L’esprit
du conte est souvent sacrifié, dans le roman français contemporain, aux
préoccupations nombrilistes ou terre à terre d’auteurs confinés dans le
«quotidien». Or c’est très loin de celui-ci que nous entraîne
Jean-François Sonnay, dont le talent de romancier, en constante
expansion, après La Seconde Mort de Juan de Jesús (Prix Schiller et Prix Rambert 1998), se confirme superbement avec Un prince perdu.
L’histoire qui nous y est racontée tient à la fois du conte épique –
avec sa magie et ses images, ses figures contrastées, l’initiation du
héros et sa quête chevaleresque – et du roman en prise directe avec la
réalité dramatique d’un pays en proie à la guerre civile. Comme le font
supposer de multiples indices historico-politiques ou géographiques,
cela pourrait se passer en Afghanistan, que l’auteur connaît pour y
avoir travaillé lors d’une de ses missions de délégué du CICR, mais là
encore l’esprit du conte élargit la portée du roman à n’importe quel
pays en conflit.
JEAN-LOUIS KUFFER, 24 Heures
…«Les
gens n’écoutent pas: ils se demandent ce que vous avez derrière la tête
ou bien si vous ne pourriez pas leur faire gagner de l’argent.» Écouter
les conteurs, à l’inverse, c’est reconnaître que le meilleur de nos
vies est dans les histoires généreuses que nous nous racontons les uns
aux autres pour égaler nos rêves. Telle est, ou devrait être, la
moralité des fables. De loin en loin, de belles fictions nous le
rappellent de façon opportune. Celles de Jean-François Sonnay,
assurément, sont de ce nombre.
JEAN KAEMPFER, Le Temps
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