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Un
homme. Cinquante-cinq ans. Une femme. Vingt-huit ans. Il cherche la
jeunesse dans cette femme. Elle recherche l’amour dans cet homme. Ils
se rejoignent parfois. Jamais longtemps. Un décalage, immense, entre
elle et lui. Un amour à contretemps. Leurs deux voix racontent en
alternance ce qui ne se dit pas. Ce qui se pense seulement, et qu’on
n’avoue pas. Un roman contemporain, qui propose une plongée perturbante
dans les pensées intimes de deux personnages qui nous ressemblent. Un
peu, beaucoup.
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Après Frida,
plongée hypnotique dans les profondeurs de l’âme féminine, la
journaliste lausannoise Mélanie Chappuis se glisse dans la stratégie
amoureuse d’un homme mûr, bien décidé à se revaloriser à ses propres
yeux en se jouant d’une jeune femme un peu désemparée et mal dans sa
peau. Le chassé-croisé amoureux, en constant décalage de recherche et
de découverte, de séduction et de passion, d’aveux et de non-dit, ne
les mènera ni l’un ni l’autre là où ils le pensaient…
Payot Libraire, Lausanne
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Passion glacée
Avec Des baisers froids comme la lune,
Mélanie Chappuis (née à Bonn en 1976, mais vivant à Lausanne) creuse et
interroge la passion amoureuse qui faisait déjà la matière de son
premier roman, Frida, paru il y a deux ans. Ce second livre
est comme l'image inversée du premier : ce n'est plus une femme
amoureuse qui attend que son amant marié quitte sa femme, mais une
femme mariée qui s'éprend d'un homme plus âgé, libre (ou presque).
Lequel attend, sans trop d'impatience, que sa maîtresse se libère
de ses liens conjugaux. Ce qui retient le lecteur, dans ce second
roman, c'est l'obstination à creuser la passion amoureuse, à décliner
ses états d'âme, à déchiffrer ses diverses étapes. Construit comme un
monologue croisé, qui fait entendre en alternance la voix de la femme
et de l'homme, le livre de Mélanie Chappuis essaie de suivre à la trace
(et de mettre en mots) le feu qui embrase la passion amoureuse. On
pense parfois à Belle du Seigneur d'Albert Cohen ou Anna Karénine
de Tolstoï. D'abord parce que l'héroïne du roman s'appelle Anna,
ensuite parce que parce qu'il s'agit, dans les trois livres, de tenir
le registre des désordres amoureux, depuis la piqûre du désir, jusqu'à
sa réalisation, puis le subtil engrenage d'attentes et de frustrations
qui se met en place. S'installe, alors, entre les deux amants, un jeu
du chat et de la souris qui va les mener, inéluctablement, au terme de
leur histoire. L'homme a cinquante-cinq ans. Il s'appelle Vincent.
Il dirige un grand quotidien romand. La femme s'appelle Anna. Elle a
vingt-huit ans. Elle est mariée à Victor, le demi-frère de Vincent. Ce
qu'il aime chez elle, c'est qu'elle est une «femme d'ailleurs»,
différente de toutes celles qu'il a connues. Ce qu'elle aime chez lui,
c'est à la fois sa liberté et son pouvoir. Entre les deux, dès le
début, on sent un décalage, qui ne fera que se creuser. L'amour est-il
une illusion? La passion amoureuse est-elle forcément
(auto)destructrice? C'est ce que semble suggérer Mélanie Chappuis dans
un roman qui mêle à plaisir le chaud et le froid. Alternativement, puis
successivement. Le style est direct, comme dans Frida,
rapide, sans fioriture. Il essaie de saisir au plus près ce feu obscur
qui dévore les amants, creuse en chacun le manque douloureux de l'autre
et finit par se transformer en glace. Il y a des scènes fortes, et
quelques surprises (en particulier, une utilisation toute à fait
singulière de la crème Atrix!). Autant dire qu'un lecteur — amoureux ou
non — y trouvera matière à émotions, comme à réflexions.
Blog de JEAN-MICHEL OLIVIER
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Mélanie Chappuis relate la fin d’un amour adultère
«Et je te donnerai, ma brune, des baisers froids comme la lune.»
Mélanie Chappuis place son deuxième roman sous le signe de l’astre pâle
et de Baudelaire. Il est question, dans Des baisers froids comme la lune,
du théâtre de la cruauté que se jouent un homme et une femme, elle
toute jeune et tout juste mère, lui quinquagénaire effrayé par l’âge
qui vient. Une histoire d’adultère qui commence dans la transe et qui
se finit dans la haine. C’est évidemment ce basculement qui fait
l’intérêt de ce petit drame secret. Et aussi les façons employées par
l’auteur pour le raconter. Elle croise récits à la première personne,
tantôt elle, tantôt lui, et correspondances par lettres, e-mails et
SMS. Des confessions intimes où l’inavouable domine et des messages
maquillés par le souci de gagner la partie. Autant de modes d’écriture
qui révèlent les efforts de dramaturges que les amants déploient pour
leurs jeux amoureux. Le sentiment se rétracte jusqu’à la disparition
entre ces coups de stratèges et de metteurs en scène.
LISBETH KOUTCHOUMOFF, Le Temps
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Ils s’aiment mais ne peuvent pas rester…
L’homme
a cinquante-cinq ans. La femme vingt-huit. C’est sa belle-sœur.
Rencontre amoureuse intense mais qui ne va pas durer. Ne peut pas.
Chacun cherche autre chose. Peut-être la jeunesse pour l’homme, comme
pour se rassurer. L’amour pour la femme. Ils s’enflamment, ils
s’affrontent. Au final il faudra bien choisir qui va quitter le
premier. Roman choral. Des baisers froids comme la lune de
Mélanie Chappuis est un portrait réussi d’une forme de relation
amoureuse stressée, entre deux portes, indécidée. L’écrivaine
lausannoise n’est pas tendre avec ses personnages. Elle les déshabille
dans leurs contradictions, notamment celle de la jeune femme qui ne
peut choisir entre l’amour fou, l’amour maternel et la sécurité auprès
de son mari.
JACQUES STERCHI, La Liberté
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Des baisers froids comme la lune, de Mélanie Chappuis
Il m’arrive d’acheter un livre à cause de sa couverture, ou de son
titre, ou de sa typographie, ou du papier dont il est fait. Pour toutes
ces raisons à la fois, j’ai choisi de lire Des baisers froids comme la lune
de Mélanie Chappuis, publié par Bernard Campiche Éditeur ici. Mais
aussi parce Sébastien Fanti en disait du bien et que la lecture des
rabats de la couverture m’en a donné envie.
La couverture est une reproduction brillante d’une toile de Guy Oberson, Après une nuit de pluie 2. Le titre est un vers tiré d’un poème de Charles Baudelaire, Le Revenant, qui figure dans son recueil Spleen et idéal.
Quand Anna parle ou écrit, les caractères de la police utilisée sont
droits, élégants, fins. Quand Vincent parle ou écrit, ils sont ronds,
sinueux, pleins. Le papier d’un jaune pastel est agréable au toucher et
à la vue. Vincent est un vieux beau, de cinquante-cinq ans, à la
tête du plus grand journal de Suisse romande. Il se veut séducteur,
conquérant, mâle quoi, dont la coquetterie est de ponctuer sa pensée,
ses paroles écrites et orales, d’un peu d’anglais, sorte de touche snob
et convenue, qui lui fait croire qu’il reste tendance. Pour le sexe il
a plus volontiers recours aux professionnelles, ce qui lui donne la
paix des sens pour séduire tout à son aise. Ce dont il ne se prive pas.
Anna, vingt-huit ans, vit au foyer, mère d’une petite Mona, épouse d’un
beau chirurgien esthétique de 35 ans, Victor, qui lui assure gîte et
couvert dorés et qui sculpte les formes de riches clientes venues de
l’Est. Victor est le demi-frère de Vincent. Lequel n’aspire qu’à une
chose, à séduire la belle Anna, éventuellement à la mettre dans son
lit, même s’il peut craindre à juste titre, l’âge n’aidant pas, de
connaître la panne qui affectait parfois Stendhal.
Attachée aux valeurs morales de la bourgeoisie traditionnelle, Anna
culpabilise, hésite à sauter le pas et à succomber à ces amours
adultères que Vincent lui présente sous le meilleur jour, de manière
fort habile. Elle résiste dans les premiers temps aux assauts de ce
séducteur impénitent, qui fantasme dur sur cette jeune femme de 27 ans
sa cadette et qui se sent pousser des ailes, parce qu’il sent bien
qu’il possède les armes pour parvenir à ses fins, que l’aventure le
rajeunit en quelque sorte et qu’elle lui donne même du coeur à
l’ouvrage dans l’exercice de sa profession.
Tout au long des relations qu’entretiennent les deux amants, l’auteur
nous dévoile leurs pensées intimes, mises en parallèle avec leurs
échanges épistolaires, qui sont tout de même révélateurs. L’évolution
de ce qu’ils pensent l’un de l’autre et de ce qu’ils deviennent au fil
de cette liaison apparaît dans une lumière de plus en plus crue jusqu’à
la fin, à laquelle on s’attend, en l’espérant et en la refusant tout à
la fois, pris que nous sommes dans le tourbillon de l’histoire, prenant
alternativement parti pour l’un ou pour l’autre.
Lire Mélanie Chappuis est un véritable plaisir. L’attention est
soutenue jusqu’au bout. L’écriture est élégante, soignée, jusque dans
les rares écarts de langage, propres à notre époque, qui n’est pas
faite pour les bégueules. Au fond, tous les mots sont pesés, bien à
leur place, tout en étant pleins de grâce. On se rend compte qu’il
n’est pas besoin d’écrire des tonnes pour façonner un véritable petit
bijou d’expression.
La psychologie des personnages est tout à fait crédible, si elle est
parfois un peu caricaturale. L’auteur se met facilement à la place de
la jeune femme, ce qui n’est pas étonnant, compte tenu de son âge et de
son sexe, à celle du quinqua bien mûr, ce qui l’est davantage. Les
caractères des deux protagonistes n’en prennent que plus de consistance.
La fin de ce roman est morale puisqu’est pris qui croyait prendre...
Le blog de FRANCIS RICHARD
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Un don Juan contemporain
Les livres à plusieurs voix sont à la mode. Encore faut-il les maîtriser. Tel est le cas de Mélanie Chappuis dans Des baisers froids comme la lune.
C’est l’histoire banale, on allait écrire classique, d’un
quinquagénaire qui a une femme mais ne s’en contente pas et tombe raide
amoureux d’une autre plus jeune que lui de vingt-sept ans. Or toute la
saveur de cet amour réside dans le désir, ce qu’il révèle et les
souffrances qu’il engendre inéluctablement, racontés respectivement de
chaque point de vue.
«Il vient ce soir. Je vais pouvoir me faire belle et me sentir belle.
Oublier un peu que je suis mère. Mon mari n’arrive pas à me faire
oublier que je suis une mère. Mon mari, je ne l’accueille plus en
minijupe et talons lorsqu’il rentre du travail.» Voici pour Anna. Quant
à Victor, rédacteur en chef du Journal du Léman, le plus grand
quotidien de Suisse romande, il tente aussi bien de se rassurer par la
séduction: «Les très belles et les très jeunes, je me contente de les
séduire. Ça me donne de la force, de la puissance. Si je les amenais
dans mon lit, ce sont elles qui auraient le dessus. Au lit je ne suis
ni fort ni puissant, je suis juste moi qui bande moins souvent, moins
longtemps.»
Il a du pouvoir, un peu d’argent, beaucoup d’influence mais ne s’en
satisfait pas. Elle est belle, mère d’une adorable fillette, mariée à
un homme qui a beaucoup d’argent mais cela ne suffit pas. Il faudra
bien des semaines, des rencontres, et des échanges de courriel pour
qu’ils réalisent que l’insatisfaction est le lit de leur coupable
amour. Certes, on n’atteint pas ici le degré d’intériorité d’Une passion
simple de Annie Ernaux. Il n’empêche que Mélanie Chappuis parvient à
embarquer son lecteur avec une redoutable efficacité. L’alternance des
voix sonne avec une extrême justesse. Il y a beaucoup à (ap)prendre
dans ce duo de don Juan contemporain.
Le blog de SERGE BIMPAGE
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«J’écris peu, j’ai une vie de bohème»
Avec Des baisers froids comme la lune,
publié chez Campiche, Mélanie Chappuis trace son sillon d’écrivaine.
Rencontre à Lausanne pour parler chiffons, maison, et de la vie «telle
qu’elle va».
Le titre est emprunté
à Baudelaire. Le dernier mot de son roman, jeté seul en pleine page,
sent le manifeste. «Salope.» Si Mélanie Chappuis est une casanière
chaleureuse, la plume de l’auteure, elle, est aussi froide que l’astre
de nuit. Une plume qui jure sans jurer, pleure sans bruit. Se fait
miroir de nos perversités. Et qui détruit ses personnages et leurs
égoïsmes quand il le faut. Comme celle d’un écrivain. Comme celle de la
vie. Le 26 octobre, pour la soirée de réouverture du cabaret
littéraire TasteMot, à Lausanne, Mélanie Chappuis lira des extraits de
son dernier livre en pubic. Alors nous avons visité cette… fleur du
bien, chez elle, dans son appartement cossu en ville. Moins pour parler
littérature que pour partager un thé. Et parce que c’est bon d’être à
la maison. Aussi loin que possible des satellites glacés.
Cette lecture en duo avec Anne-Sylvie Sprenger, au TasteMot… Vous êtes des rivales fraternelles?
Oh, j’aimerais bien qu’Anne-Sylvie Sprenger me considère comme sa rivale! (Elle rit)
Mais elle a un livre d’avance, c’est beaucoup. Je viens de la
découvrir, nous avons eu un coup de foudre amical. On sent tout de
suite s’il va y avoir de la jalousie entre deux femmes, et là ce n’est
pas le cas. Je vois Anne-Sylvie comme une grande sœur dans l’écriture.
Du moins pour l’instant!
Une déclaration? Un
constat. Je travaille déjà à mon troisième livre et j’ai pas mal de
projets. Sprenger s’attaque à de grands drames; chez moi ce sont de
petits drames quotidiens. Sprenger a pris le parti de dire l’indicible;
moi, je trouve qu’on n’a pas besoin d’aller dans l’exceptionnel pour
dire des choses qui méritent d’être dites.
Quels sont vos petits drames quotidiens à vous?
Je
digère ceux qui ont eu lieu. Je profite de ce que je vis, ici et
maintenant, avec mes enfants, mon amoureux, mon travail à la RSR et à
Bilan. Il est vrai que je vis des choses très belles en ce moment.
On dirait que depuis votre divorce, vous vous êtes retrouvée. Votre intérieur fait un peu bohème d’ailleurs. Très joli. Oui,
c’est un vieil appart dans un vieil immeuble, loin du bord du lac, sans
ascenseur… Ça change. Ce qui compte en priorité, ce ne sont pas les
murs et les vues sur les lacs ou la mer. Parfois, j’écris là, dans
cette petite cuisine, à cette vieille table en bois, et lorsque mes
bouts de chou dorment, je me sers un verrre de rouge. Un seul, et
j’écris. J’aime le rouge qui tape. J’aime ma vie.
Sacré virage. Merci à l’éditeur aussi?
C’est clair. (Elle sourit) Il
est vrai que tout a changé depuis deux ans. Vous savez, j’ai vécu une
belle histoire d’amour avec mon mari. Mais elle était très
passionnelle. Je dis ce que disent tous ceux qui ont divorcé: «On
n’était tellement pas fait pour s’entendre, c’était impossible de vivre
avec lui.» Vous êtes passé par là, vous ne diriez pas la même chose?
Quand j’ai mon ex-mari au bout du fil, je suis contente de savoir qu’il
est le père de mes enfants. Mais qu’est-ce que je suis plus sereine,
plus centrée aujourd’hui. Et comme je me sens plus forte, plus en
accord avec moi-même.
Où trouvez-vous le temps pour écrire? J’écris
peu, en fait, j’ai une vie plus ou moins organisée, elle a ce côté un
peu bohème. Je n’ai pas envie d’imiter une Amélie Nothomb qui sort un
livre par année, pas besoin. Si j’avais tout le temps nécessaire pour
écrire, je me ferais des crises d’angoisse dans ma cuisine et je
viderais mon frigo toutes les nuits.
Quelle importance accordez-vous à votre foyer?
J’aime aller travailler, sortir avec mes enfants, rendre visite à des
amis. Mais il est très important d’être bien à la maison, et que les
enfants s’y sentent bien. J’ai besoin d’avoir mes tableaux, mes
affaires rangées. J’ai des amis qui déménagent et qui laissent des
cartons partout pendant des semaines. Moi, en deux jours c’est réglé,
sauf les fils des lampes qui pendouillent encore.
La maison de vos rêves? Un
vieil appartement lausannois. Avec un plafond haut. Et des fioritures.
Et il serait au rez-de-chaussée… Un appartement en ville, oui, avec un
jardin, voilà le rêve! Avec assez de place pour y vivre avec mes
enfants, et un jour l’homme que j’aime, et ses enfants à lui. Et là,
dans le salon… les sculptures de ma mère… C’est une grande artiste.
Bio Express
Plume froide
Mélanie
Chappuis est née à Bonn (D), le 13 janvier 1976, de parents diplomates.
Un frère. Journaliste à la RSR, elle vit aujourd’hui à Lausanne avec
ses enfants, Quentin (4 ans) et Paloma (2 ans et demi). En 2008, elle
publie Frida chez Campiche, premier roman coup de poing qui divise les avis.
PABLO DAVILA, Coopération
Il faut bien l’avouer. Lorsque, au mois d’avril, l’on reçoit le
deuxième livre de la journaliste de radio et chroniqueuse Mélanie
Chappuis, publié chez Campiche, on ne saute pas dessus pour le lire.
Encore une journaliste qui se met à écrire, soupire-t-on. Et en plus:
regardez-la. Si blonde, si belle, si sexy. Non. Vraiment. Ce n’est pas
la peine d’ouvrir l’opus, l’histoire a l’air si commune! Une femme,
deux hommes… No comment.
Aussi, le livre reste dans sa pile d’ouvrages à déflorer, un jour. On
verra bien. Et puis le titre, si beau, si énigmatique réussit à
interpeller: Des baisers froids comme la lune,
tiré d’un poème de Baudelaire. Par curiosité, sans trop y croire, on
finit par tourner la première page, puis la suivante, et celle d’après
– happé, captivé.
Une langue directe, parfois violente
C’est une histoire commune, certes, que nous conte Mélanie
Chappuis, bien ancrée dans le quotidien. Le récit d’un couple qui
s’étiole, et, en parallèle, celui d’une passion dévorante et
destructrice. Une femme partagée entre deux hommes, oui, mais surtout
entre son désespoir et le sourire de sa petite fille qu’elle adore et
dont elle doit s’occuper, alors que les forces lui manquent, et qu’elle
se sent couler…
Des baisers froids comme la lune
est le livre d’un effondrement. Et puis d’une reconstruction. Un livre
âpre et intense, où la langue, si directe, violente parfois, réussit à
saisir toute l’horreur qui peut se dégager de l’ordinaire.
Mélanie Chappuis est un peu notre Marilyn Monroe à nous: sous des
allures de pin-up blonde, elle cache un océan d’émotions aussi
vibrantes que lucides. Notre coup de cœur de l’année, en forme de mea
culpa.
ANNE-SYLVIE SPRENGER, Le Matin Dimanche
«Ce soir il prend Mona dans ses bras. Elle rit parce que
Vincent lui recouvre le visage de sa grande main. J’aime voir ma fille
rire dans ses bras. Je lui dis “on est bien dans les bras de Vincent,
n’est ce pas mon amour?” Vincent me sourit. Il ne m’a jamais prise dans
ses bras. Il a compris que j’aimerais bien.»
«Je veux avoir le pouvoir de l’abîmer un peu. Juste un peu. Pour
qu’elle voie ce que ça fait de ne pas tout avoir. Être celui qui la
fait souffrir. C’est mieux que d’être celui qui la rend heureuse. Je
pense que je peux la faire souffrir plus longtemps que je ne peux la
rendre heureuse. C’est plus facile. On idéalise toujours son bourreau.
Pas son serviteur. Elle m’aimera plus longtemps si je la fais souffrir.»
«Une parenthèse dans la vraie vie ça n’existe pas. À moins qu’elle ne
soit très courte. Et encore. On a vécu bien plus que ce qu’on pouvait
vivre. C’était beau et pur. Gai et joyeux. Tendre et passionné.
Douloureux aussi. De plus en plus. […] Il faut toujours jouer en amour.
Un peu, au moins. Il n’y a que les parents et les grands-parents qui
nous aiment pour ce que l’on est vraiment. Les maris, parfois.
Peut-être. Les amants non.
Il se rhabille, je regarde son corps que je n’aimais pas à ce point,
pourtant au début. Maintenant je l’aime plus que tout ce corps, “je
t’aime, c’est terrible comme je t’aime”, je lui dis. Il me prend dans
ses bras, il dit merci. Il ne dit pas moi aussi. Bien sûr que non. Il
ne pense pas “Moi aussi”. Il ne le pense plus.»
«Je l’aime comme ça. Accueillante, souriante, tendre à l’écoute elle ne
parle pas trop, elle réagit exactement comme il faut, elle n’exige
rien. Elle ne veut que mon plaisir. Elle est ma femme comme au cinéma.
Présente et disponible. Droite, douce, pure, belle et soumise. On
monte, je veux tester sa soumission.»
Cela aurait pu être une histoire banale. Une histoire d’amour comme tant d’autre: lui et elle; elle et lui et le mari au milieu.
Anna trente ans à peine. Mariée à Victor, médecin-chirurgien
esthétique, mère d’une petite fille, huit mois, femme au foyer après
avoir fait des études en littérature, belle, désirable, jeune, gaie,
souriante. Vincent, la cinquantaine bien présente, homme séduisant, sûr
de lui, bronzé toute l’année, rédacteur en chef d’un des plus grands
quotidiens de Suisse romande, sportif et accessoirement demi-frère de
Victor.
Anna que Victor ne regarde plus comme avant. Avant la naissance de
Mona. Anna qui aimerait de nouveau se sentir aimer, séduite, désirée.
Et Anna qui se défend de succomber à l’attirance de Vincent, de son
corps, de ses bras, de cette sexualité qu’elle ressent en elle. Anna
qui est tiraillée entre un simple baiser échangé et plus. «On aura un
peu mal mais c’est bon d’avoir un peu mal. Et puis ça passera. Je veux
un baiser de lui.»
Et la relation s’installe. D’un baiser échangé, les corps s’appellent,
se désirent, se donnent, s’ouvrent, se rencontrent, se défilent, se
contractent. Sms en pagaille. Appartement prêté pour se retrouver.
Charnel. Sensualité. Corps encore. Amour. Puis Trahison. Soumission.
Sexe. Narcissisme. Perversité. Solitude. Désintégration.
«Aujourd’hui c’est la rentrée. Je donne mon premier cours. Je connais
tout Rabelais. Mais je ne suis pas prête. […] Je suis petite, maigre,
cernée, fatiguée, mal habillée… […] Il fait gris et froid. C’est
parfait pour une rentrée d’octobre. C’est tôt le matin. J’ai envie de
mourir»
Quand une relation consentante devient le jeu pervers du chat et de la
souris. Quand ce qui aurait pu être un adultère comme tant d’autres
devient une explosion, une perversité, un désamour, une perte
d’estime et de soi, de confiance en soi et en l’autre. Quand une
histoire d’amour devient une plongée dans les eaux profondes du Lac
Léman, une noyade, un suicide raté et une renaissance, une liberté
retrouvée, une femme qui réapprend à marcher, à être elle, à tenter de
se reconstruire, de faire avec son corps et son âme en chantier. «Ne
m’écris plus stp»
Encore une fois, l’écriture fine et somptueuse de Mélanie Chappuis m’a
scotchée, prise à la gorge et le cœur en mode émotions et sensibilité à
fleur de peau. Encore une fois Mélanie m’a oui renversée par sa plume
sensuelle, pénétrante, envoûtante.
Un roman choral fort, bouleversant, dérangeant et à la fois si vrai,
réel, banal. Et se réveiller un matin en se disant «Je m’appelle Anna
Vélébit Wenger. Pas Anna Karénine. Anna Velebit tout court. Bientôt si
je veux». Reprendre son fil de vie et se dire qu’il faut parfois
comprendre que nos vies peuvent être chamboulées, changées,
réorganisées pour nous replacer à l’endroit où nous devons être. Enfin
croire en soi, voler et quelque soit le temps que cela prendra, être
fidèle à soi et à son cœur.
«Ici, avec eux, je fais semblant. Au début, souvent. Maintenant de
moins en moins. Je joue si bien la comédie que je finis par devenir ce
que je prétends, forte, gaie et sûre de moi, etc. Surtout depuis mon
suicide non tenté, je sais que je ne tomberai plus jamais trop bas. Je
suis une funambule avec filet, maintenant. Mais quand ça m’arrive à
nouveau de douter un peu, je veux pouvoir être entourée de gens qui ne
me tourneront pas le dos.
Je veux pouvoir prendre le temps des décisions difficiles, de ne jamais les regretter…»
Merci Mélanie. Merci pour ce magnifique roman que tu m’as fait parvenir
il y a un an de cela. J’ai mis le temps pour le découvrir. Il m’a fallu
ce temps… Et il y a des jours où je me sens comme Lara Croft. Ces
jours là font du bien. «Alors j’aspire au bonheur. Je ne sais pas
encore exactement quelle forme lui donner, mais je sais que tu n’es pas
fait pour. Tant pis. J’ai beaucoup d’autres choses à aimer. À commencer
par moi…»
Blog de SABELI
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