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SIMONE OPPLIGER

L'Amour mortel

Récit
Édition originale: Lausanne: Pierre-Marcel Favre, 1986
2010. 160 pages. Prix: CHF 14.–
ISBN 978-2-88241-279-9
Sortie de presse en France: novembre 2010 (N1)


Biographie

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L’Amour mortel ne pouvait plus être un récit de souvenirs insolents. Terriblement marqué par le destin, les forces du hasard, il est néanmoins plus curieux que triste. Pourquoi révéler au grand jour ces confessions, ces photos-souvenirs? Pourquoi publier ces pauvres explications, de la mère de G., de ses parents adoptifs; pourquoi s’attarder longuement sur le portrait de son frère Jean, petit délinquant devenu riche? Simone Oppliger répond en filigrane que la vie de chacun est un roman. «Comme au cinéma, comme dans les mauvais romans, mais ça n’est pas un roman, ni bon ni mauvais, c’est sa vie...»

CÉCILE LECOULTRE, 24 Heures


… À travers des photographies anciennes ou récentes, L’Amour mortel imprime en nous l’image de ces vies. Des vies de tous les jours alors qu’on voudrait tant qu’elles soient exceptionnelles. Après Quand nous étions horlogers, Simone Oppliger a réalisé à nouveau un livre indispensable, poignant de vérité et déchirant. Une sorte de témoignage sociologique, avec en plus toute la sensibilité et l’honnêteté du regard de l’artiste.

CÉCILE DIEZI, L’Impartial

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Simone Oppliger
Images de racines et d’exils

Du blanc de l’hiver au blanc de l’absence, de la neige jurassienne qu’un train traverse au blanc des mouettes qui cinglent vers le large, au blanc de l’écume qui ourle le Léman, jusqu’à la page blanche où les survivants consignent leurs souvenirs et tracent des mots d’amour, ce beau livre évoque par le texte et l’image le parcours de Simone Oppliger, photographe.
Structuré en huit chapitres (Le temps, Amérique latine, Guerres, Exils, Les planches, Racines, Les corps, Voyages intérieurs), l’ouvrage s’articule autour d’un double mouvement: l’aspiration à l’évasion et la nécessité des racines.
Née à Renan, près de Saint-Imier, Simone Oppliger a tôt éprouvé le besoin de fuir ce coin de terre où l’hiver s’attarde. Au cours de sa carrière, elle a tiré le portrait de ceux qui n’ont jamais quitté leur coin de terre comme celui des migrants jetés sur les routes de l’exil. «Elle ne cessa de se demander: pourquoi sont-ils donc partis? La pauvreté, la guerre, bien sûr. Mais aussi, souvent, la fuite d’un milieu étouffant, le rêve d’un ailleurs prometteur», se souvient Jacques Pilet, son compagnon, qui rédige le texte introductif de chacun des chapitres. «Elle est profondément d’ici, même si elle milite pour manifester l’ailleurs et l’exil», estime Charles-Henri Favrod en postface. Fille d’horloger, Simone Oppliger conserve un lien profond avec la terre des origines et ses habitants taiseux. Ses photos témoignent des travaux des champs, de rituels immémoriaux: des mains aussi noueuses que les racines de gentianes qu’elles arrachent, la bouchoyade, la forêt pétrifiée par le givre... «Chez moi, au Jura, la terre est si sérieuse», écrit-elle. En 1980, elle publie Quand nous étions horlogers, un livre magistral qui documente les mutations douloureuses du monde horloger, les usines qui ferment, le savoir-faire qui disparaît. Ce témoignage photographique s’impose spontanément comme un «classique sur la civilisation jurassienne».

Figures de l’absence

Aux antipodes des longs hivers que rythme le tic-tac des horloges, Simone Oppliger part se frotter au soleil de l’Amérique latine. Elle photographie aussi la guerre, au Vietnam et en Guinée- Bissau. En Suisse, elle rencontre nombre d’exilés, photographie les spectacles du Théâtre de Carouge. Et puis, tandis que la maladie rétrécit l’horizon, la photographe se concentre sur des objets, cailloux, bois flottants, outils... Deux chaises vides, face au large ou dans une salle d’attente à l’hôpital, qui préfigurent l’absence.
Le temps a rattrapé la fille de l’horloger. Simone Oppliger s’éteint au printemps 2006, à 59 ans, des suites d’une longue maladie. «Saisir l’intensité du présent. Simone Oppliger s’y employa sans cesse mais avec une application particulière lorsqu’elle vit approcher la fin du voyage. Le temps parut alors passer si vite. Et dans les dernières heures, on lisait dans son regard comme un étonnement: déjà?» se souvient Jacques Pilet.

ANTOINE DUPLAN, L’Hebdo


En 1980, G., l’amie d’enfance de Simone Oppliger est assassinée par son amant. Les journaux consacrent trois lignes à ce drame passionnel. Simone Oppliger, elle, veut comprendre les mécanismes de la tragédie et exorciser son deuil. En 1986, elle publie L’Amour mortel. Par le texte et par l’image, elle évoque l’amitié intense qu’elle partageait avec la belle G. et, par-delà, son histoire familiale difficile. Un récit poignant, adieu mélancolique aux rêves de l’enfance et interrogation sur le sens de la vie.

ANTOINE DUPLAN, L’Hebdo

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Simone Oppliger, grand angle
Les Éditions Bernard Campiche rendent un bel hommage à la photographe décédée en 2006. Plus de 120 images et des textes de son compagnon, Jacques Pilet.

Magnifique ouvrage que ce Simone Oppliger photographe publié par Bernard Campiche. Magnifique parce qu’il magnifie fort justement le travail de la photographe née à Renan, Jura, décédée d’un cancer en 2006 à Cully. Son angle de vue était un grand angle. Charles-Henri Favrod précise: «Toujours la sympathie et une effusion contrôlée.» La rencontre. L’autre. Favrod encore: «Et toujours sans autre prétention que le témoignage, sa foi en l’homme en dépit des mécomptes du monde qui va son train infernal.»

L’essentiel: l’humain, toujours, dans ses photographies

Ce train, Simone Oppliger le prend dans son Jura natal, cette terre «si sérieuse». Là-haut, à Renan, «rien ne vient en abondance, ni les fruits ni la parole, encore moins les visiteurs. Mais quand les choses se font rares, elles deviennent précieuses. Ici, rien ne distrait de l’essentiel». Alors bien sûr Simone Oppliger s’en ira de par le monde. Mais de ce Jura essentiel restera toujours une trace sensible dans ses photographies: pointer l’essentiel. L’humain toujours. Et puis la maladie venue, une attention aux choses qui s’intensifie. Jacques Pilet, qui fut son compagnon: «Le regard de la photographe tente de restituer la présence physique des repères quotidiens. Chaises, murs, plantes, cailloux.»

Le temps, la guerre, les gens

Les textes de Jacques Pilet jalonnent intelligemment l’ouvrage, sans inutile pathos, tout d’admiration et de pudique témoignage. Simone Oppliger a commencé par saisir en images le temps qui passe. Depuis Quand nous étions horlogers au livre qui n’a pas pu se terminer et qui devait s’intituler Un siècle, une vallée, une famille. Et puis c’est ce grand angle sur le monde. L’Amérique latine si désirée et passionnément photographiée, humainement. Toujours le regard, toujours l’individu. La guerre aussi, en Guinée-Bissau lors de la libération du Portugal et le Vietnam deux ans avant la fin du conflit. L’exil quand Simone Oppliger va à la rencontre des requérants d’asile en Suisse. Des images magnifiques parce que profondément humaines, entre rire et regard noyé. Photographe de théâtre, des corps à la recherche méditative intérieure. Jacques Pilet: «Simone Oppliger aimait les mots. Ceux des autres remplissaient sa vie. Mais elle était économe des siens: par pudeur et par perfectionnisme. Elle recherchait aussi la sobriété des images.» Bien belle définition de l’art de Simone Oppliger.

L’enquête empathique

En 1986, la photographe se fait aussi écrivaine pour L’Amour mortel, que réédite Bernard Campiche. G., l’amie d’enfance, vient d’être assassinée par son amant, en Valais. «Ce livre n’est pas celui que je voulais faire. Mon premier projet était joyeux, impertinent. Je devais remonter avec G. les chemins de la vie jusqu’à notre enfance», notait-elle dans sa préface. Mais comme l’écrit Michel Contat, «Simone Oppliger savait ce qu’était la mort, elle la regardait droit dans les yeux». Grand angle.

JACQUES STERCHI, La Liberté

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Récit d’une vie

Un curieux petit bouquin où le texte – chroniques du quotidien, confessions, cris du cœur basé sur la relation d’amitié qui lie l’auteur à G. depuis l’enfance – tient autant de place que les photographies en noir et blanc ponctuant l’ensemble. Une drôle d’histoire aussi puisque G., l’amie de toujours, est morte assassinée par un amant jaloux. Un moment de lecture dense, impudique, pénible parfois, mais également gai et touchant. La vie comme une tragédie grecque vécue au quotidien.

CM, Guide TV Loisirs


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Extraits (Acrobat, 11,6 Mo)


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