Avec la complicité d’Édith Bianchi et de Bernard Campiche, le
journaliste romand Charles-Henri Favrod nous fait partager dans ce
livre la passion de la photographie à travers une partie de sa
collection: des clichés de photographes célèbres comme Sébastiao
Salgado ou René Burri, ou moins connus voire anonymes. De bien belles
images de Suisse et du monde accumulées au fil des années par celui qui
se définissait lui-même comme un «chineur à la lampe».
JULIETTE DAVID, Suisse-Magazine
Dans le regard du monde
«Mettre à la portée de l’œil la vie universelle.»
La citation de Lucien Vogel figure dans l’avant-propos que
Charles-Henri Favrod donne à ce grand ensemble d’images noir et blanc: Tout ça.
Que de mondes tout à coup se découvrent dans ce livre grand format, dès
cette scène de Paris en 1900. C’est-à-dire dans les instants retenus du
quotidien et ses merveilles comme dans la présence de l’Histoire, de
ses guerres. L’oeil intact du monde.
JEAN-DOMINIQUE HUMBERT, Coopération
Les trésors de Favrod
Comme on piocherait au petit bonheur dans une malle à souvenirs,
l’éditeur vaudois Bernard Campiche publie sous ce titre un somptueux
album de photos en noir et blanc, trouvailles tirées de la collection
personnelle de Charles-Henri Favrod. L’assemblage est à la mesure du
bonhomme: éclectique et monumental. Journaliste, familier de Malraux,
Sartre, Vian ou Cocteau, Charles-Henri Favrod a aussi participé à
fonder le Théâtre de Vidy et le Musée de l’Élysée à Lausanne, qu’il a
dirigé.
Essentiellement documentaire, ce recueil est un florilège de noms et
d’histoire. On y croise Truffaut face à Hitchcock, Auguste Piccard ou
Picasso, Le Corbusier parmi les moines et le prince de Galles (celui de
1875) à dos d’éléphant. Et le choc de souffrances anonymes: un
supplicié chinois au tournant du XXe siècle, le corps carbonisé d’un
garçon à Hiroshima, des fœtus de Tchernobyl dans le formol. Les
signatures alternent monstres sacrés et relève, de René Burri à Magali
Koenig, de Sebastio Sagualdo à Luc Chessex. La mise en page relie la
boue de Venise à celle du ground zéro, les tunnels de la Transjurane
aux voutes de Cluny, Oui, «tout ça».
AMO, La Liberté
La splendide collection privée de photographies présentée ici
nous offre un panorama du siècle écoulé dans tous ses mystères de
beauté et d’horreur. Quotidiens ou historiques, que d’émotions peuvent
susciter un geste, un regard ou un paysage capturés avec génie!
CATHERINE CHOLLET, Payot-Libraire Montreux, Sélection. Les plus beaux livres des Fête. L'Hebdo-Payot Libraire
Charles-Henri
Favrod, qui a partagé sa vie entre la politique, la production
cinématographique et la direction du «Musée de l’Elysée» à Lausanne,
est, pour reprendre son expression, un «chineur à la lampe». Au fil des
ans, après avoir «fouiné» chez les antiquaires et brocanteurs, il a
réussi à rassembler une série de photographies aussi incroyables les
unes que les autres. Avec le concours de Bernard Campiche et d’Édith
Bianchi, un livre est né: Tout ça.
Ce présent ouvrage au titre évocateur offre au lecteur un ensemble de
clichés, mémoire vivante de quelques événements marquants qui
reviennent sur des souvenirs, enfouis à jamais pour la plupart d’entre
nous, ou inconnus pour d’autres. Le tout sélectionné avec soin: de
Louis Meurisse en passant par John Philips, René Burri, Philippe
Halsman, Jean-Luc Cramatte, Charles Murray, Wilhelm Bürger et tant
d’autres encore.
Ancien journaliste à La Gazette de Lausanne, Charles-Henri Favrod
a notamment «couvert», à l’époque, le drame algérien pour son journal.
[…] «Le 18 mars 1962, il y a exactement cinquante ans, le gouvernement
français et les représentants algériens du Front de libération
nationale (FLN) signaient à Évian les accords qui allaient conduire à
la proclamation de l’indépendance de l’Algérie quelques mois plus tard,
le 5 juillet. Pour la Suisse, la conclusion des Accords d’Évian a
représenté un moment fort de la politique des bons offices ardemment
défendue par le conseiller fédéral Max Petitpierre. C’est grâce à la
Suisse que les premiers contacts secrets ont pu être établis entre les
deux parties. Et c’est en Suisse que sera hébergée la délégation
algérienne – moyennant un gigantesque dispositif policier et militaire
– d’abord sur territoire genevois, dans la villa de Bois d’Avault, lors
du premier cycle de négociations au printemps 1961, puis en terres
vaudoises, au Signal de Bougy un an plus tard. […] Le tournant des
années 60-61 est crucial. Les Français sont appelés, le 8 janvier 1961,
à accepter par référendum le principe de l’autodétermination de
l’Algérie. Il n’y a aucun doute que le oui va ouvrir la voie à une
solution politique. “A ce moment précis, explique Damien Carron, on
observe de très intenses activités, des deux côtés, destinées à établir
le contact. Le rôle de Charles-Henri Favrod s’inscrit dans ce
contexte-là” ».
«Témoin du XXe siècle», Charles-Henri Favrod déclare: «Je ne me suis
jamais considéré comme un collectionneur, puisque je n’ai jamais
sacrifié à l’esprit de système, ni constaté de symptôme monomaniaque.
La photographie retient mon intérêt parce qu’elle me fournit de
l’information. Désir de reconnaître, plaisir de regarder. Et sans doute
aussi parce qu’elle me permet de tromper un peu la mort».
Ce goût pour la photographie, il l’a depuis longtemps: «Adolescent,
confronté à la collection complète de “L’illustration” à la
bibliothèque du sanatorium où j’étais, je me suis familiarisé à
l’histoire du siècle, de Louis Philippe à Philippe Pétain,
méthodiquement relatée au fil des livraisons hebdomadaires et reliée
plein cuir, sans que rien n’y manquât, même aux heures terribles de la
Communauté de Paris. J’y ai découvert l’événement mais plus encore les
images, d’abord gravées puis photographiques quand la trame en permit
enfin la reproduction. J’avais quinze ans et cette rétrospective me
rendait contemporain du passé en cours. J’acquérais une mémoire
singulière qui me forma à l’histoire immédiate, à tout ça qui nous fait
de jour en jour. Tant de temps. Et cette nécessité que réclame
Leopardi : “Il rimembrar delle passate cose”».
Sous la signature de «grands noms» apparaissent sous nos yeux, au fil
des pages, des photographies remarquables et ce, sous quelque angle
qu’on les aborde. La vue de ces images est tellement saisissante que
les mots fusent en notre esprit, toutefois ils peinent à sortir. Une
belle idée pour un cadeau de Noël…
Charles-Henri Favrod est une figure importante du XXe siècle en Suisse
romande et bien au-delà. Journaliste d’abord, il fréquenta Malraux,
Sartre, Cocteau, Breton, Vian, Ponge, Ella Maillard, Nicolas Bouvier et
tant d’autres. Il contribue à la résolution du conflit algérien en
facilitant les accords d’Evian au début des années soixante. Il
participe notamment à la création du Théâtre de Vidy, siège au Conseil
de la Fondation de Pro Helvetia, à la Commission franco-suisse du
cinéma, au Fonds national d’art contemporain, Paris, et bien sûr à la
création du musée de l’Élysée où il valorise les œuvres de Robert
Doisneau, René Burri, John Philips, Sebastião Salgado et de beaucoup
d’autres qui ont croisé sa route et bénéficié de ses talents. Il est
encore notamment vice-président de la Fondation Alinari pour la
photographie. Il organise des expositions au Museo Nazionale della
Fotografia en montrant des images de sa collection privée déposée aux
Archives Alinari. Il a écrit de nombreux livres présentant le monde en
mutation et dernièrement, en 2005, Le Temps de la photographie aux Editions Le temps qu’il fait. À signaler aussi, la même année, son ouvrage Le Temps des colonies chez Favre, à Lausanne. Et, en 2010, Comme dans un miroir, chez In Folio. Son ouvrage de 1959 La Révolution algérienne, aux Editions Plon à Paris, a été réédité en Algérie et traduit en arabe Livre fondateur en 2008.
Blog de VALÉRIE DEBIEUX
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L’iconothèque miroitante du Dottore Favrod
Sa passion pour les
photographies a commencé dans le Paris des années cinquante. Au petit
matin, le jeune journaliste vaudois (né à Montreux en 1927) se rend à
la porte de Montreuil, pour farfouiller en chineur passionné dans le
bric-à-brac d’une Foire aux vieux papiers. Les aubes hivernales de la
Ville Lumière étant paradoxalement obscures, Charles-Henri Favrod
flaire ses trésors à l’aide d’une lampe de poche. Ainsi, la genèse de
sa collection multiple et polymorphe – une des plus prestigieuses au
monde – a eu pour décor la pénombre poussiéreuse d’un marché du
XXe arrondissement… En majeure partie, elle est désormais
conservée par la Fondation Alinari, de Florence, où le père du Musée
lausannois de l’Élysée se rend régulièrement, à 85 ans, au défi de
problèmes de santé. En héritiers éclairés des plus grandes heures de la
Renaissance, les Toscans lui donnent du Dottore. Ils le tiennent pour
un des meilleurs connaisseurs de ce qu’il considère lui-même comme le
«plus moderne des arts». Dans un livre d’entretiens paru en 2010 chez
Infolio, Favrod expliquait à Christophe Fovanna à quel point la photo a
changé l’homme: «Elle nous a permis de nous voir tels que nous sommes,
sans l’inversion du miroir. Elle a rendu visible ce que l’œil ne voit
pas: le mouvement du cheval, de l’oiseau ou de l’homme. Elle a surtout
contribué à transformer notre expérience du temps.»
Si la plupart de ses documents ont été à ses amis florentins, il en
gardé de nombreux – et de la plus belle eau – en son château de
Saint-Prex. Une bonne centaine de ces images privées sont maintenant
rassemblées par l’éditeur urbigène Bernard Campiche, avec l’appoint
scientifique d’Édith Bianchi. En préface à ce majestueux album
symphonique tout en noir-blanc (mais où le gris, le grège et l’argenté
deviennent aussi des couleurs) l’experte du département architecture de
l’EPFL rappelle que CHF n’est pas un collectionneur traditionnel. Il
procède «par affinités sélectives». Il ne spécule pas, il n’est pas
spéculatif. À l’instar de ses chers photographes du monde ou d’ici,
célèbres ou méconnus, CHF est spéculaire: il aime faire réfléchir la
lumière.
Blog de GILBERT SALEM
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Ça valait bien «Tout ça»!
Après Jacques-Étienne Bovard (La Pêche à rôder), Anne Cuneo (Opération Shakespeare à la vallée de Joux), Michel Bühler (On fait des chansons) et Simone Oppliger (Simone Oppliger Photographe), Bernard Campiche publie Charles-Henri Favrod (Tout ça).
L’ouvrage vient s’inscrire dans une collection qui, à l’inverse de ce
que publie régulièrement l’éditeur urbigène, fait la part belle à la
photographie. Il était dès lors logique, sinon attendu, que le
fondateur du Musée de l’Élysée y prenne un jour sa place. Charles-Henri
Favrod présente là une centaine de clichés issus de sa collection
personnelle. Lui qui, justement, se défend d’être de ceux qui
«sacrifient à l’esprit de système» délivre au fil des pages ce
qu’il appelle lui-même «de l’information». Et c’est juste de dire que
l’observateur trouvera là, et pour l’essentiel, des images qui disent
le monde tel qu’hommes et femmes confondus, les humains l’ont fait.
Certaines d’entre elles sont cruelles, d’autres révélatrices d’instants
précis, d’autres encore sont tout simplement belles, mais et c’est bien
là l’essentiel, aucune n’est gratuite. À l’arrivée un livre de
témoignage, un ouvrage superbe.
ROGER JAUNIN, Vigousse
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