THIERRY LUTERBACHER

ALARME A L'ŒIL

Roman
2024. 232 pages. Prix: CHF 30.00
ISBN 978-2-88241-553-0


Biographie

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Manifestations, rencontres et signatures
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Dans Alarme à l’œil, Thierry Luterbacher retrace l'itinéraire d'un enfant cogneur

Entretien avec Thierry Luterbacher, auteur de Alarme à l'oeil

Avec Alarme à l'œil, Thierry Luterbacher raconte l'amour qui se noue entre Misère, un solide castagneur de rue, et une jeune manouche qu'il sauve d'une bagarre. A travers ce récit, l'écrivain biennois décrit le chaos dans une ville en proie aux émeutes.
Misère est un redoutable cogneur abonné à la castagne, un drogué à la bagarre. La nuit venue, la rue devient son ring. Un caïd de quartier qui le toise, un sbire qui ose le menacer et Misère, en quelques gestes sûrs, rapides et efficaces, les terrasse. Elevé par une catin célibataire, ami des "pas de chez nous" et des pauvres ostracisés ainsi que des humiliés dans la cour de récré, Misère a acquis le respect avec ses poings depuis l’enfance.
Elève médiocre, mais cultivé pour s’être réfugié dans les livres dès son adolescence, il a choisi d’aimer l’idée de l’amour, mais pas l’amour, après une première rupture.

La rencontre qui va tout changer

Une nuit d’errance, sans forcément rechercher une proie à défoncer, mais juste parce qu’il apprécie les dangereuses balades nocturnes, Misère, au détour d’une impasse, sauve Manouche d’un viol et son frère de la mort. Il prévient qu’il n’est pas un justicier prompt à sauver la veuve et l’orphelin, mais quand il croise des agresseurs, il ne résiste pas à l’idée d’allonger ces «connards», comme il dit.
Ces derniers temps, ni la police ni l’armée ne parviennent à endiguer le tsunami de violence qui submerge la cité. Gitans, bikers fachistes, guerriers Fatum et autres racailles s’affrontent, pillent, sèment la mort. Pris au milieu d’émeutes sanglantes, Misère se surprend à aimer. Manouche, telle une chatte muette, discrète, qui le suit et le poursuit, s’installe chez lui sans permission. Misère la tolère. Libre, elle va et vient à sa guise. Lorsque Manouche disparaît pour de bon, Misère promet à Dieu d’arrêter la baston si elle revient vivre auprès de lui et part à sa recherche.
Comme dans cette fable de La Fontaine où une colombe et une fourmi se sauvent mutuellement du trépas, l’auteur romand Thierry Luterbacher développe dans Alarme à l'œil une relation amoureuse platonique entre deux êtres différents qui se protègent l’un l’autre dans un monde où la violence sociale nourrit la barbarie. Bien sûr le style diffère. L’auteur privilégie même parfois un vocabulaire d’antan que n’aurait pas renié un certain Audiard, l’humour en moins, car Thierry Luterbacher n’est pas là pour plaisanter.

La force d'un amour sincère

L'écrivain biennois pose un regard noir sans concession sur une société qui a explosé le mur à force de foncer dedans. Rien ne va plus, les jeux sont faits, avec des pouvoirs publics dépassés et la violence pour seule réponse à un hypothétique retour à la normale. Même l’unique lueur d’espoir, l’utopie de L’An 01 chère à Gébé, qui a créé le concept en 1971 dans Charlie Hebdo et repris ici par une communauté qui prône de tout recommencer à zéro sur des bases saines, est gangrénée par une humanité moisie.
Reste, au milieu de ce désespoir, l’amour sincère, si puissant qu’il peut mettre KO un homme que rien ni personne n’avait jamais pu vaincre jusqu’alors. L’amour apparaît ainsi comme l’unique porte de sortie pour un apaisement retrouvé.


PHILIPPE CONGIUSTI, «Qwertz»,
RTS

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Le nouveau roman du Biennois Thierry Luterbacher, Alarme à l’œil, est particulièrement émouvant. Sous forme de fiction, il aborde une question qui lui tient à cœur: la violence et la manière de se sortir du cycle de la violence. Un mal auquel il a lui-même été confronté. «J’ai vécu dans l’ambivalence de deux sentiments opposés. J’execre la violence que par ailleurs j’ai pratiquée dès mon enfance, comme un acte de résistance. La volonté de ne pas céder à la loi du plus fort, de ne pas me soumettre à l’obéissance aveugle de l’autorité.» Comme il se doit, le natif de Péry, amoureux fou du hockey sur glace, de littérature, de ses trois fils et de la vie, a publié son livre aux éditions Campiche. «On avait prédit à ma vie de cancre et de nomade, un avenir de bon à rien. Je dois à mon éditeur Bernard Campiche d’avoir tenu mon premier livre entre les mains… Il a ainsi inversé la prédiction des paltoquets. L’émotion inoubliable que j’ai alors ressentie mérite la fidélité.» Une lecture plus que salutaire dans ce monde de brutes.

MOHAMED HAMDAOUI,
Biel/Bienne

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Cogneur cognitif, les livres étaient sa seule école, les seuls véritables enseignants qui n’imposaient pas la contrainte mais le libre arbitre. Un poing c’est tout. On l’appelle Misère. Il revient dans sa sale vieille ville, après que la mort de sa mère s’est invitée dans son existence, pour y retrouver sa planque dans les combles d’un ancien garage. Dans une ville livrée la nuit à la meute, il tombe sur l’agression d’une bande, va à la castagne et délivre au passage une jeune Manouche qui le suit jusqu’à sa tanière sans dire un mot. Lui, l’homme seul qui n’a besoin de personne se retrouve en manque lorsqu’elle arrête soudainement de le pister. Pris en chasse par un fêlé du ciboulot, piégé par un officier de police neurasthénique, il survit dans le déchaînement apocalyptique de l’insurrection du peuple de la nuit.

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