Ce neuvième volume de l’Intégrale constitue la suite de Au rendez-vous des alluvions.
Le lecteur retrouve intact le plaisir de butiner en toute liberté ces
textes brefs, tirés des carnets de travail du poète. Le livre est
composé de deux parties. Les calepins sylvestres, rassemblés sous le
titre de Djoffe (mousse qui
se forme à la surface de matières liquides lorsqu’elles sont agitées ou
chauffées), offrent des observations et impressions saisies au sein de
la nature, des fragments de poèmes, des rêveries, des méditations à
portée philosophique, des réflexions sur l’écriture. Chaque texte, daté
précisément, est lié à la promenade, au mouvement du corps en marche,
dans un va-et-vient constant entre le monde extérieur et la vie
intérieure, celle de l’esprit et celle du cœur. Ce mouvement, cet
allant contribuent à créer une atmosphère particulière, toute
bruissante de vie, dans l’intimité du regard poétique. «Allons, poète!
Chemine et louvoie entre les orties tant que te portent tes jambes déjà
quelque peu lasses.» Décritures
regroupe des feuillets de carnets plus développés, dont les thèmes sont
pour la plupart liés à des notations de voyage et à des récits de
rêves. Ils sont tournés vers «l’ailleurs», vers le «tout autre».
L’humour y a sa place. Le poète écrit dans des lieux transitoires:
gares, hôtels, cafés… «Le poème naissant est une alerte. Il trouble
avant même d’exister», nous dit Alexandre Voisard. On touche du doigt
la mystérieuse alchimie de l’écriture, on côtoie le poète à l’œuvre,
toujours à l’écoute du «grelot de la poésie». Ouvrez le livre au
hasard, en chacune de ses pages un trésor de poésie, une manière d’être au monde attendent le lecteur.
CHANTAL CALPE, Jura pluriel
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Je reste émerveillé de voir combien la nature, dans ses éléments, est
proche du poète, et combien il la connaît de l’intérieur. La source des
images qui habitent sa poésie en permanence est ici, et elle nous est
donnée presque telle quelle. Telle quelle parce que le diariste la
nomme très précisément (aucun nom de fleurs ne lui est inconnu, il
connaît tous les animaux à poils ou à plumes), ajoutant souvent le nom
latin et quelque notation factuelle (il y a de l’encyclopédique dans
ces carnets!), puis nous la révèle dans ce qu’elle est, notant les
constances et les métamorphoses saisonnières de son environnement de
promeneur. Et presque telle quelle, parce que c’est toujours déjà
(comme diraient les philosophes) son rapport aux paysages et à leurs
éléments de détails qui l’intéresse, qui le préoccupe et qu’il
enregistre. {…}
ANDRÉ WYSS
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Notes
«Premier poète écologiste après saint François d’Assise», Alexandre
Voisard promène le long des sentiers un carnet dans lequel il saisit ce
que l’instant lui apporte: la rencontre d’un être à poils ou à plumes,
le saisissement devant un arbre ou une fleur, une lumière. Des
notations brèves, des haïkus presque, les prémices d’un poème à venir,
parfois toute une petite histoire en quelques lignes. C’est aussi la
fabrique de l’œuvre à venir, sensible, méditative, toujours allégée par
l’ironie.
ISABELLE RÜF, Le Temps
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