Théâtre en camPoche 14


BERNARD LIÈGME

Théâtre II

Théâtre
2010. 480 pages. Prix: CHF 20.–
ISBN 978-2-88241-266-9

A l’achat des deux volumes, DVD «Bernard Liègme, l’auteur et ses personnages»,
un film de Jean-Blaise Junod, offert;
autrement CHF 10.– le DVD.

Publié en partenariat avec la SSA (Société Suisse des Auteurs)
Biographie

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Manifestations, rencontres et signatures
Index des auteurs



Ce volume contient:


Solo (1976)
Les Archivistes
(1980)
La Ronde de nuit
(1989)
Pingus & fils
(1997)
Diva ou Les Photographes
(2003).


«Qu’allait-il se passer pour ce Tatzelwurm et ses compagnons? Je n’en avais pas la moindre idée. Pour le savoir, il fallait que je les observe et que je les écoute. Je notai tout ce qu’ils faisaient et ce qu’ils disaient.»
Qui est le maître dans ces histoires? Bernard Liègme ou le personnage? Tout le processus d’écriture de cet auteur est dans ce questionnement.
Les personnages de Liègme ne sont pas des idées en costume mais au contraire des êtres de chair et de sang dont la respiration est profonde et salutaire.
Son théâtre est parfaitement documenté, digéré et réinventé. Pour preuve cette confession magnifique: «Le personnage que j’avais en moi tout au début était maintenant étouffé par le vrai qui m’arrivait de l’extérieur.»
L’étonnement de cet auteur pour les «idées-voix-images-personnages» qui lui traversent la tête et qui s’imposent à lui fait toute sa saveur et son rendu sensibles.
Parfois baroques, parfois fantaisies dramatiques, drames historiques, conte dramatique ou comédie spectaculaire, les pièces de Liègme témoignent d’un esprit libre qui a profondément marqué la vie théâtrale de Suisse romande.

PHILIPPE MORAND

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Bernard Liègme: «Je ne suis qu’un greffier…»

Il était temps de rendre à Bernard Liègme, acteur, auteur, metteur en scène, tout ce qu’il avait donné au théâtre durant cinquante années de passion. C’est ce que l’éditeur Bernard Campiche vient de faire, en deux volumes.

Dans sa collection «Théâtre en camPoche» et en deux volumes, pour un total de plus de 1'000 pages, Bernard Campiche a donc réuni quelques pièces écrites par Bernard Liègme, cet homme-orchestre de la scène et de l’écriture romandes.
Même si ce qu’on appelle «le grand public» l’ignore, les vrais amateurs de théâtre connaissent son nom, c’est une évidence. Pensez! Cela fait depuis les années cinquante du siècle passé qu’il se passionne pour le théâtre. Autant dire que sa présence dans ce petit univers remonte à très loin dans le temps…
Pourtant, comment ne pas dire à ceux qui ne le savent pas, qu’il existe, en Terre romande, des auteurs dramatiques contemporains imaginatifs et talentueux? Je pense à Michel Viala, ce Genevois qui chevaucha la folie de son imaginaire durant toute son existence. Je n’oublie pas non plus Jacques Probst et Louis Gaulis. Tous sont essentiels à la scène théâtrale romande.
Mais revenons à Bernard Liègme. Natif du Locle en 1927. Plus tard, il fit des études de lettres à l’Université de Lausanne. Devenu professeur, il enseigna à l’École supérieure de jeunes filles (en ce temps-là, pas si lointain d’ailleurs, filles et garçons étudiaient séparément), puis au gymnase. C’est alors que le théâtre frappa (les trois coups, évidemment!) à la porte de sa vie… même si cette passion était déjà présente, en lui, depuis belle lurette.

Des «Faux-Nez» au «Barbare»

D’abord, il devint comédien avec Charles Apothéloz et la troupe des fameux Faux-Nez, caveau lausannois célèbre en ce temps-là. Je me souviens du comédien Fernand Berset, qui était mon voisin de palier, lorsque je hantais les Escaliers-du-Marché, et que je gîtais au-dessus du très réputé «Barbare».
Le Barbare était le bar à la mode de la ville. On y rencontrait des Jacques Chessex, des petits truands, des poètes comme Gander, des comédiens, des musiciens, des artistes-peintres, toute une faune bigarrée qui donnait à cet endroit une atmosphère digne des romans de Francis Carco.
Et je dois dire qu’en lisant les pièces écrites par Bernard Liègme je retrouve cette ambiance indéfinissable, pleine d’émotion, qui se situait entre complainte brechtienne et ironie sociale qui était le propre de la création théâtrale de ces années-là.

L’aventure du TPR

Il a aussi travaillé quelque temps avec le metteur en scène Jean Kiehl, mais le fait d’être comédien ne lui suffisait pas. Les démons de la création le harcelaient. C’est ainsi qu’avec un complice nommé Marcel Tassimot, en 1959, il s’associe à la mise en œuvre d’un chantier très ambitieux: le Théâtre Populaire Romand (TPR). L’expérience sera pleine de difficultés et, dans un premier temps, périclitera assez rapidement.
C’est avec l’appui d’un autre monument de la scène théâtrale romande, Charles Joris, que, deux ans plus tard, il relance l’expérience. Le Nouveau Théâtre populaire romand, connaîtra des heures de gloire. Les pièces de Bernard Liègme, très politiquement engagées, comme «Les Murs de la ville» (1961), «Le Soleil et la mort» (1966), puis «Les Augustes» (1972).
Il écrira encore «Tandem» (1976), «Solo» en 1978 et «Les Archivistes» en 1981 pour le Théâtre des Trois Coups à Lausanne. Traduit en plusieurs langues, il recevra le Prix de la Société des auteurs et compositeurs dramatiques, puis le Prix de la littérature du Canton de Berne en 1972 et, enfin, celui du Canton de Neuchâtel au tout début du deuxième millénaire.

Un physique de comédien

«Finalement je ne suis qu’un greffier. Ce sont les personnages qui, peu à peu, se dessinent, se définissent, puis s’imposent à moi, qui me poussent à écrire ces pièces», dit-il en substance dans le film de Jean-Blaise Junod intitulé : «L’auteur et ses personnages» que l’on découvre dans le DVD qui accompagne les deux volumes que nous propose Bernard Campiche.
Dans ce film, avec son physique de comédien, Bernard Liègme se raconte. Il le fait avec une sorte de sérénité qui est la marque de ceux qui ont vécu une vie bien remplie. Avec sa gueule qui me fait irrésistiblement penser au comédien français André Dussolier, il explique comment peu à peu il se laisse envahir par ses personnages qui, ensuite, le conduisent à prendre la plume et à les mettre en situation.
Si vous avez envie de vous plonger dans l’univers de Bernard Liègme, n’hésitez pas: courez chez votre libraire et insistez. Vous découvrirez des personnages aux noms étonnants, tout un peuple de petites gens, fonctionnaires ou employés, plus fantasques que leur existence, moins anodins que leur parcours ne pourrait le laisser présager. Vous entrerez dans un monde magique et passionnant, celui du théâtre totalement populaire tel qu’on le cuisinait il y a peu.

ROLF KESSELRING, http://www.swissinfo.ch/fre/detail/index.html?cid=24238198

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Bernard Liègme. Théâtre I et II

Né au Locle en 1927, Bernard Liègme a été comédien avec Charles Apothéloz, puis compagnon de route indispensable du Théâtre populaire romand avec Charles Joris (qui signe ici la préface), enfin romancier et traducteur de Goldoni. Il reprend dans ces deux beaux volumes de la collection Théâtre en CamPoche une dizaine de ses pièces, tissées de menues histoires et de fuites dans le rêve. Dans le film-portrait qui les accompagne, l’auteur avoue se laisser inspirer par des faits divers, des articles de presse, pour ensuite traquer les personnages dans leur évolution presque spontanée. Tout comme Pirandello, il écoute leurs palabres pour les transcrire sur la page et à la scène avec un naturel non dépourvu de moments lyriques. Son théâtre, qui a absorbé la leçon de Beckett et de Pinter, n’en demeure pas moins profondément humaniste et engagé. De La Cage  (1958) à Diva ou Les Photographies  (2003), en passant par le très beau Tandem  (1973), avec l’art du détail et un grand sens du rythme, Liègme nous accompagne dans le destin individuel et collectif de ses personnages souvent inquiets et attachants.

PIERRE LEPORI
, Viceversa Littérature

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En plus de mille pages, ces deux volumes offrent un panorama assez complet, non seulement de l’œuvre de Bernard Liègme, mais aussi des problèmes du XXe siècle, tout au moins dans sa deuxième partie.
On trouve aussi bien l’homme solitaire, qui se débat, avec hargne et injures, contre ses fantômes, que des fonctionnaires démolis par leur obsession des fiches et des documents.
L’atmosphère devient vite étouffante alors que se déroulent des histoires de tous les jours, sous lesquelles, traîtreusement, coulent les désillusions de l’époque.
Dans l’une des pièces (Diva ou Les Photographies), pour une fois la vie triomphe des ombres du passé, non sans faire quelques dégâts.
Il y a, dans tout ce théâtre «obsession de l’amour et de la justice… et le désir que le spectateur fuie la routine et imagine de s’engager à nouveau». C’est un beau programme.

JULIETTE DAVID
, Suisse Magazine

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