Suzanne Deriex a entrepris, il y a quelques années, la composition dune vaste fresque généalogique, nourrie à la fois par la chronique de ses ancêtres côté père et par lhistoire de notre pays, elle-même imbriquée dans les événements de lEurope du XVIIIe siècle et, plus précisément, dans la conquête souvent dramatique, voire sanglante, de la liberté. Le double attrait de cette saga monumentale tient à limplication personnelle de la romancière (
), et à son regard dhistorienne non patentée mais bien documentée sur des faits et autres personnages historiques
Jean Brun écrit ceci qui éclaire en somme la démarche de Suzanne Deriex: «Lhistoire que lon écrit, lhistoire que lon enseigne, celle qui tente de reconstituer les événements du passé et den rechercher les causes, ne pourra jamais parler de ce que pourtant il faudrait dire: lhistoire de chacun de ces hommes qui, du plus humble au plus puissant, sefforcèrent de trouver un chemin dans le temps de leur vie et dans celui du monde.» Cest le défi de la romancière de combler ce vide, ou de lancer ces passerelles entre les «petites» histoires et la «Grande». Dans une optique chrétienne qui oriente un questionnement permanent des personnages, et avec une accentuation très marquée par la psychologie de notre pays, Suzanne Deriex fait montre dune clairvoyance qui ne distingue pas, à la porte, les traits respectifs de ses propres fils, voit aussi bien la muflerie des grands de ce monde que la grandeur inaperçue des humbles et plus particulièrement de ces femmes, mêlant bon sens, sensibilité et spiritualité, dont elle se fait, elle, lépouse de bâtonnier, lavocate sensible et chaleureuse.
JEAN-LOUIS KUFFER, 24 Heures
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