2018. 464 pages. Prix: CHF 22.00 ISBN 978-2-88241-435-9
Ce livre contient: «Le Jardin secret» (1986) ; «Le Jeu des nuages et de la pluie» (1993) ; Nouvelles éparses
Cet ouvrage a bénéficié d’une aide à la publication accordée par la CIIP
(Conférence intercantonale de l’Instruction publique de la Suisse
romande et du Tessin), Groupe de travail intercantonal, Livre et
soutien au livre romand
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Manifestations, rencontres et signatures Index des auteurs
En
lisant les nouvelles de Gisèle Ansorge, vous avez la délicieuse
sensation d’égrener un collier aux perles de grand prix. Elle a un art
consommé de rendre vivants les personnages qui naissent sous sa plume.
Effeuiller les contes de l’auteure née en 1923 dans le Jura français de
parents suisses, c’est plonger à cœur perdu dans un univers aux mille
et un visages.
Son imagination est une source jaillissante, enchanteresse pour qui boit de son eau. Pour le lecteur qui a goûté à Prendre d’aimer et Les Tourterelles du Caire
– couronnés de prix prestigieux – il aura plaisir à retrouver la
merveilleuse narratrice dont certaines nouvelles n’avaient jamais été
publiées. La langue est légère, aérienne, mâtinée d’un humour tendre.
Elle excelle dans les descriptions, si fines, si exactes, tellement en
adéquation avec le lieu ou l’époque qu’elle met en scène. Elle a
travaillé dans le domaine du cinéma d’animation, de la radio, de la
télévision, du graphisme et des beaux-arts. Dès lors le lecteur
comprend son sens du visuel, son esthétisme et son goût du bien-écrire.
Vous ne connaissez pas la Chine? Emboîtez son pas et laissez-la vous
servir de guide en rencontrant le sculpteur de jade ou en suivant la
longue quête du lettré Long-Wan. Il avait renoncé au «parfum rouge de
la félicité des sens et au désir des nuages bleus de la célébrité» Il
avait fait le serment à son vieux père d’arpenter toutes les provinces
de Chine pour amasser la somme nécessaire à l’achat de son cercueil.
Et que dire de la Belle-de-Flandre, un rubis fabuleux exhumé par un
paysan de Grandson ou du grenat de Marcelle, veuve italienne «petite et
brune, dure à l’ouvrage, silencieuse, escortée par un bataillon
d’enfants.»? Ou encore se prendre d’inimitié pour l’exigeant Astarax,
le fils adultérin de Zeus pour qui le cadeau d’anniversaire promis par
son royal père n’est jamais assez beau. Mais l’écrivaine parle des gens
de chez nous, de Thomas, le pâtre, de la vie terrifiante de la petite
«Bec-de-lièvre». Aussi noirs que soient certains de ces contes, ils
portent le germe de l’espoir.
Le recueil de nouvelles de l’auteure décédée en 1993: des friandises délicates, à déguster sans modération!
ÉLIANE JUNOD, L'Omnibus, 26 octobre 2018
(…)
Chacun de ces contes génère son décor, son atmosphère, sa langue. On
dirait, à les lire, que Gisèle Ansorge a vécu plusieurs vies à des
époques différentes, dans des pays différents. Qu’elle nous parle de la
Belle-de-Flandre, un rubis prestigieux récupéré par un archiviste de
Grandson, authentifié par le bijoutier, ou du grenat qu’une petite veuve
italienne doit posséder pour des raisons urgentes, ou encore de
l’émeraude qui permet à une vertueuse personne de céder aux insistances
de Charlemagne tout en sauvant les apparences, Gisèle Ansorge donne
corps au monde enchanté de l’irréalité et de la fantaisie. Elle le rend
proche et palpable.
JANINE MASSARD
À propos du Jeu des nuages et de la pluie
Le Passe-Muraille, No 8, juillet 1993
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