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L’Amour mortel
ne pouvait plus être un récit de souvenirs insolents. Terriblement
marqué par le destin, les forces du hasard, il est néanmoins plus
curieux que triste. Pourquoi révéler au grand jour ces confessions, ces
photos-souvenirs? Pourquoi publier ces pauvres explications, de la mère
de G., de ses parents adoptifs; pourquoi s’attarder longuement sur le
portrait de son frère Jean, petit délinquant devenu riche? Simone
Oppliger répond en filigrane que la vie de chacun est un roman. «Comme
au cinéma, comme dans les mauvais romans, mais ça n’est pas un roman,
ni bon ni mauvais, c’est sa vie...»
CÉCILE LECOULTRE, 24 Heures
… À travers des photographies anciennes ou récentes, L’Amour mortel
imprime en nous l’image de ces vies. Des vies de tous les jours alors
qu’on voudrait tant qu’elles soient exceptionnelles. Après Quand nous étions horlogers,
Simone Oppliger a réalisé à nouveau un livre indispensable, poignant de
vérité et déchirant. Une sorte de témoignage sociologique, avec en plus
toute la sensibilité et l’honnêteté du regard de l’artiste.
CÉCILE DIEZI, L’Impartial
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Simone Oppliger
Images de racines et d’exils
Du
blanc de l’hiver au blanc de l’absence, de la neige jurassienne qu’un
train traverse au blanc des mouettes qui cinglent vers le large, au
blanc de l’écume qui ourle le Léman, jusqu’à la page blanche où les
survivants consignent leurs souvenirs et tracent des mots d’amour, ce
beau livre évoque par le texte et l’image le parcours de Simone
Oppliger, photographe. Structuré en huit chapitres (Le temps,
Amérique latine, Guerres, Exils, Les planches, Racines, Les corps,
Voyages intérieurs), l’ouvrage s’articule autour d’un double mouvement:
l’aspiration à l’évasion et la nécessité des racines.
Née à Renan, près de Saint-Imier, Simone Oppliger a tôt éprouvé le
besoin de fuir ce coin de terre où l’hiver s’attarde. Au cours de sa
carrière, elle a tiré le portrait de ceux qui n’ont jamais quitté leur
coin de terre comme celui des migrants jetés sur les routes de l’exil.
«Elle ne cessa de se demander: pourquoi sont-ils donc partis? La
pauvreté, la guerre, bien sûr. Mais aussi, souvent, la fuite d’un
milieu étouffant, le rêve d’un ailleurs prometteur», se souvient
Jacques Pilet, son compagnon, qui rédige le texte introductif de chacun
des chapitres. «Elle est profondément d’ici, même si elle milite pour
manifester l’ailleurs et l’exil», estime Charles-Henri Favrod en
postface. Fille d’horloger, Simone Oppliger conserve un lien profond
avec la terre des origines et ses habitants taiseux. Ses photos
témoignent des travaux des champs, de rituels immémoriaux: des mains
aussi noueuses que les racines de gentianes qu’elles arrachent, la
bouchoyade, la forêt pétrifiée par le givre... «Chez moi, au Jura, la
terre est si sérieuse», écrit-elle. En 1980, elle publie Quand nous
étions horlogers, un livre magistral qui documente les mutations
douloureuses du monde horloger, les usines qui ferment, le savoir-faire
qui disparaît. Ce témoignage photographique s’impose spontanément comme
un «classique sur la civilisation jurassienne».
Figures de l’absence
Aux antipodes des longs hivers que rythme le tic-tac des horloges,
Simone Oppliger part se frotter au soleil de l’Amérique latine. Elle
photographie aussi la guerre, au Vietnam et en Guinée- Bissau. En
Suisse, elle rencontre nombre d’exilés, photographie les spectacles du
Théâtre de Carouge. Et puis, tandis que la maladie rétrécit l’horizon,
la photographe se concentre sur des objets, cailloux, bois flottants,
outils... Deux chaises vides, face au large ou dans une salle d’attente
à l’hôpital, qui préfigurent l’absence.
Le temps a rattrapé la fille de l’horloger. Simone Oppliger s’éteint au
printemps 2006, à 59 ans, des suites d’une longue maladie. «Saisir
l’intensité du présent. Simone Oppliger s’y employa sans cesse mais
avec une application particulière lorsqu’elle vit approcher la fin du
voyage. Le temps parut alors passer si vite. Et dans les dernières
heures, on lisait dans son regard comme un étonnement: déjà?» se
souvient Jacques Pilet.
ANTOINE DUPLAN, L’Hebdo
En
1980, G., l’amie d’enfance de Simone Oppliger est assassinée par son
amant. Les journaux consacrent trois lignes à ce drame passionnel.
Simone Oppliger, elle, veut comprendre les mécanismes de la tragédie et
exorciser son deuil. En 1986, elle publie L’Amour mortel. Par
le texte et par l’image, elle évoque l’amitié intense qu’elle
partageait avec la belle G. et, par-delà, son histoire familiale
difficile. Un récit poignant, adieu mélancolique aux rêves de l’enfance
et interrogation sur le sens de la vie.
ANTOINE DUPLAN, L’Hebdo
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Simone Oppliger, grand angle Les
Éditions Bernard Campiche rendent un bel hommage à la photographe
décédée en 2006. Plus de 120 images et des textes de son compagnon,
Jacques Pilet.
Magnifique ouvrage que ce Simone Oppliger photographe
publié par Bernard Campiche. Magnifique parce qu’il magnifie fort
justement le travail de la photographe née à Renan, Jura, décédée d’un
cancer en 2006 à Cully. Son angle de vue était un grand angle.
Charles-Henri Favrod précise: «Toujours la sympathie et une effusion
contrôlée.» La rencontre. L’autre. Favrod encore: «Et toujours sans
autre prétention que le témoignage, sa foi en l’homme en dépit des
mécomptes du monde qui va son train infernal.»
L’essentiel: l’humain, toujours, dans ses photographies
Ce
train, Simone Oppliger le prend dans son Jura natal, cette terre «si
sérieuse». Là-haut, à Renan, «rien ne vient en abondance, ni les fruits
ni la parole, encore moins les visiteurs. Mais quand les choses se font
rares, elles deviennent précieuses. Ici, rien ne distrait de
l’essentiel». Alors bien sûr Simone Oppliger s’en ira de par le monde.
Mais de ce Jura essentiel restera toujours une trace sensible dans ses
photographies: pointer l’essentiel. L’humain toujours. Et puis la
maladie venue, une attention aux choses qui s’intensifie. Jacques
Pilet, qui fut son compagnon: «Le regard de la photographe tente de
restituer la présence physique des repères quotidiens. Chaises, murs,
plantes, cailloux.»
Le temps, la guerre, les gens
Les textes de Jacques Pilet jalonnent intelligemment l’ouvrage, sans
inutile pathos, tout d’admiration et de pudique témoignage. Simone
Oppliger a commencé par saisir en images le temps qui passe. Depuis Quand nous étions horlogers au livre qui n’a pas pu se terminer et qui devait s’intituler Un siècle, une vallée, une famille.
Et puis c’est ce grand angle sur le monde. L’Amérique latine si désirée
et passionnément photographiée, humainement. Toujours le regard,
toujours l’individu. La guerre aussi, en Guinée-Bissau lors de la
libération du Portugal et le Vietnam deux ans avant la fin du conflit.
L’exil quand Simone Oppliger va à la rencontre des requérants d’asile
en Suisse. Des images magnifiques parce que profondément humaines,
entre rire et regard noyé. Photographe de théâtre, des corps à la
recherche méditative intérieure. Jacques Pilet: «Simone Oppliger aimait
les mots. Ceux des autres remplissaient sa vie. Mais elle était économe
des siens: par pudeur et par perfectionnisme. Elle recherchait aussi la
sobriété des images.» Bien belle définition de l’art de Simone Oppliger.
L’enquête empathique
En 1986, la photographe se fait aussi écrivaine pour L’Amour mortel,
que réédite Bernard Campiche. G., l’amie d’enfance, vient d’être
assassinée par son amant, en Valais. «Ce livre n’est pas celui que je
voulais faire. Mon premier projet était joyeux, impertinent. Je devais
remonter avec G. les chemins de la vie jusqu’à notre enfance»,
notait-elle dans sa préface. Mais comme l’écrit Michel Contat, «Simone
Oppliger savait ce qu’était la mort, elle la regardait droit dans les
yeux». Grand angle.
JACQUES STERCHI, La Liberté
Récit d’une vie
Un curieux petit bouquin où le texte – chroniques du quotidien,
confessions, cris du cœur basé sur la relation d’amitié qui lie
l’auteur à G. depuis l’enfance – tient autant de place que les
photographies en noir et blanc ponctuant l’ensemble. Une drôle
d’histoire aussi puisque G., l’amie de toujours, est morte assassinée
par un amant jaloux. Un moment de lecture dense, impudique, pénible
parfois, mais également gai et touchant. La vie comme une tragédie
grecque vécue au quotidien.
CM, Guide TV Loisirs
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