La vie est comme la liberté. On n’en mesure jamais si bien le prix que lorsqu’elle est menacée.
Atteinte par le cancer, l’auteur d’Une cuillerée de bleu combat
sa maladie en l’écrivant. Parcours en dents de scie entre l’espoir,
l’abattement, et surtout des instants d’une lucidité nouvelle car
chaque jour désormais compte et qu’il n’y a plus de place pour les
masques et les alibis. D’où vient le mal? Qui m’a fait telle que je
suis aujourd’hui? On déchiffre les runes de l’enfance, de la jeunesse,
des premières amours. Les réponses se précisent, on regagne sur le
temps perdu. Cette quête est aussi une conquête qui donne au récit une
transparence à laquelle toute écriture devrait tendre. «Attar le
parfumeur », mystique du Moyen Âge iranien a écrit: «Il appartient à
l’homme, en s’élevant d’un cran, d’inverser le signe d’un événement.»
C’est-à-dire tirer un bien d’un mal. C’est l’opération à laquelle on
assiste dans ce texte qui m’a touché autant qu’il m’a appris.
NICOLAS BOUVIER
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