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Le dossier de presse de la SSA
Un hôtel perclus perdu dans une vallée givrée…
Un cabaret suranné…
Une résidence pour personnes âgées…
Un bureau des objets trouvés…
Avec Valérie Poirier, ces lieux deviennent des paysages humains hauts en couleur.
L’auteur aime ses personnages et sa tendresse fait surgir la vraie dénonciation.
Son observation fine et minutieuse, la qualité de ses dialogues, ce
petit caillou qui vient gripper l’ordonnance des choses mettent en
lumière les solitudes et désarrois de chacun de nous. Où se réchauffer
quand le fond de l’air est vertigineux? Si le ciel est chargé, la pluie
viendra-t-elle tout effacer?
L’humour aussi, car il y en a beaucoup, révèle et stigmatise nos petites trahisons.
Ce théâtre fait chanter nos plaies ordinaires comme le train fait frémir ses rails. Et si le rire est
jaune c’est que la vie a des reflets sombres et assourdissants.
Il y a dans cette apparente légèreté une très prégnante cruauté.
PHILIPPE MORAND
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RECHAUFFEMENT CLIMATIQUE
C’est
l’activité humaine qui le provoque, n’est-ce pas ? Et c’est
néfaste : la banquise fond, des ours blancs se noient, les
pingouins sont déboussolés, le gulf stream nous abandonne. Est-ce de
cela que nous parle la pièce de Valérie Poirier ? Pas du tout.
N’ayez pas peur, ce n’est pas un texte militant, quoique… Parler des
vieux, en faisant rire avec tendresse et nostalgie à la fois, c’est
tout de même nous parler à côté du flux des faits divers
catastrophistes, branchouilles et people.
«Loin du Bal», quelle jolie expression pour marquer la distance des «has been»
avec un temps qui n’est plus le leur et suggérer nettement le coup de
balai que ceux qui suivent envisagent, sans état d’âme et sans vraiment
avoir conscience du suivant, qui sera pour eux. Elle évoque aussi bien
sûr la mise au rancart en EMS, institution moderne, inévitable,
proliférante et par définition sinistre, sorte de nouvel enfer
dantesque où toutefois tout un chacun, même curieux, rechigne à
descendre sans vraiment y être obligé. Je vais solliciter aussi le
réchauffement climatique pour fustiger cette entropie de la
normalisation galopante qui nous « pingouinise »
inéluctablement. Mais sans doute faut-il être vraiment réduit à
l’inutilité des rangés des voiturettes pour percevoir avec clarté ce
conformisme social tellement sécurisant, au fond.
Donc les pingouins débarquent de leurs banquises sur nos plates-bandes
bien entretenues, par le seul caprice de Valérie Poirier, qui se moque
des lois du climat et devrait plutôt les envoyer vers ce qui reste de
glace, vers un pôle ou l’autre. Ou alors mutent-ils, ou est-ce nous qui
mutons? Les moutons mutant…That is the question!
Surtout ce qui me plaît infiniment dans ce réchauffement climatique
théâtral, c’est que l’auteur, avec son texte incisif et joyeux,
provoque le rassemblement sur les planches, pour un puissant tour de
piste, de quelques uns de ceux qui constituèrent notre théâtre, le
développèrent et lui attachèrent les qualités qui sont les siennes
aujourd’hui : originalité, force, inventivité.
Voilà le paradoxe de cette intense activité théâtrale romande depuis le
milieu du siècle dernier : un réchauffement climatique
agréablement profitable à nos neurones, à nos zygomatiques, simplement
à notre plaisir de spectateur et d’honnête homme du XXIe. Un
réchauffement climatique qui n’est pas destructeur et source
d’inquiétude, mais source de satisfactions sans cesse renouvelées. Et
les Erika Denzler, Jane Friederich, Monique Mani, Martine Paschoud,
Maurice Aufair, Jean-Charles Fontana font ainsi corps, au-delà de leurs
personnages respectifs, pour nous rappeler à l’évidence que c’est à eux
(et à d’autres aussi bien sûr des mêmes générations) que nous devons la
richesse et les exigences de la scène théâtrale à Lausanne et à Genève,
scène qui a acquis en un demi-siècle une notoriété internationale.
Au sortir de la deuxième guerre mondiale, sur l’arc lémanique, il n’y
a, peu ou prou, pas de théâtre, ou tout au moins pas de création
théâtrale régulière, aucun milieu théâtral significatif. Aujourd’hui,
les salles et les propositions de spectacles scéniques foisonnent de
Lausanne à Neuchâtel et à La Chaux de Fonds, de Genève à
Fribourg et à Sion: dans toute la Suisse romande la vitalité et
l’excellence tant des institutions que des lieux off, des créateurs,
des comédiens, des techniciens sont impressionnantes. On peut
considérer que les conditions économiques des trente glorieuses y
furent pour quelque chose, évidemment, que les villes, les régions, les
communications se développaient et qu’immanquablement la culture et le
divertissement y participaient.
Mais pour avoir vécu ces périodes, je sais bien que les bonds en avant,
surtout lorsqu’ils sont qualitatifs, sont toujours initiés par des
visionnaires, des pionniers, des passionnés. Et c’est ce qui eût lieu:
au Théâtre Carouge-Atelier, Au Théâtre de Poche, à la Comédie de
Genève, aux Faux-Nez, au Centre dramatique de Lausanne, à
Kleber-Meleau, au Théâtre Populaire Romand en pays neuchâtelois (je ne
peux les citer tous), des fous de l’aventure théâtrale, les yeux
ouverts sur tout ce qui s’inventait autour d’eux, en particulier en
France et en Allemagne, luttaient sans se ménager pour rallier à leur
passion, bien sûr les spectateurs avides des expériences proposées,
mais aussi les instances politiques qui, on le sait bien, sont
caractérisées chez nous sur le plan culturel par un certain volant
d’inertie. Aujourd’hui il n’y a pas de doute, le pari est
gagné (mais certainement pas la guerre, comme disait l’autre)! Loin du Bal nous accueille dans un pays où tout est vieux
et par conséquent au premier chef les comédiens, vieux parce qu’ils ont
beaucoup vécu et beaucoup donné. Vieux, ils méritent nos ovations parce
que nous leur devons tout (ou presque tout)!
Allez les pingouins: la claque!
CLAUDE CHAMPION
Président de la Société Suisse des Auteurs www.ssa.ch
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Théâtre. Marielle Pinsard et Valérie Poirier sont entrées dans la collection Théâtre en camPoche.
La collection Théâtre en camPoche
met en valeur les écritures contemporaines romandes. Dirigée par
Philippe Morand et publiée avec beaucoup de soin par Bernard Campiche,
elle s’enrichit de trois nouveaux volumes. Le premier, Enjeux 6, réunit six pièces de théâtre tout public, dont Les enfants chevaliers de la Fribourgeoise Isabelle Daccord, pièce créée par le Théâtre des Osses en 2002
Les deux autres volumes mettent en évidence le questionnement sur la
société d’aujourd’hui de deux auteures bien présentes sur les scènes
théâtrales romandes, Marielle Pinsard et Valérie Poirier.
Marielle Pinsard décortique nos réactions de pitié et de dégoût face aux mendiants dans une pièce dérangeante, Les pauvres sont tous les mêmes.
Trois femmes financièrement très à l’aise, qu’on imagine volontiers,
pour se donner bonne conscience, faire des dons pour un lointain
hôpital en Inde, mais causer sur un ton satisfait, à la terrasse d’un
café à la mode, des «dérangeants» pauvres d’ici. L’air de rien, en
vérifiant leur brushing dans la vitre, elles débitent des phrases
assassines et cyniques, qui virent à la culpabilisation des pauvres et
décrivent la mendicité comme un travail. Malaise.
Les textes de Marielle Pinsard, La Truite, Construis ta jeep, Nous ne tiendrons pas nos promesses,
sont tous des textes coups de poing, sans ponctuation, qui relèvent de
l’oralité, d’un jet capté sur le vif et testé sur scène. Valérie
Poirier, elle, a construit Les bouches comme une énigme: on
découvre les indices petit à petit, par sous-entendus. L’auteure décrit
un monde noyé dans le whisky et dopé aux antidépresseurs, dont même les
rêves sont d’une pauvreté affligeante. S’y mêlent l’argent, Dieu et la
mort. De quoi laisser un goût aigre en bouche.
Cette veine tragicomique, Valérie Poirier la cultive aussi dans Objets trouvés, Quand la vie bégaie et la pièce Loin du bal, qui pose un regard décalé sur la vieillesse et la vie en EMS.
ÉLISABETH HAAS, La Liberté
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