Le Chemin des Limbes
Roman
Frédéric Lamoth
Ce roman, construit en
puzzle, nous heurte aux façades bien pensantes et à la raideur
bourgeoise. Tout au long des pages, le lecteur découvre, choqué, les
pratiques et dérives en contradiction avec les principes de charité et
d’amour du prochain.
Le récit
Gilles est un jeune prêtre fraichement nommé professeur dans une
institution religieuse. Parmi ses élèves, Didier; il semble différent,
énigmatique et, par ailleurs, attiré par la poésie.
Un jour, Gilles croise Didier en compagnie d’une jeune fille auprès
d’une fontaine. Rien de bien anormal à cet âge des flirts, mais les
deux jeunes gens se séparent aussitôt.
Or, quelques jours après, ce même Didier se supprime. Consternation
dans l’institution et pour ce jeune professeur. Et autre hasard. Quand
cet enseignant vient se recueillir sur la tombe de son ancien élève, il
retrouve la jeune fille de la fontaine. Elle lui confie qu’elle est
enceinte de Didier et qu’elle veut avorter. Impensable pour un croyant
et prêtre de surcroit.
Pour cette famille connue, bien en vue dans la ville et fréquentant
l’église, c’est un déshonneur. Il convient vite, d’éviter le scandale.
Famille, institution religieuse et Gilles, ému par le sort de cette
jeune fille, vont se mobiliser pour éloigner le nouveau-né, un garçon.
Et la jeune mère doit promettre de ne jamais chercher à le revoir.
Entre coup de foudre et prêtre défroqué, l’imbroglio est à son comble
et le silence est un mal difficile à porter surtout pour la mère qui
souffre de ne pas connaitre son 1er enfant.
Elle se mariera, aura une fille unique et le couple vivra dans un
milieu étouffant et conformiste. Cette jeune fille unique connaitra
l’ennui et s’éloignera de ses parents. Son père avant de mourir, lui
confiera un secret; l'existence d'un demi-frère.
Commencera alors une quête. On y découvrira un enfant blessé car
abandonné, l’existence de sévices en tout genre dans ces institutions
religieuses chargées d’accueillir ces orphelins.
Roman intense à suspens, dont les chapitres sont des prénoms, sortes de
plots sur lesquels on saute à pieds joints pour découvrir la suite.
Le lecteur reste bouleversé par cette histoire.
CENTRE FRANCOPHONIE DE BOURGOGNE
Un roman historique d’une actualité brûlante
Dans son dernier opus, Frédéric
Lamoth reprend une nouvelle fois des affaires du passé qui
ressurgissent dans l’actualité, il raconte les grossesses non désirées,
l’avortement et le placement d’enfants dans les années 1960.
«On disait que ce n’était pas si dangereux. Beaucoup de filles étaient
passées par là sans que personne ne le sût jamais. Les faiseuses
d’anges vivaient dans les hameaux en dehors de la ville.»
Cette citation est extraite de Le Chemin des Limbes,
le dernier livre de Frédéric Lamoth, médecin et romancier habitant
Nyon. «Faiseuse d’ange» ainsi désignait-on autrefois celles qui
mettaient clandestinement un terme aux grossesses non désirées d’autres
femmes. Cette expression est aujourd’hui désuète dans le langage
courant des Suisses puisque l’avortement est légal dans notre pays
depuis 2002. Mais au vu des récents événements , il est légitime de se
demander pour combien de temps encore?
Dans Le Chemin des Limbes,
l’écrivain à ses heures perdues «en général dans le train», confie-t-il
– relie l’actualité suisse avec les zones sombres et ruses de
l’Histoire. Fribourg dans les années 1960, deux adolescents, une
grossesse, un dilemme, il faut comprendre l’impasse dans laquelle se
trouvent ces filles à l’époque, explique Frédéric Lamoth.
Les femmes étaient en ce temps-là seules responsables des «enfants nés
sans père», ainsi qu’on les désignait. Elles devaient les déclarer et
les assumer. Elles risquaient également des mesures d’internement pour
ce qui était considéré comme une faute morale grave. Restait la
possibilité d’avorter, mais clandestinement, la procédure comportait de
nombreux risques, notamment à cause du manque d’hygiène.
Fêlures héréditaires
Céline, protagoniste du livre, se voit imposer un autre chemin par ses
parents: sa grossesse est cachée, l’enfant à peine né lui est enlevé et
elle ne le reverra jamais. Cette décision, censée sauver son honneur et
son avenir, entraîne des répercussions sur plusieurs générations.
Au travers d’une narration non linéaire, on suit ainsi l’évolution des
quatre personnages principaux et ce que le drame a cassé en eux. Entre
secrets et tabous, on avance à tâtons dans cette histoire, «Où la
vérité se trouve non pas dans ce qui est dit, mais dans ce qu’on
devine», souligne l’auteur.
Quand le passé refait surface
L’enfant arraché à sa mère est placé à l’institut Marini, géré par
l’Église catholique. Cet internat fribourgeois, qui a réellement
existé, a fait les gros titres il y a quelques années, lorsqu’un
rapport sur les maltraitances et abus sexuels subis par les enfants qui
y résidaient vers le milieu du XXe siècle a été rendu public. C’est à
la suite de ce scandale que Frédéric Lamoth a commencé l’écriture du Chemin des Limbes.
Mais c’est une tout autre résonance que le roman trouve aujourd’hui à
l’heure où le droit à l’avortement est remis en question dans certains
pays. «La situation évoque par à-coups et contre-coups», note l’auteur
en faisant référence aux États-Unis où le droit durement acquis vient
d’être révoqué.
Même en Suisse, le sujet est de nouveau sur la table. Des initiatives
visant à limiter le droit à l’avortement ont été déposées en fin
d’année dernière et des manifestant pro-vie se sont mobilisés fin juin
à Genève. Ces discussions entamées dans les années 1970 n’ont donc
toujours pas trouvé de conclusion. Doit-on s’attendre à un prochain
retour des faiseuses d’ange?
TANYA MAEDER, La Côte, 27 juillet 2022
Le Chemin des Limbes
Roman
Frédéric Lamoth
Fribourg 1960… L’été approche, quand un jeune prêtre, enseignant au
collège Saint-Michel, se trouve impliqué dans le drame de deux
adolescents. C’est le début d’un long secret qui hante les dessous
d’une famille apparemment sans histoires… Ce Chemin des Limbes
nous emmène dans le pays des faiseuses d’anges, des filles-mères et des
enfants nés sans père. Une immersion dans les consciences où chacun
cultive son repentir, un chemin de croix sous un ciel que le brouillard
dispute à la lumière.
Avec Le Chemin des Limbes, le médecin et écrivain Frédéric Lamoth publie son septième roman chez Bernard Campiche Éditeur.
Le récit s’ouvre sur une légende: celle d’un homme défunt dont le poids
du péché aurait rendu son corps si lourd que le jour de son
enterrement, il aurait été impossible de porter son cercueil jusqu’au
cimetière. On l’aurait enseveli à mi-chemin, là où le brouillard
s’était soudainement abattu. Tout juste avait-t-on couvert le mort
d’une légère couche de terre mais sans sépulture, l’homme ne trouvait
pas repos. On l’entendait gémir toute la nuit et les passants, pour
qu’il se taise, avaient pris l’habitude de lui jeter des pierres.
Des limbes naît l’histoire de Marie-Ange, celle d’un secret familial,
un secret qu’elle pressent peut-être – pour lequel l’auteur ménage un
suspense réussi –, et dont son père finira par lui révéler les
soubassements, juste avant de mourir. Cette histoire, qui se déroule
dans les contrées fribourgeoises au cours des années 1960, nous est
transmise par plusieurs personnages qui se passent le relai de la
narration au fil des chapitres. Le récit se focalise d’abord sur
Gilles, un jeune prêtre au tempérament morose et timide qui débute son
activité d’enseignant au collège Saint-Michel et par le biais duquel on
fait la connaissance de l’un de ses élèves.
«Un jour, il se tourne vers Didier, comme si ce poème de Catulle s’adressait à lui en particulier : Soles occidere et redire possunt?
– Parce qu’il y a plusieurs mondes, répond Didier.»
Un évènement tragique vient toutefois bouleverser le cours des jours:
Didier s’ôte la vie. Dans le deuxième chapitre, c’est au tour de sa
copine Céline de prendre la parole et de nous inviter dans son
intimité. On apprend qu’elle était enceinte et que Didier ne souhaitait
pas garder l’enfant. L’aspect historique du roman surgit alors de plein
fouet: à cette époque, Céline n’étant ni majeure ni mariée, il est
inenvisageable qu’elle élève l’enfant et seuls les avortements
illégaux, hautement risqués, sont alors possibles.
Dans un style fluide, rythmé et clair, l’enjeu d’une telle situation
nous est livré à travers le regard des différents protagonistes,
Gilles, Céline et ses parents et surtout Marie-Ange, la fille de
Céline, qui porte l’ensemble du récit et à qui l’auteur laisse le
dernier mot. On imagine à quel point de telles circonstances ont été
dures à vivre pour Céline – contrainte à abandonner son enfant – et
combien de situations similaires ont été vécues, cachées au voisinage
puis tues à la descendance afin de préserver l’honneur familial.
Bien qu’il soit pertinent de rendre compte du passé afin de se rappeler
qu’en 1960 encore, les femmes en Suisse et ailleurs n’avaient pas le
droit disposer de leurs corps, étaient sous la tutelle de leurs pères
et à la merci des dictats de l’Église, il nous aurait semblé tout
autant essentiel que soit également intégré un regard actuel, une forme
de recul, de prise de distance ou de contestation par rapport aux
comportements et opinions sexistes que le récit véhicule. Autrement
dit, que les agissements de l’époque soient problématisés et non pas
uniquement reproduits en littérature. On regrette par exemple que
Céline remette aussi peu en question la solution qui lui est proposée –
même des années plus tard – et a fortiori qu’elle se montre
reconnaissante de la prétendue bienveillance des hommes qui
l’entourent. On s’interroge également sur l’absence de prise de
position de Marie-Ange – issue de la génération suivante – qui aurait
pu apporter un éclairage différent.
Le roman révèle d’autres moments sombres de l’époque : placements
d’enfants, exploitation desdits valets de ferme, abus sexuels par des
membres du clergé. Le tableau n’est pas lumineux. Il est plutôt d’un
brouillard glacial dans lequel errent des personnages hantés par des
sentiments de solitude, d’anxiété, d’abattement et de tristesse.
Par contraste, on retiendra la rencontre entre Céline et Léon sur les
quais d’Ouchy, sous un ciel qu’on se représente volontiers sans nuage.
Il s’occupe d’une entreprise de confection et «donne surtout
l’impression de s’ennuyer en travaillant pour les affaires de son
père». Elle a reconnu sa voiture – une Simca Ariane bleue –, elle qui
travaille à présent comme dactylographe dans un garage à Lausanne.
Spontanément il lui propose de la raccompagner chez elle, elle accepte.
Un moment de légèreté et de vitalité qu’on aura plaisir à se rappeler:
«Elle sent l’odeur du neuf, celle du cuir qui prédomine. Il y a même un
autoradio, des boutons de chrome qui captent la voix de Sacha Distel.
Des pommes, des poires et des scoubidou-bi-ou-ah…»
Cet intermède ponctue ce roman gris sombre, pris dans les brumes du
passé, dans lequel le Père Gilles joue un rôle central, lui qui essaie
de trouver une solution humainement et chrétiennement acceptable, et
dont le roman ainsi que notre perception contemporaine montrent les
limites.
Dans son dernier roman à l’atmosphère de brouillard glacial, Frédéric
Lamoth dépeint les contrées fribourgeoises au cœur des années 1960 et
ménage le suspense qui plane autour d’un secret familial que porte
Marie-Ange. Le Chemin des Limbes
livre un récit factuel et dramatique des agissements de l’époque, au
cœur duquel on regrette l’absence d’un regard actuel, une forme de
recul, de prise de distance ou de contestation par rapport aux
comportements et opinions sexistes que le récit véhicule. (gm)
En bref en français
Dans son dernier roman à l'atmospère de brouillard glacial, Frédéric
Lamoth dépeint les contrées fribourgeoisesau cœur des années 1960 et
ménage le supense qui planie autour d'un secret familial que porte
Marie-Ange. Le Chemin des Limbes
livre un récit factuel et dramatique des agissements de l'époque, au
cœur duquel on regrette l'abence d'un regard actuel, une forme de
recul, de prise de ditance ou de contestationpar rapport aux
comportements et opinions sexistes que le récit véhicule. (gm)
GIULETTA MOTTINI, Viceversa littérature, 4 avril 2022
Il y a du suspense dans la trame pourtant simple de ce roman;
de l’intime et du collectif dans ces histoires de vies qui se croisent
de loin, ou se rapprochent sans que la distance profonde entre les
êtres ne soit jamais comblée. On veut savoir ce qu’il advient de chacun
et on avance rapidement, mais comme dans un brouillard que l’on craint
un peu de voir se dissiper. C’est l’histoire d’un jeune prêtre dans les
années 60 et d’une adolescente à qui sera volée une partie de sa vie.
C’est aussi l’histoire collective de la maltraitance infantile dans un
contexte helvétique.
NR, Allez savoir, mai 2022
Le chemin des Limbes de Frédéric Lamoth
Un petit livre bien construit sur un événement somme toute banal
autrefois, mais ô combien traumatisant. Réaliste, bien documenté, il
suscite l'empathie sans juger des manquements et des lâchetés des
notables et des institutions religieuses de l'époque.
En plus, l'auteur soigne le style sans chercher d'effets exagérés. Bref, un livre touchant qui mérite le respect.
ERIMO, Babelio, 4 avril 2022
À travers les brumes et les silences
L’histoire commence en 1960 quand Gilles, un jeune prêtre, débute dans
l’enseignement au Collège Saint-Michel. En marchant dans les rues de
Fribourg, il surprend sans le vouloir un jeune couple, dont le garçon
est un de ses élèves. Peu de temps après, cet adolescent «d’allure
revêche», qui écrit de la poésie, met fin à ses jours. Gilles restera
marqué par ce drame, tout comme Céline, la petite copine du défunt.
Avec la finesse qu’il développe de roman en roman depuis bientôt vingt ans (La Mort digne,
son premier livre, est sorti en 2003, Frédéric Lamoth parvient à un bel
équilibre entre l’habileté du récit – coup de théâtre compris – et
l’arrière-fond historique, d’une évidente force émotionnelle. Sans trop
dévoiler de l’intrigue, disons qu’en avançant sur Le Chemin des Limbes,
le lecteur se retrouvera confronté à une tache peu glorieuse de
l’histoire fribourgeoise, l’époque des enfants placés et du sinistre
institut Marini. L’écrivain vaudois, qui aime é fouiller le passé de la
Suisse, avance avec tact dans les brumes des secrets et des non-dits,
des silences imposés ou volontaires.
ÉRIC BULLIARD, La Gruyère, 14 avril 2022
Le Chemin des Limbes, Frédéric Lamoth
Fribourg, 1960. Gilles, un jeune prêtre, enseigne au collège
Saint-Michel et se retrouve impliqué dans le drame de deux adolescents,
dont Didier, un de ses plus brillants élèves. Ce dernier se suicide.
Gilles comprend rapidement que ce drame est lié au fait que Céline, sa
petite amie est tombée enceinte et qu'elle n'était pas décidé à avorter
– contre l'avis du jeune homme. Pour lui, ce n'est pas si grave et, de
toute manière, il n'y a pas d'autre solution. Que peut faire une jeune
fille à cette époque dans un des cantons les plus catholiques de
Suisse? Et comment annoncer la nouvelle à ses parents, dont son père,
médecin est très catholique? Pour Gilles, c'est clair, il faut étouffer
l'affaire, Céline doit mettre au monde l'enfant dans une institution
qui se chargera de lui trouver une famille, puis recommencer sa vie. Et
s'il le faut, il l’aidera.
«Avorter… L'écho de ce mot la
poursuivait quand ils se sont séparés au bout du chemin, n'ayant plus
rien à se dire, n'ayant guère envie de prolonger ce partage de la
solitude qui s'était substituée à leur complicité. Elle aurait voulu se
laisser convaincre par la voix du fantôme qui marchait encore à ses
côtés. Son discours, qui lui avait paru si dur au premier abord,
finissait par l'apaiser. On disait que ce n'était pas si dangereux.
Beaucoup de filles étaient passées par là sans que personne ne le sut
jamais. Les faiseuses d'anges vivaient dans les hameaux en dehors de la
ville. On prenait un autobus à l'aube, au lieu de se rendre à l'école.
C'était une vague angoisse qui se dissipait avec la venue du jour. Une
sensation étrange, pas même une douleur. Un peu d'eau mêlée de sang.
Une fuite, celle d'un mauvais rêve qu'on chasse au matin, il suffisait
de fermer les yeux. Céline avait entendu parler de celles qui avaient
perdu la vie. Son père avait raconté une fois qu'une de ces
malheureuses avait succombé à une hémorragie, il n'avait rien pu faire
pour la sauver. Cette histoire ne l'effrayait même plus. Au contraire,
la perspective de la mort lui procurait un certain soulagement. Autant
partir avec cet enfant qui n'aurait jamais vu le jour, plutôt que de
vivre avec la marque de cet arrachement.
Elle essayait de se faire à cette idée, mais repoussait malgré tout son
échéance. Les jours, les semaines passaient sans qu'elle parvînt à se
décider à franchir le pas. Elle scrutait son ventre le matin dans la
salle de bains sans déceler la moindre enflure. La nausée avait fini
par disparaître. Cependant, Didier se montrait de plus en plus
pressant. La peur le rattrapait à mesure que l'issue de ce drame se
précisait. Il craignait la réaction de son père, alors qu'il s'était
évertué jusque-là à le défier en allant à l'encontre du modèle de la
famille bourgeoise. Il ne songeait plus à fuguer, ne parlait plus
d'emmener Céline à l'autre bout du monde. Cette peur lucide commençait
à avoir raison de lui, le faisait déjà ressembler à son propre père
quand il envisageait leur avenir.» (Pages 54-55.)
De Frédéric Lamoth, j'avais beaucoup aimé Le Cristal de nos nuits,
un excellent recueil de nouvelles. Ce nouveau texte m'a confirmé la
très bonne impression que j'avais eu de son écriture, de son style.
Ici, tout est en nuances, en non-dits. Le récit est en partie narré par
Marie-Ange, la fille qu'aura plus tard Céline. J'ai beaucoup aimé; je
vous le recommande.
Blog Le Nez dans les étoiles, 2022
Quand le tabou de l’avortement pèse sur les destins
Le Vaudois Frédéric Lamoth
explore les conséquences d’une grossesse non désirée sur toute une
famille en terres fribourgeoises dans les années 60.
Années 60. Immédiatement, on pense libération des mœurs. Or dans la
très catholique Fribourg, il ne fait pas bon attendre un enfant hors
mariage, entre avortement à haut risque, entre opprobre général si l’on
garde l’enfant ou accouchement clandestin, avec un bébé dont les jeunes
mères ne sauront plus rien.
Alors, lorsqu’un jeune prêtre, enseignant au Collège Saint-Michel, se
retrouve à aider une adolescente enceinte des œuvres d’un élève de 18
ans, il prend la décision qui lui paraît la plus en accord avec sa
conscience, soutenu par le père de la jeune fille, médecin
anti-avortement et fervent croyant. Ce court roman explore les
conséquences d’un tel choix, et les zones d’ombre d’une réalité peu
évoquée.
Après avoir évoqué la Riviera en temps de guerre dans le mémoires fictives Le Cristal de nos nuits,
l’auteur et médecin Frédéric Lamoth exhume une page de l’histoire
fribourgeoise, levant le voile sur le destin de ces enfants nés hors
mariage.
Le roman s’attache à chaque à un personnage différent. Outre Gilles le
prêtre et Célinel a jeune mère, il y a aussi Marie-Ange et Didier, dont
on découvre petit à petit comment ils sont liés à ce drame. L’auteur
montre, sans juger mais sans complaisance non plus, le poids décisif
d’une unique décision sur plusieurs vies. Car le passé pèse sur les
destins, directement ou indirectement. Tout comme la culpabilité,
conduisant à des secrets gardés, presque jusqu’à la tombe.
Pays de légendes
L’auteur ancre ce drame poignant qu’on lit d’une traite dans une terre
où la dernière femme a été brûlée pour sorcellerie au siècle des
Lumières, et où le poids des culpabilités diverses se mesure aux
légendes qui courent encore, comme celle de cette âme en peine
gémissant la nuit, jusqu’à ce qu’on plante une croix sur sa tombe. Du
poids des actes à celui de la morale catholique, un chemin que le récit
parcourt en ménageant suspense et empathie pour les protagonistes.
CAROLINE RIEDER, 24 Heures, 9 mars 2022
Le Chemin des Limbes
Avec une subtilité empreinte de poésie et d’angoisse, Frédéric Lamoth
se coule dans les confessions de trois personnages qui, aux yeux de la
bonne société fribourgeoise des années 1960-1970, forment une
famille. Les univers auxquels Gilles, Céline et Marie-Ange
appartiennent sont pourtant totalement séparés; seuls les spectres de
deux disparus semblent être leur point commun… Une famille dans les
limbes, entre rédemption et damnation, incapable de trouver son chemin,
ni la paix: dans ce récit bref et poignant, même l’amour semble
incapable de susciter l’espoir.
Marie-Claire Suisse, mars 2022
«— Messieurs, c'est un jour de deuil. Notre camarade
Didier Torrens nous a quittés. Nous n'aurons pas de cours aujourd'hui.
Tous les élèves et enseignants du collège se réuniront à neuf heures à
la chapelle pour un temps de recueillement.»
Gilles, jeune prêtre de 28 ans, enseigne le latin au collège
Saint-Michel de Fribourg. Didier est l'un de ses élèves, brillant, qui
a su traduire une citation de Saint-Augustin, sans l’identifier:
«Dilige, et quod vis fac.»
«Aime, et fais ce que tu veux.»
Quelque temps auparavant, involontairement, Gilles a troublé l'intimité
d'un garçon et d'une fille, près de la fontaine de Notre-Dame du
Rosaire, sur la place du Marché-aux-Poissons.
Ce garçon, c'était Didier. Cette fille, c'était Céline. Il ne sait pas
encore à quel point cette rencontre fortuite et gênante va changer sa
vie. Mais il le saura bien assez tôt, malgré qu'il en ait.
Si Didier s'en est allé, c'est qu'il a mis fin à ses jours, ce que
l'Église condamne sans que quiconque, même un prêtre, puisse juger un
tel acte, qui est, dans la plupart des cas, désespéré.
Alors, Gilles, qui n'a pas eu le courage de rendre visite aux parents
de Didier, un jour, se rend au cimetière pour se recueillir sur sa
tombe et c'est là qu'il aperçoit Céline devant sa sépulture.
Elle lui apprend qu'elle est enceinte. Didier voulait qu'elle avorte.
Elle n'était pas décidée. Pour un prêtre tel que Gilles, elle doit
mettre l'enfant au monde, ne pas le garder, pour sa réputation.
En cette année 1960, dans un canton catholique, c'est la meilleure
solution pour une fille-mère que d'abandonner anonymement son enfant à
une institution et de commencer une autre vie.
C'est cette autre vie que reconstitue la narratrice de Frédéric Lamoth,
qui ne se hâte pas de révéler son identité, non plus que les liens que
Gilles entretiendra avec Céline après ce choix.
Un tel choix, dicté par les convenances, encore de mise dans un monde
où la chrétienté n'en est pas à sa fin, sera pour Céline, sinon chemin
de croix ou purgatoire, Le Chemin des Limbes.
Blog de FRANCIS RICHARD
Dans le brouillard des secrets qui pèsent sur les âmes
Avec le roman Le Chemin des Limbes,
l'écrivain Frédéric Lamoth fait pénétrer son lecteur dans un univers
empli de brouillards. Les brumes de la Broye fribourgeoise, connues des
habitants du cru, viennent en effet résonner avec un brouillard de
pensants secrets, nés dans un canton de Fribourg encore marqué par le
catholicisme et le règne des conservateurs, dont l'histoire récente n'a
pas encore percé toutes les zones d’ombre.
Tout commence au collège Saint-Michel, lycée de garçons de la ville de
Fribourg, encore tenu par les curés dans les années 1960. En première
partie, le lecteur suit ici le personnage de Gilles, jeune prêtre et
enseignant remplaçant, se retrouve confronté à une affaire de suicide
et, coup sur coup, de maternité hors mariage. Autant de péchés, autant
de scandales en perspective, surtout qu'on est chez les notables.
Alors, abandonner l'enfant? Avorter?
S'installe dès lors l'ambiance pesante du secret et des non-dits, des
consciences lourdes et embrumées, que l'auteur restitue avec justesse
en choisissant de raréfier les dialogues, rendus de plus concis au
possible, au profit de paragraphes compacts. Tout au plus respire-t-on
au fil des chapitres courts du roman.
Dès lors, l'auteur suit les deux personnages féminins du roman: Céline,
qu'on trouve en fin de formation professionnelle dans un garage de
Lausanne. Bien dans la mentalité de l'époque: on comprend d'emblée
qu'elle aura été éloignée pour étouffer les rumeurs. Car c'est elle qui
a donné la vie dans des conditions que la (bonne) société fribourgeoise
d'alors réprouve. Comment vivre la suite de sa vie? L'auteur trace
d'elle un beau portrait un peu mélancolique, déprimé, marqué trop tôt.
Et c'est avec le personnage de Marie-Ange que l'écrivain boucle la
boucle, une génération et une petite enquête plus tard.
En évoquant les enfants placés ou retirés à leurs parents pour des
raisons diverses, considérées comme légitimes jusque tard dans le
vingtième siècle, et prenant pour le coup l'exemple de l'institut
Marini, orphelinat sis à Montet (Broye), l'auteur s'inscrit avec Le Chemin des Limbes
dans une histoire qui refait surface depuis quelques années après avoir
été longtemps celée. Et par le roman, il en retrace les contours,
perçant avec succès le brouillard des années et des silences.
Blog de DANIEL FATTORE, 24 janvier 2022
Sauver la morale, pour le bien de la mère et de l’enfant
Ancré en terres fribourgeoises, Le Chemin des Limbes, de Frédéric Lamoth, rappelle à quel point le tabou et l’interdit de l’avortement pouvaient peser sur les destinées
La morale catholique, telle
qu’elle était prêchée en pays fribourgeois dans les années 1960, joue
un rôle central dans le roman de Frédéric Lamoth
Comment traiter le malheur,
sauver les apparences et si possible arranger un peu les destins tout
en respectant la morale catholique? Frédéric Lamoth raconte avec force
et sobriété une histoire qui constitue une réponse probablement assez
courante encore dans les années 1960, voire au-delà, en pays
fribourgeois, et sans doute ailleurs, lorsqu’une adolescente se
trouvait enceinte. Oui, que faire, quand de surcroît le père n’a
lui-même que 18 ans et n’est aucunement en mesure d’assumer une
paternité
Avorter, diraient le réalisme et la sagesse. C’est d’ailleurs ce que
dit le jeune Didier à sa copine Céline: «Il faut avorter. Ce n’est pas
si grave. Il n’y a pas d’autre solution.» Mais ce n’est pas si simple
pour elle, le réalisme de son copain, un peu poète, ressemble à ses
yeux à de l’égoïsme, à de la lâcheté même. Et puis, comment s’y prendre
pour annoncer la grossesse à son père médecin, catholique et engagé
dans le mouvement anti-avortement?
Gilles, un jeune prêtre, va jouer un rôle essentiel dans cette histoire
qui finira aussi par bouleverser sa vie. Remplaçant au Collège
Saint-Michel à Fribourg, engagé, bienveillant, il se heurte pourtant à
la défiance de ses étudiants, surtout avec Didier, plus affranchi que
les autres, préfigurant peut-être la contestation soixante-huitarde, et
pour lequel il éprouve de la sympathie. Le personnage de Gilles est
l’une des forces du roman. À 28 ans, dix ans de plus à peine que ses
étudiants, il n’est dans le fond pas très éloigné de leurs
questionnements malgré sa foi et sa vocation, à vrai dire chancelantes.
Incapable de réagir, de se débattre, de parler de sa situation, Céline
chavire dans l’inertie. Acculé, Didier ne trouve d’issue que dans la
mort. Rien ou presque ne sera dit sur le suicide du jeune homme. C’est
le personnage de Gilles qui va sceller la suite du récit.
La pire issue
Alors que le jeune prêtre se rend sur la tombe de l’adolescent, peu
après le drame, il y croise Céline. Portant secrètement l’enfant de
Didier, livrée à elle-même, désemparée, elle saisit l’occasion de se
confier. Touché par sa détresse, Gilles la réconforte. Mais lorsqu’elle
lui écrit pour lui annoncer qu’elle s’est enfin résignée à avorter, le
prêtre enfourche sa moto pour éviter pareille issue, le pire à ses
yeux. Il intervient résolument pour alléger le fardeau de la jeune
fille sans renier sa foi. Il ira lui-même informer les parents de la
situation et, d’entente avec le père, décidera de la meilleure manière
d’«amortir la chute, étouffer le scandale».
Céline n’aura finalement qu’à accoucher clandestinement, puis elle sera
débarrassée de cet enfant dont elle ne saura jamais rien. «Tout va
bien, lui dit-on… l’enfant est en sécurité… nous nous sommes occupés de
tout…» La morale est sauve et la vie préservée. Il existe des
institutions pour cela, ce n’est pas pour rien que «le canton était
peuplé de ces orphelins qui finissaient comme valets de ferme». Et
comme dit Gilles: «Je n’ai cessé de prier pour que la Providence soit
clémente et lui accorde une vie meilleure. Dieu a voulu lui donner la
vie. Il faut Lui faire confiance».
La question du destin de cet enfant abandonné à la providence et aux
bons soins des institutions catholiques va bien sûr hanter la vie de
Céline, et non seulement de Céline, mais encore de la fille qu’elle
aura quelques années plus tard. Nous n’en dirons pas plus, afin de ne
pas déflorer l’issue narrative de ce roman subtilement construit. C’est
cette fille, Marie-Ange, qui tient le rôle de narratrice. Le récit de
Frédéric Lamoth a l’élégance de ne pas s’égarer dans des jugements
tardifs, ni de considérer le passé avec les lunettes d’aujourd’hui. La
narratrice elle-même, qui tombe de haut, s’abstient de juger. «Céline
n’avait personne vers qui se tourner. Il voulait lui apporter un peu de
réconfort, lui redonner confiance dans la vie et foi en Dieu».
JEAN-BERNARD VUILLIÈME, Le Temps, 22 janvier 2022
Le chemin à l'envers
Le Chemin des Limbes, septième ouvrage que Frédéric Lamoth, raconte une histoire tragique, tristement banale et pourtant universelle
«Il y a des matins qui viennent sans nous réveiller tout à fait et des rêves qu'on n'oublie pas.» Ainsi commence Le Chemin des limbes,
septième ouvrage que Frédéric Lamoth, médecin et écrivain, publie chez
Bernard Campiche. En une phrase, la première, tout est dit: le style
gracieux d'un auteur qui sait se faire aussi élégant que classique et
le goût de la mémoire, teintée d'une mélancolie aux accents flous comme
le sont les souvenirs, qu'il cultive dans ses romans et nouvelles.
Nous sommes ici dans les années 1960, à Fribourg. Les jeunes filles qui
trop tôt succombent aux avances des garçons doivent en porter seules
les conséquences, l'opprobre familiale, le désarroi qui mène au drame,
l'arrachement d'un nouveau-né dont on ne leur révèlera même pas le sexe.
L'histoire se fait entêtante et tragique, tristement banale et pourtant
universelle. Mais près de Céline évolue un autre personnage soumis à
ses propres dénis et questionnements: Gilles, prêtre d'une vingtaine
d'années qui va, à la faveur d'un remplacement, se retrouver à
enseigner le latin à des adolescents guère moins âgés que lui.
Le destin liera ces deux solitudes de manière inextricable, d'une façon
peut-être alambiquée qui n'ôte pourtant rien à l'empathie ressentie au
fil de ce court roman.
Le Chemin des Limbes se
remonte à l'envers, mêle un certain suspense, l'envie d’une fin
heureuse qu'on pressent impossible, et l'exploration des culpabilités
humaines, troubles et inconciliables avec le désir, forcément vain, de
réparer. Ce roman des failles ouvre une brèche où se dessine la triste
réalité de ces enfants perdus, devenus aujourd’hui de vieilles
personnes inconsolables.
AMANDINE GLÉVAREC, Le Courrier, 13 janvier 2022
Arpenteur
du paysage et de la mémoire suisses, le romancier remonte aux heures
sombres du XXe siècle fribourgeois, celui des faiseuses d’anges et des
enfants placés
La brume enveloppe la campagne
fribourgeoise, spectrale, troublée de remords, de vérités tues. Limbes
incertains, à la lisière de la mort et de la vie, que Frédéric Lamoth
arpente parmi les fantômes, remontant aux années 1960 pour en exprimer
toute la pesanteur morale dans un drame familial perclus de silence.
L'écrivain et médecin vaudois
aime à interroger en ses histoires le revers de l'histoire. À l'instar
de son précédent ouvrage, mémoires fictives qui cristallisaient la
mauvaise conscience de la Suisse pendant le Troisième Reich, il varie
ici aussi les focalisations et les temporalités pour suggérer une
réalité sociale dont les douleurs muettes n'ont pas fini de hanter le
présent. Mais ce Chemin des limbes, d'une
écriture sobre bien qu’évocatrice, tient moins du roman historique que
du tableau d'époque, documenté bien que pudiquement voilé du brouillard
de la fiction. Où la relation qui se noue entre un enseignant au
Collège Saint-Michel et une adolescente enceinte prend pour décor notre
pays ancien, peuplé de faiseuses d'anges et d’enfants maltraités sous
la férule complice de l'Église. La fiction, pour mener la conscience
collective en son chemin de croix
Thierry Raboud – Qu'est-ce qui vous a incité à explorer les heures sombres de l'histoire fribourgeoise?
Frédéric Lamoth –Dans la
lignée de mon précédent roman qui traitait de la Seconde Guerre
mondiale vue de Suisse, j'ai voulu prolonger ce regard romanesque sur
les périodes troubles de notre histoire. Ancrée dans les paysages
helvétiques, mon écriture s'attache volontiers à des sujets difficiles,
ceux que l'on cherche à enfouir dans les mémoires. Et cette histoire
fribourgeoise, bien qu'éclairée par le rapport de la commission
d'enquête sur l'Institut Marini, demeure une zone d'ombre dans laquelle
on avance à tâtons, d'autant que la génération qui pourrait en
témoigner est en train de s'éteindre.
Thierry Raboud
– En toile de fond, il y a effectivement l'Institut Marini de Montet
(Broye), dont une enquête mandatée en 2015 par Mgr Morerod a mis en
évidence les maltraitances sur les pensionnaires. Face aux témoignages,
quelle est la légitimité de la fiction?
Frédéric Lamoth – Il se trouve que cette commission d'enquête,
citée à la fin de mon roman, a eu grand peine à trouver des témoins qui
avaient encore la force et l'envie de parler tant d'années après les
faits. L'écriture peut alors offrir une forme de témoignage de
substitution, même si elle reste suggestive, s'abstenant ici de décrire
dans le détail ce que ces enfants avaient vécu à Marini. J'ai plutôt
cherché à transcrire la difficulté à briser le silence, cette forme de
honte collective que l'on finit par endosser comme une fatalité.
Thierry Raboud
– Pourquoi avoir choisi de placer votre fiction dans la seconde moitié
du siècle, alors que cet institut n'était déjà plus sous la
responsabilité de l'Évêché?
Frédéric Lamoth – La période 1929-1955 est mieux documentée
grâce au rapport d'enquête, et on ne sait pas grand-chose des années
qui ont suivi, lorsque Marini est passé entre les mains de diverses
congrégations religieuses. On sait seulement que les salvatoriens qui
ont repris l'institut au début des années 1960 tenaient auparavant une
maison de correction à Drognens, ce qui laisse imaginer quelles
devaient être les conditions d'accueil... Je trouvais intéressant de me
confronter à ce silence historique, tout en me gardant bien de formuler
la moindre accusation dans le roman, où tout se joue dans le non-dit,
entre les lignes.
L'écriture romanesque est-elle alors une manière de transmettre cette histoire lacunaire et menacée par l'oubli?
Les rapports, comme celui de la Commission Bergier ou celui sur Marini,
proposent certes un travail historique systématique pour explorer ces
zones d'ombre, que les témoignages contribuent également à éclairer.
Mais cela ne lève pas tous les voiles. L'écriture romanesque permet
effectivement, si elle se garde de toute position morale et parvient à
susciter l'émotion en rendant ses personnages intimes au lecteur, de
transmettre cette histoire aux générations qui ne l'ont pas vécue.
THIERRY RABOUD, La Liberté, 15 janvier 2022
Frédéric Lamoth publie son septième livre, intitulé Le Chemin des Limbes.
Les limbes… Cet entre-deux où séjournent ceux qui ne sont pas encore ou
plus sur terre, titre qui s'explique assez vite dans le livre, parce
qu'on y parle d'un enfant non-désiré, d'un ado désespéré et d'un prêtre
défroqué, mais je n'en dirai pas plus sur l'intrigue si ce n'est
qu'elle se situe dans les années 1960 et dans le canton de Fribourg.
L'auteur aborde dans ce roman les thèmes qui lui sont chers:
l'identité, la quête de sens, la fragilité d'une mère, les non-dits et
le souci des convenances, tout ça avec une vraie empathie pour ses
personnages, empathie qui n'enlève rien à sa lucidité sur les dérives
de notre société et celles, notamment, de l'Église. L'écriture est
fluide, simple, avec ce sens de l'observation aigu, qui vient peut-être
de la formation de médecin de l'auteur.
GENEVIÈVE BRIDEL, RTS, La Première, «Six-Neuf», 1er janvier 2022
Fribourg
1960… L’été approche, quand un jeune prêtre, enseignant au collège
Saint-Michel, se trouve impliqué dans le drame de deux adolescents.
C'est le début d'un long secret qui hante les dessous d'une famille
apparemment sans histoires... Ce Chemin des limbes nous emmène dans le
pays des faiseuses d'anges, des filles-mères et des enfants nés sans
père. Une immersion dans les consciences où chacun cultive son
repentir, un chemin de croix sous un ciel que le brouillard dispute à
la lumière.
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