laisse l’étrange impression de rester à la surface. L’affaire de jalousie et d’héritage qui grouille dans ces montagnes vaudoises demeure finalement assez brumeuse.
N’empêche que ce flou n’est pas sans charme. Nous sommes dans un univers de non-dits, de taiseux. L’essentiel, ici, ne se trouve pas dans la résolution de l’affaire, mais dans cette drôle d’ambiance et dans cet univers où l’on a l’impression de ne pas pouvoir pénétrer. Là au milieu, l’inspecteur Jean-Pierre Gross se démène comme il peut, avec ses maladresses, ses fêlures, ses difficultés relationnelles qui le rendent profondément humain.

ÉRIC BULLIARD
, La Gruyère, 9 mars 2022

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«Ça avait l’air d’un cas assez simple.» Deux corps retrouvés dans une ferme des Préalpes vaudoises, méthodiquement assassinés. Et ce meurtrier vers qui tous les indices convergent, paysan qui passe rapidement aux aveux et aide à retrouver l’arme du crime au fond de la fosse à purin. Mais les coupables parfaits, «ça n’existe que dans les mauvais polars», et celui-ci, tout à son dessein d’en être un bon, s’efforce d’emmener son lecteur par-delà les évidences, dans l’entrelacs des jalousies ancestrales qui hantent ce petit village de montagne.
Formé à l’Institut littéraire de Bienne, le Lausannois Valentin Decoppet signe avec Les Déshérités son premier roman, dont la trame policière est faufilée de diverses fibres, sentimentale, littéraire (chaque chapitre emprunte son titre à une œuvre emblématique), mais aussi linguistique – l’auteur est également traducteur du suisse allemand, ici souvent sonore. On y perd parfois le fil tant l’intrigue se révèle noueuse, mais ce polar vibre d’une ambition narrative qu’il faut saluer. Et suivre de près.

THIERRY RABOUD, La Liberté, 20 février 2022

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«On a deux victimes avec des blessures par balle, un couple. Ça s'est produit hier soir, il y avait les tirs obligatoires dans le stand d'à côté. Personne n'a rien entendu. L'homme est dans l'étable, la femme au salon.»
Chacune des deux victimes a été tuée de trois balles, une à la tête, une à la poitrine, une au ventre: «Les victimes ont été abattues selon le même rituel», constate donc l'inspecteur Gross arrivé sur place en voiture. Lequel apprendra que l'arme utilisée, militaire, est «du genre fusil d’assaut.»
Le tueur a d'abord pris l'homme pour cible et l'a abattu, de loin, d'une première balle dans la tête. Ce ne peut être qu'un excellent tireur. L'homme s'appelle Alexandre Rochat, la femme, Marie, née Walser. Leur ferme se trouve dans un village, La Rochaz, au-dessus d'Aigle.
Cette ferme appartenait au cousin d'Alexandre, Jean Rochat, qui la leur a vendu il y a quatre mois, qui habite le village et travaille au Volg. L'information est donnée à l'inspecteur Gross par un paysan, Emanuel Jotterand, qui se rendait à l'étable pour traire les vaches et les sortir.
Tandis qu'il sort de la ferme, l'inspecteur Gross aperçoit un homme de taille moyenne, manteau brun, à l'orée du bois. Ils se regardent. L'homme saute une barrière, s'enfonce dans le bois. L'inspecteur se lance à sa poursuite, mais l'homme le distance. Il finit par perdre sa trace.
Or, justement, cet homme pourrait bien être Jean Rochat. Il a disparu et ne s'est pas présenté à son travail. C'est le coupable idéal, d'autant qu'il est membre de la société de tir du village. Reste à savoir pour quel motif il aurait commis ce double crime. C'est là toute la question.
L'inspecteur Gross enquête sur les familles Rochat et Walser. Il apprend ainsi que le grand-père Rochat s'était présenté au Conseil communal et que Georges Walser, le beau-père d'Alexandre, l'avait emporté sur lui; mais qu'il avait acquis la ferme, promise de vente à ce dernier.
Les Déshérités, ce sont John, un des fils du grand-père Rochat, et sa descendance: l'aïeul avait dévolu la ferme à son autre fils Eugène, après le décès de son aîné, Laurent. Jean est un des deux fils d'Eugène et c'est de cette manière qu'il est devenu héritier légitime de la ferme.
On ne voit toutefois pas pourquoi Jean aurait tué son cousin Alexandre et sa femme après leur avoir délibérément vendu la ferme. Apparemment, il se pourrait qu'il ait rechuté: Gross apprend en effet qu'il a fait par le passé un séjour psychiatrique volontaire d'un an et demi.
Rien n'est simple dans un tel microcosme, où tout s'entremêle. Aussi, quand Jean est appréhendé, l'inspecteur Gross veut-il «tout vérifier» pour «donner l'image la plus exacte des faits,» comme le lui dira sa mère, qui sait d'expérience que «les choses ne sont jamais ou noires ou blanches.»

Blog
de
FRANCIS RICHARD

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À la poursuite de l’auteur d’un meurtre sordide, l’inspecteur Gross découvre peu à peu les histoires d’un village montagnard. Jalousies familiales, internement forcé et corruption s’entremêlent et forcent le policier à s'immiscer toujours plus profondément dans la vie des habitants.


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